lundi 3 janvier 2011

Ça va couper ?

Une chronique de Martin

Parce que l'année commence à peine et que ce n'est que la première de mes critiques 2011. Parce que, pour le dire tout de suite, le film ne m'a pas emballé plus que ça. Parce que, pleine d'enthousiasme, une de mes chroniqueuses y reviendra prochainement plus en détails. Parce que j'avais quand même bien l'intention d'en dire deux mots. Pour toutes ces raisons, je vais vous parler de Machete autrement. Restons dans les justifications: voici cinq raisons de laisser tomber le film et cinq autres d'aller le voir. C'est équilibré, pas vrai ? Le titre original est presque une invitation: après, à vous donc de trancher !

Pourquoi laisser tomber
1/ Le premier paradoxe qui m'a marqué quand j'y ai réfléchi, c'est que la mise en scène aligne une série de trognes, ce qui serait positif en soi, mais oublie quelque peu les personnages. En clair: les looks sont assez typés, mais pour aboutir à mon sens à autant de coquilles presque vides. Casting glop, scénario pas glop. Du coup, frustration.

2/ La remarque que je viens d'opérer est particulièrement valable pour les filles de l'histoire. Si les personnages masculins ont encore quelques lignes de texte et une certaine ampleur, les nénettes, elles, sont presque là pour la galerie. Non que leurs formes soient désagréables à regarder, d'autant qu'elles ne sont pas très couvertes. Simplement, niveau personnalité, on est bien loin de Lara Croft. Donc, forcément, encore plus de Marie Curie...

3/ Le côté jusqu'au-boutiste du machin peut finir par lasser. Notez que je mets un bémol: j'admets volontiers que l'argument est ambivalent. Ce cumul d'explosions, de bains de sang et d'effets spécieux pas-toujours-spéciaux peut être perçu comme argument positif numéro 1 en faveur du film. Personnellement, c'est juste encore une fois que j'aime qu'il y ait au moins un poil plus de densité.

4/ La vague critique d'un certain système politique américain ne m'a pas franchement secoué. Au mieux, c'est consensuel. Au pire, facile. Est-ce que là aussi, on est censé voir un second degré, une parodie des films à thèses ? Mouais. Même en le prenant ainsi, je ne suis pas convaincu: la façon dont serait abordée la question du rapport Mexique-States m'a paru à tout le moins assez pachydermique.

5/ Encore une fois face à ce genre de productions, là où d'aucuns sauront se délecter de l'hommage rendu à un certain courant alternatif, j'y vois finalement une dose de cynisme: le pillage en règle des références du cinéma Z et un manque d'imagination pour les tirer vers le haut. Un peu de condescendance, quoi. Je veux bien admettre le bénéfice du doute, mais j'ai l'impression qu'il y aurait peut-être mieux à faire d'un budget hollywoodien. Mais était-ce le but ?

Pourquoi y aller
1/ Les acteurs valent le déplacement, il faut l'avouer. Le héros mérite à lui seul le détour: habitué aux seconds rôles dans une série de films de ce genre, Danny Trejo a vraiment un truc, ancien taulard au fasciés buriné par la vie. Je kiffe. Et puis, oui, je l'avoue: j'aime aussi voir et revoir quelques acteurs emblématiques en pleine séance d'auto-dérision. Ici, sur ce point, j'accorde une petite mention spéciale à Bob de Niro, Don Johnson, Steven Seagal et Jessica Alba.

2/ L'aspect "zéro complexe" de l'entreprise lui donne un côté sympathique. J'ai déjà eu l'occasion de dire que je détestais surtout les films qui se la racontent. Là, pas de frime ou de posture. L'idée était visiblement de faire un film bourrin: c'est réussi. Assumé, oui. Pour ça, au moins, je dis respect.

3/ Du coup, c'est logique: il y a tout de même quelques trouvailles franchement marrantes. J'ai retenu deux scènes bien particulières: celle où le personnage principal bécote deux garces, fille et femme de son pire ennemi, dans la piscine de la propriété d'icelui, et aussi une évasion d'hôpital du même, en rappel sur les boyaux d'un mec qu'il vient de descendre. Au final, je finirais presque par regretter que le film ne soit pas aussi radical d'un bout à l'autre.

4/ Le long-métrage est américain, certes, mais avec une coloration très mexicaine. Ce qui en fait un projet assez attachant, en fait. J'ai toujours aimé que les réalisateurs US glissent quelques références latino dans leurs projets. Là, c'était presque naturel, mais ça donne tout de même ce petit côté exotique que j'aime bien. Curieux d'ailleurs que les westerns n'aient pas davantage exploité ce filon.

5/ Les courbes des filles, j'en ai parlé en négatif, mais il faut admettre que ça reste joli à voir. Désolé pour vous, mesdemoiselles et mesdames: je crains qu'en la matière, la parité ne soit pas respectée. Sauf peut-être à aimer les hommes brut de décoffrage...

Machete
Film américain de Robert Rodriguez et Ethan Maniquis (2010)
Une conclusion sous forme de bilan. Faut-il avoir honte d'avoir donné sa chance à ce cinéma-là ? Je ne crois pas. Vous l'aurez compris: tout n'est pas forcément à jeter dans ce drôle de long-métrage foutraque et détonant. Je ne pensais pas le voir, c'est vrai, mais c'est finalement sans difficulté que je me suis laissé convaincre. Un film comme ça de temps en temps, ça ne me fait pas de mal, n'exagérons rien. Un autre que j'ai vu dans le même genre ? Je citerais évidemment Desperado 2 - Il était une fois au Mexique. Y relever des similitudes n'a rien d'étonnant: le réalisateur est le même !

Aucun commentaire: