samedi 1 mai 2010

Une histoire, deux meufs

J'ai bien fait de suivre mon instinct. Voilà quelques dimanches, j'avais envie d'aller au cinéma, mais je projetais initialement de voir autre chose que Tout ce qui brille. Mon choix s'était d'ailleurs porté sur un autre film consacré à la banlieue, mais sans doute bien plus sérieux. Je ne l'ai toujours pas vu, mais me rattraperais peut-être prochainement: bien évidemment, j'en reparlerais le cas échéant. J'assume d'autant mieux d'avoir changé d'avis à la dernière minute que le long métrage pour lequel j'ai finalement opté est tout à fait séduisant. Mignonnettes, il est indéniable que les deux héroïnes (Lila / Leïla Bekhti et Ely / Géraldine Nakache) le sont aussi, de fait. Devant et derrière la caméra, la seconde gère efficacement ce cumul des mandats cinématographiques. J'imagine que son travail ne plaira pas à tout le monde, car il est très typé. Pour ma part, je l'ai trouvé très frais, très contemporain aussi. Certains pourront sans doute regretter un ton et une thématique assez "cliché": je n'en disconviens pas autrement que pour dire que, de mon point de vue, c'est bien là ce qui ancre le film dans un certain réalisme. Bien sûr, comme il est aussi pétri de bons sentiments, le discours social qu'il est susceptible de livrer est souterrain. Pour ma part, vous l'avez sûrement déjà compris: j'apprécie l'équilibre qui me semble avoir été trouvé.

Un mot sur l'histoire, tout de même. Les jolies Lila et Ely sont en fait deux copines ordinaires, la vingtaine, que les autres prennent régulièrement pour deux soeurs tant elles sont proches et complices. Les filles ont l'âge des grands emballements et des petites bêtises, du genre, depuis Puteaux, rejoindre Paris en taxi et partir en courant au moment de payer la note. Suffisamment habiles et en tout cas opiniâtres pour s'incruster dans une soirée chic et y trouver rapidement de nouvelles amies, en se faisant, ni une ni deux, passer pour de radieuses habitantes des beaux quartiers de Neuilly. Je l'ai suggéré: Tout ce qui brille est un film gentil. On pardonnerait presque tout à ces deux coquines, d'autant que, si elles sont un peu truqueuses, elles ne sont pas franchement méchantes et ont simplement tendance à profiter des opportunités. Tout n'est pourtant pas si simple. Le film créera une évolution, avec un personnage d'Ely rapidement beaucoup plus dur que celui de Lila. Les deux potes finiront même par se fâcher et ne plus se voir, brouille qui deviendra alors l'argument dramatique numéro 1 du long métrage. Là encore, dans la manière dont les choses changent et finissent par s'arranger, on pourra se dire que tout cela est un peu gros, trop gros en somme pour être vrai. Je ne le nierai pas. Je maintiens toutefois que le tout m'a fait plutôt sourire, ce qui n'est pas désagréable en salle obscure...

Retenez donc que Tout ce qui brille est un divertissement. Passez donc votre chemin si vous y cherchez un film social sur la banlieue, ses doutes et ses maux. Ils sont suggérés ici, mais ne constituent absolument pas la trame du scénario. C'est en fait le naturel du jeu des deux comédiennes principales qui emporte le morceau, je crois. Leur phrasé colle parfaitement à ce que l'on pensait entendre: un peu relou pour certains, il m'a paru à moi tout à fait juste et, contrairement à ce que j'avais pu craindre, pas si fatiguant que ça sur la durée. J'ajoute que le charme de l'ensemble doit aussi beaucoup aux décalages et à une kyrielle de seconds rôles savoureux, notamment celui de la troisième copine restée banlieusarde et fière de l'être, confié à Audrey Lamy - la soeur d'Alexandra alias Chouchou d'Un gars, une fille. Même s'il n'a pas grand-chose à jouer et tourne sous la direction de... sa femme, Manu Payet s'en sort bien, lui aussi, en petit copain abandonné. J'ai été un poil moins convaincu par Virginie Ledoyen et Linh-Dan Pham en Parisiennes bobo, mais sans doute parce que leur rôle n'est finalement qu'assez secondaire. D'une manière générale, sous son apparente légèreté, je trouve franchement que le film dit beaucoup de choses à qui veut l'entendre. On peut critiquer la forme: deux petites heures durant, la dynamique du fond m'a emporté "ailleurs". Tout ce que j'attends du cinéma.

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