samedi 29 février 2020

Enfermée

Au lendemain des César, je tenais ab-so-lu-ment à parler avec vous aujourd'hui de tout à fait autre chose ! Mais c'est également la date qui m'a mis la puce à l'oreille: vous allez très vite comprendre. Amateur de voyages, je vous propose une petite virée au Mexique. Même si le film du jour se passe totalement à huis clos. Ou presque...

Année bissextile - ça y est, vous voyez le truc ? - évoque l'histoire d'une solitaire, Laura, que l'on découvre en train de faire des courses dans un supermarché. À la manière dont elle regarde les hommes autour d'elle, on devine qu'elle est célibataire. Cette journaliste pigiste passe l'essentiel de ses journées dans son petit appartement. Elle reçoit des appels de sa mère et, parfois, des visites de son frère. Une vie de néant: mentant à ses proches, Laura invite des hommes pour coucher avec eux (le terme cru est le bon). C'est un fait: le rôle confié à Monica Del Carmen s'avère particulièrement ingrat ! J'ajoute que la comédienne s'en sort avec les honneurs. Un bon point pour elle.

À la voir cocher les dates du calendrier jusqu'au 29 février, on se dit que Laura cache quelque chose qui, bien entendu, va finir par arriver. Pas de révélation fracassante: c'est dans le passé que le mystère réside et ce que le récit nous en apprend demeure assez suggestif. Année bissextile pourra vous plaire si vous aimez les scénarios énigmatiques et les personnages à l'existence un peu glauque. Présenté ainsi, je ne lui donne pas nécessairement toutes les chances d'arriver jusqu'à vous. J'en ai conscience, mais la forme "enfermée" du long-métrage m'a paru un peu trop oppressante pour que j'adhère au dispositif. Vous noterez toutefois que le film a obtenu la Caméra d'or au Festival de Cannes, un prix réservé aux premières oeuvres. Cela n'en fera pas un incontournable, mais il vous plaira... peut-être !

Année bissextile
Film mexicain de Michael Rowe (2010)

Je n'ai pas trouvé le nombre d'entrées du film en France, mais je note que son aspect érotique (si, si !) lui a valu une interdiction aux moins de seize ans ! Tout cela est si clinique que je suis resté très froid. Parvenir à séduire sans jamais tourner la moindre scène extérieure est évidemment compliqué. Ce film est le quasi-négatif de Desierto ! Côté huis-clos, je préfère El club, The guilty... ou Après la tempête.

mercredi 26 février 2020

L'ordre du jour

Sam Mendes a sans nul doute gagné beaucoup d'argent en acceptant de tourner deux James Bond consécutifs. Le réalisateur britannique s'est arrêté à ce doublé: il a bien fait, je trouve. C'est avec curiosité que je me suis alors tourné vers son nouveau long-métrage: 1917. Vous savez peut-être mon intérêt pour la première guerre mondiale...

Le scénario nous met surtout en présence de deux sous-officiers britanniques. Quand le film commence, Blake et Schofield dorment tranquillement au pied d'un arbre - c'est le mois d'avril et il fait doux. Leur repos ne dure pas: réveillé par un supérieur, ils sont envoyés auprès d'un général, qui leur ordonne de rejoindre illico un corps d'armée positionné un peu plus loin, pour ainsi l'avertir d'un piège tendu par l'ennemi. Vous l'aurez deviné: c'est bien sûr une mission extrêmement périlleuse, mais la vie de 1.600 hommes est en jeu. Réaliste ? Ce n'est pas certain. Mais, à mon avis, il ne faut pas juger de la qualité du film selon ce seul critère de vraisemblance. De grâce !

1917 m'a saisi d'emblée et ne m'a plus lâché jusqu'au générique final. J'étais même encore tout chose en sortant de la salle, à vrai dire. Afin de nous plonger dans le récit, Sam Mendes a usé d'une technique décidément populaire ces dernières années: celle du plan-séquence. Concrètement, il s'agit ici de filmer en continu, en "collant" la caméra au plus près des personnages, comme si elle était elle-même partie prenante à ce qui se passe sous nos yeux. On peut toujours chinoiser en expliquant qu'il y a tout de même des coupes, mais il n'empêche que le procédé est franchement efficace. En un mot: on s'y croirait. Coeur serré et souffle coupé jusqu'au bout... une intense expérience !

Malgré quelques (petites) maladresses, le long-métrage est dépourvu d'ambigüité sur la monstruosité de la guerre, une opposition frontale d'hommes qui, en réalité, se ressemblent. Sans donner d'élément important sur le déroulé de l'histoire, j'ai toutefois envie de relever l'une des répliques finales, selon laquelle l'ordre de cessez-le-feu donné un jour peut être annulé à peine quelques matinées plus tard. Cette vérité des conflits recouvre la conclusion du film d'un voile funeste. On peut certes l'anticiper, mais ça fait mal quand même. Surtout qu'avant d'en arriver là, nous aurons traversé une nuit de feu telle que le septième art n'en montre que rarement. Bon, je me tais...

D'une certaine façon, 1917 s'achève un peu comme il avait débuté. Toute l'affaire étant concentrée sur une journée, je me suis surpris, dans la foulée immédiate de la projection, à penser que les soldats aperçus à l'écran n'avaient pas fini d'en baver. J'y vois la preuve manifeste que ce que j'ai vu est parvenu à m'embarquer tout entier. Une mention spéciale pour les acteurs - tous britanniques, eux aussi - et en particulier pour George MacKay (en photo ci-dessus), déjà vu ailleurs, mais dans des prestations assurément moins remarquables. Bref, j'ai pris une claque et j'ai aimé ça. Ah ! C'est un film à découvrir sur écran XXL, of course. Mon conseil: n'attendez pas plus longtemps !

1917
Film américano-britannique de Sam Mendes (2019)

L'histoire dira, tôt ou tard, si nous tenons là un nouveau classique. Pour ma part, dans son genre, je le classe d'ores et déjà dans le haut du panier: je n'avais pas vu de scène de tranchée plus saisissante depuis Les sentiers de la gloire. Le film a été comparé à Dunkerque pour son aspect immersif, mais je crois qu'il lui est encore supérieur. Pour une émotion plus grande, rien de tel que La vie et rien d'autre !

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Je ne voudrais pas oublier les Oscars...
Oui... le film était tout de même candidat à dix statuettes dorées ! Bilan: il en a obtenu trois - photo, son et effets visuels. C'est mérité.

Si, maintenant, vous cherchez d'autres alliés...
Vous pourrez aller faire un tour chez Pascale, Dasola et Princécranoir.

lundi 24 février 2020

Une fille particulière

J'avais d'abord imaginé voir davantage de films du Arte Kino Festival. Mais si, souvenez-vous, voyons ! Je vous ai parlé de cette initiative de la chaîne franco-allemande (à relire: ma chronique du 7 janvier). J'en ai laissé passer le plus gros, mais j'ai pu rattraper Psychobitch. Précision liminaire: ce film a obtenu le Prix du public. Beau résultat...

Pour la sixième fois "seulement", Mille et une bobines met les voiles vers la Norvège. C'est l'occasion de rencontrer Marius, un collégien brillant à qui un prof a demandé - comme une faveur ! - de travailler en binôme avec une élève instable, Frida. Beaucoup trop introverti pour oser dire non, le jeune homme a donc accepté de coopérer. Autant le signaler: sa camarade, perturbée et revenue d'une tentative de suicide, ne va pas lui faciliter la tâche. Le (petit) miracle du film consiste alors à donner une juste représentation des états d'âme propres à l'adolescence. Un regard enrichi d'une belle empathie. J'imagine que cela rappellera des souvenirs à beaucoup d'entre nous...

Cette fine et délicate observation des comportements post-enfantins s'appuie sur la composition inspirée de deux jeunes comédiens joliment investis: Elli Rhiannon Müller Osborne et Jonas Tidemann. Quasi-débutants, ils se montrent particulièrement convaincants. Psychobitch n'est pas sans défaut, mais ils tirent le tout vers le haut. D'ailleurs, le reste de la distribution ne dépareille pas: un bon point. Évidemment, le côté "exotique" de la Norvège pour le public français condamne le film à une diffusion confidentielle: c'est bien dommage que notre fameuse exception culturelle ait une telle conséquence dommageable pour la diversité des choses visibles dans nos salles. Arte fait donc oeuvre utile en nous montrant nos voisins européens. Bien qu'ils parlent une autre langue, ils ne nous sont pas si étrangers !

Psychobitch
Film norvégien de Martin Lund (2019)

Je vous laisserai vous évader dans mon index "Cinéma du monde" pour y retrouver les cinq autres films norvégiens déjà chroniqués. Unique représentant de ce genre dans son pays, celui dont j'ai parlé aujourd'hui tire profit de sa rareté pour obtenir quatre étoiles pleines. L'école au ciné, c'est aussi Primaire, Le péril jeune, 13 semestres un peu après... et j'en passe. Autant de films que d'angles d'attaque !

dimanche 23 février 2020

L'ami des monstres

Il va sans dire - mais un peu mieux en le disant - que le cinéma est né et a prospéré grâce à des pionniers, artistes et techniciens associés. Père des "créatures" du film présenté avant-hier, Ray Harryhausen cumulait sans doute les deux regards. C'est aussi pour cette raison qu'aujourd'hui, j'ai eu envie de dire quelques mots de ce précurseur...

Venu au monde en 1920 à Los Angeles, Ray est arrivé au bon endroit et au bon moment pour faire carrière. On dit que c'est le visionnage de King Kong (1933) qui a suscité sa vocation pour le septième art. Encouragé par quelques anciens, il présente de premiers travaux avant la guerre et, dès 1945, travaille sur une série pour les milieux scolaires. Pour l'aider, ses propres parents mettent la main à la pâte !

Ces toutes premières participations à des longs-métrages de cinéma datent de la fin des années 40. Le succès ? De 1953, avec la création des effets spéciaux d'un film intitulé Le monstre des temps perdus. Deux ans plus tard, Harryhausen fait alors une rencontre décisive avec Charles H. Schneer, un producteur qui a le même âge que lui. Les deux hommes vont travailler ensemble plus de 25 ans ! Les titres s'enchaînent, chacun porteur d'un nom évocateur: Le monstre vient de la mer, Les soucoupes volantes attaquent, Le septième voyage de Sinbad, Jason et les Argonautes... c'est tout un imaginaire fantastique qui se déploie ! Le cinéma, lui, en est à jamais changé...

Ce travail s'inscrira donc dans la durée et aura une influence évidente sur les rêves - et bien sûr les créations - de toute la génération suivante, celle des Spielberg, Lucas et autres Cameron. C'est en 1981 que l'ami Ray signe ses ultimes SFX, pour le film Le choc des titans. Désormais sexagénaire, il sait passer le flambeau et reste toutefois présent dans le milieu, exerçant même plusieurs fois comme acteur ! Son expertise de l'animation en volume s'efface devant la technologie numérique, mais un certain Steven en fait son consultant d'honneur lorsqu'il réalise Jurassic Park (1993). Et plusieurs créateurs de films d'animation font référence à leur ami Ray en présentant leur travail...

Harryhausen a rejoint les étoiles à Londres en 2013, à 92 ans révolus. En 2010, il jouait encore dans Cadavres à la pelle, de John Landis ! Bien avant cela, dès 1991, l'Académie des Oscars avait très bien agi en lui attribuant le Prix Gordon E. Sawyer, remis aux personnalités "dont les contributions techniques ont fait honneur à l'industrie". Personnellement, et pour revenir sur ce que je vous disais au début de cette chronique, je veux considérer le grand Ray comme un artiste accompli, doublé d'un créateur inspirant (y compris pour le jeu vidéo). Il faisait "danser les squelettes", comme l'a joliment écrit Le Monde dans sa notice nécrologique. Dès lors, il n'est pas dit qu'il soit mort...

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Pour finir, une petite précision...

Cet hommage (sincère) s'appuie pour beaucoup sur la page Wikipédia du maître. Vous aviez d'autres infos ou opinions ? Je reste à l'écoute. Autant le dire: je n'exclus pas d'écrire un jour une seconde chronique !

vendredi 21 février 2020

Des dinos et des hommes

Plus j'explore le cinéma de genre, plus je juge qu'il recèle de pépites insoupçonnées, de nature à nourrir tout un pan de ma cinéphilie. Dernièrement, mon regard s'est arrêté sur La vallée de Gwangi, film vintage où l'on retrouve à la fois des cowboys et des dinosaures. Présenté ainsi, ça a l'air d'un duo bizarre... et à l'écran, ça l'est aussi !

Petit clin d'oeil pour les connaisseurs: dans le méli-mélo légendaire qu'il a appelé La classe américaine, Michel Hazanavicius a réutilisé quelques plans de cet OFNI pour évoquer (je cite) "les animaux préhistoriques partouzeurs de droite". Ici, fi de toute considération politico-pornographique: le film raconte l'histoire d'un aventurier solitaire, qui retrouve son ex-petite amie, artiste vedette d'un cirque ambulant, pour lui proposer d'abord un contrat juteux. Sa confiance évaporée, la belle renâcle évidemment, mais c'est alors que le couple découvre un cheval miniature qui pourrait être un partenaire idéal pour un nouveau numéro spectaculaire ! Je vous épargne les détails sur le pourquoi du comment, mais une course poursuite s'engage alors dans le sillage de l'équidé, laquelle course se termine dans une vallée isolée et peuplée de créatures des temps anciens, en parfaite santé ! Les hommes et la femme qui sont les héros de ce drôle de film devront alors affronter la colère d'un allosaure passablement excité. Et aussi sauver leur peau, l'animal s'avérant tout à fait indomptable...

Je pardonne volontiers les incrustations grossières, effets spéciaux dépassés et autres fils apparents de ce long-métrage. Deux raisons pour l'expliquer: 1) je n'oublie pas que ces images ont un demi-siècle derrière elles et en fait 2), je les trouve délicieusement old school ! De toute manière, le scénario est irréel: cet univers à la Jules Verne fonctionne sur moi comme un bonbon offert à un enfant rêveur. L'adulte que je suis se dit en outre qu'il n'y aurait pas d'auteurs comme Spielberg ou Cameron s'il n'y avait pas eu aussi ce type de film précurseur. Bref, j'ai vraiment bien apprécié La vallée de Gwangi ! Côté acteurs, je n'ai reconnu personne, ce qui donne au programme une patine un peu fauchée - et qui me plait beaucoup, pour tout dire. C'est un peu idéaliste, certes, mais j'y vois la marque de l'engagement d'un groupe d'artisans unis, pour le seul bonheur de faire du cinéma. Puisqu'il est donc question de cirque, cette impression se renforce encore dans ce que je pourrais appeller un "parallélisme de formes". Inutile toutefois d'aller aussi loin dans l'analyse pour y prendre plaisir !

La vallée de Gwangi
Film américain de James O'Connolly (1969)

Le réalisateur lui-même est pour moi un inconnu, mais qu'importe ! J'insiste: j'ai passé un joli moment devant ce film, qu'on peut voir aussi comme un étrange manifeste écolo d'avant-garde. Les coutures sont encore plus apparentes dans des opus d'inspiration fantastique tels Le voleur de Badgad (1940) ou SF (Planète interdite / 1956). N'hésitez SURTOUT PAS à me faire part de vos possibles suggestions !

mercredi 19 février 2020

Sortie des rails

Paula Hawkins était paraît-il dans une situation financière délicate lorsqu'elle a écrit La fille du train. Fini en six mois, ce roman policier bien ficelé a été traduit en 42 langues et s'est vendu à 18 millions d'exemplaires. Une fois n'est pas coutume: j'avais déjà lu ce livre quand j'ai vu son adaptation cinéma. Pas de vraie découverte, donc...

Rachel Watson a la trentaine et prend tous les jours le même train entre New York (Londres dans le bouquin) et sa banlieue. Dépressive et alcoolique, elle ne se remet pas d'une rupture affective: le profil type de la personnalité borderline. Et mythomane ? Possible. Rachel trouve en tout cas un certain plaisir à imaginer la vie (heureuse !) d'une autre jeune femme qu'elle aperçoit quotidiennement par la vitre du train. Jusqu'au jour où, soudainement, il se passe quelque chose. Bien sûr, je m'interdis ici d'entrer dans les détails de cette intrigue. Motus, donc, et salutations distinguées à Emily Blunt, convaincante dans un rôle assez ingrat. Ouais, c'est celui du personnage principal...

Cela précisé, vous dire aussi que La fille du train tourne en réalité autour de trois femmes distinctes. Je crois bien me souvenir d'ailleurs que le roman leur donnait la parole tour à tour, ce qui permettait d'entretenir un joli suspense, tout en multipliant les points de vue. Malheureusement, le film, lui, ne parvient pas à construire son récit de la même façon et, du coup, sombre quelque peu dans la facilité. Maintenant, sans la référence littéraire, je l'aurais sans doute aimé davantage: tout cela est en somme très basique, mais pas mauvais. Que cela "fonctionne" mieux avec vous est parfaitement plausible. J'insiste pour le dire: dans le doute, ne vous abstenez pas forcément !

La fille du train
Film américain de Tate Taylor (2016)

Trois étoiles un tantinet vachardes pour un film un peu trop "cliché". Dommage aussi que l'achat des droits par les Ricains de Dreamworks ait entraîné une délocalisation, dépourvue de tout intérêt narratif. Pourtant, le côté poisseux du polar, les p'tits gars des States maîtrisent, d'habitude: cf. - entre autres - Gone girl ou Prisoners. Maintenant, c'est à vous de voir si cette comparaison est pertinente !

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Après cela, vous avez peut-être besoin d'un autre avis...

Le cas échéant, je vous invite à découvrir également celui de Pascale.

lundi 17 février 2020

Cluedo

Un vieux monsieur (qui est aussi un grand et riche ponte de l'édition) est retrouvé dans une mare de sang, au lendemain de la fête familiale organisée pour son 85ème anniversaire. Suicide ? C'est possible. Pourtant, un détective privé souhaite aller au-delà des conclusions hâtives. D'où À couteaux tirés, un film à énigmes du genre ludique...

Le scénario repose en effet sur une bonne dizaine de coupables possibles. Assez rapidement, toutefois, l'intrigue propose d'adopter un point de vue particulier: celui de l'infirmière de la victime, innocente sans doute, mais qui a aussi deux ou trois choses à cacher. En fait, le film s'amuse à balancer des cachotteries dans tous les sens pour nous suggérer du coup autant de mobiles d'un crime possible ! C'est marrant parce que le casting fonctionne, avec des têtes d'affiche comme Jamie Lee Curtis, Don Johnson ou Michael Shannon. Quelque chose me dit qu'ils ont bien dû s'amuser sur ce tournage. Sans eux, le film n'aurait sûrement pas tout à fait la même saveur...

Je n'ai même pas encore parlé des deux rôles principaux: certes jolie, mais un rien fade, Ana de Armas s'en tire correctement, sans plus. Inversement, dans un rôle digne d'Hercule Poirot, Daniel Craig cabotine juste ce qu'il faut pour m'amuser, ce qui a le mérite d'établir une bonne fois pour toutes qu'il peut bien ne plus être James Bond demain et continuer à me satisfaire (voire me séduire davantage). Bon... À couteaux tirés a bien quelques faiblesses: une durée légèrement excessive et un côté... oui, disons "vite vu, vite oublié". Rien de rédhibitoire: j'ai passé un chouette moment, malgré tout. Surtout que, pour une fois, le scénario n'est pas une bête adaptation !

À couteaux tirés
Film américain de Rian Johnson (2019)

Le réalisateur, qui avait déçu une bonne partie des "nostal-geeks" avec Star wars épisode VIII - Les derniers Jedi, s'offre ici un rebond étonnant, mais plutôt réussi dans l'ensemble. Bon... c'est un film gentil, à l'image de son héroïne, et somme toute très moral, au final. Plusieurs fois, il m'a fait repenser à 8 femmes, une autre sucrerie flatteuse pour sa distribution... et qui reste sagement dans les clous !

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Pour mémoire...

Le film était en lice cette année pour l'Oscar du meilleur scénario original. Il s'est finalement incliné face au Parasite de Bong Joon-ho.

Ultime révélation: le film est diversement apprécié...
Vous le vérifierez aisément si vous voulez bien lire Pascale et Dasola.

samedi 15 février 2020

Loin, très loin...

Vous vous en souvenez peut-être: toute fin janvier, je vous racontais qu'un soir de fatigue, j'avais "coupé" un film après dix minutes. Curieux malgré tout, j'ai donc fini par regarder Les garçons sauvages jusqu'au bout. Ce qui m'aura permis de confirmer mon impression première: ce film n'est pas fait pour moi. Ce qui mérite explication...

L'ouverture donne le ton. En un lieu méconnaissable et à une époque indéterminée, cinq adolescents de bonne famille montent une séance théâtrale pour une professeure... et décident alors de la torturer ! Jugés, ils échappent à la prison ferme, mais sont confiés à un marin franchement patibulaire, qui promet à leurs parents qu'il sera capable de les rendre doux comme des agneaux. Le capitaine les embarque jusqu'à une île lointaine, où une drôle de scientifique s'est installée pour conduire diverses expériences d'un genre particulier. Je crois inutile d'en dire plus sur le scénario: ce serait vous dévoiler le fin mot de l'histoire (et je n'y tiens pas). Passons à autre chose, voulez-vous ?

D'abord, une précision: le film est sorti avec interdiction aux moins de 16 ans. Il n'a été vu que par 43.405 spectateurs dans les salles françaises. J'ai beaucoup de respect pour la véritable démarche artistique qui consiste à produire un tel long-métrage à mille lieues des sentiers battus. Pour l'anecdote, les cinq bad boys ici présentés sont TOUS joués par des actrices, que je cite donc: Pauline Lorillard, Vimala Pons, Diane Rouxel, Anaël Snoek et Mathilde Warnier. Honnêtement, pour moi, des inconnues - à l'exception de la deuxième nommée. Que fait-on de cette étrangeté ? Un argument scénaristique bizarroïde pour un film abscons, mais pas forcément très intéressant. Pour ma part, j'ai trouvé que la forme (et notamment l'alternance noir et blanc / couleur, à plusieurs reprises) n'apportait pas grand-chose. Même en admettant qu'il puisse y avoir une sorte de manifeste féministe derrière tout cela, j'ai trouvé que Les garçons sauvages faisait plouf. Et, bien plus qu'un quelconque dégoût face à un sujet sordide, c'est cela que vient traduire ma note effectivement sévère...

Les garçons sauvages
Film français de Bertrand Mandico (2018)

Voilà voilà voilà... pas grand-chose à ajouter à cette étoile solitaire ! Un constat d'évidence: je suis TOTALEMENT passé à côté du truc. Pire: je me demande s'il y en a vraiment un, de truc. Pas convaincu. Pourtant, le film a reçu un accueil favorable d'une partie de la critique pro, Cahiers du cinéma en faisant même le meilleur de l'année 2018. Pour l'esthétique, peut-être ? Cela m'a rappelé la bizarrerie 9 doigts...

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Bon... un autre avis circonspect à l'horizon...
Pascale a vu le film, elle aussi, et elle m'apparaît tout aussi interdite. Si l'un(e) de vous a quelque chose à ajouter, je suis plus que preneur !

vendredi 14 février 2020

All you need is...

Filmé par Norman Jewison, le plus long baiser de l'histoire du cinéma apparaît dans L'affaire Thomas Crown - un film que je n'ai pas vu ! - et unit Faye Dunaway à Steve McQueen pendant presque une minute. Pour ma part, je serais bien en peine de dire quel témoignage ardent de ce genre je choisirais pour le qualifier de "plus beau du monde". Jugé immoral aux premières heures du septième art, le French kiss est désormais à sa (juste) place sur les écrans: in-con-tour-nable. Saint-Valentin oblige, j'ai eu envie de vous suggérer une nouvelle fois d'offrir à Cinema Paradiso une chance de vous séduire. Je suppose que celles et ceux d'entre vous qui ont déjà vu ce superbe film italien s'en rappellent: le bisou est à l'honneur lors d'une scène... mémorable. Je vous laisse donc la (re)découvrir et, ce faisant, je vous embrasse !

mercredi 12 février 2020

Balade à Wonderland

Je ne suis pas un inconditionnel de Disney, mais j'estime toutefois que Tonton Walt et son studio peuvent prétendre à une place majeure dans le vaste ensemble du cinéma. Cela explique le plaisir - sincère - que j'ai à voir (ou à revoir) leurs films emblématiques. Un exemple avec une diffusion télé fin décembre: Alice aux pays des merveilles !

Autant le dire tout de suite: je n'ai pas lu le livre de Lewis Carroll. Jeune fille de l'Angleterre victorienne, Alice doit recevoir une leçon d'histoire de sa soeur aînée, mais elle ne l'écoute guère. Son esprit s'évade vers des idées bien plus agréables: celles d'un pays imaginaire où les animaux et les fleurs pourraient parler. Tout à coup, un lapin blanc, vêtu d'une veste et portant une montre, surgit... et déclare qu'il est très en retard - sans préciser alors pour quelle occasion. Alice le suit, tombe dans un trou, trouve le moyen de rétrécir et se faufile de l'autre côté d'une porte miniature: la voilà dans un monde inconnu et très coloré ! Elle ne tardera plus à y faire de nouvelles rencontres...

Alice au pays des merveilles, le film, aura 70 ans l'année prochaine. Le roman originel, lui, est sorti en 1865. On ne s'étonnera donc pas que le propos paraisse un peu "daté", de même que les techniques d'animation ici employées. Nous parlons bien d'oeuvres classiques ! J'admets sans état d'âme que ce n'est pas ce que j'ai vu de mieux chez Mickey et compagnie. Cela dit, je suis malgré tout content d'avoir eu l'occasion de redécouvrir cet opus: mon indéniable passion pour la belle aventure du septième art s'en satisfait aisément. Cerise sur le gâteau: il y a tout de même ici une bonne dose d'imagination pour (re)créer un bestiaire fantastique tout à fait digne d'éloges. L'essentiel serait alors de considérer le tout avec un regard d'enfant. À vrai dire, c'est le public visé, non ? Et je pense que cela fonctionne !

Alice au pays des merveilles
Film américain de C. Geronimi, W. Jackson et H. Luske (1951)

Un dessin animé très correct, mais qui ne m'a pas vraiment emballé. À noter que le trio de réalisateurs était déjà en place pour Cendrillon et que Geronimi, seul, a ensuite signé La belle au bois dormant. Vous avez le droit de préférer les oeuvres plus mâtures, of course ! Pas sûr cependant que l'Alice au pays des merveilles de Tim Burton en soit une ! Vous pourrez vous rabattre sur Belladonna, à la limite...

lundi 10 février 2020

Dans le rétro

Et si on pouvait rembobiner nos vies ? En profiterions-nous aussitôt pour changer quelque chose ? Ou laisserions-nous les événements s'accomplir comme ils l'ont fait "la première fois" ? Gentil petit film sorti en salles dès le jour de l'An, Play nous offre le portrait sensible d'un trentenaire autour de ces questions et y répond avec tendresse...

Max (joué par... Max Boublil) a 13 ans et reçoit une mini-caméra comme cadeau de Noël. Ni une ni deux, le pré-adolescent filme alors tout ce qu'il fait, chez lui, au collège, en famille ou avec ses amis. Quand le film démarre, c'est un - jeune - adulte qui s'adresse à nous avant de remonter le cours de son histoire personnelle en visionnant ses vieilles cassettes. Play joue évidemment sur l'aspect nostalgique d'une telle démarche et, bien sûr, sur l'empathie que le spectateur pourrait éprouver pour ce grand dadais supposément proche de lui. Effet de génération oblige, je dois dire que cela a bien fonctionné avec moi. Jusqu'à 45-50 ans, on doit sûrement s'y retrouver un peu...

Avec Alice Isaaz en atout-charme, ce récit à la première personne vaut mieux que bien d'autres comédies françaises plus ambitieuses. La distribution est d'ailleurs vraiment bien choisie, jusqu'aux rôles secondaires confiés à Malik Zidi et Arthur Périer, membres d'une tribu des plus attachantes. Mentions spéciales aussi pour Noémie Lvovsky dans le costume de la mère du personnage principal et à Alain Chabat venu en ami jouer deux scènes de papa - un clin d'oeil sympatoche. Comme souvent avec ce type d'histoire, la BO permet de se plonger dans un passé assurément recomposé, mais tout à fait crédible. Précision importante: Play s'étire sur presque deux heures, un temps qui pourra vous sembler long si vous n'adhérez pas à ce dispositif consistant à découper le métrage en une série de courtes séquences présentées en vue subjective. Comment savoir ? En essayant, pardi ! Mon bilan ? Il est résolument positif: j'ai passé un chouette moment...

Play
Film français d'Anthony Marciano (2020)

Je me trouve à vrai dire presque sévère avec mon étoile tronquée. Souvent inégal (euphémisme...) dans la comédie, le cinéma français trouve avec ce long-métrage un représentant tout à fait acceptable. Le duo Marciano / Boublil avait déjà tenté sa chance avec Les gamins et Robin des Bois, la véritable histoire, opus diversement appréciés. Suggestion: avant ou après celui de ce midi, (re)voir plutôt Boyhood !

samedi 8 février 2020

La tête haute

On en a parlé récemment avec la sortie d'un polar roumain, mais c'est d'abord un film turc qui m'a appris qu'il existait une langue sifflée. Sibel, du (pré)nom de son héroïne, évoque la vie - plutôt ordinaire - d'une jeune femme vivant avec son père et sa soeur dans un village isolé des montagnes de la mer Noire. Pas une sinécure au quotidien...

Sibel est muette et ne s'exprime donc qu'en sifflements. Son handicap ne l'empêche pas d'être très active dans sa communauté, mais rares sont ceux qui la comprennent. Du coup, même si elle vient travailler aux champs comme les autres femmes, on dit d'elle qu'elle porte malheur et ne trouvera jamais un mari honorable. Pas malheureuse pourtant, Sibel oublie un peu sa solitude auprès d'une vieille dame laissée à l'écart du groupe et... en chassant le loup ! Jusqu'à un jour particulier où, au coeur de la forêt, elle est attaquée par un inconnu. Je vous encourage à découvrir la suite par vous-mêmes: les films turcs sont assez rares sur nos écrans pour ne pas saisir la chance d'apprécier celui-là, d'une qualité et d'une originalité incontestables. C'est aussi, je dois le dire, un (beau) récit d'émancipation féminine. "Sa trajectoire est celle d'une forme d'affranchissement": une citation des réalisateurs que j'ai pu dénicher dans le dossier de presse du film.

Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti vivent en couple et expliquent également que, d'après eux, il y a "des Sibel partout dans le monde". Précis dans le regard, ils évoquent "ces femmes confinées à un cadre" et auxquelles "la société inflige des limites". Je n'ai pas perçu Sibel comme un film militant, cela dit, mais davantage comme un portrait féminin, doublée d'une remarquable prestation d'actrice. Je précise que la comédienne, Damla Sönmez, n'est absolument pas muette ! Repérée par les cinéastes dans un film précédent, elle s'est investie dans le rôle au point de passer plusieurs jours dans le village choisi comme lieu de tournage et d'envoyer diverses vidéos d'elle sifflant pour convaincre qu'elle était effectivement le meilleur choix possible. Dans les faits, il lui aura fallu plusieurs mois pour bien se préparer ! Très objectivement, le résultat est probant, mais je voudrais insister sur le fait que son visage est, lui aussi, particulièrement expressif. Cela m'a frappé à la toute fin quand, au sens propre comme au sens figuré, Sibel relève la tête. Et à présent, pas question d'en dire plus...

Sibel
Film franco-turc de Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti (2019)

Vous l'aurez compris: je suis très content d'avoir "rattrapé" ce film sorti en salles en mars l'année dernière. Il est ma foi très accessible. Venu du même pays, et sur une thématique voisine, je vous suggère de (re)voir le superbe Mustang. Et je tiens encore à citer Wadjda parmi les plus beaux longs-métrages consacrés aux femmes libérées ! Sous nos latitudes, Brooklyn et Bande de filles, c'est pas mal aussi...

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Si, désormais, vous souhaitez lire un avis féminin...

Je ne peux que vous conseiller la lecture de ceux de Pascale et Dasola.

jeudi 6 février 2020

Deux femmes fortes

Hop hop hop ! J'enchaîne aujourd'hui avec mon tout premier diptyque de 2020. Bon... très honnêtement, les deux films que je rapproche présentent bien des différences, mais également des similitudes quant au sujet traité: l'un et l'autre évoquent en effet des femmes déterminées dans un cadre fermé. Bref, lisez: vous allez comprendre !

Le village
Film américain de M. Night Shyamalan (2004)

Vous retrouverez d'autres opus du même cinéaste dans mon index dédié. Celles et ceux d'entre vous qui le connaissent se souviendront qu'il a bâti sa réputation sur le twist, cette séquence finale d'un film capable de renverser la perspective de tout ce qui avait été montré jusqu'alors. Et Le village comprend non pas un, mais deux twists ! Avant de le regarder, je pense qu'il vaut mieux se contenter de savoir qu'il s'intéresse à une petite communauté humaine, dans un décor d'Amérique du 19ème siècle. Ces gens sont coupés du reste du monde par une sombre forêt qu'ils imaginent peuplée de créatures hostiles. Superstition ancienne qu'une jeune femme sera amenée à vérifier. D'une beauté plastique indéniable, le film est loin de faire l'unanimité sur le fond. Pour ma part, c'est simple: je me suis laissé embarquer. Plusieurs "lectures" sont possibles: il y a également une belle histoire d'amour. Et, je souhaite le souligner, quelques remarquables acteurs !

Colonia
Film allemand de Florian Gallenberger (2016)

Un rappel historique: après que le général Pinochet a renversé Allende et pris le pouvoir au Chili, un ancien militant nazi répondant au nom de Paul Schäfer put, en toute impunité, faire prospérer une secte basée sur le modèle d'une exploitation agricole, la Colonia Dignidad. Le régime profitait de ce cadre discret pour torturer ses opposants politiques et fermait les yeux sur les actes pédophiles du "patron". Pour raconter cela, Colonia dresse le portrait d'une hôtesse de l'air dont le compagnon a été incarcéré après avoir pris des photos compromettantes et conçu l'affiche d'un parti opposé au dictateur. Avec Emma Watson et Daniel Brühl dans les rôles principaux, le film tient la route, même si l'on est en droit de trouver que cette histoire de petite amie volontairement enfermée pour sauver son amoureux est un peu trop rocambolesque. Tout cela n'a pas eu grand succès ! Peut-être qu'il aurait mieux valu parier sur une production chilienne...

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Un petit mot de conclusion...
Simplement pour noter que je n'ai pas trouvé trace du premier film sur mes blogs de référence. Le second, lui, paraît avoir plu à Pascale.

mardi 4 février 2020

Sous le sable

L'affiche de mon film d'aujourd'hui le relie aux oeuvres burlesques d'Elia Suleiman et d'Aki Kaurismäki. La Palestine et la Finlande resteront à distance: l'OFNI de ce mardi nous est arrivé du Maroc. C'est d'abord un bonheur pour les yeux: les images sont magnifiques. De quoi vous donner illico des envies de (longues) vacances au soleil !

Avant que vous ne vous décidiez à partir, quelques mots sur l'histoire. Le miracle du saint inconnu a un voleur pour personnage principal. En passe d'être arrêté par la police, notre homme planque son magot au sommet d'une colline, au milieu d'un désert de sable et de cailloux. Quand, après sa sortie de prison, il retourne finalement sur les lieux pour récupérer son bien, un mausolée a été construit à l'endroit précis où il pensait avoir trouvé la cachette idéale. Vous pouvez imaginer qu'il n'est pas évident de réaliser des "fouilles" sur une terre sacrée. Bientôt, c'est toute une communauté qui s'agite à l'écran: un médecin venu prendre ses fonctions dans un dispensaire voisin, les femmes d'un village ravies de rencontrer ce beau jeune homme, un homme d'âge avancé et son fils en mal d'eau, un coiffeur-barbier-dentiste avare en mousse à raser, le gardien du site protégé... et j'en oublie sûrement. Peu de dialogues, mais tout le récit est très facile à suivre.

C'est bien sûr une question de goût: si vous accrochez à la bizarrerie de ce petit monde, vous devriez sans doute passer un bon moment. Et si, en prime, vous avez le goût du farfelu, vous serez servis ! "Dans mon travail, le point de départ est souvent une situation absurde, a souligné le réalisateur, présent à la Semaine de la critique cannoise l'an passé. Ce qui définit ce film, c'est son ton. Un mélange de situations. Certaines sont comiques, d'autres plus dramatiques. L'avantage du burlesque est qu'on peut être sérieux tout en restant léger à la surface. Cela permet d'avoir une écriture sur deux degrés". Je ne saurais mieux expliquer la réussite de ce long-métrage étonnant et, je crois, accessible à tous types de publics. Point digne d'intérêt que je n'ai découvert qu'après coup: le casting associe des acteurs confirmés et d'autres débutants, l'idée étant d'éviter toute approche psychologisante des personnages au bénéfice des seules situations. Autant le dire très clairement: dans l'ensemble, j'ai trouvé cela réussi. Une preuve de plus que le cinéma (nord-)africain gagne à être connu !

Le miracle du saint inconnu
Film marocain d'Alaa Eddine Aljem (2019)

J'ai passé un bon moment, mais je ne sais pas trop à quel autre film comparer ce long-métrage, sorti en France... le 1er janvier dernier. Suleiman ? Je n'y suis pas encore venu. Kaurismäki ? Dans la veine burlesque, je conseille Leningrad Cowboys go America ou Le Havre. Maintenant, le propre des bons films est d'avoir des qualités uniques. Parmi ceux issus du Maroc, Much loved est nettement plus politique !

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Et maintenant, un petit tour ailleurs vous tente ?
Je sais en tout cas que cela vous permettrait de lire l'avis de Pascale

lundi 3 février 2020

¡Que viva España!

Avec pour l'heure moins de trente films parmi les 1.935 références aujourd'hui citées, le cinéma espagnol n'occupe pas forcément la place qu'il mériterait sur Mille et une bobines. Rattraper le temps perdu sera sans doute difficile, mais je continuerai à saisir les occasions. Surtout que la culture hispanique s'illustre aussi en Amérique du Sud !

En attendant d'autres voyages, je me suis dit que ce serait bien aussi d'apporter quelques propositions. J'ai alors pensé que le duo glamour que forment Penélope Cruz et Pedro Almodóvar était un ambassadeur de premier choix pour le rayonnement de l'Espagne dans le monde. Mais j'ai tenu toutefois à aller - un peu - plus loin que les évidences...

Pourquoi, dès lors, ne pas faire confiance aux Goya ? Si l'Académie espagnole distingue certains films comme les meilleurs de ce pays voisin et ami, piocher dans la liste n'est donc pas une mauvaise idée !

Les Goya existent depuis 1987. J'ai déjà chroniqué plusieurs des films ayant obtenu le prix de meilleur long-métrage de l'année. À savoir...
- 1989: Femmes au bord de la crise de nerfs / Pedro Almodóvar,
- 1997: Tesis / Alejandro Amenàbar,
- 2000: Tout sur ma mère / Pedro Almodóvar,
- 2007: Volver / Pedro Almodóvar,
- 2013: Blancanieves / Pedro Berger,
- 2015: La isla mínima / Alberto Rodriguez,
- 2017: La colère d'un homme patient / Raúl Arévalo.

J'ai noté ensuite que les cinq plus gros succès que le cinéma espagnol a connus en France datent des années 50 et 60 - une époque heureuse où la concurrence de la télé était évidemment moins vive. D'où l'envie de citer les dix films qui ont le mieux marché au box-office français depuis 2000. Eux aussi permettront de nous faire une (petite) idée...
1. Volver / P. Almodóvar / 2006 (2.349.220 spectateurs),
2. Parle avec elle / P. Almodóvar / 2002 (2.157.752),
3. La mauvaise éducation / P. Almodóvar / 2004 (1.086.731),
4. Planète 51 / J. Blanco et M. Martinez / 2010 (988.487),
5. Étreintes brisées / P. Almodóvar / 2009 (918.919),
6. Everybody knows / A. Farhadi / 2018 (829.736),
7. Douleur et gloire / P. Almodóvar / 2019 (800.126),
8. Julieta / P. Almodóvar / 2016 (791.953)
9. La piel que habito / P. Almodóvar / 2011 (733.758),
10. [REC] / P. Plaza et J. Balagueró / 2008 (554.330).

Pas de surprise: on retrouve donc Pedro Almodóvar en maître absolu du cinéma espagnol contemporain. Compte tenu de son importance dans la vie artistique après le franquisme, cela me paraît légitime. Reste maintenant à découvrir d'autres films, bien sûr ! Il est certain que je n'ai pas dit mon dernier mot ! Si vous avez des suggestions...

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Oui, j'insiste volontiers sur ce point précis...
Je me tiens désormais à l'écoute de toutes vos idées et propositions.

samedi 1 février 2020

Des comptes à régler

La colère d'un homme patient joue habilement sur l'illusion. Ce film espagnol - mon tout premier depuis mai 2018 ! - a été récompensé plusieurs fois dans son pays et notamment d'un Goya (le "César" local) du meilleur long-métrage. Après un braquage raté, on assiste d'abord à l'interpellation musclée du chauffeur de la bande. Noir. Générique...

Quand l'image revient, il s'est passé huit ans et Curro, le seul à avoir payé, s'apprête à sortir de prison et à retrouver Ana, sa compagne. Problème: cette dernière lui est restée fidèle longtemps, mais a fini par craquer pour un dénommé José, qui m'a paru un peu trop mutique pour être réellement clair dans ses intentions d'apparence amoureuse. Bref... je n'en dirai pas plus, si ce n'est que la suite du scénario pourrait bien vous surprendre (au moins au début). Une fois admis l'enjeu de cette sombre histoire, La colère d'un homme patient s'avère moins captivant, parce que plus linéaire. Si je le compare avec d'autres thrillers, il demeure d'assez bonne facture. Et... tendu !

Attention: certaines scènes sont sans doute à réserver à un public averti, la violence explosant tout à coup de manière très explicite. Cela dit, clairement, on la voit arriver et cette coloration rouge sang reste conforme au genre du film et aux caractères des personnages. La colère d'un homme patient m'est de fait apparu très cohérent avec lui-même, une qualité appréciable dans un cinéma de genre parfois abandonné aux GROSSES invraisemblances. J'ai apprécié aussi que, pour son premier film, le réalisateur fasse preuve d'une mesure rare parmi ses jeunes confrères, en nous épargnant la formule éculée de l'épilogue consacré au devenir des protagonistes "rescapés". L'essentiel est dit en à peine une heure et demie, de toute façon. L'ultime plan fixe est une porte ouverte à notre imagination... merci !

La colère d'un homme patient
Film espagnol de Raúl Arévalo (2016)

Rien de fabuleux, mais du travail propre et efficace, sans fioriture. L'antithèse du film glamour, en somme: c'est très bien ainsi. Je note que le cinéma de genre me convainc de plus en plus et, au rayon toujours fourni des polars poisseux, je conseille aussi Les Ardennes. En poussant la limite, Green room est une autre option à envisager...

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Tout cela n'engage que moi, bien sûr...
Vous vérifierez que Pascale et Dasola ne sont pas vraiment d'accord !