jeudi 30 janvier 2025

Un autre monde (ou pas)

J'ai, il y a peu, lu des choses très insultantes sur Adèle Exarchopoulos. Et, en prime, une affirmation selon laquelle elle n'aurait aucun talent ! J'en suis resté tout ébaubi, tant j'apprécie cette actrice. Et je suis content d'avoir pu voir Planète B, où elle joue l'un des deux rôles principaux. NB: l'autre a été attribué à la Suissesse Souheila Yacoub...

Nous sommes à Grenoble, en 2039. Des militants écologistes radicaux poursuivent une lutte armée contre les institutions et entreprises accusées de violer les accords de Paris sur l'atténuation et l'adaptation contre les changements climatiques, avec pour règle de conduite absolue de ne tuer personne - et donc de ne s'en prendre qu'aux biens. En face, la répression policière est forte et, un jour, un groupe d'activistes se retrouve soudain enfermé dans une prison virtuelle ! Dans le même temps, dans la réalité, une jeune réfugiée irakienne cherche une solution pour faire renouveler le QR Code qui lui permet de travailler comme femme de ménage et donc de rester en France. Science-fiction ? Hum... Planète B est plutôt un film d'anticipation. Rien ne dit que la France aura évolué ainsi dans quinze ans. Technologiquement et même politiquement, je continue de me dire que le pays n'en arrivera pas à un tel niveau de destructuration sociétale. Mais il est clair aussi que cette menace existe à mes yeux ! Et c'est bien entendu pour cela que le film m'a fait forte impression...

Sur le plan formel, tout n'est pas parfait, mais je ne suis pas certain qu'il aurait été utile d'augmenter le budget pour des rendus visuels encore plus spectaculaires. Planète B est aussi un film de décors. Peut-être saurez-vous reconnaitre certains lieux où il a été tourné. Grenoble en est un, mais il y en a d'autres et notamment un littoral méditerranéen - du côté du Var, sauf erreur (ou oubli) de ma part. C'est l'occasion de saluer le bon travail effectué lors des repérages. Autre atout du film: sa bande-originale, aussi futuriste qu'immersive. Je retiendrai qu'elle a été écrite par Bertrand Bonello, le cinéaste niçois, dont j'ignorais jusqu'alors la faculté de composition musicale. Mon bilan sera donc largement positif, avec un bémol pour le montage alterné, un peu trop télévisuel pour moi. Rien de rédhibitoire... ouf ! C'est un grand plaisir de voir que le cinéma de genre "à la française" continue de se développer et, je veux le souligner, que des femmes s'emparent de plus en plus de sujets longtemps réservés aux hommes. Même si l'égalité suppose de ne pas s'endormir trop vite sur l'acquis...

Planète B
Film français d'Aude Léa Rapin (2024)

Aïe ! Avec une sortie le 25 décembre sur 108 écrans, ce long-métrage intéressant n'avait clairement pas toutes les chances de son côté. Résultat: 20.776 pauvres entrées en première semaine d'exploitation. Il est vrai aussi que l'idée d'un futur sombre peut refroidir des ardeurs cinéphiles, au risque de zapper Bienvenue à Gattaca ou Blindness. N'oublions pas la mélancolie, une émotion forte dans Never let me go.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Je suis en rage, il n'est pas sorti chez moi. Incompréhensible.
Adèle ne doit pas être assez bankable...
Mais comme tu l'as dit ailleurs, j'ai vu bien assez de films en janvier.
Cette année je ne compte pas.
C'est "à cause de toi" que j'ai compté en 2023 et 2024.

Martin a dit…

Mon intro te donne des éléments de réponse sur le côté bankable d'Adèle.

Ce film-là n'est pas son meilleur. Je peux assurément comprendre qu'elle ne fasse pas l'unanimité, mais quand je vois que certains la considèrent littéralement comme une racaille du cinéma français, sous prétexte que sa voix est grave, je frémis ! Et quand je vois que d'autres (ou les mêmes !) disent qu'elle crache dans la soupe et se plaint tout le temps, je me demande quand ils l'ont réellement écouté la dernière fois... bref !

Tu as raison de ne pas compter le nombre de films que tu vois. Ce n'est surtout pas une compétition (et si c'était le cas, tu me battrais à tous les coups !). Moi, je continue de le faire pour parfois prendre un peu de recul et voir à quel point ma cinéphilie peut évoluer au fil du temps. Et puis, j'y trouve un plaisir ludique, comme celui d'une collection...

Pascale a dit…

J'adore sa voix moi et sa personnalité. Et je ne l'ai jamais entendue se plaindre. Je la trouve très intelligente, joyeuse et positive au contraire.
Et ses choix de films sont très judicieux et tellement variés.

Environ 230 films en salle les 2 années. Ce qui fait que 135 jours par an je ne vais pas au cinéma :-) Peut-être un peu plus puisque pendant les festivals j'en vois 2 ou 3 par jour mais clairement ces chiffres ne m'intéressent pas.

Martin a dit…

Je vois que nous sommes d'accord sur Adèle et cela me réjouit.
Elle avait un peu "craché" dans la soupe après le Kechiche. Mais ça n'a pas duré.

135 jours par an sans cinéma ? Je suis bien AU-DESSUS de ce chiffre, même en comptant mes séances "petit écran".