dimanche 8 mars 2020

Forza !

Elle fut l'une des premières à se dire victime de Harvey Weinstein. Depuis, il me semble que le débat sur la place des femmes au cinéma ne s'est jamais arrêté. Remercions Asia Argento pour ce poing levé ! En cette journée internationale des droits des femmes, je le vois comme l'un des meilleurs symboles d'un combat encore inachevé. Comme l'actrice, je reste songeur sur l'idée que le fameux #MeToo puisse être devenu un banal slogan, sans la force du cri de ralliement. L'actrice a dénoncé "quelque chose d'abêtissant, bigot, un peu vain"...

Bien évidemment, il n'y a pas que sur les écrans - ou les plateaux - qu'il faut établir l'égalité. Mais l'art peut tout à fait donner l'exemple ! Asia, elle, a démontré qu'elle n'était pas "seulement" la fille de Dario. Peut-elle être un modèle des petites filles d'aujourd'hui ? Pas certain que ce soit sa préoccupation première, à vrai dire. Elle qui a perdu son compagnon en 2018 et fut ensuite à son tour accusée d'agression sexuelle sur un acteur de 17 ans reste une personnalité controversée. Ce dimanche, je ne veux retenir que ses multiples talents: actrice, réalisatrice et scénariste, elle est aussi mannequin, chanteuse et DJ. Au mois de janvier dernier, elle a été la première femme présidente du jury au Festival international du film fantastique de Gérardmer. Chose amusante: c'est une autre femme qui a remporté le Grand Prix.

Il reste cependant du chemin à parcourir. Je ne fais pas un constat amer, mais je me dis que les marges de progression sont énormes. Oups... les femmes réalisatrices se font rares dans mes chroniques. La conclusion me paraît s'imposer d'elle-même: il faut que ça change !

----------
Une précision...

Je n'oublie pas non plus ce qui peut se passer en France, bien sûr. Que Roman Polanski ait obtenu - en son absence - un nouveau César pour son J'accuse (un film remarquable, au demeurant) m'interroge. Arrivera-t-on un jour à ne parler que de cinéma ? Et faut-il vraiment s'efforcer toujours de séparer l'art des artistes ? Le débat continue... 

Mesdames (et messieurs), à vous la parole...
Je suis curieux de connaître les combats que vous jugez prioritaires. C'est, à mon humble avis, l'occasion de parler de cinéma "autrement".

4 commentaires:

Pascale a dit…

Choix étrange en effet pour Asia qui a été effectivement accusée d'agression sexuelle et on ne peut pas dire que sa carrière soit connue du grand public.
Je suppose qu'en la choisissant tu veux dire qu'il faut distinguer les oeuvres des artistes de leur comportement dans la vie.
C'est effectivement une personne engagée mais je ne sais si elle est très représentative aussi bien sur le plan artistique que dans le combat pour les droits des femmes.
Mais qui peut revendiquer une conduite exemplaire ? On n'en sait rien.

Pour le débat Polanski. Je trouve aberrant et désagréable que les nouvelles affaires surgissent au moment de la sortie du film (admirable en effet) alors que bien d'autres de lui sont sortis entre temps. Sa consécration n'est pour moi nullement une insulte à qui que ce soit.
Tout comme je trouve aberrant qu'un éditeur s'érige en juge et en censeur en décidant de ne pas éditer le livre de Woody Allen. L'empêcher de s'exprimer c'est vraiment de la censure.
Réduire Polanski et Allen au silence sur le plan artistique ne fera pas taire les prédateurs et avancer la cause.
Mais c'est compliqué et je comprends évidemment que les victimes puissent être choquées de la consécration des personnes qui leur ont fait du mal.

Martin a dit…

En fait, j'ai choisi Asia Argento pour le symbole du poing levé. C'était presque instinctif de ma part, ce qui ne veut évidemment pas dire que c'est forcément la chose la plus judicieuse que j'ai faite. Je crois qu'au-delà de son engagement militant (ou non), de sa représentativité (ou non) et de ses propres actes (ou non), ce que j'ai voulu mettre en avant relève de son témoignage de victime. Qui en a probablement déclenché d'autres ou, disons, s'est au moins inscrit dans un mouvement plus large.

Roman Polanski, maintenant. Je n'ai pas envie de revenir sur le sujet, dont je maîtrise à vrai dire mal les tenants et aboutissants. Je tique un peu quand on suggère qu'il n'a pas la possibilité de s'exprimer: si ce n'est les César cette année, il a eu plusieurs fois de larges tribunes pour se défendre et s'expliquer. Et, visiblement, personne ne l'empêche de tourner et il parvient même encore à lever de gros budgets. Attention: je ne dis pas que tout va bien pour lui (ni le contraire, d'ailleurs).

Pour ce qui est de Woody Allen, on s'emballe, on s'emballe, mais apparemment, les choses sont en train de changer: une autre maison d'édition semble décidée à publier ses fameuses mémoires. Que les premiers éditeurs aient décidé de renoncer... j'ai envie de dire que ça les regarde.

Pascale a dit…

Quand je parlais de l'empêcher de s'exprimer, je parlais de Woody SI son livre ne peut sortir.

Pour Roman, ce qui m'agace le plus c'est quand j'entends qu'il passe au travers des mailles de la justice alors qu'il a fait de la prison et qu'il a payé des sommes considérables négociées avec certaines victimes elles mêmes.

Et oui si finalement on dit : ça les regarde. Laissons faire et regardons :-) de toute facon on a pas d'autre choix.

Martin a dit…

OK pour la précision sur Woody Allen. Franchement, je comprends que la situation puisse être compliquée pour lui, mais je doute fort qu'il ne se trouve personne pour les éditer, ces fameuses mémoires.

Je te rejoins pour dire que Roman Polanski n'est pas passé entre les mailles de la justice. Cela me paraît juste sur le plan juridique. Reste la fameuse question morale. C'est à chacun de placer le curseur où il le veut, dans ce domaine. Avec les pincettes d'usage, j'ajouterai que je peux comprendre certaines victimes qui estiment qu'une transaction financière n'est pas une sanction suffisante pour le viol ou l'agression sexuelle.

Est-ce qu'on a d'autre choix que de laisser faire et regarder ? Oui: on peut aussi militer pour des aménagements de la loi pénale, dans un sens ou dans un autre. Mais, dans toute cette affaire comme dans d'autres, je suis toujours effaré de voir autant de gens (des deux camps) prompts à parler "au nom de...".