mardi 1 décembre 2020

Tel épris qui...

Chose promise, chose due: je vous reviens aujourd'hui avec un film résolument vintage, du genre de ceux auxquels les jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague voulaient tourner le dos. Beau comme un roman tragique du 19ème siècle, Les grandes manoeuvres s'appuie d'abord sur le duo Michèle Morgan / Gérard Philipe. C'est plutôt glamour, oui !

Je tiens malgré tout à préciser d'emblée que c'est toute la distribution qui brille de mille feux, avec pléthore de visages connus. L'histoire racontée est relativement simple: peu avant la Première Guerre mondiale, un jeune officier parie avec ses camarades de régiment qu'il sera capable de séduire une femme que le hasard lui désignera. C'est dans cet état d'esprit que, dans un bal, il fait la connaissance d'une nouvelle venue dans sa petite ville de garnison: une modiste dont les âmes "charitables" disent qu'elle est aussi une divorcée ! L'amour peut-il triompher dans ces conditions ? C'est à vous de voir. Vous pourriez certes imaginer que le film ne parlera de rien d'autre...

Si mes sources sont exactes, le film s'était classé au cinquième rang du box-office français de 1955, après avoir attiré quelque 5,3 millions de spectateurs dans les salles ! L'appréhender comme un classique n'est donc pas incongru et ses faux airs d'adaptation littéraire contribuent à lui donner l'allure d'une oeuvre "d'un autre temps". Attention: je le dis avec bienveillance, car Les grandes manoeuvres est un beau film remarquablement interprété. Il m'est très agréable d'apprécier ces productions qui faisaient la joie du public vingt ans avant ma naissance, quand mes grands-parents n'avaient pas 30 ans. À ceux qui opposeraient ce cinéma à celui qui, moderne, le chassera finalement des écrans, je dirais qu'il est possible de prendre plaisir aux deux - en tout cas, dans la position (privilégiée) du spectateur. Pourquoi diable choisir entre deux plaisirs ? Ironiquement, je dis cela et me souviens... que deux fins coexistent pour le film dont je parle !

Les grandes manoeuvres
Film français de René Clair (1955)

Un flamboyant film en costumes, parmi les derniers opus d'un cinéma en voie de disparition. Mais ce classicisme a du bon, croyez-moi ! Dans une veine voisine, French Cancan (avec l'immense Jean Gabin) est une autre merveille colorée. De 1955, on peut certes préférer d'autres films plus audacieux, à l'image de Du rififi chez les hommes ou Les diaboliques - chacun en noir et blanc. Et aussi les aimer tous !

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Un lien pour finir cette chronique...

Je vous invite à lire la chronique (enthousiaste) de "L'oeil sur l'écran".

6 commentaires:

eeguab a dit…

Bonjour Martin. J'aime beaucoup ce film qui fut un grand succès et le tableau de la vie de province en une époque où l'uniforme avait lui aussi beaucoup de prestige. Un couple légendaire. Bien sûr, et tu l'as très bien dit, c'étaient d'autres temps. Tu sais bien que je récuse le terme film ayant vieilli. Ce film est de son temps (1955) tout simplement. Bien sûr la Nouvelle Vague..., on sait tout ça. D'ailleurs Beethoven aussi, c'est de son temps, et Shakespeare, et la Joconde, et la tapisserie de Bayeux, et Lascaux. Je me souviens aussi de dizaines de jeunes acteurs et actrices en seconds rôles dont certains connaitraient une grande gloire la décennie suivante. A bientôt Martin et bonne fin d'année chez les tiens.

cc rider a dit…

Casting 4 étoiles en effet car au delà des grands premiers rôles ,( on a un peu oublié aujourd’hui que Gérard Philippe a été dans les années 50 une immense vedette , y compris au théâtre , il fut d'ailleurs inhumé dans le costume du Cid) on retrouve dans de petits rôles, Brigitte Bardot, Michel Piccoli ou claude Rich, et beaucoup d'autres....Comme je suis un grand fan du cinéma des années 50, toute la production de l'année 55 me convient...

Pascale a dit…

Ce film est bien dans son temps. Difficile de le comparer avec ce qui a suivi.
Je n'avais d'yeux que pour Gérard Philippe (et mon papa qui s'appelait Gérard lui ressemblait) mais je n'ai jamais été très fan de Mme Morgan dont les yeux de chat me faisaient flipper.

Martin a dit…

@Eeguab:

Je te donne raison en tous points, mon ami, même si mes expressions pour parler des films anciens (ou "de leur temps") sont parfois un peu maladroites.

Belle fin d'année à toi aussi... et peut-être à bientôt !

Martin a dit…

@CC Rider:

Oui, le casting est épatant.
Aux noms que vous avez cités, j'ajouterais celui d'Yves Robert.

Martin a dit…

@Pascale:

Ton papa ressemblait à Gérard Philipe ? C'est drôle, ça, comme anecdote.
Michèle Morgan est une beauté un peu froide, mais j'ai trouvé qu'elle était très bien, ici.