lundi 9 janvier 2023

Destins de femmes

Allons-y, amies et amis ! Au programme de ma toute première séance de rattrapage de l'année, je vous propose de revenir sur un film relativement récent de Pedro Almodóvar: Julieta, sorti en 2016. Présenté à Cannes comme une possible Palme d'or, le film en repartit sans la moindre récompense. Il est en réalité diversement apprécié...

Promis: je l'ai regardé sans a priori. C'est même avec un intérêt certain que j'ai découvert l'histoire de cette femme quinquagénaire prête à quitter Madrid pour vivre au Portugal avec son compagnon. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si une rencontre fortuite avec une ex-amie de sa fille ne remettait soudain en cause les envies de déménagement de Julieta. On découvre alors qu'Antia n'existe plus dans la vie de sa mère, laquelle se décide à lui écrire pour lui (et nous) expliquer ce qui s'est passé entre les deux femmes. Problème: là où une très large partie du public a vu un drame classique et très "almodóvarien", j'ai été surpris par une forme d'artificialité. Le cadre - bourgeois - de ce fameux récit est si soigné qu'à mon grand désarroi, je n'y ai vite vu qu'un décor de cinéma. Derrière ? Pas du vide, non, mais du romanesque, trop peu crédible pour moi. Et, en même temps, trop incarné pour tenir lieu de conte. Face à ce paradoxe, j'ai vite décroché, en quelque sorte, et le film m'a paru bien froid. Mais je comprends qu'il puisse plaire à d'autres...

Julieta
Film espagnol de Pablo Almodóvar (2016)

Ma note reste relativement élevée, en cohérence à ce que je viens d'écrire. Mon intention n'a jamais été de "détruire" Pablo Almodóvar pour ce film, peu à mon goût, certes, mais tout à fait respectable. Bon... je continue de préférer Étreintes brisées ou Volver, c'est tout. La sophistication me convient si elle reste mesurée. J'ai pensé aussi aux grands drames féminins de Rebecca et d'Un amour impossible...

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Je confirme: mon avis n'est pas unanime...

Vous pourrez également le vérifier chez Pascale, Dasola, Strum et Lui.

14 commentaires:

Pascale a dit…

Un film de Pedro froid !!!
Je crois que voir de tels films sur petit écran leur enlève une partie de leurs qualités.
Pedro encore et toujours bredouille de la Palme. C'est d'une injustice !!

peu à mon goût : le suspense est total, peu quoi ?

Martin a dit…

Tiens, voyons voir ce qu'il en est des compétitions officielles cannoises de Pedro...
1999 - "Tout sur ma mère" prix de la mise en scène, la Palme pour "Rosetta",
2006 - "Volver" prix du scénario et prix d'interprétation féminine, la Palme pour "Le vent se lève".
2009 - pas de prix pour "Étreintes brisées", la Palme pour "Le ruban blanc",
2016 - pas de prix pour "Julieta", la Palme pour "Moi, Daniel Blake",
2019 - pas de prix pour "Douleur et gloire", la Palme pour "Parasite".

Je n'ai pas creusé dans les sections parallèles, mais c'est vrai que ça paraît léger.

PS: le film est peu à mon goût = je ne l'ai que modérément apprécié.

Pascale a dit…

A part pour Parasite (palme incontestable), Pedro aurait dû/pu coiffer tous les autres au poteau. Quoique Le vent se lève, j'avais adoré. Les autres sont de très bons films.
Merci d'avoir creusé.

Et alors le "peu à mon goût" avec le peu suivi de rien, j'avais jamais entendu/lu.

Martin a dit…

Je suis bien obligé de creuser ! Je n'ai pas de pistolet chargé...

Moi, Cannes, je vois ça comme le choix subjectif d'un jury et rares sont donc les Palmes qui me choquent (même si certaines me déçoivent... voire ne me plaisent pas du tout). Je me dis que Pedro n'a pas eu de chance et, en même temps, je me dis aussi que bien des réalisateurs aimeraient pouvoir montrer leurs films sur la Croisette autant qu'il a pu le faire. Avec en plus deux Prix en sélection officielle, ce n'est pas si mal, comme bilan.

Pour le "peu à mon goût", mettons cela sur le compte de mes prétentions pseudo-littéraires.

Benjamin a dit…

J'avais bien aimé. Et c'est d'ailleurs un Almodovar que j'ai envie de revoir depuis longtemps. En tout cas Julieta me permet de et souhaiter une excellente année, sereine et cinéphile :)

Pascale a dit…

C'est ça, le monde se divise en deux... toi, tu creuses !

La Palme, j'ai du mal à ne pas la voir mais je suis souvent déçue a posteriori car on ne voit les films sélectionnés qu'au fur et à mesure de l'année et on se dit que tel film était plus palmable que celui qui a eu la récompense. Bon, cette année à tout point de vue (sauf le prix pour Song Kang Ho) c'était N'IMPORTE QUOI. Armaggedon time, Les bonnes étoiles, Decision to leave sont bien meilleurs que Sans filtre (que j'ai bien aimé mais il est "peu à mon goût" :-))))))).

Pour le "peu à mon goût", il y a peut-être de l'habitude locale ou régionale parce que franchement quand on creuse (là, c'est moi) ça ne veut rien dire :-))))

Martin a dit…

@Benjamin:

Je vais surveiller une éventuelle chronique de ta part, donc ! Merci, déjà, pour tes bons voeux: je t'adresse les miens en retour pour une chouette année pleine de bon cinéma.

Martin a dit…

@Pascale:

Creuser et encore creuser. J'ai sans doute un côté Tuco.

Je verrai peut-être "Sans filtre" un jour, si ma collectionnite des Palmes me rattrape et me titille jusqu'à l'épuisement complet dans la liste. Tiens ! Quelle serait donc la prochaine que j'aimerais voir ? "Conversation secrète", peut-être.

"Peu à mon goût" n'est pas une expression locale, non. Laisse béton...

Jourdan a dit…

Un bon film pour ma part.
Le rapport au temps est particulièrement bien traité par Almodovar.
J’aime bien aussi Inma Cuesta,une actrice qui se fait plus rare au cinéma mais qu’on peut voir dans des séries tv en Espagne.

Martin a dit…

Merci d'être venu le défendre, Jourdan. J'aime quand des avis différents s'expriment dans les commentaires. Cela permet de nuancer mon propos et d'enrichir la vision que mes lecteurs peuvent avoir de tel ou tel long-métrage.

Je ne connaissais pas Inma Cuesta, mais cela s'explique peut-être par le fait que je ne regarde que très peu de séries télé. Auriez-vous un autre film de cinéma à conseiller pour la "retrouver" ?

Merci encore (et bonne année) !

Jourdan a dit…

Alors elle a joué avec Ricardo Darín, l’acteur argentin (que j’adore) que vous devez connaître (Dans ses yeux”,”Truman”etc..)dans un film qui une fois de plus tourne autour de la dictature militaire en Argentine ”Capitán Kóblic”sur fond de romance.
C’est le seul que j’ai vu avec Inma Cuesta. Je l’ai préférée dans Julieta.

Martin a dit…

Merci pour ces précisions. Je suis allé regarder sa filmographie d'un peu plus près et je note qu'elle a joué aussi dans deux films que j'ai vus: "Blancanieves" et "Everybody knows". Je suppose que c'était encore dans des rôles secondaires, car je ne l'ai pas reconnue.

Bon, il faut dire aussi que je reste très peu connaisseur du cinéma espagnol...

Strum a dit…

Julieta est un très bel Almodovar, l'un de ses plus romanesques et réussis, avec une merveilleuse idée de mise en scène pour souligner le passage du temps entre le personnage jeune et le personnage plus âgé. C'est à mon avis l'un de ses tous meilleurs films. Peut-être que le film perd quelque chose sur petit écran. Merci pour le lien Martin, même si nous ne sommes pas d'accord ! :)

Martin a dit…

Avec plaisir, Strum ! Et je répète ce que tu sais déjà: la contradiction me plaît, surtout quand elle s'exprime posément et avec plein d'arguments. Cela m'enrichit (et, je l'espère, plaît aux cinéphiles qui passent ici) !

Est-ce que "Julieta" m'aurait fait un effet différent sur grand écran ? C'est bien possible. Vu sur petit écran aussi, je crois que mon Almodóvar préféré reste "Étreintes brisées". Mais il m'en reste tant à découvrir que je réserve mon jugement...