lundi 5 août 2013

Tribulations berlinoises

C'est la pure curiosité qui m'a amené à regarder I phone you. Diffusé sur Arte au coeur d'une nuit de juillet, ce long-métrage du cinéaste chinois Dan Tang me promettait une bonne dose d'évasion polyglotte. Ouvert à Chongqing, 28,8 millions d'habitants d'après les chiffres officiels d'un recensement effectué en 2010, le long-métrage s'exporte... à Berlin - il a d'ailleurs le soutien financier de producteurs allemands. Quand je vous aurai dit que cette comédie est traversée par les sons d'un groupe malien, j'aurai tout dit du côté international.

Mais I phone you est-il vraiment une comédie ? Je n'en suis pas sûr. L'histoire repose sur les épaules de la jolie Ling Ling. Employée comme clown livreur de paquets cadeaux, la jeune femme a un rêve tenace vrillé à ses idées: devenir hôtesse de l'air. Le film la montre d'abord... au lit, au terme d'une nuit d'amour avec un compatriote. Mauvais plan: ce dernier a déjà levé le camp et, bientôt, disparaît purement et simplement, direction Berlin, oublieux des promesses faites la veille. Le contact entre les deux supposées tourtereaux demeure quand Don Juan fait envoyer un smartphone à sa belle. Surprise autour de Ling Ling et premiers sourires. Le scénario démarre vraiment quand la demoiselle, déterminée, prend un avion vers l'Europe pour y retrouver sa très éphémère conquête. La suite sera mouvementée, presque périlleuse et franchement moins riante.

Pour ma part, je me suis un peu perdu en chemin. Je n'arrive pas vraiment à savoir ce que le film veut dire. Le joli minois de l'actrice principale (Jiang Yiyan) a quelque chose d’attendrissant et je suppose que c'est le but. Le personnage joué par Florian Lukas, promu garde du corps de la belle, n'est pas sans qualités. Mon souci vient du fait que je n'ai toujours pas bien compris l'idée du réalisateur. Rappeler qu'il ne faut pas croire aveuglément aux serments d'amour ? Qu'il est dangereux de s'aventurer sans repères préétablis ? Que l'Europe vieillissante est un Eldorado trompeur pour les Chinois ? I phone you dit un peu tout ça, mais sans l'affirmer ouvertement. Il paraît manquer un je-ne-sais-quoi pour laisser une empreinte plus nette. Seule certitude: le masque de la comédie romantique s'efface progressivement. Et la conclusion garde un arrière-goût assez amer...

I phone you
Film sino-allemand de Dan Tang (2011)

J'avais identifié un Peter Schwartzkopff comme co-réalisateur. Erreur: l'Allemand n'est bien que l'un des producteurs du film. Je reste sceptique sur la portée du long-métrage lui-même. Même s'il présente l'avantage de ne pas être manichéen, il brasse peut-être un peu trop de sous-thématiques pour être véritablement intelligible. Dommage. Si vous voulez comprendre ce qu'une femme chinoise peut ressentir en Europe, je vous conseille plutôt le très beau La petite Venise

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