samedi 14 novembre 2020

Je t'aime mélancolie

Jean Rochefort me manque. C'est donc sans hésiter que j'ai profité d'une diffusion à la télé pour revoir Le mari de la coiffeuse. Un film atypique que Monsieur Jean sublime, à l'écran et en voix off. L'intrigue est minimaliste, mais on s'en moque: tout semble délicieux en si agréable compagnie. On dirait presque une sorte de biographie !

Sexagénaire élégant, Antoine est, depuis sa tendre enfance, fasciné par les femmes les plus mystérieuses. Parce que ses premières envies adolescentes sont nées dans un salon, quand la belle Mme Scheaffer lui coupait les cheveux, il s'est promis qu'un jour futur, il épouserait une coiffeuse. Et c'est justement ce qui arrive après qu'il a demandé sa main à la jeune shampooineuse de son quartier, sans attendre d'être devenu un client régulier ! Il y a de la magie dans ce cinéma improbable, tourné presque intégralement en intérieurs reconstitués. Jean Rochefort compte pour beaucoup, mais l'Italienne Anna Galiena est très bien aussi, soulignant sa pudeur d'un léger accent chantant...
 
Mon titre vous l'aura fait comprendre: si la lumière et les couleurs dominent le film au départ, le récit a une part sombre qu'il dévoile petit à petit. Quelques gros plans (et regards caméra) très expressifs du génial Rochefort laissent supposer un drame à venir, inévitable. Les nombreuses chansons arabes qui parsèment la bande originale agissent comme révélateurs des sentiments, avec quelques scènes dansées à classer parmi les plus envoûtantes de notre cher cinéma français. Le mari de la coiffeuse est un film intemporel: on se dit qu'il pourrait raconter l'enfance de son héros, mais avec un décalage subtil qui, quand Antoine est devenu adulte, nous ramène avec lui vers une époque bien plus indéfinie - ce qui n'a rien de déplaisant. Attendez-vous quand même à verser une petite larme à la toute fin...

Le mari de la coiffeuse
Film français de Patrice Leconte (1990)

J'ai donc beaucoup aimé... et je ne vois guère de film équivalent. C'est vrai: je vous ai parlé récemment de l'amour fou qui s'affirme dans L'écume des jours, mais ce n'est pas véritablement le même. Côté américain, la mélancolie est vraiment le moteur le plus puissant du superbe Le ciel peut attendre, mais là encore, c'est autre chose. Autant de fait rester en France avec Corps à coeur de Paul Vecchiali !

4 commentaires:

Pascale a dit…

Ah oui je m'en souviens. De Jeannot, de sa voix off, de ses danses.
Un film doux et dur.

Martin a dit…

Doux et dur, oui. C'est exactement ça.

cc rider a dit…

Rien avoir avec Clint Eastwood , mais je dirai "Doux, dur et dingue"

Martin a dit…

J'y ai pensé aussi: c'est vrai qu'il est un peu dingue, ce film.
Et tout cela me donne envie de revoir les aventures de Philo et Clyde !