vendredi 10 novembre 2017

Une dame brune

Mathieu Amalric est un garçon étonnant. Je crois savoir qu'il préfère réaliser un film qu'y être un personnage, mais il a connu des dizaines de rôles divers... et ne s'est tenu "que" sept fois derrière la caméra. Dans Barbara, son dernier opus de cinéaste, il joue aussi, mais reste dignement en retrait, de son sujet comme de son actrice principale...

S'il vous faut une seule bonne raison pour voir ce film, je crois inutile d'aller chercher très loin: la composition de Jeanne Balibar suffira. Maintenant, je me dois de préciser une chose: si, bientôt vingt ans après sa disparition, Barbara m'est familière, il ne m'est pas possible d'affirmer que j'en sais beaucoup sur cette artiste hors de la norme. Paradoxalement peut-être, je n'avais pas spécialement envie de voir un biopic ordinaire qui m'aurait tout dit de sa vie et de son oeuvre. Résultat: quand j'ai su que Mathieu Amalric abordait le personnage par le côté, en inventant un film dans le film, avec une femme chargée d'interpréter son rôle, j'ai assez vite pensé que ce choix audacieux pourrait me convenir. Et, dans l'ensemble, ça s'est vérifié. Ce qui ne veut certes pas dire que ce sera le cas pour tout le monde !

Barbara - le film - nous propose un étrange jeu de faux semblants. Les images qui s'enchaînent imposent à l'évidence plusieurs niveaux de lecture: souvent, on passe ainsi du film de 2017 au long-métrage tourné en son sein. On a droit aussi à quelques images d'archives ! Assez virtuose, le résultat doit sans doute beaucoup à un montage impeccable, qui parvient à nous promener sans jamais nous égarer vraiment. Je le répète: la performance (mimétique) de Jeanne Balibar apporte toute sa vraisemblance à ce qui n'est presque qu'une fiction. L'air de rien, le film nous interroge aussi sur la part de fantasme inhérente au personnage et sur ce qui pouvait rester de Monique Serf une fois le rideau tombé. Il faut accepter de perdre quelques repères pour se plonger véritablement dans cette pseudo-biographie filmée. Vous pourriez y apprécier aussi un hommage rendu aux petites mains du cinéma et, naturellement, à un grand nom de la chanson française.

Barbara
Film français de Mathieu Amalric (2017)
Le cinéaste avait déjà démontré son goût pour les artistes de la scène avec Tournée, un autre de ses films que j'avais vraiment apprécié. Parfois un peu "auteurisante" sans doute, sa façon de faire du cinéma demeure assez atypique et, du même coup, intéressante, je trouve. Libre à vous, bien entendu, de préférer les biopics comme Cloclo. Quant à l'originalité du personnage, Shine est un bon cran au-dessus !

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Pour finir, ce constat: le film ne fait pas l'unanimité...

Bon... vous pourrez d'abord vérifier que Pascale l'a plutôt apprécié. Eeguab, lui, n'en a rien retenu d'agréable et l'exécute en deux lignes !

mercredi 8 novembre 2017

Quel parfum ?

Après l'Union soviétique, Cuba. Je vous rassure: je n'ai pas l'intention de vous proposer une analyse sur les mérites comparés des régimes communistes. Je vais en revanche vous parler de l'île des Caraïbes comme j'ai pu le faire avec les 60 (!!!) autres pays déjà représentés sur ce blog: en terre de cinéma. Bien... vous êtes prêts au décollage ?

C'est grâce à mon association que j'ai découvert Fraise et chocolat. Avant notre séance, je n'en avais jamais entendu parler. Le découvrir sans information préalable m'intéressait: je me suis dès lors contenté des éléments indiqués par notre présidente au moment de son choix de programmation. Je savais qu'il serait question d'homosexualité masculine et que, malgré le contexte lié au régime castriste, le ton général du long-métrage devait prêter à rire, plutôt qu'à pleurer. Mouais... maintenant que j'ai rencontré Diego et que j'ai pu apprécier la manière dont il drague David, je ne suis pas sûr d'avoir très envie de dire que le film est aussi badin que j'avais pu l'imaginer a priori...

Sans verser dans le drame, le scénario ne ménage pas son personnage principal et, longtemps, n'a que peu de compassion pour ses amours contrariées. Il est vrai que, même s'il n'apparaît jamais de manière frontale, le fameux arrière-plan politique ne facilite pas la réciprocité affective entre deux hommes. D'ailleurs, s'il ne maintient aucun doute sur la sexualité de Diego, le film se montre parfois un peu ambigu quant aux préférences de David. D'autres pistes de compréhension apparaissent avec Nancy, le beau personnage féminin soudain lancé au milieu des garçons. Au final, Fraise et chocolat m'a intéressé. Maintenant, vous assurer qu'il m'a séduit serait un tantinet exagéré. J'y ai vu de belles choses, surtout vers la fin, mais j'y ai relevé aussi quelques scènes dialoguées un peu longuettes à mon goût. Ma note finale tient compte du fait que le film nous est donc arrivé de Cuba. Passé entre autres au Festival de Berlin, il y avait reçu l'Ours d'argent.

Fraise et chocolat
Film cubain de T. Gutierrez Alea et J. C. Tabio (1993)

Une erreur serait de considérer Fidel Castro et sa clique fautifs d'avoir persécuté les homos avant de racheter une conscience vierge en laissant ce genre de films se tourner. Après tout, l'Organisation mondiale de la santé a estimé que l'homosexualité était une maladie jusqu'en 1990. Au ciné, je préfère Le secret de Brokeback Mountain ou La rumeur. Sans négliger, au rayon des pures comédies, In & out.

lundi 6 novembre 2017

Faucille, marteau et cinéma

Pas d'erreur: en vertu de notre calendrier actuel, c'est bien cette nuit que nous fêterons (ou pas) le centième anniversaire de la Révolution russe d'octobre. Je me suis dit que ce serait intéressant de regarder un peu ce que pouvait être le cinéma soviétique des origines. Ce sera le sujet du deuxième épisode de mon fil rouge "Histoire du cinéma"...

Premier de mes constats: avant la Révolution, le régime tsariste permet au septième art de se lancer en Russie. Les oeuvres produites par les frères Lumière sont de ce fait envoyées de Paris vers Moscou et Saint-Pétersbourg dès 1896 et, dès la première année, le cinéma russe diffuse ses premières images: un "documentaire" sur le sacre de Nicolas II. Les estimations font part ensuite d'environ 2.000 films réalisés jusqu'en 1917, dont à peine 10% existent toujours, les autres étant détériorés avec le temps ou tout simplement non conservés. Tolstoï, l'immense écrivain, a dit du cinéma: "Cette petite machine qui tourne en faisant clic-clac révolutionnera notre vie". Bien trouvé !

Au moins à des fins de propagande, les grands révolutionnaires russes s'intéressent au septième art. Arrivé au pouvoir, Lénine en faisait même "de tous les arts, le plus important". Un peu avant son départ forcé en Amérique du sud, en bon théoricien de la diffusion des idées de la Révolution, Trotski jugeait quant à lui: "Quand nos hameaux disposeront de cinémas, nous serons prêts à achever la construction du socialisme". La fin du tsarisme permet une ouverture à des sujets jusqu'alors censurés, tels que la religion ou... l'idéal révolutionnaire. Quelques grands noms commencent ainsi à émerger: Sanine, Bauer, Protazanov, Malikov... les talents d'une industrie alors très inventive.

Dès août 1919, la production et la distribution cinématographiques sont nationalisées. Le pouvoir accorde aux réalisateurs des moyens importants, mais reprend le contrôle, ce qui en conduit un nombre important sur les chemins de l'exil. Une École nationale du cinéma apparaît en septembre de la même année ! Les premiers théoriciens veulent faire du septième art une d'expression "différente", coupée de l'influence théâtrale, en faisant jouer les comédiens différemment et dans des contextes inhabituels. Petit à petit, le nombre de films produits augmente, sans atteindre encore des sommets. Les écrans s'animent d'adaptations des grands classiques de la littérature russe.

La complète liberté artistique ne sera bientôt plus qu'une illusion déçue. En 1924/25, la création de l'agence gouvernementale Sovkino apporte certes un nouvel outil de travail, mais institue un contrôle direct sur les scénarios. Le but est clair: par une éventuelle censure préalable, il s'agit de promouvoir une idéologie d'État. La jeune Union soviétique se replie sur elle-même: Sovkino détient ainsi le monopole de l'importation des films étrangers. Une dizaine d'années passeront et l'on parlera ensuite de "réalisme socialiste", un courant cinéma basé sur l'exaltation de héros positifs et le rejet de tout formalisme. En est-on sorti aujourd'hui ? Je ne sais pas. Je constate simplement qu'il n'existe plus d'agence, mais que les fonctions ont été reprises par... le ministère russe de la Culture. Je vous reparlerai sûrement...

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En attendant, quelques mots encore...
Je tiens d'abord à préciser que mes photos du jour ne sont pas issues de films - sauf la troisième, à retrouver dans Le cuirassé Potemkine. Il se trouve que j'ai également un film soviétique à vous présenter dans deux petites semaines. Ce qui vous laissera le temps de réagir !

dimanche 5 novembre 2017

Les immaculés

Je continue avec Ridley Scott. Pour être franc, c'est presque le hasard qui fait qu'aujourd'hui, je suis amené à vous parler d'un autre film produit par le Britannique. Equals n'est même pas sorti dans les salles françaises ! Je l'ai découvert sur une chaîne cinéma, le mois dernier. J'étais en fait attiré par la perspective d'y retrouver Kristen Stewart...

Sans y regarder de plus près, je m'étais imaginé tenir une production ancienne et, au mieux, une pépite oubliée dans la carrière de la belle. Erreur sur les deux tableaux: le film n'a que deux ans... et s'il n'a rien d'un chef d'oeuvre, c'est malgré tout un divertissement honorable. Dystopie toujours, il nous entraîne avec lui dans une ville futuriste dont les habitants sont presque tous sanglés dans un uniforme blanc. Là-bas, le travail règne en maître et la moindre émotion est perçue comme le premier symptôme d'une très grave maladie dégénérative. Conséquence: quand elles ne suicident pas, les personnes "atteintes" sont traitées et, par le biais d'une molécule, vidées de leurs affects. Elles redeviennent identiques aux autres: Equals, oui, c'est le titre ! L'ordre semble immuable, jusqu'à ce que... bon... vous verrez bien...

L'image ci-dessus vous donne une idée de la suite des événements. Des histoires comme celle-là, vous en avez vu d'autres, sans doute. Pourtant, pas question pour moi de dire le contraire: ce petit film présente quelques qualités. Je ne suis pas certain que le réalisateur ait disposé de millions de dollars pour le fabriquer, mais son aspect un peu fauché ne l'empêche pas de tenir la route... et mieux d'ailleurs que certains longs-métrages annoncés comme étant plus ambitieux. Les acteurs jouent correctement, ni plus, ni moins, et si j'ai un regret particulier, c'est en fait que la plupart des personnages secondaires restent (trop) sagement à l'arrière-plan. Tout cela ne m'explique pas vraiment pourquoi Equals n'est pas du tout passé par la case cinéma. C'est chaque semaine qu'on peut trouver pire sur les écrans français !

Equals
Film américain de Drake Doremus (2015)
Côté petits films sans prétention, voilà donc un spectacle décent ! Évidemment, Kristen Stewart aide à le tirer vers le haut: l'acteur principal, Nicholas Hoult, reste, lui, assez terne dans ses expressions. Bien... cela étant posé, si vous attendez un peu plus de consistance du programme de votre soirée télé, (re)voir Bienvenue à Gattaca restera une meilleure option. Et/ou L'âge de cristal pour le vintage...

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Ah ! Enfin une nouvelle étape du Movie Challenge...
Critère n°40: "Un film qui n'est pas sorti dans les salles françaises" !

Et j'en profite pour saluer l'une des initiatrices du jeu...
C'est également l'occasion pour vous d'aller lire la chronique de Tina.

vendredi 3 novembre 2017

Retour vers le futur

Ridley Scott va fêter ses 80 ans à la fin du mois. Il paraît intelligent et raisonnable, du coup, qu'il ait transmis les rênes à Denis Villeneuve pour réaliser Blade runner 2049, la suite de son oeuvre légendaire. Le Québécois, qui vient de passer le cap du demi-siècle, se dit fana de ce premier volet. Il s'est montré culotté pour "affronter" le mythe !

En effet, l'attente à l'égard de ce second opus était juste ÉNORME. C'est d'ailleurs avec une petite dose d'appréhension que j'ai replongé dans ce Los Angeles futuriste, aussi glauque que son prédécesseur. Surprise: le personnage principal est un Replicant, l'un de ces robots conçus à l'image de l'homme, supposés lui obéir au doigt et à l'oeil. Comme vous pouvez probablement l'imaginer, c'est bien là que le bât blesse: flic, le matricule KD6.3-7 est censé retrouver ses congénères rebelles et les mettre hors d'état de nuire. Il va alors découvrir quelque chose de tout à fait inattendu, porteur d'une lourde menace pour l'humanité. Non, pas la peine d'insister: je ne dirai rien d'autre...

D'un point de vue formel, soyez sûrs d'une chose: Blade runner 2049 envoie du lourd. Sur écran géant, le spectacle est impressionnant ! C'est curieux, d'ailleurs, car le décor est souvent assez épuré, lisible en tout cas, et peu habité, à l'inverse de ce que j'avais pu anticiper. Bon... cela ne donne pas envie d'aller vivre dans le futur, en tout cas ! Comme dans le premier film et comme, je suppose, dans le roman originel de Philip K. Dick, cette vision de notre avenir est si sombre que l'on ne pourra que s'interroger sur la survie de l'espèce humaine telle que nous la connaissons. C'est l'un des objectifs, me direz-vous. Probable, oui. Ce qui n'empêche pas d'en prendre plein les mirettes...

Je le répète: je ne suis pas réellement un mordu de science-fiction. Pourtant, j'ai vraiment beaucoup aimé la manière dont le scénario traite de ce que j'appelle la virtualisation croissante de notre monde. Je vous laisserai la découvrir sans la dévoiler, mais je crois avoir vu l'une des scènes d'amour les plus saisissantes de tout le cinéma contemporain. Le mieux, c'est qu'en dehors peut-être des discours quelque peu ésotériques du bad boy de service, le récit nous épargne les dialogues trop pontifiants et les concepts incompréhensibles. Attention: d'une durée de deux heures trois quarts, le long-métrage réclame tout de même une attention soutenue. Rien d'insurmontable.

Sur le casting, c'est un sans-faute: le plaisir de voir Harrison Ford reprendre son rôle de 1982 est décuplé par la présence à ses côtés d'acteurs impliqués, au premier rang desquels figure un Ryan Gosling tout à fait convaincant (dans une nouvelle prestation assez mutique). Avec Robin Wright et Jared Leto, vous serez sans doute en terrain connu, mais je veux surtout citer la jolie Ana de Armas, qui donne une vraie consistance à son personnage... d'hologramme ! Il y a aussi de l'émotion dans ce film, mais il reste à l'écart de tout pathos inutile. Si, enfin, vous aimez que le cinéma pose des questions existentielles et les laisse sans réponse, Blade runner 2049 devrait vous combler !

Blade runner 2049
Film américain de Denis Villeneuve (2017)

Mon index des réalisateurs vous rappellera que le cinéaste est à l'aise avec d'autres genres, mais j'ai l'impression qu'il se place désormais comme cador de la SF / anticipation (cf. Enemy et Premier contact). On dit qu'il travaillerait à présent sur une nouvelle version de Dune. Je pense que je vais continuer à le suivre, car je le trouve très doué. Et, of course, il est aussi francophone: une belle cerise sur le gâteau !

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L'idée d'aller y regarder de plus près vous titille ?
Vous pouvez aller lire d'autres chroniques déjà publiées sur le film. Pascale, Dasola, Strum et Princécranoir sont allés plus vite que moi...

jeudi 2 novembre 2017

Nouvelles planches

Un peu moins de deux ans après y avoir découvert une pièce comique avec Michel Leeb, j'ai retenté l'expérience... du théâtre au cinéma ! Est-ce le cas chez vous ? Dans ma ville, où les arts de la scène semblent pourtant bien servis, plusieurs exploitants ont fait le choix de diffuser périodiquement des live et autres spectacles en différé...

L'affiche dit tout: cette fois, c'est pour le grand Cyrano de Bergerac que je me suis déplacé. Faute de film très attractif, ce programme "de substitution" était d'autant plus intéressant qu'il s'agissait en fait d'une reprise d'un spectacle de la Comédie Française - mis en scène par Denis Podalydès et filmé sur place en juillet dernier. Un succès mérité, avec un excellent Michel Vuillermoz dans le rôle-titre ! Sincèrement, cela a duré trois heures et je ne les ai pas vu passer. L'écran nous coupe évidemment d'un petit quelque chose, mais bon...

À défaut d'une incarnation véritable, ce type de représentation permet d'apprécier des événements trop souvent réservés au public parisien. C'est ainsi que, cette saison, le Français offre l'opportunité de l'applaudir trois fois. Surveillez le programme: il vient de proposer une toute nouvelle production des Fourberies de Scapin (Molière). Sont prévus en 2018 Le petit maître corrigé de Marivaux, le 8 mars, et Britannicus de Racine, le 5 juillet. J'en passe: certaines salles assurent aussi la retransmission des spectacles du Metropolitan Opera et du Bolchoï, ainsi que des concerts pop-rock et one-man-shows. Logiquement, c'est plus coûteux qu'une place de cinéma, sans excès toutefois: Cyrano, c'était moins cher que deux séances "classiques" ! Une assez bonne alternative à l'ennui, les jours de disette culturelle...

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Pour être complet...
Vous pouvez aller relire mon premier compte-rendu (sur Le tombeur). J'aimerais aussi connaître votre avis sur votre expérience du théâtre au cinéma, si toutefois vous en avez une. Et le lyrique ? Et la danse ? N'hésitez donc pas à me faire part de vos découvertes en la matière !

mercredi 1 novembre 2017

Cronenberg et moi

Vous savez quoi ? J'ai revu Maps to the stars et je l'ai trouvé légèrement moins éprouvant que la première fois. De là à affirmer que je l'ai aimé... je ne franchirai pas ce pas en ce jour de Toussaint. J'aime autant vous parler aujourd'hui des deux autres longs-métrages que j'ai pu découvrir, au cours d'une mini-rétrospective Cronenberg...

Videodrome (1983)
Au début de sa carrière, notre ami David profite du soutien financier de producteurs porno. Il tourne déjà depuis une quinzaine d'années quand il livre ce plaidoyer contre la culture dite "de masse" en général et la télé en particulier. Plutôt convaincant, James Woods y incarne un dénommé Max Renn, lui-même programmateur de films triple X pour la petite lucarne. Visiblement soucieux de proposer un spectacle toujours plus racoleur, ce drôle de personnage envisage de diffuser des snuff movies, où la torture et le meurtre d'innocentes victimes tiennent lieu de scénario. Bon... les âmes sensibles vont s'abstenir. J'aimerais cependant préciser que Videodrome est plus horrifique qu'orienté sur le sexe hardcore. Le film reste fascinant en ce sens qu'il se montre assez visionnaire tout en étant d'essence fantastique. 34 ans après, l'effet coup-de-poing fonctionne encore ! Notez aussi que Deborah Harry, du groupe Blondie, joue le premier rôle féminin...

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eXistenZ (1999)
D'abord, une précision: j'ai tenu à évoquer ce film en respectant scrupuleusement la graphie du titre, telle qu'elle apparaît notamment sur l'affiche et, ensuite, lors de l'une des toutes premières scènes. Anecdotique ? Peut-être. Le long-métrage l'est moins, qui nous invite à nous tourner vers l'univers des jeux vidéo. Pas de surprise véritable: avec Cronenberg derrière la caméra, les univers virtuels que nous serons amenés à arpenter s'annoncent glauques à souhait. Nous y passerons cependant un long moment, en compagnie surtout d'un intéressant duo d'acteurs: Jennifer Jason Leigh et Jude Law. eXistenZ ne fait certes pas dans la demi-mesure, mais il s'avère franchement pertinent - et même plus que je ne l'avais imaginé - quand il s'amuse à brouiller la frontière entre la fiction et la réalité. Je me suis laissé prendre au jeu et j'ai été surpris par un twist final que je n'avais pas vu venir ! Mais cela n'est pas très "grand public"...

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Pour terminer, j'ouvre la porte...
Cela vous permettra d'aller lire la mini-chronique de "L'oeil sur l'écran" sur eXistenZ, incendiaire ! Je n'ai rien trouvé de tel sur Videodrome.

Et enfin, une petite conclusion personnelle...
Il me semble que David Cronenberg est un vrai auteur de cinéma: il a des choses à raconter et, mine de rien, cela fait déjà un demi-siècle passé que, sans répit, il nous expose ses obsessions et névroses. Continuerai-je avec lui ? Pas sûr. Ou bien juste pour voir La mouche

mardi 31 octobre 2017

Un mariage pour rire

On a toutes et tous en tête ce que pourrait être un mariage réussi. Certains jugeront le concept dépassé, mais je suppose quant à moi que les robes blanches ont encore bien des beaux jours devant elles. C'est toutefois sans avoir encore convolé que je me suis décidé à aller voir Le sens de la fête. Une comédie sur une noce assez... débridée !

Dans une variation du personnage de râleur qui a fait sa réputation aussi bien que sa notoriété, l'ami Jean-Pierre Bacri incarne Max, organisateur de soirées d'après passage-devant-Monsieur-le-maire. Passé un court prologue, nous entrons dans le vif du sujet et le gros de son problème: comment offrir un moment mémorable à des clients exigeants quand on est dans un château du 17ème et entouré de bras cassés ? Serait-ce tout simplement impossible ? Vous verrez bien. Concentré sur quelques heures cruciales, Le sens de la fête annonce d'emblée la couleur: bref, inutile d'espérer que ce soit romantique ! Après, en termes d'humour, le film respecte plutôt son engagement...

Ce n'est pas désopilant à chaque instant, mais ce n'est jamais lourd ou vulgaire, contrairement à bien des films vendus comme drôles. J'imagine que chacun peut y retrouver quelque chose qui ressemble étrangement à des situations qu'il a connues. C'est sûrement le but d'ailleurs de ce genre de productions: rassembler un public assez large et presque conquis d'avance. Sincèrement, Le sens de la fête le fait intelligemment et sans se moquer du spectateur, ce qui est plaisant. On a pu dire que c'est également parce qu'il fédère des comédiens venus d'horizons diversifiés: aux côtés donc de la "tête de gondole" réservée à Jean-Pierre Bacri, on retrouve par exemple Judith Chemla, Hélène Vincent, Suzanne Clément chez les dames, Vincent Macaigne, Gilles Lellouche ou Jean-Paul Rouve chez les messieurs. Jolie troupe ! En si joyeuse compagnie, j'ai bel et bien passé un agréable moment. Un soupçon de folie supplémentaire aurait toutefois été le bienvenu...

Le sens de la fête
Film français d'Olivier Nakache et Éric Toledano (2017)

Un chiffre: 808.544 tickets auraient été vendus en première semaine d'exploitation. C'est vous dire que, désormais, un bouche à oreilles favorable devrait largement suffire à confirmer le carton annoncé ! Cela dit, du même duo de réalisateurs, j'ai préféré Intouchables. D'aucuns m'objecteront que c'est un film différent et que la comédie reste un art difficile. Nous voilà bien au-delà de Nos jours heureux...

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Ai-je dit que le film était fédérateur ?

Pour le savoir, vous pouvez également lire les avis de Pascale et Tina.

lundi 30 octobre 2017

Une vie par procuration ?

J'ai déjà dû le dire ici: les années 80, qui sont celles de mon enfance, forment une décennie que je connais mal, artistiquement parlant. J'aime pourtant son côté pop et son kitsch assumé. C'est sans hésiter longtemps que j'ai choisi de revoir Recherche Susan désespérément, avec Madonna, à 27 ans, dans le rôle-phare. Let's go into the groove !

La plus bankable des artistes musiciennes est ici l'objet d'un fantasme féminin: celui de Roberta, une jeune femme qui s'ennuie à mourir dans sa vie rangée et entre les bras d'un fiancé vendeur de piscines. Rien de sexuel là-dedans... ou si peu: dans un journal quelconque, Roberta a simplement repéré la répétition de petites annonces énigmatiques, rédigées comme des propositions de rendez-vous. Mutine, elle se décide à aller voir sur place ce qui arrive concrètement à cette Susan de papier dont elle ignore tout. Une démarche risquée ! Recherche Susan désespérément n'est pas un polar, mais le scénario joue, non sans une certaine habileté, avec l'atmosphère du mystère...

Le film s'amuse également de la confusion des identités, en partant d'un rebondissement que je ne dévoilerai pas. Rien que les cinéphiles les plus exigeants doivent absolument découvrir, je dois l'admettre. Pourtant, plus de trente ans après sa sortie, il m'a paru amusant d'apprécier Recherche Susan désespérément comme le marqueur d'une époque relativement insouciante, comme portée par l'énergie d'une bande-son jamais entendue jusqu'alors. La jeune Madonna apparaît alors comme l'icône naturelle de ces eighties un peu folles. Avec elle, Rosanna Arquette est, elle aussi, parfaitement crédible dans le décor et dans la peau de cette post-adolescente encore naïve. Mine de rien, en son temps, le long-métrage a frôlé les deux millions d'entrées dans les salles françaises, et fut même... nommé au César !

Recherche Susan désespérément
Film américain de Susan Seidelman (1985)

Ce "film de filles" tient de la bulle de savon, dans la lignée gentillette de comédies romantiques du type de Quand Harry rencontre Sally ou de divertissements pseudo-exotiques comme Crocodile Dundee. Avis aux amateurs: j'ai d'autres pépites du genre dans ma besace cinéphile: l'une d'elles pourrait émerger rapidement ! D'ici là, on peut s'orienter vers À la poursuite du diamant vert ou S.O.S. fantômes...

dimanche 29 octobre 2017

Duel au soleil

Je ne crois pas qu'il soit très exagéré de dire que le cinéma français peut se vanter d'une longue et belle tradition de films de gangsters. Amateur du genre et attiré d'abord par l'opposition cinéma des amis Jean Dujardin et Gilles Lellouche, j'ai eu plaisir à regarder La French. Le sujet ? Le grand banditisme à Marseille, vers la fin des années 70 !

Si vous faites un petit tour sur Wikipédia, vous en saurez bien vite autant que moi sur les réseaux mafieux alors à l'oeuvre dans la ville. En parcourant les biographies du juge Pierre Michel et d'un truand connu sous le nom de Tany Zampa, vous en apprendrez suffisamment pour suivre l'intrigue du film sans difficulté. Il y est surtout question du trafic de drogues dures qui irriguait toute la côte méditerranéenne française et qui, à la faveur de l'absence de scrupules de certains flics véreux, s'exportait même... jusqu'aux États-Unis. Mais gare toutefois aux amalgames rapides: La French n'est pas (uniquement) un film d'action. Pour ma part, je l'ai davantage apprécié comme le portrait de deux hommes, l'un déterminé à faire de l'argent sans se soucier d'honnêteté et l'autre inflexible dans sa volonté d'éradiquer le crime...

On peut certes venir objecter que le film ne respecte pas la réalité exacte des personnages, mais n'oublions pas qu'il s'agit de ci-né-ma ! C'en est même du bon, avec plein d'actrices et d'acteurs que j'ai aimé voir (ou revoir) dans ce registre: outre les deux têtes d'affiche évoquées en préambule, je pourrais vous parler de Benoît Magimel, Guillaume Gouix, Mélanie Doutey, Céline Sallette, Bernard Blancan, Féodor Atkine, Gérard Meylan, Éric Collado... et j'en oublie sûrement. Passée cette seule liste de noms, La French offre une reconstitution soignée, tout en parvenant à garder un rythme narratif assez haletant pendant deux heures et quart. Seul bémol: un fin un peu expédiée. Bon... on a échappé aux épilogues consacrés à TOUS les personnages. Et, pour le coup, cette conclusion reste proche des faits historiques...

La French
Film français de Cédric Jimenez (2014)

Voilà, voilà... après avoir vu ce film, il me tarde de découvrir également le versant américain, avec le célèbre French Connection de William Friedkin, lauréat de cinq Oscars et trois Golden Globes dès... 1972 ! Pour ce qui est des films de gangsters, les Bobines recensent Mean streets, The king of New York, Heat... et d'autres !  J'ajoute (à 22h45, samedi 11 novembre) que les vôtres m'intéressent.


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Le film connaît un vrai succès d'estime sur les blogs...

Vous pourrez notamment en juger chez Pascale, Dasola, Tina et Lui.