Je ne crois pas indécent d'affirmer qu'Albert Dupontel s'est assagi. J'ignore si son nouvel opus lui vaudra les quelque deux millions d'entrées de ses trois films précédents, mais je tenais à le voir.
Second tour vaut bien qu'on s'y intéresse, d'ailleurs, car le cinéaste reste très fidèle à lui-même. Capable d'être doux et féroce à la fois...
Pierre-Henri Mercier est candidat à la présidence de la République. Dans son programme, il a retenu les grandes lignes d'un capitalisme assumé. Une posture qui lui vaut d'être "en même temps" le favori des sondages et le chouchou des médias. Sauf qu'une journaliste différente des autres va bientôt s'incruster dans son champ de vision politique ! Son rédacteur-en-chef avait exigé de ladite Nathalie Pove qu'elle couvre l'actualité du foot pour la punir pour son impertinence. Faute d'autre solution, il la charge finalement du suivi de la campagne électorale, sur la base de questions inoffensives, validées à l'avance.
Second tour apparaît d'emblée comme un film très "dupontellien". Honnêtement, j'en ai vu d'autres et des plus fins, mais ce sentiment d'évoluer en terrain familier n'est pas désagréable ! Enfin, pour moi...
Avis à ses
fans: Albert Dupontel revient à l'écran en tant qu'acteur principal de cette vraie-fausse comédie - sa première tête d'affiche depuis trois ans. Et bien sûr, il sait toujours parfaitement s'entourer ! Je passe sur les caméos de ses amis pour saluer la bonne prestation d'un habitué, Nicolas Marié, parfaitement convaincant en cameraman attachant, un peu benêt et malgré tout plutôt efficace dans son poste d'équipier. Cela dit, plus que lui, c'est évidemment Cécile de France qui attirera ici l'essentiel de la lumière. Je dois dire que l'actrice belge le mérite amplement, ne serait-ce que pour son humilité dans le jeu. À nouveau, elle place ses partenaires à égalité - et c'est agréable. Quelques très jolies scènes la mettent ainsi parfaitement en valeur. L'homme placé derrière la caméra n'est pas manchot, à l'évidence. Son regard sur la société française est plein d'acuité, mais il dispose également d'un talent consommé pour la mise en scène. La tendresse déployée pour ses personnages apparaît alors comme une qualité supplémentaire et la marque de son style. Ce dont je ne me lasse pas.
Second tour
Film français d'Albert Dupontel (2023)Quelques faiblesses et peut-être une histoire bien trop rocambolesque pour faire l'unanimité... mais des qualités qui prennent le dessus. Pour comparer, il serait intéressant de voir ce long-métrage en duo avec
Président, où le personnage d'Albert Dupontel s'avère glacial. Bref, la chose publique sait inspirer de bons films. Un exemple: celui que j'ai chroniqué tout début mai,
De grandes espérances. À suivre !
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Je termine avec un hommage...Albert Dupontel entend dédier ce nouveau film à Bertrand Tavernier, Jean-Paul Belmondo et Michel Deville. On a connu de pires références.
Et, pour être complet, un autre avis...Pas d'hésitation à avoir: vous pouvez aussi consulter celui de
Pascale.