lundi 19 mai 2014

Heureux qui comme...

Kirk Douglas est né fin 1916. Il allait donc sur ses 38 ans quand Ulysse est sorti en salles. Dans le rôle-titre, il est ici le partenaire de jeu d'une belle actrice italienne, Silvana Mangano, de 14 ans sa cadette. Qu'importe: pour donner vie au mythique roi grec, son physique avenant convient bien. Le génie des chefs décorateurs et costumiers des studios italiens des années 50 fait le reste. Plusieurs décennies plus tard, je prends toujours plaisir à savourer ce genre de récits. C'est certainement aussi parce qu'en réalité, je suis resté un enfant...

L'histoire, je suppose que vous la connaissez. Notre noble héros revient du siège de Troie, où sa ruse en forme de cheval a permis d'inverser le cours de la bataille. Sur le chemin du retour, il s'égare, affronte le cyclope, déjoue les sirènes, voit ses compagnons d'armes transformés en cochons, etc... malgré quelques rapprochements faciles et omissions, le film de 1954 reste conforme à la mythologie en vogue depuis le récit d'Homère. Ulysse fleure bon la nostalgie d'une ère de cinéma désormais révolue: celle où, à partir d'une troupe d'acteurs venus d'un peu tous les horizons et trois bouts de ficelle techniques, le septième art nous menait jusqu'au monde antique. Depuis, on a vu certes les mers beaucoup plus menaçantes encore. Mon impression est qu'on a peut-être parfois perdu un peu de style...

Je vais être honnête avec vous: Ulysse n'est pas un chef d'oeuvre. J'aime toutefois le port altier de ses personnages, la passion éternelle de Pénélope, l'ardeur de Télémaque, la vilenie des prétendants. J'apprécie de retrouver des visages connus - un exemple: celui d'Anthony Quinn - et d'en découvrir de nouveaux. Je m'enthousiasme pour ces reconstitutions de ce qui n'a peut-être bien jamais existé. On notera aussi qu'ici, le héros marin n'est pas un être parfait. D'abord amnésique, il semble au contraire un soldat pétri d'arrogance quand il recouvre la mémoire. Le fait d'être le seul à avoir su rentrer chez lui ne l'appelle pas à l'humilité, même s'il se présente à Ithaque sous l'habit d'un mendiant, avant le règlement de comptes final. Qu'ajouter ? Peut-être une évidence: Kirk Douglas est très beau.

Ulysse
Film italien de Mario Camerini (1954)

Au moment où le long-métrage sort sur les écrans, son réalisateur peut légitiment être considéré comme un vieux routier du circuit. Camerini en compte déjà une quarantaine d'autres, dont un Maciste muet... en 1925 ! Autant dire qu'on est loin de la modernité du Troie de Wolfgang Petersen, sorti en 2004, mais peut-être moins épique. J'aimerais découvrir le Ulysse roi et dictateur de la série Odysseus...  

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