lundi 22 décembre 2014

Sur une route

1987. De gigantesques incendies ravagent les forêts du Texas. L'été suivant, Alvin et Lance traînent leurs guêtres sur les routes locales pour en repeindre les marquages au sol. Le premier espère gagner assez d'argent pour vivre avec sa compagne, la soeur du second. Prince of Texas est économe en personnages: aux deux déjà cités s'ajoutent un camionneur et une vieille dame dont la maison a brûlé.

Les relatives péripéties surviennent du fait de l'antagonisme premier entre Alvin et Lance. Plus âgé, Alvin a pistonné Lance pour le job parce qu'il est donc amoureux de sa frangine. Il est plutôt content d'avoir à bosser en pleine nature et apprécie d'écouter le silence. Immature et assez flemmard, son compagnon est presque son opposé en tout. Pire, il ne sait même pas vider un poisson, monter une tente ou encore réaliser un simple noeud. La seule véritable chose qu'il fait constamment, c'est attendre le week-end pour déguerpir et trouver une fille avec qui prendre du bon temps. La cohabitation improbable et forcée des deux garçons va évidemment créer quelques étincelles. Dans la pure tradition d'un certain cinéma américain, il sera question également d'opposés qui s'attirent et de différences qui s'effacent. Sagement, la balade de Prince of Texas nous promène sur un sentier balisé. Ce qui ne vous la rendra pas forcément désagréable, cela dit.

Vous l'aurez compris: l'intrigue du long-métrage est minimaliste. Parce qu'un carton nous précise au départ que la grande catastrophe survenue précédemment a causé la mort de quatre personnes, d'aucuns ont conclu - un peu vite, à mon sens - que les protagonistes de cette histoire ne sont que des fantômes. Si je n'ai rien vu d'étrange pour accréditer cette théorie, je dois souligner qu'il y a bien quelque chose d'évanescent dans ce film, où le temps semble tourner lentement... et peut-être même un peu plus lentement qu'ailleurs. Alvin et Lance ont visiblement l'âme en peine, mais je ne pense pas qu'elle puisse être qualifiée d'errante pour autant. Prince of Texas nous invite tout au plus à une certaine forme de contemplation. Joliment filmé, son cadre bucolique parvient presque à faire oublier qu'il a été la proie des flammes, en nous offrant un visage méconnu de l'Amérique. À vous de savoir si ça peut suffire à vous embarquer...

Prince of Texas
Film américain de David Gordon Green (2013)

Dans le rôle de Lance, les plus attentifs d'entre vous auront reconnu Emile Hirsch, révélé par son rôle dans Into the wild. J'avoue humblement que je ne connaissais pas son partenaire, Paul Rudd. Pourtant, il a joué dans l'une de mes séries préférées: Friends. Qu'importe: le duo est assez efficace et complémentaire. J'aimerais maintenant voir Joe ou un autre de la dizaine de films du réalisateur.

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Si rejoindre Alvin et Lance vous tente...

Je précise que le long-métrage est le remake d'un film... islandais sorti deux ans auparavant et resté inédit en France. Cette version US n'a attiré que 15.500 spectateurs, si mes sources sont fiables. Notez que David, de "L'impossible blog ciné", la place sur son podium 2013.

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