lundi 26 décembre 2011

Le coeur en puzzle

Une chronique de Martin

Ma première rencontre avec Rob Gordon, le héros de High fidelity, c'était je crois au détour du roman - du même nom - de Nick Hornby. Le retrouver sur l'écran de ma télé me faisait envie, sans toutefois que je me souvienne vraiment de ce que j'avais lu. Je voulais également voir le film parce que, parmi les quelques blogs qui ont plus ou moins inspiré le mien, il y en a un dont le rédacteur signait Rob Gordon. Bref, j'ai saisi l'occasion d'une diffusion récente sur Arte pour rafraîchir ma mémoire et me faire une idée sur la chose filmée.

Autant l'admettre d'entrée de jeu: j'ai passé un assez bon moment. Rob Gordon est un jeune mec plutôt cool, néo-célibataire au moment précis où le film commence. Vendeur de 33 tours dans une boutique peu fréquentée, il écoute constamment de la musique et, quand il a l'occasion, entre deux morceaux, s'interroge sur les raisons objectives (?) de ses ruptures passées. Cinq: c'est tant leur nombre que la véritable obsession du garçon, qui dresse des listes de cinq pour tout et n'importe quoi. Il faut croire que ça le rassure et surtout lui évite de se remettre en question, à l'heure d'essayer de recoller chaque partie de son coeur brisé. High fidelity ne donne pas nécessairement de l'homme une très belle image, même s'il arrive que les filles - simples, paumées ou hautaines - en prennent également pour leur grade. Sujet traité sur le mode masculin, oui.

La chose la plus étonnante, c'est que High fidelity adopte tellement le point de vue de son personnage principal qu'il le place réellement en narrateur de l'histoire. Attention toutefois: John Cusack n'est pas un narrateur au sens classique, une voix off qui viendrait commenter ce qui défile à l'écran. Il s'adresse directement au public en regardant la caméra l'oeil dans les yeux, et ce tout au long du film. Il est même le seul à le faire, ce qui peut dérouter, mais ce à quoi on doit finir par s'habituer. Le long-métrage dénote, parce qu'il se présente donc un peu comme un échange à une seule voix. Je suppose alors que, plus on s'identifie à Rob Gordon, plus on apprécie le résultat. Personnellement, je suis tout de même resté quelque peu en retrait. Cela dit, on ne pourra pas ne pas louer l'audace du réalisateur. Grâce aussi à des comédiens remarquables, et notamment un Jack Black déjanté en roue libre, le film a vraiment quelque chose d'unique.

Une précision utile...
Jack Black a un rôle secondaire: le premier revient à John Cusack.

High fidelity
Film anglo-américain de Stephen Frears (2000)
À recommander aussi à ceux qui aiment la musique pop-rock. Quelques standards sont passés à la moulinette, mais la bande originale reste une compilation de haute volée. Et on a là une preuve supplémentaire de l'extrême diversité des sujets de Stephen Frears. Cette comédie romantique et son premier personnage peuvent évoquer une version masculine de Bridget Jones. Je ne parviens pas à dénicher d'autres oeuvres comparables, mais ça doit bien exister du côté du cinéma américain indépendant (Clerks ?). J'y reviendrai peut-être. En attendant, vous avez lu la 600ème chronique du blog !

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