dimanche 13 octobre 2013

Fascination, mélancolie

Le constat m'amuse: pour Billy Wilder, Ariane est le film du milieu. L'Américain le tourne en effet 23 ans après les débuts d'une carrière de réalisateur qui en compte 47, de 1934 à 1981. Il en a alors signé treize et, par la suite, en mettra en scène treize autres. Ici, il fait appel à un duo au top du glamour: Audrey Hepburn, qui a déjà joué une fois sous sa direction, et Gary Copper, avec qui il ne travaillera qu'à cette unique occasion. Nous partons à Paris, présenté aussitôt comme la capitale de ceux qui s'aiment. Illustration par l'exemple...

Violoncelliste de bon niveau, Audrey Hepburn / Ariane partage l'appartement de son père, détective privé missionné pour surveiller un Américain coureur de jupons. Vous l'avez compris: le Don Juan n'est autre que Gary Cooper, alias Frank Flannagan. La jeune femme et lui se rencontrent quand Miss A., surprenant un client paternel animé d'intentions belliqueuses, épie à son tour et finalement sauve la vie du séducteur patenté - à vous de découvrir comment. Il y a quelque chose d'absolument invraisemblable dans ce scénario, reprise d'ailleurs d'un roman du Suisse Claude Anet. Qu'importe: Billy Wilder oblige, j'ai eu envie d'y croire quand même. Si vous êtes aussi portés sur la guimauve que moi, je suis sûr que le couple vedette achèvera de vous convaincre d'en reprendre une petite dose. Moi, je ne vois aucune raison de s'en priver. Ce style de comédies romantiques semble avoir complètement disparu des écrans aujourd'hui. Snif !

Autant vous le dire également: jamais vous ne rirez aux éclats. Tendre au possible, le film est une sucrerie à laisser fondre gentiment. Elle paraît aussi se laisser aller au spleen, émotion ressentie dans d'autres Billy Wilder, peut-être plus récents. L'amour est là, bien sûr, et l'humour l'accompagne, mais ils offrent tous deux des impressions fragiles, si ce n'est fugaces. Ariane avance sur un fil d'autant plus ténu que son héroïne ment aux autres et se ment presque à elle-même pour séduire. Il n'y a là aucune méchanceté. Émerge simplement, une fois encore, le constat que les sentiments sont difficilement compatibles avec la désinvolture. Parce qu'il existe une différence d'âge importante entre les protagonistes, le film déplut à quelques censeurs mal embouchés, en son temps. Il s'inscrit désormais comme un joli exemple du style inimitable de son auteur. Lequel y voyait un hommage à son maître spirituel, Ernst Lubitsch. 

Ariane
Film américain de Billy Wilder (1957)
D'aucuns diront que le réalisateur a fait mieux: ce n'est pas faux. Reste que le charme d'Audrey Hepburn offre pour moi une motivation suffisante pour voir ce "petit" film. Gary Cooper est bien, lui aussi. Bémol pour Maurice Chevalier: dans le rôle du père, le Frenchie surjoue, parfois... mais ça correspond assez à son personnage. Amis cinéphiles, vous noterez pour terminer que Billy Wilder collaborait ici pour la première fois avec le décorateur français Alexandre Trauner et le scénariste I.A.L. Diamond. Par la suite, il les retrouvera notamment pour La garçonnière, un autre film que j'aime beaucoup. 

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Un autre avis sur le Billy Wilder du jour ?
Vous en trouverez un chez mes amis de "L'oeil sur l'écran".

1 commentaire:

Ronnie a dit…

La Garçonnière ! ( de grands souvenirs )
Percutant, un bijou, rien à jeter, mon préféré chez Wilder.