dimanche 9 juin 2024

Au prix d'un cri

Arriverai-je un beau jour à décrypter le mystère Quentin Dupieux ? Coqueluche d'un public aventureux, celui qui est aussi producteur musical en est désormais à treize long-métrages en dix-sept ans. Surprise: jamais aucun de ses films n'a atteint les 500.000 entrées. Réalité, lui, n'a attiré que 84.641 spectateurs en salles ! Petit score...

D'autres ont fait mieux, mais je m'étais imaginé qu'avec Alain Chabat en tête d'affiche, cet opus aurait rencontré un succès plus important. Relativisons: c'est vrai qu'il faut aussi oser se risquer dans cet univers foldingue qu'est celui de l'artiste découvert sous le nom de Mr. Oizo. Cette fois, il nous embarque dans le sillage de Jason Tantra, cadreur pour une émission culinaire sur une chaîne américaine. Son ambition véritable: tourner un film d'horreur avec des postes de télé tueurs. Impossible ? Non, car un producteur se dit prêt à financer le projet. Unique condition: que le futur réalisateur fournisse le gémissement parfait pour accompagner les images de ses personnages à l'agonie. Sur cette base, Dupieux invente un univers aux contours incertains que fréquentent une petite fille, son père chasseur et un sanglier mangeur de cassettes VHS. On n'y comprend rien, mais c'est le but. Ou disons que je le suppose: ce cinéma reste franchement déroutant !

Réalité
Film français de Quentin Dupieux (2015)

Absurde ? Déjanté ? Surréaliste ? Le mot juste m'échappe encore. Même le titre est trompeur: il s'agit en fait du prénom de la fillette aperçue dans le film (et qui est peut-être bien son héroïne secrète). Inutile de chercher à comprendre, je crois: ce type de film nébuleux demande à  être ressenti plutôt qu'analysé et ce malgré les références de son auteur, à l'oeuvre dès Rubber. Bon, j'y reviendrai sûrement...

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Avant cela, d'autres avis vous intéressent ?

Très bien. Je vous propose donc de lire ceux de Pascale et Benjamin. Celui de "L'oeil sur l'écran" est également disponible, publié il y a peu.

8 commentaires:

Pascale a dit…

Kubrick mes couilles :-)
J'aime Dupieux. J'aime ses films et j'aimerais revoir celui-ci que j'ai un peu oublié.

Martin a dit…

La conviction avec laquelle Alain balance cette réplique est tordante.
Je l'aime d'ailleurs davantage que Quentin, que je trouve (un peu) surcoté.

Cela dit, il est vrai que Dupieux fait beaucoup de bien au cinéma français, souvent trop sérieux.

Pascale a dit…

Moi je dis heureusement qu'il y a un Dupieux.
Sans vouloir caricaturer et généraliser, le cinéma français oscille souvent entre drames épouvantables et comédies franchouilles. Il faut creuser pour s'y reconnaître.

Martin a dit…

C'est vrai: Dupieux tire aussi le cinéma français vers le haut.
Mais ce que je ne voudrais pas, c'est qu'il en vienne à le définir. Il y a d'autres bons réalisateurs.

Ce qui est fort, chez ce Quentin, c'est qu'il a créé un univers et y a attiré des grands noms.

Martin a dit…

J'entends ton argument, Pascale.

Je suis assez d'accord avec toi pour dire que le cinéma français n'est pas toujours inspirant. Mais je continue de penser que Dupieux est surcoté par certains critiques, qui en parlent volontiers comme du meilleur de nos cinéastes actuels. Il me semble qu'il a aussi sa petite marque de fabrique qui tourne parfois à la "facilité"...

princecranoir a dit…

Dupieux a dû frôler les 500 000 avec "le Deuxième Acte" il me semble. En tout cas, il fait mieux à chaque film. Faut-il y voir un engouement du public ? Pas de ton côté semble-t-il car je devine une pointe de réticence envers les propositions ciné de cet Oizo de paradigme. "Réalité" est à mes yeux un de ses sommets, peut-être mon préféré entre tous. Tu m'as bien donné envie de le revoir d'ailleurs. ;-)

Martin a dit…

Tu vois juste, Prince: "Le deuxième acte" a fait 491.009 entrées.

Mais il ne grimpe pas à chaque film: il y a eu un creux avec "Fumer fait tousser".
Et "Steak", son premier, avait presque atteint les 200.000 entrées. Effet Eric et Ramzy, je suppose.

Bon, je chipote. Et oui, j'avoue: j'ai toujours une petite pointe de réticence.
J'ai l'impression que c'est un peu un nouveau système. Ultra-référence pas si ouvert.

Mon préféré à moi reste "Rubber", sans doute parce que j'y reconnais la marque du cinéma de genre.

Martin a dit…

Et j'insiste: je préfère un cinéma français AVEC Dupieux.
Rien que pour secouer le cocotier, je ne lui trouve guère d'équivalent.