vendredi 5 juin 2015

Souvenirs d'Afrique

Il existe des films moyens qu'un casting prestigieux peut sublimer. C'est un peu l'espoir que j'avais en regardant Mogambo. Une espèce de prémonition me suggérait que ce n'était pas le meilleur John Ford possible, mais je me suis laissé tenter en découvrant les trois acteurs choisis en têtes d'affiche: Ava Gardner, Grace Kelly et Clark Gable. Que voulez-vous ? Les mythes hollywoodiens me fascinent toujours...

Pour dire toutefois les choses comme elles sont, Mogambo est un film de commande. Les producteurs d'alors estiment que le continent africain offre la possibilité de tourner des longs-métrages d'aventure aptes à séduire un large public. Ici, ils s'appuient sur la figure virile d'un homme blanc, patron d'une société organisatrice de safaris chargé d'escorter un couple d'Anglais jusqu'au territoire des gorilles. Histoire de pimenter l'expédition, notre homme doit aussi composer avec la présence d'une Américaine égarée, invitée d'un maharadjah chasseur, lui-même reparti depuis une semaine vers son Inde natale. Résumons: habitué à la seule compagnie des bêtes et de ses hommes de main, Vic Marswell doit tout à coup gérer deux bonnes femmes pour le prix d'une. Ce qui devait arriver arrive: il tombe finalement sous le charme des deux, ce qui, bien entendu, ne fait qu'aggraver une situation déjà fort tendue. Crêpages de chignons dans la savane !

Mes recherches m'ont permis de découvrir qu'un journal canadien voyait (je cite) "deux façons de considérer le film". La première consiste à déplorer la relative banalité de son scénario, jugé indigne du pedigree d'un John Ford. L'autre - qui est un peu la mienne - revient à observer avec amusement ce que le cinéaste tire d'une idée conçue pour mettre en valeur les stars de la MGM. Je ne trouve pas que Mogambo soit un mauvais film et note d'ailleurs que son succès en salles aura permis de rembourser près de trois fois son budget. Simplement, c'est une évidence: il accuse désormais le poids des ans. 62 ans après sa sortie, c'est normal, me direz-vous. J'en conviens. J'ose même croire que, si vous ne faites pas attention à l'alternance des scènes tournées en studio et des séquences in situ, il sera possible que vous passiez, comme je l'ai fait, un assez bon moment. Même si, d'accord, il existe des oeuvres nettement plus importantes.

Mogambo
Film américain de John Ford (1953)

Vous l'avez (peut-être ? sûrement ?) compris: le titre de ma chronique reprend une version française de Out of Africa, le chef d'oeuvre romantique de Sidney Pollack - avec Meryl Streep et Robert Redford. La comparaison s'arrête là. Les aventures sont ici moins trépidantes que dans d'autres films de cette même époque, comme Scaramouche ou Le corsaire rouge. Mais ce n'est pas véritablement comparable...

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Pour être complet, une petite anecdote...

Mogambo est connu comme le remake de La belle de Saïgon, un film de Victor Fleming sorti en 1932, avec Jean Harlow et... Clark Gable ! Les deux longs-métrages ont le même scénariste: John Lee Mahin.

Et enfin, un petit lien ailleurs sur le Web...
Le film du jour fait aussi l'objet d'une chronique de "L'oeil sur l'écran".

6 commentaires:

cc rider a dit…

Ava assise sur ses malles faisant tournoyer son ombrelle, Marylin fredonnant dans "Niagara" ou Liz reajustant ses bas dans "la chatte sur un toit brulant" on savait sublimer les actrices en ce temps là...!!

Martin a dit…

Pas seulement en ce temps-là, je dirais, mais en ce temps-là... particulièrement.

princécranoir a dit…

Pas la meilleure entrée dans la filmo du grand John Ford en effet, et en matière d'aventures africaines, on lui préférera l'Hatari Hawksien (qui a très largement inspiré le safari dinosaurien au début du "Monde Perdu" de Spielberg) ou bien encore la descente fluviale Hustonienne de l'African Queen. Mais tu as raison, le charme des acteurs reste intact.

Martin a dit…

"Hatari" et "African queen" sont deux références que je vais tâcher de (re)noter. Merci ! Et, quitte à reconnaître être allé me balader dans la savane, je crois que je ne me lasserai jamais vraiment du spectacle des grands fauves hollywoodiens...

ChonchonAelezig a dit…

Ah bah oui, ça j'adore ! L'Afrique, Gable et les sublimes Grace et Ava. Un film génial.

Martin a dit…

Difficile de résister à un tel trio, n'est-ce pas ? C'est délicieusement vintage !