lundi 26 juin 2023

Un arrangement

C'est l'histoire de deux hommes qui n'auraient pas dû se rencontrer. Oui, mais voilà... ses petites combines finissent par conduire Franck au tribunal, où Julien, avocat de la défense, lui évite la prison ferme. Leur histoire commune aurait pu s'arrêter sur ces instants judiciaires. Mais il se pourrait bien que Julien, à son tour, ait besoin de Franck...

Julien a un souci: il n'arrive pas à avoir d'enfant avec sa femme Anna. Franck en a déjà eu cinq avec Meriem, qui est à nouveau enceinte. L'aisance financière des uns peut-elle favoriser l'adoption clandestine du bébé des autres, qui, du fait d'une situation précaire, n'envisagent guère le futur nouveau-né que comme une bouche de trop à nourrir ? Le sixième enfant a le mérite de poser la question sans tergiverser...
 
Résultat: le spectateur a le temps d'y réfléchir avant de répondre. L'intelligence du scénario est justement de se garder du manichéisme facile. Cela permet aussi aux comédien(ne)s d'exprimer leur talent avec un vrai brio: Sara Giraudeau, Judith Chemla, Benjamin Laverhne et Damien Bonnard constituent ici un quatuor des plus convaincants. Concis, cet opus n'est pas parfait, mais s'avère d'une belle justesse. C'est une vraie promesse, puisque c'est aussi le premier long-métrage du réalisateur - par ailleurs auteur de trois courts entre 2016 et 2018. NB: le film adapte Pleurer des rivières, un court roman d'Alain Jaspard publié aux éditions Héloïse d'Ormesson. Cette fois, vous savez tout...

Le sixième enfant
Film français de Léopold Legrand (2022)

Bon... j'aurais sans doute pu arrondir ma note pour saluer le casting. Finalement, j'en reste là en me disant que ce n'est déjà pas si mal. Vous l'aurez compris: pour nous parler du désir d'enfant, le film prend un chemin qui n'est pas DU TOUT celui du très farfelu Arizona Junior. Et, en somme, on se trouve presque à l'exact opposé de Ninjababy ! Sur la maternité, je suggère aussi Madre... ou Les bonnes manières.

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Un avis féminin, ça vous tente ?

Je vous propose de lire celui de Pascale. Et n'en ai pas trouvé d'autre.

4 commentaires:

Jourdan a dit…

Vous en parlez bien mais le sujet ne m’attire pas trop même s’il pose question.

Mais n’était ce pas un certain Amoretti qui élevait seul ses 6 filles dans” La fille du puisatier ”?
J’ai beaucoup aimé votre chronique sur ce film de Pagnol.Comme vous le dites,les petites gens avaient leur dignité.

Pascale a dit…

Sujet très sensible magnifiquement bien traité.
Les acteurs y croient et nous y font croire.
Les femmes dominent les débats.

Martin a dit…

@ Jourdan :

Merci du (double) compliment. Vous aurez compris qu'on est ici bien loin de Pagnol. Mais le film reste intéressant et, surtout, porté par un excellent quatuor de comédien (ne)s.

Martin a dit…

@ Pascale :

Nous sommes d'accord. Les femmes sont au-dessus et centrales dans le récit.

J'ai bien aimé aussi la prestation de Damien Bonnard, très intériorisée. Avec aussi ce que j'appellerai le physique de l'emploi.