Une chronique de Martin
Suzanne et Jean-Louis Joubert forment un couple bourgeois, typique des années 60. Ils vivent dans un bel appartement parisien, ont mis leurs deux fils en pension et font appel à une bonne pour les tâches quotidiennes. Quand cette dernière claque la porte, les deux époux sont pris au dépourvu. Oh, pas longtemps ! Le temps de se laisser convaincre que le travail peut aussi être fait par l'une ou l'autre parmi ces Espagnoles qui louent leurs services deux francs six sous. Les femmes du 6e étage, ce sont elles, venues d'un pays frontalier, travailleuses immigrées poussées par le désarroi économique. Évidemment, il en existe d'autres aujourd'hui, même si leur origine a changé. Par les temps actuels, le film peut sembler oeuvre engagée.
Le terme est un peu fort, cela dit. Si Les femmes du 6e étage pose quelques jalons d'oeuvre sociale, c'est d'abord une comédie, pleine d'innombrables bons sentiments, sans doute, mais d'une efficacité certaine pour qui voudra bien se laisser convaincre. Le mérite revient d'abord à l'image. Costumes, objets et lieux: la reconstitution du Paris de 1963 paraît tout à fait convaincante. C'est visiblement moins étudié ici qu'ailleurs, mais je n'ai pas décelé d'erreur: tout paraît franchement naturel. Naturel, le jeu des comédiens l'est également: le couple vedette est parfait. Sandrine Kiberlain est naïve dans son rôle de pimbêche, au point qu'on ne parvient jamais vraiment à lui en vouloir de ne pas dépasser le bout de son nez. Et Fabrice Luchini, qui m'agace parfois par ses outrances, est ici particulièrement touchant: en fait, il n'y a plus l'ombre d'un cynisme dans son personnage, mais plutôt de la tendresse et, à l'évidence, quelque chose comme un fort besoin d'affection. C'est ce que révèle sa cohabitation avec sa nouvelle domestique. Agréable surprise.
Bien évidemment, le propos est soft. Les femmes du 6e étage, c'est un bonbon cinématographique, une vraie petite bulle de douceur. Pareille sucrerie peut déplaire. Honnête au plan formel, le métrage ne s'impose pas en incontournable. Il respire toutefois la sincérité et, avec quelques répliques bien senties, cela joue à son avantage. Impossible bien sûr de faire l'impasse sur ses héroïnes: ces femmes espagnoles sont très joliment campées et leurs qualités de coeur donnent envie d'aller faire un tour de l'autre côté des Pyrénées. Revenu à la réalité, on se dit aussi que l'Espagne d'aujourd'hui est sans doute bien différente. Plus individualiste, peut-être. Qu'importe: comme on est dans le registre de la fiction, l'espoir reste permis que la solidarité décrite garde du réalisme. Moi, je suis sorti du cinéma avec l'envie d'y croire un petit peu et le sourire aux lèvres.
Les femmes du 6e étage
Film français de Philippe Le Guay (2011)
Après y avoir réfléchi, je crois que l'un des films susceptibles d'être comparés à celui-là pourrait être We want sex equality, dont j'ai parlé ici même très récemment. C'est une autre façon de représenter le travail des femmes et leur combat pour la dignité. À ce titre, et pour parler toujours de ce qui s'est passé dans ce domaine au cours des années 60, il peut aussi être intéressant de revoir Potiche, comme un contrepoint en somme, plein lui aussi d'une vraie drôlerie. Chacune de ses oeuvres est d'ailleurs portée par un arrière-plan graphique. S'ils s'y intéressent un tant soit peu, les connaisseurs devraient, comme les curieux, apprécier le jeu des sept différences.
Le terme est un peu fort, cela dit. Si Les femmes du 6e étage pose quelques jalons d'oeuvre sociale, c'est d'abord une comédie, pleine d'innombrables bons sentiments, sans doute, mais d'une efficacité certaine pour qui voudra bien se laisser convaincre. Le mérite revient d'abord à l'image. Costumes, objets et lieux: la reconstitution du Paris de 1963 paraît tout à fait convaincante. C'est visiblement moins étudié ici qu'ailleurs, mais je n'ai pas décelé d'erreur: tout paraît franchement naturel. Naturel, le jeu des comédiens l'est également: le couple vedette est parfait. Sandrine Kiberlain est naïve dans son rôle de pimbêche, au point qu'on ne parvient jamais vraiment à lui en vouloir de ne pas dépasser le bout de son nez. Et Fabrice Luchini, qui m'agace parfois par ses outrances, est ici particulièrement touchant: en fait, il n'y a plus l'ombre d'un cynisme dans son personnage, mais plutôt de la tendresse et, à l'évidence, quelque chose comme un fort besoin d'affection. C'est ce que révèle sa cohabitation avec sa nouvelle domestique. Agréable surprise.
Bien évidemment, le propos est soft. Les femmes du 6e étage, c'est un bonbon cinématographique, une vraie petite bulle de douceur. Pareille sucrerie peut déplaire. Honnête au plan formel, le métrage ne s'impose pas en incontournable. Il respire toutefois la sincérité et, avec quelques répliques bien senties, cela joue à son avantage. Impossible bien sûr de faire l'impasse sur ses héroïnes: ces femmes espagnoles sont très joliment campées et leurs qualités de coeur donnent envie d'aller faire un tour de l'autre côté des Pyrénées. Revenu à la réalité, on se dit aussi que l'Espagne d'aujourd'hui est sans doute bien différente. Plus individualiste, peut-être. Qu'importe: comme on est dans le registre de la fiction, l'espoir reste permis que la solidarité décrite garde du réalisme. Moi, je suis sorti du cinéma avec l'envie d'y croire un petit peu et le sourire aux lèvres.
Les femmes du 6e étage
Film français de Philippe Le Guay (2011)
Après y avoir réfléchi, je crois que l'un des films susceptibles d'être comparés à celui-là pourrait être We want sex equality, dont j'ai parlé ici même très récemment. C'est une autre façon de représenter le travail des femmes et leur combat pour la dignité. À ce titre, et pour parler toujours de ce qui s'est passé dans ce domaine au cours des années 60, il peut aussi être intéressant de revoir Potiche, comme un contrepoint en somme, plein lui aussi d'une vraie drôlerie. Chacune de ses oeuvres est d'ailleurs portée par un arrière-plan graphique. S'ils s'y intéressent un tant soit peu, les connaisseurs devraient, comme les curieux, apprécier le jeu des sept différences.
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