jeudi 31 octobre 2013

Petit scarabée

Bigre ! J'ai mis près de trois ans à rattraper Nowhere boy, manqué au cinéma et vu enfin sur une des chaînes de mon opérateur Internet. Je ne suis pas sûr que beaucoup d'entre vous aient eu écho de ce film anglais, ni d'ailleurs l'histoire qu'il raconte. Il y est question pourtant d'un artiste connu dans le monde entier: John Lennon himself. L'intérêt du long-métrage réside avant tout dans la période choisie pour parler de l'ex-leader des Beatles: nous nous retrouvons en face d'adolescents, vers 1957, avant même, donc, la formation du groupe.

Ce voyage dans le temps m'a offert l'opportunité d'en apprendre beaucoup sur la jeunesse du rockeur. J'ignorais qu'il avait été élevé par sa tante, son père ayant disparu en Nouvelle-Zélande et sa mère le délaissant presque totalement. Presque parce que, et c'est le sujet même du film, le jeune John cherchera à mieux connaître la femme qui lui a donné la vie. Il découvrira une personnalité fragile, capable d'aimer, certes, mais dépassée par les événements et comme coincée dans une nouvelle vie construite sans lui. C'est cette même femme qui lui apprendra à jouer du banjo et encouragera dès lors sa passion pour les arts en général et la musique en particulier. Nowhere boy rappelle ainsi qu'avant d'être le dieu Lennon, le gamin de Liverpool était, comme tant d'autres Anglais de son âge, un fan d'Elvis Presley. Et même si le long-métrage s'emballe bien sûr au son des standards du rock, il est plutôt un récit intime qu'une grande fresque musicale.

C'est bien simple: on n'y entend même pas les Beatles ! Le scénario s'arrête à l'aube d'un voyage en Allemagne, là où trois des garçons, pleins d'avenir sans doute, mais pas encore tout à fait dans le vent, John Lennon, Paul McCartney et George Harrison, firent connaissance avec un quatrième, Ringo Starr, prélude à la naissance des Fab Four. Difficile alors de ne pas se dire qu'ils étaient vraiment bien jeunes encore, et, du même coup, de ne pas être sensible à la découverte tardive des tendres moments partagés entre le leader et sa maman ! Nowhere boy compose en fait un portrait sans fard d'une star beaucoup plus tourmentée que ce que j'avais pu imaginer. Je note qu'il le fait honnêtement, sans cacher quelques-uns des aspects obscurs de cette personnalité complexe: l'homme encore en devenir fait parfois preuve d'une détestable arrogance. L'empathie domine toutefois dans ce constat, magnifié par une très belle reconstitution.

Nowhere boy
Film anglais de Sam Taylor-Wood (2009)

Ne vous laissez pas abuser par le prénom: c'est bel et bien une femme qui a tenu la caméra de ce joli film. D'abord et avant tout artiste plasticienne, Sam Taylor-Wood faisait ici ses débuts de cinéaste. Bravo, Madame ! De votre côté, chers lecteurs, si vous souhaitez vous plonger dans un autre film rock, je vous laisserais alors choisir entre l'assez drôle Killing Bono et le très noir Control. Le premier évoque les débuts de U2, le second le parcours de Joy Division. À vous de voir sur quel ton s'exprimeront vos préférences ciné-musicales...

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Bon, cela dit, si vous voulez rester avec les Beatles...
Je vous conseille deux autres chroniques consacrées à Nowhere boy sur les blogs de mes "confrères". Pascale ("Sur la route du cinéma") cite judicieusement les trois acteurs principaux: Aaron Johnson, Anne-Marie Duff et Kristin Scott-Thomas. Phil Siné, lui, fait de même et parle même d'une distribution épatante (cf. sa "Cinémathèque").

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