mardi 27 mai 2008

Le destin d’un artiste

Une cousine percussionniste, un cousin sculpteur, un autre peintre dont le frère joue de la batterie… ma famille m’offre de multiples possibilités de contacts avec des artistes. Une chance, je trouve. J’imagine que c’est en partie de là que viennent mes interrogations sur ce qui peut pousser quelqu’un à créer, sous quelque forme que ce soit. Le plus troublant est d’en parler aujourd’hui, alors que la télé nous annonce la disparition du réalisateur américain Sydney Polack. Je viens de voir un extrait d’une de ses interviews, où il indiquait que, d’après lui, les origines de la création étaient incompréhensibles et que c’était justement là que résidait la magie de ladite création. Dans cette inconnue. Je vous laisse libre d’un avis contraire, le mien n’étant pas établi à ce jour.


Tout ça pour dire que c’est aussi parce que je m’intéresse à l’inspiration des créateurs que j’ai récemment acheté Basquiat. C'est un film de Julian Schnabel, peintre devenu cinéaste que j’ai personnellement découvert en salles l’année dernière avec son œuvre la plus récente, Le scaphandre et le papillon. Les deux métrages ont un point commun : être ce qu’on appelle aujourd’hui des biopics, c’est-à-dire des fictions imagées, plus ou moins proches de la réalité de la vie d’une personne donnée. Basquiat – les amateurs d’art contemporain l’auront compris – s’intéresse ainsi à l’éphémère destin du peintre du même nom, prénom Jean-Michel, Américain d’origine haïtienne, né le 22 décembre 1960, décédé d’une overdose le 12 août 1988. Le film évoque ses origines, l’artiste de rue qu’il fut d’abord, puis sa courte période de notoriété, années au cours desquelles il fréquenta notamment Andy Warhol.


Difficile de dire ce que je retiens de ce film à chaud. Sans tomber dans les émotions faciles, il montre bien que la mort plane largement au-dessus de la vie du peintre américain. Basquiat m'est apparu comme un écorché vif, détaché de toute réalité, comme imperméable au monde qui l’entoure. Ce qui m'a semblé presque paradoxal : il est tangible que ce monde extérieur l’influence. L'inspire, pour ainsi dire. Bonnes ou mauvaises, toutes les rencontres qu’il y fait suscite en lui autant d’élans, tantôt créatifs, tantôt au contraire destructeurs. Comment s’opère exactement l’interaction ? C’est ce qui est le plus difficile à cerner. Basquiat lui-même n’a pas l’air d’y parvenir, à moins qu'il n'en ait simplement pas l'envie. Quoiqu'il en soit, le film prend une tonalité sombre, laquelle apporte quelques-unes des plus belles scènes. J'ai tout spécialement aimé celle où un journaliste tente avec plus ou moins d’habileté de saisir le phénomène Basquiat. Très vite, il s’avère que répondre, décrypter, expliquer... lui est beaucoup plus difficile que de peindre. Preuve, peut-être, que l’inspiration créatrice ne s’explique effectivement pas.

1 commentaire:

Stéphane a dit…

Pas vu celui ci, même jamais entendu parler d' ailleurs, je prend note car ça m'a l' air bon cette histoire !!