Steven Spielberg est décidément un étonnant personnage. Je viens de découvrir l'une de ses facettes les plus surprenantes: son film 1941. Cette année-là, le 7 décembre, et sous couvert d'un ultimatum jamais parvenu à destination, l'aviation japonaise attaque et décime le port militaire de Pearl Harbor. Cet événement reste probablement l'un des plus gros chocs de l'histoire américaine d'avant les attentats du 11 septembre. Or, juste après Les dents de la mer et Rencontres du troisième type et avant le premier épisode d'Indiana Jones, Spielberg en tire... une comédie ! Elle lui vaudra un semi-échec public et l'antipathie profonde de Charlton Heston et John Wayne, que le cinéaste avait approchés pour un rôle de général. Pas question pour l'un ou l'autre d'accepter. Trop subversif. Antipatriotique, même.
C'est mon ami Philippe, amateur de l'humour au tout premier degré de certains films des années 1950-1960, qui m'a recommandé 1941 et l'a revu avec moi. Je ne regrette pas d'avoir suivi son conseil d'achat: je me suis moi aussi ré-ga-lé ! Un conseil si vous n'avez jamais entendu parler de ce long métrage: oubliez provisoirement tout ce que vous connaissez de Spielberg ! Ou plutôt, non: gardez tout de même quelques références en tête. Vous les retrouverez vite. Le plus surprenant - et le plus drôle - dans ce scénario, c'est encore que ce brave Steven s'autoparodie ! Tout commence avec le bain maritime d'une jolie blonde, au moment où... un sous-marin japonais fait surface. L'armée nipponne espère bien profiter de son avantage pour démoraliser encore la population US et détruire Hollywood !
De ce point de départ découle alors l'un des films les plus loufoques qu'il m'ait été donné de voir. Si 1941 est un film de guerre, il donne du conflit une image rigolarde, potache pour ainsi dire, à l'opposé total de ce que peut notamment faire une oeuvre telle Il faut sauver le soldat Ryan, du même réalisateur. L'idée date de 1979. Il est probable que 38 ans après les faits, la blessure américaine était encore trop vive pour que le grand public accepte de s'en amuser aussi ouvertement. Le grand public, justement: bon an mal an, Spielberg me semblait l'avoir toujours brossé dans le sens du poil. Là, il le prend en quelque sorte à revers: d'une situation objectivement tragique, il fait le prétexte à une pantalonnade. L'aspect le plus sympa de l'entreprise est que tout le monde en prend pour son grade, quel que soit son camp. Outre l'aviateur improbable qu'interprète John Belushi, on remarquera notamment les prestations de Toshiro Mifune et de Christopher Lee, amiral japonais et général nazi tout à fait jubilatoires. Oui, tout ça est vraiment une surprise. Et, avec le recul des années, c'en est même vraiment une très bonne !
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