lundi 15 septembre 2014

La chemise

Passer trois semaines en Chine m'a permis d'un peu mieux cerner l'impact que Mao Zedong a eu sur le développement de son pays. J'aimerais aujourd'hui vous présenter 11 fleurs, un film dont l'action se déroule en 1975, quelques mois avant la mort du dirigeant communiste. Loin de Beijing, un jeune garçon, Wang Han, espère obtenir de sa mère une chemise neuve. Ce qui n'est en rien évident...

Exempt de misérabilisme, 11 fleurs nous embarque dans une Chine bientôt en transition. Wang Han et ses copains comprennent vaguement que quelque chose de sérieux se passe quand ils observent les adultes repêcher le corps d'un homme dans la rivière voisine. L'heure est grave: la communauté nationale se divise, entre tenants de l'autorité du régime et contestataires de l'ordre établi. Un peu entre les deux, le père de Wang Han, lui, s'efforce de rendre son fils sensible aux beautés de l'art et plus particulièrement de la peinture. Sous une allure de fable, le long-métrage prend une coloration politique, sans pour autant devenir un pamphlet. Un équilibre subtil.

Au début et à la toute fin du métrage, une voix off pourrait laisser penser que le cinéaste raconte sa propre histoire. Ce que j'ai pu lire par ailleurs m'a appris qu'il a su s'inspirer de souvenirs d'enfance. Wang Xiaoshuai est à peine plus jeune que son personnage. Il a eu l'aide de producteurs français pour sortir 11 fleurs, qui est en réalité le treizième de ses 14 films. Fréquemment censuré ou même interdit dans les salles de Chine, le cinéaste utilise assez souvent des enfants. Il le fait ici avec une douceur relative, qui permet au spectateur occidental de s'identifier à un personnage ou un autre. Un message passe doucement, calmement. Destiné à qui voudra bien l'entendre.

11 fleurs
Film franco-chinois de Wang Xiaoshuai (2012)

Même si un enfant est en cause dans les deux cas, le ton général reste ici loin de l'onirisme d'un film comme Le promeneur d'oiseau. Pour appréhender la dureté de l'enfance en Asie, il me vient à l'esprit une comparaison audacieuse avec Ilo Ilo, un (beau) film singapourien. Si vous tenez à rester en Chine et parler d'enfance, je vous conseille aussi le magnifique Adieu ma concubine. Il va beaucoup plus loin...  

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D'autres avis sur le long-métrage du jour ?

En voici, en voilà ! "Le blog de Dasola" le conseille et le juge prenant. "Sur la route du cinéma" parle d'oeuvre magnifique, lente et profonde.

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