lundi 4 juin 2012

Révélé à lui-même

Une chronique de Martin

J'ai découvert Kevin Kline avec Un poisson nommé Wanda, chef d'oeuvre d'humour britannique qu'il me faudra présenter un jour. L'acteur américain est aussi le héros de In & out, l'un des rares films comiques autour de l'homosexualité. Le personnage auquel il prête ses traits s'appelle Howard Brackett: prof de littérature classique dans un lycée du fin fond des États-Unis, il s'apprête à se marier après trois années de fiançailles. Un beau soir, sa promise et lui regardent la télé: un ancien élève participe à la soirée des Oscars.

Télécommande en main, Howard croit rêver: vainqueur, le garçon qu'il a formé lui rend hommage et évoque... son homosexualité. Quoi ? Un futur marié gay ? C'est tout simplement impensable ! Impossible en tout cas d'annuler la cérémonie pour si peu ! L'argument suffit toutefois à faire de In & out un petit film original et sympa. La première chose à remarquer, c'est sa durée. En moins d'une heure trente génériques compris, le long-métrage fait le tour de la question. C'est une réelle qualité: il ne traîne pas en longueur. Aussitôt que révélée à la planète entière, l'homosexualité supposée de Howard change radicalement le cours de sa vie. Trop tranquille jusqu'alors, l'existence du héros devient aussitôt frénétique. Si j'ose dire, le destin se met en marche, pour le meilleur et pour le pire...

Rien d'extraordinaire là-dedans, mais quelques belles choses à voir néanmoins. Si la réalisation reste très classique, le jeu des acteurs augmente significativement l'intérêt du film. Par ordre croissant d'importance, je citerai d'abord Debbie Reynolds et Wilford Brimley. Parents de Howard, ils font tout pour que la noce ait lieu à la date prévue. Ensuite, il y a Joan Cusack: Emily, la future mariée, tient vraiment à convoler... pour justifier enfin le très rude régime alimentaire auquel elle s'est soumise. In & out permet également d'apprécier les talents comiques de Tom Selleck: sa moustache désormais coupée, Magnum joue un journaliste vraiment futé. Reste donc sa "victime", Monsieur Kevin Kline, qui paraît ici se moquer gentiment d'un Oscar qu'il a lui-même reçu quelques années auparavant - le film s'inspirant aussi des remerciements à l'Académie de Tom Hanks ! Et Kevin Kline, donc ? Pas délirante, sa prestation reste assez exubérante pour permettre d'y croire. Ah bon ? Ben oui !

In & out
Film américain de Frank Oz (1997)
Une fois encore, je laisse le film répondre à la question du pourquoi du titre. C'est la deuxième fois que je le voyais: je l'ai aussi trouvé moins drôle que la première. Connu également comme voix de Yoda dans la série Star Wars, Frank Oz... ose aller encore un peu plus loin dans Joyeuses funérailles. En fait de nature consensuelle, le regard qu'il porte sur l'homosexualité défrise moins que celui du duo Poiré/Serrault dans La cage aux folles. Tout en restant bien sûr beaucoup moins pesant que Le secret de Brokeback Mountain...

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