mercredi 3 janvier 2024

L'envie des mets

Les gazettes m'ont appris que Juliette Binoche et Benoît Magimel avaient vécu ensemble et sont les parents d'une fille, Hannah, âgée de 24 ans. L'actrice parle ainsi de La passion de Dodin Bouffant comme du "film de la réconciliation" avec son partenaire de jeu. Objectivement, cela ne change pas grand-chose à mon appréciation...

J'ai hésité longtemps avant de me l'offrir, mais je suis bien content de mon choix: j'ai vu un très beau film. Il a confirmé l'impression favorable laissée par la bande-annonce et le ramdam médiatique lié au Prix de la mise en scène qu'il a décroché à Cannes en mai dernier. Adaptation (libre) d'un roman oublié, La passion de Dodin Bouffant nous ramène dans la France de la fin du 19ème siècle, au domicile dudit Dodin, esthète de la cuisine et grand organisateur de repas réservés à ses proches amis. Notre homme vit un amour platonique avec Eugénie, qui, depuis vingt ans, l'aide à confectionner ses plats. "Une artiste", dit-on, qui s'obstine toutefois à lui refuser le mariage. Dans la vie d'une cuisinière, il n'y a guère d'autre place importante que celles accordées à la préparation des recettes et à la surveillance des cuissons. Autant vous le dire clairement: le film donne faim. Notons qu'il a bénéficié des conseils (avisés) du chef Pierre Gagnaire !

Attention toutefois: si vous rêvez de grands espaces, cette histoire risque tout de même de vous dérouter quelque peu. Il faut bien dire que, malgré deux-trois échappées dans un jardin potager, les scènes essentielles se déroulent à huis-clos. Le cadre est certes prestigieux et c'est un régal pour les yeux: le tournage a eu lieu entre les murs des châteaux du Raguin et de Brissac, situés dans le Maine-et-Loire. Mais, plus qu'à ces vénérables bâtisses, c'est évidemment aux mets de toutes sortes - entrées, plats et desserts compris - que la caméra nous incite à nous intéresser. Le scénario démontre que la cuisine repose principalement sur des gestes précis, que de rares initiés acceptent de transmettre à leurs apprentis des générations suivantes. Sur ce point, il me semble juste que La passion de Dodin Bouffant s'oriente sur la voie d'un réalisme strict et demande au spectateur d'adopter une posture quasi-contemplative, plus de deux heures durant. Je me dis que certains pourraient trouver cela un peu long. Pas moi: avec de tels acteurs, il est toujours agréable d'être à table...

La passion de Dodin Bouffant
Film français de Tran Anh Hung (2023)

Les images sont magnifiques et, en sublimant le jeu des comédiens principaux, font toute la saveur de cet opus d'une grande beauté plastique - et malgré cela éreinté par une partie de la critique. Maintenant, s'il faut choisir, j'ai tout de même préféré Délicieux. Sublimer l'art culinaire peut permettre d'explorer les goûts de chacun. Au menu, j'ai également La grande cuisine, #Chef... ou Ratatouille !

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Vous voulez un digestif ?

Avec plaisir: je vous laisse donc lire la chronique (positive) de Dasola.

8 commentaires:

dasola a dit…

Bonjour Martin K, je suis contente que le film t'ai plu autant qu'à moi. C'est dommage que les critiques français l'ait presque méprisé alors que la critique internationale à Cannes l'a apprécié. C'est bien qu'il ait été choisi pour représenter la France aux prochains Oscars. C'est vrai que ce film donne faim. Et dommage que Délicieux n'ait pas connu plus de succès. J'en profite pour te souhaiter une très bonne année 2024.

Pascale a dit…

J'ai eu très envie et puis de moins en moins, et puis plus du tout. Les critiques des encartés étaient certes dissuasives mais à force d'en entendre parler par les protagonistes eux-mêmes, ils m'ont complètement détournée du film.
Et voir Magimel engoncé dans sa veste de chef, entendre sa diction machouillée de plus en plus approximative... ont fini de me convaincre.
Ce que tu en dis ne me fait pas regretter ma décision.
Et curieusement avec tout ce foin autour du film et la BA vue et revue, j'ai l'impression de l'avoir vu.
Marrant que tu ne connaisses pas l'idylle de Juju et Ben. Je n'en pouvais plus d'entendre Juliette parler de cette réconciliation. La séparation n'avait pas dû être folichonne. Bon ce n'est pas Priscilla et Elvis quand même...

Délicieux était un très chouette film en effet et on y respirait l'air pur :-)

Pascale a dit…

L'envie des mets... j'ai ri, c'est beau comme du Daniel Lévy.

Martin a dit…

@Dasola:

Oui, le relatif mépris des critiques français me paraît un peu exagéré. Bref...
Ce que tu dis me fait penser qu'il faudrait que je me décide à me pencher sur le sujet épineux du film censé représentant le cinéma français aux Oscars. Celui-là est assez bien choisi, en effet.

Bon... faute de pouvoir t'inviter à déjeuner, je te souhaite également une bonne année !

Martin a dit…

@Pascale:

Il faut bien dire que je m'intéresse peu au côté people du cinéma, même si son aspect glamour titille mes rétines parfois. Et notamment les jolies actrices dans leurs belles robes de soirée...

Je ne suis pas convaincu que le film t'aurait plu, mais les images sont très belles. Celles de "Délicieux" l'étaient aussi et le film respirait mieux, porté par un certain optimisme partageur.

Martin a dit…

@Pascale du lendemain:

Ah ah ! Désolé, je n'ai pas trouvé mieux... et j'ai même trouvé ce jeu de mots correct. Tu as mis plus de 24 heures à y revenir, dois-je imaginer que tu t'es recouchée après ton commentaire ultra-matinal de vendredi ?

Pascale a dit…

Je vis au rythme de mes insomnies qui datent de 10 ans maintenant. On s'y fait mais c'est parfois handicapant les jours où il faut être en forme.
Je viens voir si tunas répondu et parfois je complète :-)

Martin a dit…

Oui, j'avais compris ça aussi. Et je compatis: j'ai eu des insomnies aussi et c'était dur à vivre !

Tu sais que tu es toujours la bienvenue pour compléter !