Une chronique de Martin
Dix-huit ans. Il aura fallu attendre dix-huit ans, c'est-à-dire de 1990 à 2008, pour apprendre d'Agnès Varda que Jacques Demy était mort du Sida. Le cinéaste a travaillé jusqu'au bout et, bien qu'interrompu à deux reprises par des séances à l'hôpital, il est parvenu à sortir Trois places pour le 26 deux ans avant sa mort. Ce dernier film met en scène un autre monstre sacré du septième art made in France.
Yves Montand est filmé, lui, trois ans avant sa propre disparition. Point atypique, il joue son propre rôle: revenu à Marseille, sa ville d'enfance, le comédien se remémore les diverses étapes de sa vie. Joyeux (?) mélange d'anecdotes biographiques et de pure fiction.

Trois places pour le 26, c'est en fait tout ce qu'espère pouvoir obtenir une jeune admiratrice de la star, qu'incarne Mathilda May. Explication: si Yves Montand est descendu sur la Canebière, c'est également pour y jouer un spectacle. Le film de Jacques Demy est donc une mise en abîme, l'idée fonctionnant d'ailleurs à merveille avec un comédien aussi sincèrement cabot que son acteur principal. Reste que le résultat surprend, et ce dès le début, quand la vedette, tout juste sortie du train, rejoint la ville à pied, aussitôt interrogée par des journalistes dansants et chantants. Comme assez souvent dans d'autres oeuvres du même cinéaste, le kitsch n'est pas très loin. Il reste à l'écart toutefois quand le dialogue reprend "normalement".

Film français de Jacques Demy (1988)
Je le dis souvent: si Jacques Demy a puisé dans les musicals américains la source d'une inspiration bien française, il ne faudrait surtout pas le cantonner à ses oeuvres "en chanté". Ce long-métrage alterne donc subtilement passages en musique - avec la complicité habituelle de Michel Legrand - et scènes de dialogue ordinaires. Honnêtement, je crois préférer Les parapluies de Cherbourg. Mention pour La baie des anges, quand le duo piano/violon m'irrite.
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