Une chronique de Martin
Vous avez forcément entendu parler du dernier film de Woody Allen. Minuit à Paris a fait il y a peu l'ouverture du Festival de Cannes. J'ai appris quelques jours plus tard que le réalisateur n'aime pas entrer en compétition: si treize de ses longs métrages ont ainsi été présentés sur la Croisette, aucun n'est venu y briguer la Palme d'or ! Cette fois, après des détours par Barcelone ou Londres, le cinéaste new-yorkais nous conduit dans la capitale française, qu'il présente d'abord de la manière la plus agréable qui soit, une série de plans consacrés aux plus beaux monuments et quartiers ouvrant le film avec un "tube" jazz de Sidney Bechet. Nous rencontrons aussitôt Inez et Gil, deux Américains bientôt mariés. Et là, je suis bien ennuyé...
Ennuyé ? Pas par le film, je vous rassure tout de suite. Il me paraît difficile à croire que la romance puisse vraiment couler de source chez Woody Allen et, de fait, ici, Inez et Gil sont assez désassortis. Elle est bien mignonne, certes, mais sa psycho-ridigité intellectuelle casse le charme. Lui est nettement plus rêveur, s'imagine d'emblée tout quitter aux États-Unis pour vivre en Europe et, déjà scénariste de fictions télévisées à succès, se croit alors capable d'y mettre enfin un point final à son éternel projet de roman. Mon ennui vient du fait que Minuit à Paris s'intéresse surtout à Gil, à qui il arrive une chose incroyable que je ne peux décemment pas raconter, mais sur laquelle repose toute l'intrigue. Je vous laisse la surprise: je parlerais juste de magie et vous verrez alors par vous-mêmes. N'est-ce pas ?
J'ai une autre difficulté: je ne suis pas du tout un grand connaisseur des oeuvres de Woody Allen. En fait, le cinéaste est longtemps resté loin de mon regard, menant carrière sans que j'aie eu l'occasion d'apprécier le moindre de ses films. Tout lien entre ce qu'il tourne aujourd'hui et ce qu'il a réalisé jadis me paraît des plus incongrus, cela dit en attendant d'être plus amplement informé. Une chose m'apparaît incontestable: Minuit à Paris respecte certains canons alleniens que j'ai déjà eu l'occasion d'identifier. Ainsi parle-t-il d'amour, dans une grande ville d'Europe, et en offrant une apparition à une kyrielle de stars françaises et internationales. Toutes les citer serait inutile: vous verrez aussi, y compris sur l'affiche qui en relève beaucoup. Un mot seulement sur Carla Bruni: la femme du président est bien là, mais ne pollue pas la pellicule, trois minutes d'images seulement et pas des plus dispensables. Le comédien qui m'a semblé le plus remarquable est encore Owen Wilson, le premier rôle. Habitué à des comédies plus légères, le comédien est un nouveau Woody, dans son jeu comme dans ses intonations. À lui seul, il rend agréable un film perfectible, mais fin et souriant, donc sympathique.
Minuit à Paris
Film américain de Woody Allen (2011)
Vous l'aurez compris: j'ai plutôt apprécié le spectacle. C'est agréable d'avoir le sourire tout au long d'une projection de film et c'est presque ce qui m'est arrivé avec ce film. C'était sympa aussi d'être dans une grande salle pleine à craquer, au deuxième rang seulement, et d'entendre tous ces gens rire derrière soi. Magie du vrai cinéma que rien ne remplace. À l'heure des comparaisons, un simple mot pour dire que ce long-métrage est à coup sûr bien plus badin encore que Vicky Cristina Barcelona, le dernier Allen lumineux dont j'ai eu l'occasion de vous parler. Face à Match point, il peut s'imposer également, par sa drôlerie et une certaine forme de poésie. Ou pas. Certains disent qu'il n'est pas digne du Woody des plus belles années. Si c'est vrai, ce que j'ignore, j'ai bien hâte de découvrir le reste...
1 commentaire:
Moi je le trouve digne des meilleurs Woody ;)
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