lundi 16 mars 2015

Une situation délicate

J'aurais très certainement pu parler de Cuisine et dépendances comme de l'une de mes découvertes de ce début d'année. Il se trouve pourtant que je l'avais déjà vu, il y a... fort longtemps. Sa diffusion sur une chaîne que je ne regarde jamais habituellement (Chérie 25) m'a donné envie de l'enregistrer pour juger de son vieillissement. Conclusion personnelle: sans être folichon, le film reste sympatoche.

Cuisine et dépendances, c'est l'adaptation d'une pièce de théâtre éponyme, oeuvre du couple Agnès Jaoui / Jean-Pierre Bacri. L'argument est assez simple: Français ordinaires, Martine et Jacques invitent à dîner de prétendus vieux amis qu'ils n'avaient plus vus depuis des lustres. D'autres convives sont de la partie: Fred, le frère de Martine, joueur de poker invétéré, et Georges, un ami de Jacques qu'une déconvenue professionnelle oblige à squatter le salon. Ambiance bizarre dès le début, surtout que les hôtes d'un soir se font attendre. Vous l'aurez sûrement compris: c'est à huis-clos que le film développe son histoire. Les seuls changements de décor surviennent quand les personnages passent d'une pièce à l'autre. Et il y a même deux protagonistes cachés ! Mais chut, je vous laisse voir (ou pas)...

Un tel spectacle s'appuie évidemment beaucoup sur les dialogues. Soyez rassurés: en l'occurrence, ils sont à la hauteur de ce qu'on peut attendre d'eux. Comédie quelque peu grinçante, le long-métrage paraît étrangement réaliste. Que celui ou celle qui n'a jamais connu une soirée ratée jette la première pierre aux scénaristes associés ! Quand le vernis des conventions se craquelle soudain, nous sommes toutes et tous des Martine et Jacques en puissance. Il est dommage que Cuisine et dépendances ne soit pas un tantinet plus corrosif. Sage, le film retient les coups et épargne à ses (improbables) héros une critique plus vitriolée. Les cinq comédiens, eux, font le boulot. Vous aurez reconnu Agnès Jaoui, Zabou Breitman, Jean-Pierre Bacri, Sam Karmann et Jean-Pierre Darroussin: une troupe que j'aime bien.

Cuisine et dépendances
Film français de Philippe Muyl (1993)

Un autre des détails qui m'a encouragé à revoir le film: le réalisateur est le même que pour Le promeneur d'oiseau, sorti l'année dernière. Vous retrouverez aussi l'éclectique Philippe Muyl dans ma liste d'interviews, "La parole aux artistes". Son adaptation de la pièce fonctionne bien - Jaoui et Bacri en ont d'ailleurs cosigné le scénario. J'ai souvent repensé à Roman Polanski, Yasmina Reza et Carnage...

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Parce que c'est vous, je vais préciser quelque chose...

Mon titre sous forme d'euphémisme rappelle un dialogue du film. Maintenant, c'est inutile d'insister: je ne dirai pas un mot de plus !

2 commentaires:

ChonchonAelezig a dit…

Ah ça c'était le temps des BONNES comédies à la française ! Qu'Est-ce que j'ai pu rire avec celle-ci !

Martin a dit…

Elle est un peu trop théâtrale à mon goût, mais bon... c'est vrai aussi que j'ai passé un bon moment.