C'est un fait: il y a des films que j'apprécie, aime ou adore maintenant et que j'aurais sans doute choisi de ne pas voir il y a encore une dizaine d'années. Bright Star, de Jane Campion, entre peut-être dans cette catégorie. C'est le type même de productions qui me fait me réjouir d'avoir ainsi su élargir mes horizons cinématographiques. Une fois de plus, je vous parle d'une oeuvre particulière, qui ne répond pas franchement à la fonction "détente" du septième art. Quelle merveille, pourtant ! D'un point de vue graphique, c'est un éblouissement à chaque plan. Une compilation d'images somptueuses rappelle qu'au-delà du scénario et du jeu proposé par les acteurs, le cinéma est d'abord affaire de lumière projetée sur un écran. Et là, incontestablement, le spectateur relativement exigeant que je suis en a pris plein les mirettes.
L'histoire, maintenant: retenu en compétition officielle au Festival de Cannes 2009, Bright Star narre l'amour de la jeune Fanny Browne pour le poète anglais John Keats. Une passion tourmentée: la belle est de noble extraction, l'objet de son sentiment un simple artiste, certes talentueux, mais sans le sou. L'idylle pourrait à la limite être tolérée, mais, dans le fond, elle n'a rien de convenable et tout d'incongru. Les deux tourtereaux s'apprivoisent et parviennent doucement à s'aimer, mais leurs sentiments restent feutrés, étouffés sous la chape des conventions. Les choses n'iront pas en s'arrangeant quand John sera contraint de quitter l'Angleterre pour rallier l'Italie afin de soigner une sale maladie. Je vous passe les détails. Sachez encore une fois que le film vaut le détour. Son classicisme apparent ne l'empêche pas de susciter toutes sortes d'émotions. Je crois impossible de ne pas ressentir de l'empathie pour les personnages.
Abbie Cornish et Ben Whishaw, les deux comédiens des rôles principaux, sont remarquables d'expressivité. Je ne connaissais pas ces acteurs: je les ai trouvés très bons, l'un comme et avec l'autre. Même si leur partition est évidemment nettement moins impressionnante en volume, les autres membres de la distribution livrent une prestation assez impeccable, eux aussi. Mention spéciale pour Paul Schneider, l'ami du poète, monstre de cynisme au coeur bien plus tendre qu'on ne peut croire. Ajoutons à cela que Bright Star brille aussi par son intrigue: ce n'est pas très dynamique, assurément, mais c'est malgré tout des plus prenants pour qui prise les récits "romantico-pathétiques". Avec cette expression ma foi personnelle, j'ai peur de décourager certains d'entre vous de donner sa chance au film. Ce serait vraiment dommage, car, sans en faire un incontournable, je pense que je le rangerais sans plus hésiter dans la catégorie "bonnes surprises de mon premier semestre 2010". Une surprise qui est paradoxalement aussi une confirmation: j'avais un bon feeling au départ. Très content de ne pas avoir été déçu !
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