mercredi 21 octobre 2009

Résistants

Au départ, mon idée, c'était en fait d'aller voir les deux films récents qui parlent de la seconde guerre mondiale, et tout d'abord celui proposé par Quentin Tarantino, Inglourious Basterds. J'y ai réfléchi et me suis aperçu que les oeuvres de l'Américain avaient presque toujours pour moi un certain attrait, même si j'ai en général été déçu par celles que j'ai effectivement découvertes. Bref. J'ai préféré tempérer mon impatience. Et après de longs atermoiements, j'ai (provisoirement ?) renoncé à mon projet de cinéma "double dose". Et je suis donc directement passé au second épisode de mon diptyque improvisé, en assistant à une projection de L'armée du crime, film français signé Robert Guédiguian. Bien sûr, je ne m'attendais absolument pas à y retrouver un style d'inspiration "tarantinesque". Ce qui me poussait au départ à vouloir voir les deux, ce n'était pas l'envie de les comparer, mais au contraire celle de constater combien et jusqu'à quel point ils pouvaient être dissemblables. Oui, je savais d'avance que le traitement de ces faits, tous plus ou moins inspirés par la réalité, serait bien différent d'un côté et de l'autre. Disons alors qu'au final, j'ai choisi de privilégier le réalisme, sans oublier que le cinéma n'est jamais au mieux qu'une certaine représentation de la réalité, plus ou moins fidèle en fonction de la licence artistique que s'octroient les créateurs et, bien sûr, du talent de chacun.

Ce qui peut être noté d'emblée au sujet de L'armée du crime, c'est justement que, derrière la caméra, Robert Guédiguian a voulu aborder son sujet dans une démarche d'honnêteté et d'humilité louable. Il précise explicitement avoir pris des libertés afin de servir la dramaturgie de son long métrage, afin que ce dernier puisse avoir un impact plus fort sur le public. Que raconte-t-il ici ? La destinée d'un groupe de résistants à Paris, années 1942-43-44. Des hommes surtout, mais aussi quelques femmes, quelques Français mais aussi et surtout des étrangers, qui n'ont finalement jamais pu se résoudre à plier sous le joug nazi et ont donc, non sans grands états d'âme pour certains, entrepris de répliquer à la violence par la violence. Très vite, j'ai envie de dire fatalement, l'efficacité des propagandes hitlérienne et vichyssoise a fait une bande de métèques à la solde d'intérêts étrangers de ce groupe de jeunes gens aux motivations extrêmement différenciées. Bien évidemment, après quelques mois d'activité, ils ont été arrêtés, torturés et exécutés. Et puis, parce que le temps passe et que l'histoire a fini par basculer dans le sens opposé, ils ont fini par être considérés comme des héros nationaux. Au fond, je pense qu'ils étaient simplement des gens ordinaires. Comme les autres. Des êtres qui ont "juste" réagi de manière exceptionnelle à des circonstances exceptionnelles. Ils n'en méritent pas moins qu'on se souvienne d'eux, parce que beaucoup sont morts pour "une certaine idée de la France". Six mois avant la Libération.

Alors, bien sûr, beaucoup disent que le film est trop didactique. Franchement, je m'interroge: serait-ce véritablement un défaut ? Cette réalité ne mérite-t-elle pas d'être rappelée ? Je l'avoue honnêtement: même si j'avais de très lointains et épars souvenirs relatifs à cette page d'histoire, je l'avais aussi largement oubliée. J'ai donc bel et bien apprécié qu'elle me soit remise en mémoire. Inglourious Basterds m'aurait (peut-être) diverti. L'armée du crime m'a intéressé et éduqué: c'est probablement mieux. Je n'oublie pas pour autant que je ne suis pas allé voir un documentaire, mais bien un film de fiction. Et très franchement, sur le strict plan cinématographique, j'estime que le long métrage est tout autant pétri de qualités. Je concède que la mise en scène est un peu académique, mais ça non plus, ce n'est pas pour moi un défaut. L'image est très belle - mention particulière pour de superbes scènes de nuit. La reconstitution du Paris des années 40, elle, m'a semblé parfaitement crédible. Quant aux comédiens, chacun dans un rôle assez "typé", ils donnent beaucoup de corps à ces personnages. Aucune fausse note sur ce point: c'est même étonnant de constater grâce au casting que beaucoup de ces résistants n'étaient au fond que de très jeunes adultes, voire simplement de "vieux" adolescents. Et j'aime beaucoup le propos du cinéaste, qui a expliqué avoir réalisé ce film, non pas pour que l'on réfléchisse ensuite à ce que l'on aurait fait à leur place, mais pour qu'on pense à ce qu'on pourrait faire aujourd'hui. C'est engagé, bien sûr, peut-être même communiste d'une certaine façon, comme l'indique l'auteur. Mais je crois effectivement que c'est là une question qui mérite d'être soulevée...

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