jeudi 4 mars 2021

En coupe réglée

Des producteurs américains, français et tchèques. Une réalisatrice danoise. Des acteurs hollywoodiens. Serena est un vaste melting pot créatif, adapté d'un roman de Ron Rash, né, lui, en Caroline du Sud. L'histoire retiendra qu'aux States, les distributeurs l'ont sorti trois ans après la fin du tournage. Comme s'ils n'y croyaient pas franchement...

George Pemberton dirige une entreprise de bois de construction. L'affaire tourne plutôt correctement, mais le travail dans la forêt s'avère relativement dangereux pour les bucherons et autres ouvriers. Malgré les hésitations de ses associés, le patron tient le cap et refuse de vendre son terrain aux promoteurs d'un parc national. Il y revient un jour avec une femme, tout à fait prête à s'investir à ses côtés. Serena Shaw a du caractère et, dès le premier jour, convainc chacun qu'elle n'est "pas venue ici pour faire de la broderie". Dans l'Amérique pauvre de la Grande Dépression, ce point de départ scénaristique pourrait ouvrir la porte à une belle fresque sociale à l'ancienne. Finalement, le film s'écarte vite de cette veine et propose un drame convenu, "glamourisé" par le duo Jennifer Lawrence / Bradley Cooper.

On est en 1929 et, parfois, on se croirait presque en 1875: le mythe des pionniers et l'imagerie légendaire des westerns ne sont pas loin. N'ayant pas lu le livre, je ne peux juger du niveau de fidélité du film au récit originel, mais j'ai entendu dire que la fin était différente. Sous cette forme, Serena n'a pas été très bien accueilli: le box-office est resté très en-deçà des attentes, avec à peine 80.465 spectateurs dans les salles françaises, par exemple. Au 254ème rang de 2014 ! Mais le film mérite-t-il mieux ? Peut-être. Qu'il n'offre qu'un nombre limité de surprises joue clairement en sa défaveur: toute l'intrigue semble quelque peu cousue de fil blanc. La reconstitution historique d'une époque difficile pour l'Amérique est toutefois soignée: l'amateur de costumes que je suis a largement eu de quoi régaler ses mirettes. Seul vrai regret: avoir dû me contenter d'une diffusion télé en version française. Le reste tient encore la route, même si je l'oublierai vite...

Serena
Film américain de Susanne Bier (2014)

Trois étoiles et demie: la p'tite prime pour le duo d'acteurs vedettes. Je n'ai rien vu d'extraordinaire, mais rien de très infamant non plus. Un peu à cette même époque, Des hommes sans loi m'avait laissé froid. L'Amérique pauvre est mieux filmée dans Les moissons du ciel et, je veux le supposer, Les raisins de la colère (John Ford / 1940). Pour les comédiens déjà cités, mieux vaut voir Happiness therapy...

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Envie d'aller plus loin ?

Vous pourrez voir que Pascale et Dasola, elles aussi, ont parlé du film. Et la seconde nommée nous confie également... son avis sur le livre

4 commentaires:

dasola a dit…

Bonjour Martin, voir le film, pourquoi pas? Mais il ne faut pas avoir lu le roman avant ou après qui est tellement supérieur... Jennifer Lawrence n'est pas Barbara Stanwick. Elle ne fait pas assez mûre. Bonne journée.

Martin a dit…

Tu as raison, Dasola, mais pourquoi la comparer à Barbara Stanwick ?
Je vais voir si j'arrive à trouver le roman en poche. Je l'achèterais peut-être.

Pascale a dit…

Ah c'est sûr ils sont beaux.
Je n'ai AUCUN souvenir de ce film. J'ai dû bien somnoler. Des hommes sans loi est bien supérieur.

Martin a dit…

Ouais... on enlève l'aspect glamour de ce film et il ne reste pas grand-chose.
"Des hommes sans loi" ne m'avait pas emballé. L'impression d'un film vu cent fois déjà.