dimanche 12 janvier 2014

100% geek ?

L'esprit d'un réalisateur de cinéma est plein de replis mystérieux. Allez donc savoir comment l'idée de l'étrange Sucker punch est venue à Zack Snyder, tiens ! Je suppose que le papa du dernier Superman apparu à ce jour est plutôt amateur de jeux vidéo. Son film permet d'y croire, en tout cas, tant son action débridée tient plus du délire visuel que de la simple élaboration d'un univers dramatique cohérent. Vous me direz, certains jeux d'aujourd'hui dépotent du côté histoire...

Allez, quelques mots du "concept" Sucker punch: Baby Doll (!!!) vient de perdre sa mère et vit dans un grand manoir avec un beau-père violent et sa petite soeur. Quand l'adulte menace de s'en prendre physiquement à l'enfant, la toute jeune femme s'interpose. Elle est alors internée dans un asile et, en attendant une lobotomie, s'invente un monde parallèle pour échapper à son destin. Baby Doll devient ainsi l'une des pensionnaires d'une maison close. Vous suivez toujours ? Forcée à danser pour séduire, elle rêve aussitôt d'évasion et convainc quatre autres filles de comploter avec elle. Sa révolte la transforme successivement en manieuse de sabre combattant des samouraïs géants, soldate de la guerre de 1914 en proie à des Allemands zombies ou chasseuse de dragons. Vous pourriez trouver regrettable de ne pas pouvoir prendre les commandes d'une si curieuse destinée. C'est bel et bien là que ma comparaison vidéoludique ne tient plus.

Sucker punch n'a pas eu un grand succès. De nombreux cinéphiles moquent allégrement ce style boursouflé et ce grand vide scénaristique. J'aime autant confirmer: si vous rêvez d'une histoire pointue et passionnante de bout en bout, passez votre chemin ! Explosion visuelle, le long-métrage a dû être conçu pour en mettre plein la vue: ça se joue clairement au détriment de ce qu'il est censé raconter. La bande son, elle aussi, envoie du lourd, en reprenant quelques standards pop et rock tout en les détournant de manière audacieuse. Pourquoi ? On est en droit de se poser la question. Inutile, je crois, de chercher une âme à un film qui s'apparente davantage à une prouesse technique qu'à une véritable oeuvre d'auteur. Que de jeunes femmes assument les cinq rôles principaux ne doit pas vous tromper: le propos s'adresse surtout aux garçons. Las ! La réelle inventivité stylistique ne valorise que peu de choses.

Sucker punch
Film américain de Zack Snyder (2011)

Je mets trois étoiles et c'est (très) généreux. Les univers fantasmatiques de Baby Doll m'ont bien plu, même s'ils sont vains. Comparé à 300 du même réalisateur, Sucker punch m'a paru légèrement plus fascinant - au moins sur le plan purement technique. L'attention portée au décorum peut rapprocher le film de l'oeuvre extravagante d'un Baz Luhrmann. Et l'idée de ces rêves enchevêtrés m'a rappelé celle d'Inception, sans toutefois en avoir la complexité...

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Comme je vous le disais, le film ne plaît pas à tout le monde...

Deux exemples cinglants de blogs critiques: "Sur la route du cinéma" et "La cinémathèque de Phil Siné". Sévères mais justes, en réalité.

1 commentaire:

Laurent a dit…

En visionnant ce film (au sujet duquel je pourrais faire un petit billet qui serait proche du tien), j'ai eu l'impression de voir se dérouler un jeu vidéo.
Le style de Snyder y est à son paroxysme, privilégiant la forme au fond, au point qu'il ne soit plus nécessaire d'avoir une histoire à raconter (ou presque).