samedi 15 janvier 2022

Prémices

C'est vrai: j'aurais pu enchaîner aujourd'hui avec un autre des films que j'ai découverts fin décembre - il m'en reste six à vous présenter. Pour le week-end, j'ai préféré vous offrir un aparté et évoquer l'expo qui se termine... demain au Musée d'Orsay (Paris): Enfin le cinéma ! J'y suis allé le 26 décembre, au cours d'un bref séjour dans la capitale.

"Cette exposition, selon ses concepteurs, a invité le cinéma au musée sous un éclairage inédit". L'idée était de permettre, aux connaisseurs comme aux profanes, d'oser remonter le cours d'un 19ème siècle fondateur pour "cheminer" jusqu'à l'invention des frères Lumière et, plus tard, l'ouverture de belles salles destinées aux seules projections. L'occasion d'apprendre que, spectaculaire, le cinéma fut d'abord un art forain, ne gagnant sa légitimité qu'en s'inspirant d'autres disciplines plus anciennes, telles que la peinture et la photo. L'événement d'Orsay montrait bien à quel point il a prospéré grâce à la passion croissante du public pour l'image en mouvement. Important, ce rappel des faits !

Quelques images statiques ne m'en ont pas moins "sauté à la rétine" ! Exemple: ce tableau de Léon Belly, Pélerins allant à la Mecque (1861). Je me suis dit qu'il avait peut-être inspiré David Lean pour des plans de Lawrence d'Arabie, saisis par la caméra au beau milieu du désert marocain. Je me suis même imaginé que les hommes et les chameaux allaient sans doute, la nuit venue, s'avancer jusqu'à sortir du cadre. Dans plusieurs salles, j'ai apprécié la qualité cinétique d'autres toiles inconnues, ainsi que de photos aux sujets volontairement décadrés. Tout cela m'a offert un très agréable voyage dans le temps, prolongé par des pensées sur l'histoire de l'art et sa marche, (quasi-)constante.

Et cette oeuvre de Maximilien Luce, L'Aciérie (1895) ? Je l'ai vue comme la matrice des toutes premières séquences de cette merveille de cinéma que sont Les moissons du ciel du génial Terrence Malick ! Pour un peu, j'ai perçu le mouvement et l'intense chaleur de ce feu échappé d'un haut-fourneau. Ce qui présente au moins un avantage certain: celui de me rendre plus attentif encore aux sources picturales que je peux découvrir, dans les musées, au cinéma ou même ailleurs. Pour tout dire, je n'avais plus ressenti cette sensation - et cette envie gourmande - depuis le mois d'octobre dernier et ma visite d'une expo consacrée au peintre Pierre Bonnard. Le mot qui résume tout ? Miam !

Je ne souhaitais toutefois pas achever ma chronique (et ma semaine) sans vous avoir montré l'image ci-dessus, qui date de 1900 tout rond. Captée dans un théâtre, elle est issue d'un film de deux minutes, réalisé semble-t-il à l'occasion des répétitions de la fameuse pièce d'Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac. C'est avec une vive émotion que j'ai découvert que des images - colorées, sonores et mobiles - existaient toujours de Benoît Constant Coquelin, le créateur du rôle ! Pour en garder le souvenir, je suis reparti du musée avec le catalogue de l'exposition, riche de plus de 300 pages abondamment illustrées. Vous en reparlerai-je si j'en viens à creuser le sujet ? Peut-être, oui...

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Comme l'affirme Télérama, "ça va mieux en le disant"...

J'ajoute que, si certain(e)s parmi vous ont vu l'expo, je serais curieux de connaître leur avis sur sa valeur. Il est inutile de jouer aux timides dans l'autre cas: je suis là pour répondre à vos éventuelles questions !

2 commentaires:

cc rider a dit…

J 'ai failli me rendre à cette exposition mais j'ai fait le choix de celle qui se tenait aux mêmes dates au musée du Quai Branly , ou le cinéma « martial » qu'il soit de Hong Kong de Tokyo ou de Bombay était magnifiquement mis à l'honneur .

Martin a dit…

C'était chouette ! J'avoue en revanche que je n'avais pas entendu parler de l'expo du quai Branly...