vendredi 10 juillet 2020

La mante

Il va véritablement falloir que je songe à réhabiliter Claude Chabrol. Ainsi que je vous le confiais récemment, j'ai eu du mal à accrocher aux films de ce cinéaste. Or, après L'enfer en avril, j'ai eu l'occasion de découvrir Rien ne va plus en juin et oui, j'ai plutôt bien aimé. Même si certains parlent d'un opus mineur dans la carrière du maître !

Ce qui m'a attiré ? D'abord, la perspective de revoir Michel Serrault. J'adorais ce grand acteur né la même année que mes grands-parents maternels (1928, pour info). Il s'amuse ici à jouer un drôle de duo avec Isabelle Huppert. Elle combine avec lui, drague des hommes supposément riches et leur propose alors de passer la nuit avec eux. Quand ces messieurs acceptent, un somnifère et hop: au dodo ! Entrée en scène du complice, vol de ce qui peut l'être sans risque exagéré et disparition dans la nature... le tout est rondement mené. Vous ne serez probablement pas surpris si je vous dis que la caméra place le spectateur au côté des malfaiteurs et les rend sympathiques. En tout cas, j'ai marché: Isabelle / Betty et Michel / Victor m'ont plu. Leur différence d'âge - 25 ans - ajoute à leur tandem un petit côté piquant, qui sert le film dès l'instant où la belle s'évade dans les bras d'un pigeon. Et titille la jalousie inquiète de son partenaire habituel...

Liée à un art consommé de la mise en scène, la malice chabrolienne fait des merveilles et donne d'emblée au film un tempo intéressant. Ainsi, assez rapidement, on se dit que les arnaqueurs associés pourraient bien, l'un et l'autre, ne plus respecter leur contrat commun. Trahison ? Je n'ai rien dit... et, de fait, ce n'est pas aussi simple. Comme à la roulette, disons que, parfois, les aléas sont défavorables et qu'il faut savoir s'arrêter pour ne pas finir plumé ! Le suspense proposé par Rien ne va plus n'est pas insoutenable, mais j'ai trouvé que les quelques rebondissements de l'intrigue étaient bien amenés. C'est aussi parce que, dans l'ensemble, les divers acteurs des rôles secondaires sont inspirés - cf. François Cluzet, Jean-François Balmer ou Jackie Berroyer pour citer les personnages les plus "développés". Bref, tout cela m'a bien diverti et, ma foi, c'est ce que j'espérais. Voir ou revoir un Chabrol plus sombre ? Je le ferai bien un jour ou l'autre...

Rien ne va plus
Film franco-suisse de Claude Chabrol (1997)

Allez hop, quatre étoiles, messieurs dames ! C'est le signe manifeste que je ne me suis pas ennuyé une seule seconde devant ce petit film joliment ficelé et parfaitement interprété. Du bon cinéma français. Dans un genre comparable, mais avec une mise en scène plus simple et disons fonctionnelle, j'avais aimé... Quatre étoiles, justement. Pour la filouterie de haut vol, L'arnaque va demeurer THE référence !

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Est-ce un film mineur, donc ?

Je ne partage pas cet avis, mais je le respecte (et le comprends). "L'oeil sur l'écran" publie un texte dans ce sens: je vous laisse juges...

6 commentaires:

Pascale a dit…

Oui c'est un film tout à fait charmant.
Mineur sans doute mais bienvenu.
Isabelle et Michel sont merveilleux.

Martin a dit…

En fait, je n'aime pas trop l'expression "film mineur".
Cela veut dire quoi ? Quels sont les critères ?

Michel est génial dans ce rôle de vieil entourlouper. Ça lui va bien !
Isabelle, que je trouve souvent froide, est très humaine ici. Je l'ai trouvée excellente.

Strum a dit…

Un Chabrol sympa mais "mineur" oui. :) Mineur : par opposition aux "majeurs", les meilleurs qui définissent le style et les thèmes d'un auteur et qu'il faut voir en priorité.

Martin a dit…

OK, merci pour ta définition du film "mineur". Moi, celui-là me va bien.
Le duo fonctionne vraiment à merveille et offre un divertissement comme je les aime.

princecranoir a dit…

Comme Strum, un petit Chabrol reste un Chabrol. je l'avais vu au ciné. Il vaut surtout pour le charme des interprètes.

Martin a dit…

Je suis tout à fait d'accord: avec un autre duo, ça ne fonctionnerait pas forcément aussi bien.