mercredi 4 mai 2011

Le mauvais sujet repenti

Une chronique de Martin

C'est un fait assez rare pour être signalé: le long-métrage analysé aujourd'hui est le second téléfilm que je vois en trois semaines seulement. Philippe, un collègue de travail, m'en a prêté le DVD. Admettons sans ambages que j'ai apprécié, cette initiative et le film lui-même. Les premières images vont droit au but pour nous faire comprendre l'enjeu en l'espace de quelques minutes. Billy Bats Batton est un truand à la solde de la mafia, loyal, mais vendu comme traitre à l'organisation par Dieu sait quel mouchard. Une nuit, un tueur s'introduit chez lui, mais plus de peur que de mal: après un échange de coups de feu, sa famille s'en sort... avec l'intention d'en terminer avec tout ça. Billy devient alors un Témoin sous contrôle, livrant donc son chef en échange de la protection d'une autre identité légale.

Là où le film fait preuve d'une certaine originalité, c'est dans le fait qu'il ne s'intéresse pas à une quelconque guerre des gangs. Non, pour l'essentiel, il se concentre sur les sentiments de cette famille américaine pas tout à fait ordinaire. Témoin sous contrôle raconte en fait combien il est difficile aux trois non-mafieux d'assumer pleinement le passé de leur parent pour fuir dans une autre ville, dans une autre vie. Il y a la femme amoureuse, qui a finalement tout sacrifié pour couvrir les mensonges de son époux. Il y a le fils presque adulte, qui doit renoncer à sa petite amie et à son entrée programmée à l'université. Il y a la petite fille, qui ne comprend pas bien pourquoi, subitement, tout le monde lui demande de mentir. Enfin, il y a cet homme perdu, qui ne parvient plus à tout contrôler.

Tom Sizemore l'incarne avec un jeu convaincant, parfois un peu outrancier. En face de lui, Forest Whitaker est le flic qui lui dicte chacune des conditions de sa possible rédemption. Le duo marche bien et, au milieu, Mary Elizabeth Mastrantonio fait presque office d'arbitre, passant d'un camp à l'autre selon l'évolution d'une intrigue assez bien ficelée. Les jeunes - Shawn Hatosy et Skye McCole Bartusiak - sont importants pour les enjeux du scénario, bons, pas forcément transcendants. J'ai passé un bon moment devant Témoin sous contrôle (pas terrible, ce titre !). Le film présente évidemment quelques défauts, une musique un peu appuyée, quelques effets faciles et une vraisemblance discutable. Pour une simple soirée plateau-télé, ça reste un divertissement tout à fait acceptable.

Témoin sous contrôle
Téléfilm américain de Richard Pearce (1999)
Le thème de la mafia est un classique, à la télé comme au cinéma. Quand j'aurai vu Le parrain, je pourrai me risquer à un comparatif. Pour l'heure, je trouve que le fait d'avoir abordé cette thématique sous l'angle d'une famille en passe d'imploser est une bonne idée. Pour voir ce que ça peut donner dans un autre contexte, vous pouvez choisir La chambre du fils, Palme d'or 2001 sur la question du deuil, ou Brothers, axé sur les conséquences de la guerre sur la vie intime des vétérans. L'un et l'autre sont objectivement d'une intensité nettement supérieure à celle du (petit) film présenté aujourd'hui.

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