jeudi 19 janvier 2012

Le goût de l'autre

Une chronique de Martin

Nathalie semble être une jeune femme à qui tout réussit. Elle vient juste de trouver un travail intéressant et son compagnon la demande en mariage. Très amoureux, le petit couple se retrouve régulièrement autour d'un verre de jus d'abricot, au bar où il s'est rencontré. Ce bonheur n'est finalement qu'éphémère, puisque, parti faire un jogging, François est renversé par une voiture et meurt après quelques jours de coma. Ainsi commence La délicatesse, film du duo de frères Stéphane et David Foenkinos, adapté du roman éponyme du second. Le choix de ma dernière séance cinéma 2011.

Plus qu'au drame, La délicatesse s'intéresse à ses conséquences. L'intrigue tient en un mot: jeune veuve, Nathalie a-t-elle de nouveau droit au bonheur ? Elle paraît d'abord se l'interdire quand il apparaît par l'entremise de parents aimants ou d'une copine devenue maman. Il est laissé à l'écart quand l'éplorée s'absorbe dans le travail, oubliant les à-côtés et n'en sortant inopinément qu'après avoir pu surprendre les propos d'une de ses collègues sur son comportement au bureau. Mais le véritable élément déclencheur, ce sera l'arrivée improbable de Markus, grand Suédois ahuri, qu'elle embrassera avec passion après l'une de leurs premières rencontres. Et au bureau, toujours.

La délicatesse est un petit film qui porte bien son nom. Il montre avec beaucoup d'à-propos et de douceur qu'en dépit des efforts répétés des uns et des autres, il n'est pas si facile de faire son deuil. Pour cela, il bénéficie d'une réalisation remarquable, dans la manière dont elle compose les cadres ou habille ses personnages, notamment. Le long-métrage brille de ses deux acteurs principaux: Audrey Tautou est bien dans la peau de cette femme fragile et François Damiens impeccable dans celle de l'amoureux transi, inquiet de ses sentiments et en peine pour les exprimer. Autour d'eux, d'autres visages connus qu'il est agréable de retrouver, à l'image entre autres de Pio Marmaï, Bruno Todeschini, Ariane Ascaride ou Christophe Malavoy. Le tout est porté par une B.O. exemplaire d'efficacité, signée Émilie Simon.

La délicatesse
Film français de Stéphane et David Foenkinos (2011)
Les frangins ont bien travaillé. Comédie romantique aux accents pudiques de drame intime, leur premier long-métrage est une perle de douceur et laisse espérer qu'il y en aura d'autres. Il m'a rappelé des situations, sinon vécues, du moins connues. Il me semble bien qu'au cinéma, le deuil n'est que rarement abordé sous cet angle-là. Qu'il puisse être, sans gnan-gnan, le moteur d'une comédie romantique porte en soi un beau message de vie et d'espoir. Jusqu'alors, mon film de référence sur la mort d'un proche demeurait La chambre du fils, saisissante Palme d'or du Festival de Cannes 2001. Il est donc possible d'apercevoir un horizon plus dégagé...

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Pour un autre jugement sur le film...

Je vous renvoie une fois encore au blog "Sur la route du cinéma".

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