Vous vous souvenez ? Il y a peu, je me suis octroyé une petite pause sans blog. Parmi les choses que j'ai faites loin des écrans, il y en a une que j'avais envie de vous raconter: j'ai passé deux jours à Turin. Avec mes parents, c'était notre tout premier séjour dans cette ville d'Italie. Un peu
speed, mais très sympa, malgré une météo maussade.
Près de 900.000 personnes vivent là-bas, d'après Wikipédia. Place forte industrielle, la capitale du Piémont n'a pas un look de carte postale. Pourtant, pour qui y erre sans intention précise, ses charmes sont multiples: traversée par le Pô, la cité dévoile son fort caractère historique grâce à de nombreux beaux bâtiments anciens. Les têtes couronnées qui y ont vécu et régné tour à tour sur la Savoie, la Sicile, la Sardaigne et l'Italie unifiée, ont laissé une empreinte indélébile. Maintenant, au-delà des palais, places de dimensions très généreuses et rues piétonnes, ce qui m'a frappé reste le très grand nombre d'arcades, fort utiles d'ailleurs... pour se protéger du mauvais temps !
Bon... peut-être l'avez-vous compris: si je vous en parle, c'est aussi parce que j'ai profité de ce mini-voyage pour entretenir notre passion commune, en visitant la Mole Antonelliana. Cet édifice majestueux est l'un des symboles de l'Italie toute entière - il apparaît sur la face des pièces de deux centimes d'euros. Commandé par la communauté judaïque en 1863, il devait abriter un lieu de culte et une école. Depuis presque le premier jour, son histoire est riche en péripéties. Finalement, sous sa flèche à 167,5 mètres de haut, il est devenu l'un des grands temples du septième art: le
Museo Nazionale del Cinema. C'est un lieu très couru: le mieux est peut-être de s'y rendre assez tôt dans la journée, car il n'est pas exclu de faire la queue pour entrer. Oui, mais vous pouvez me croire quand je dis que cela vaut la peine !
La visite démarre par ce qui est appelé "
l'archéologie du cinéma". Théâtre d'ombres, praxinoscopes, premières machines et inventions consacrées à l'optique et au mouvement, la quantité d'objets présentés dans cette (vaste) section est tout à fait impressionnante ! Pour le bonheur et la surprise de tou(te)s, une partie de la collection n'est pas seulement exposée, mais aussi manipulable. Difficile donc de résister à cette proposition de chausser un temps des lunettes stéréoscopiques pour la découverte de la 3D primitive, par exemple. Sans surprise, mais avec justesse, ce premier labyrinthe de salles évoque aussi l'apport des frères Lumière. On y passerait des heures...
Mis en appétit, on rebrousse alors chemin et on emprunte une volée d'escaliers que, dans un premier temps, on avait laissée de côté. Arrivé en haut des marches, je me suis senti un peu comme une star invitée à son premier Festival de Cannes, saisi d'une émotion forte devant la magnificence de la partie centrale du musée: une salle immense à partir de laquelle on accède à d'autres lieux d'exposition. Avant d'entrer dans le vif du sujet, ou après l'avoir fait, il est possible de prendre un temps de pause dans l'une des nombreuses chaises longues (dotées d'écouteurs) mises à notre disposition, pour profiter d'innombrables extraits de films en tout genre, de toutes les époques et de tous les pays. L'atmosphère est, ma foi, absolument magique ! De fait, on ne peut que lever les yeux, vers les écrans et les étoiles...
À ce stade, plusieurs petites salles thématiques nous sont accessibles pour en savoir encore davantage sur les différents types d'histoires que le cinéma peut nous raconter. Mieux: longue de plusieurs dizaines de mètres, une rampe hélicoïdale nous ouvre la voie vers les espaces supérieurs, où une belle partie de l'exposition nous initie à la manière de fabriquer un film. Intelligemment, un court-métrage est utilisé comme support pour une explication de toutes les composantes artistiques et techniques d'une oeuvre filmique. Quatre longs couloirs remplis de photos et d'objets emblématiques favorisent l'immersion dans ce
making of grandeur nature, le résultat final restant à portée de vue, sur des écrans diffusant des extraits des meilleurs classiques. Là encore, on trouvera également quelques installations interactives !
Juste un étage au-dessus, on en prend à nouveau plein les mirettes grâce à une incroyable collection d'affiches originales. Le Musée n'expose qu'une partie de ses richesses, un autre lot restant à l'abri dans ses réserves, mais à découvrir également grâce à une vitrine interactive... que je n'ai pas vue. J'ai néanmoins pris un plaisir indéniable à arpenter cette partie de l'établissement, en m'amusant parfois d'un visuel un peu kitsch et en jouant à reconnaître les titres originaux (ou français) derrière les libellés en italien. D'une manière générale, je suis resté admiratif devant la grande qualité du travail des anciens illustrateurs. Il est indéniable que les temps ont changé...
Heureusement pour les passionné(e)s, le
Museo Nazionale del Cinema est un lieu en mouvement, qui donne donc à voir des expositions temporaires de grande qualité, en vis-à-vis de son fonds permanent. Quand j'y suis allé, une multitude d'écrans ornait la fameuse rampe hélicoïdale pour parler des liens entre le septième art et la musique. Avis aux amateurs: tout cela restera accroché jusqu'au 7 janvier. Autre aspect des lieux que j'ai négligé: un ascenseur en verre permet aux courageux de défier leur vertige en rejoignant une plateforme située à 70 mètres de haut, en extérieur, sur la Mole Antonelliana. Rien interdit de commencer la visite par cette étape. L'expérience vaut même à elle seule le détour, offrant la possibilité d'admirer Turin depuis l'un de ses points les plus hauts: un véritable décor de cinéma !
Au sortir de cette escapade, je suis bien évidemment très heureux d'avoir découvert ce musée, d'autant que, venu sans idée préconçue ou renseignement préalable, je me suis largement laissé surprendre par ce qu'il choisit de mettre en avant. Pour tout dire, je m'attendais à ce que le cinéma italien occupe davantage le devant de la scène. Naturellement, les films (et artistes) transalpins ont toute leur place parmi les milliers de pièces exposées, mais c'est bien un panorama élargi de la création d'images en mouvement qui attend le profane. L'incroyable nombre de films iconiques mis en valeur fait que chacun peut probablement en apercevoir quelques-uns qui lui sont familiers. Pas besoin, en réalité, d'être un expert pour en profiter pleinement. La suite est affaire de curiosité et d'endurance, une visite intéressée nécessitant au moins, à mon très humble avis, deux ou trois heures. Pour terminer, j'ai pris une grave décision: celle d'y replonger un jour.
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Un tout dernier mot sur les images...
Je reconnais que j'ai pioché la première et la quatrième sur Internet. Ami photographe, si tu y as reconnu son travail, je peux tout retirer sur simple demande. Enfin, tout sauf la vue générale sur Turin, saisie par mon papa, et les cinq autres photos... que j'ai faites au passage !