Une chronique de Martin
Il y a des films dont je pressens vite qu'ils ne trouveront leur public qu'au bénéfice d'un bouche à oreilles favorable. Coup d'éclat en fait partie et, s'il n'y avait Catherine Frot en tête d'affiche, je me dis même qu'il aurait peiné à susciter la curiosité du spectateur lambda. Je me mets d'ailleurs dans le lot: sans la comédienne, je n'aurais sans doute pas prêté attention à ce long-métrage signé José Alcala, un réalisateur que je ne connaissais même pas. Il aurait pourtant été dommage de ne pas voir son deuxième long: dans la catégorie "polar noir", il tient parfaitement la route. Bon, évidemment, si on aime aller au cinéma pour se détendre, il vaut mieux choisir autre chose...
Sinon, à mon avis, il y a là de très bonnes choses à voir. L'interprétation de Catherine Frot, d'abord, et son personnage, femme flic désabusée, chargée de la police des frontières. Fabienne doit interroger une jeune prostituée d'origine kazakhe: ses papiers lui paraissent douteux. L'intéressée s'affole et prétend que, du fait de son interpellation, elle a laissé son jeune fils sans surveillance. Déprimée mais empathique, Fabienne l'accompagne pour retrouver l'enfant et se voit aussitôt fausser compagnie. La nuit passe et, après le lever d'un pale soleil, la fuyarde est retrouvée morte au pied d'un immeuble. Coup d'éclat repose sur une question: cette tombée du toit est-elle réellement un suicide ? Fabienne l'ignore. Elle doute.
J'ai parlé de polar noir. Décomposons, voulez-vous ? Polar, Coup d'éclat l'est, à l'évidence. Il y a bien enquête policière, suspense réel sur les agissements des uns et des autres, réponses (ambiguës) données à la toute fin du métrage. Noire, l'oeuvre proposée l'est aussi: les scènes de nuit sont assez révélatrices de la sourde tension qui se maintient quasiment jusqu'au générique final. La réussite majeure de ce petit film, c'est d'exposer une situation sans y porter de jugement. Il n'y a pas de bien et de mal: Fabienne, qu'interprète admirablement Catherine Frot, est certes pétrie de valeurs humanistes, mais elle se heurte en permanence à une certaine part d'ombre. Autour gravitent, dans les rôles principaux, une belle série de personnalités bien campées et une distribution d'acteurs méconnus. En somme, du cinéma qui surprend, du cinéma marquant. Et qui, au passage, montre aussi un peu de la France d'aujourd'hui.
Coup d'éclat
Film français de José Alcala (2011)
Le cheminement de Fabienne peut l'expliquer, mais j'avoue humblement avoir un doute sur le sens du titre. Peu importe: le film mérite largement le détour pour lui-même. À l'image du travail qu'aurait pu réaliser un Jacques Audiard, il n'y a pas forcément là assez de lumière pour attirer tous les publics. Pas nécessairement parfaitement abouti, le film peut dérouter par ses longues scènes d'exposition. À mes yeux, le fait qu'il prenne son temps crée l'effet inverse: cette langueur contribue largement à l'ambiance. J'ai retrouvé ici quelque chose de Gardiens de l'ordre, en plus noir encore. Pour ceux qui connaissent, je dirais que la comparaison d'évidence m'est venue du monde de la littérature, avec la trilogie marseillaise (Total Khéops, Chourmo et Soléa) de Jean-Claude Izzo. Le fait que l'histoire se passe à Sète a joué là-dessus, bien sûr.
Sinon, à mon avis, il y a là de très bonnes choses à voir. L'interprétation de Catherine Frot, d'abord, et son personnage, femme flic désabusée, chargée de la police des frontières. Fabienne doit interroger une jeune prostituée d'origine kazakhe: ses papiers lui paraissent douteux. L'intéressée s'affole et prétend que, du fait de son interpellation, elle a laissé son jeune fils sans surveillance. Déprimée mais empathique, Fabienne l'accompagne pour retrouver l'enfant et se voit aussitôt fausser compagnie. La nuit passe et, après le lever d'un pale soleil, la fuyarde est retrouvée morte au pied d'un immeuble. Coup d'éclat repose sur une question: cette tombée du toit est-elle réellement un suicide ? Fabienne l'ignore. Elle doute.
J'ai parlé de polar noir. Décomposons, voulez-vous ? Polar, Coup d'éclat l'est, à l'évidence. Il y a bien enquête policière, suspense réel sur les agissements des uns et des autres, réponses (ambiguës) données à la toute fin du métrage. Noire, l'oeuvre proposée l'est aussi: les scènes de nuit sont assez révélatrices de la sourde tension qui se maintient quasiment jusqu'au générique final. La réussite majeure de ce petit film, c'est d'exposer une situation sans y porter de jugement. Il n'y a pas de bien et de mal: Fabienne, qu'interprète admirablement Catherine Frot, est certes pétrie de valeurs humanistes, mais elle se heurte en permanence à une certaine part d'ombre. Autour gravitent, dans les rôles principaux, une belle série de personnalités bien campées et une distribution d'acteurs méconnus. En somme, du cinéma qui surprend, du cinéma marquant. Et qui, au passage, montre aussi un peu de la France d'aujourd'hui.
Coup d'éclat
Film français de José Alcala (2011)
Le cheminement de Fabienne peut l'expliquer, mais j'avoue humblement avoir un doute sur le sens du titre. Peu importe: le film mérite largement le détour pour lui-même. À l'image du travail qu'aurait pu réaliser un Jacques Audiard, il n'y a pas forcément là assez de lumière pour attirer tous les publics. Pas nécessairement parfaitement abouti, le film peut dérouter par ses longues scènes d'exposition. À mes yeux, le fait qu'il prenne son temps crée l'effet inverse: cette langueur contribue largement à l'ambiance. J'ai retrouvé ici quelque chose de Gardiens de l'ordre, en plus noir encore. Pour ceux qui connaissent, je dirais que la comparaison d'évidence m'est venue du monde de la littérature, avec la trilogie marseillaise (Total Khéops, Chourmo et Soléa) de Jean-Claude Izzo. Le fait que l'histoire se passe à Sète a joué là-dessus, bien sûr.
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