mercredi 15 octobre 2014

Horizon bouché

Il n'y manque qu'une partie de pétanque ou de belote. L'avantage premier des films de Robert Guédiguian, c'est qu'on est très souvent en terrain connu. À la vie, à la mort ! n'échappe pas à la règle générale: on retrouve un groupe d'amis marseillais, issus des couches les plus modestes de la société et bien entendu plutôt solidaires. Allergiques aux idées du réalisateur, vous passerez votre chemin...

Entre Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Pascale Roberts, Laetitia Pesenti et Jacques Boudet... la troupe d'acteurs, elle aussi, reste inchangée. La principale valeur ajoutée s'incarne en Jacques Gamblin, qui prend ici l'un des rôles de Pierrot lunaire qui ont fait sa réputation. À la vie, à la mort ! brasse allégrement toutes les thématiques de la misère sociale: boulots avilissants et sans avenir, cynisme des patrons, violence conjugale, trafic de drogue... j'en passe et des pires. Ce cinéma combattant prend ici une tonalité funèbre, d'autant plus sombre que le film finit mal pour l'un des personnages. Mais j'en ai peut-être déjà trop dit...

Ce qui est frappant, c'est que, tout orienté qu'il soit, le discours tenu par Robert Guédiguian reste d'une très vive acuité aujourd'hui, 19 ans après que le film a été tourné. Tout au plus aura-t-on des difficultés pour croire à l'existence de ce cabaret, ultime refuge des petites gens en quête de réconfort. Dans une assez jolie scène pleine d'une ironie féroce, le film nous le présente comme un rêve impossible - le réveil est brutal. À la vie, à la mort ! porte bien son titre. On y parle certes du futur et de la possibilité de faire des enfants pour être heureux. Reste la seule beauté du quotidien, la lumière des ferrys qui sortent du port, la nuit, pour prendre le large. À terre, l'horizon est bouché...

À la vie, à la mort !
Film français de Robert Guédiguian (1995)

Dans la filmographie du réalisateur, le film arrive à la sixième place et juste avant le très célèbre Marius et Jeannette. La dynamique reste la même, mais, en 1997, le ton se fera (un peu) plus léger. Poète malgré tout, Robert Guédiguian reste fidèle à ses convictions. J'ai parfois pensé à Riens du tout, le premier long de Cédric Klapisch. L'école française du cinéma social, c'est aussi un peu Dans la cour.

1 commentaire:

Martin a dit…

Voilà qui me donne envie d'aller le voir ... ou le revoir !
Chouguy