mercredi 18 octobre 2017

Sous la peau

Ce n'est pas forcément tout à fait justifié, mais j'ai l'impression aujourd'hui de m'attaquer à un assez gros morceau. Mon petit vécu cinéphile ne m'empêche pas, parfois, de ressortir d'une projection franchement plus perplexe que je ne l'étais au moment d'y entrer. C'était le cas par exemple après que j'ai découvert Upstream color...

Précision: choisi par la présidente de notre association, ce film étrange, vu à la Berlinale et au Festival de Sundance, a été diffusé lors de la deuxième soirée de notre saison 2017-2018. Je constate que la presse professionnelle lui a plutôt réservé un bon accueil. L'ennui, c'est que, pour ma part, je me suis vite senti vraiment perdu dans sa grande bizarrerie. De fait peu ragoûtant, le scénario tourne vaguement autour d'êtres humains ordinaires, hommes et femmes victimes d'infections sous-cutanées causées par... des lombrics ! D'autres scènes montrent des cultivateurs d'orchidées ou un éleveur porcin muré dans son refus de vendre ses bêtes. Il existe un lien entre ces histoires dans l'histoire, bien sûr, mais Upstream color joue au plus fin et prend un malin plaisir à brouiller nos perceptions...

Tout cela est parfois très joli, c'est vrai, mais je suis resté dubitatif. C'est peut-être idiot de le dire ainsi, je l'admets, mais ce cinéma d'allure expérimentale m'interroge sur sa finalité. Lors du débat consécutif à notre présentation du film, j'ai noté aussi que d'autres que moi avaient accroché et apprécié le spectacle. Il s'est trouvé également quelques voix, plus sévères que la mienne, pour parler d'Upstream color comme d'un bête objet de mode, voué à un oubli rapide et définitif. Bref, pas d'unanimité et après tout, tant mieux ! Je trouve bien que le septième art puisse encore nous surprendre. Disons que, pour cette fois, la dose était un peu forte à mon goût ! Cela m'aura incité à aller vite vers autre chose, mais sans amertume. Je suis un peu passé à côté. Je ne vois pas de quoi en faire un foin...

Upstream color
Film américain de Shane Carruth (2013)

Pas d'erreur: le film a mis quatre ans pour traverser l'Atlantique. Notez que, si j'en crois ma présidente, Primer, le tout premier opus du même réalisateur, serait encore plus difficile à comprendre ! Personnellement, ma référence de l'étrangeté avec des créatures dissimulées sous une peau étrangère reste toujours Under the skin. Je ne me frotterai pas tous les jours à ce type de cinéma alternatif...

2 commentaires:

Pascale a dit…

Je comprends. Le cinéma expérimental me fait parfois bien chier et ça me fout en boule de servir de cobbaye.
Je ne verrai sans doute jamais ce film et ça risque de ne pas me manquer :-)

Cela dit aujourd'hui j'ai vu la Palme d'or et sans parler de film expérimental je peux assurer que je n'ai jamais vu un tel film et que ce fut une expérience.
Comment en parler ?

J'ai découvert que c'était le réalisateur de l'étonnant Snow Therapy. Je n'avais pas fait le rapprochement.

Martin a dit…

La Palme d'or de cette année ne me tente guère, même si je la verrais peut-être un jour pour compléter ma "collection". Reste que j'irai évidemment lire ta chronique avec curiosité. Il faut parfois laisser décanter un peu (beaucoup ? passionnément ?) pour trouver l'inspiration face à certains OFNIs.

Je n'ai rien contre le cinéma d'auteur expérimental, mais c'est vrai que, parfois, j'ai quand même besoin de me raccrocher à quelque chose de rationnel et/ou que je maîtrise mieux. Et puis, après tout, il y a tellement de films à voir chaque année - sans compter ceux que nous laissons passer - que je me dis qu'il y a de place pour des choses très différentes. Tant mieux ! Je ne vais sûrement pas m'en plaindre.