vendredi 31 juillet 2020

Errements de jeunesse

Elle est tellement amoureuse de son Ruben qu'elle fait des bêtises. Luna a 18-19 ans et travaille chez un maraîcher de l'Hérault. Un soir d'été, elle offre à son petit copain un chiot volé et se fait la complice active d'une agression sur un jeune homme qui n'avait rien demandé. J'avais repéré Luna - le film - à sa sortie en salles. Printemps 2018...

Je n'ai finalement vu ce premier film français qu'il y a quelques jours. Sa réalisatrice comptait déjà une dizaine d'années de courts-métrages et (presque) autant en tant que technicienne son sur des tournages. L'expérience paye: son premier long s'avère parfaitement maîtrisé. Luna profite aussi, bien sûr, du jeu de Laëtitia Clément, débutante également, dans le rôle-titre. En fait, la totalité de la distribution s'illustre dans ce film sans véritable fausse note. Vu que son héroïne est amenée à côtoyer sa victime, cette évocation d'une adolescence n'est guère réductible à un genre: le quasi-polar qui se dessine d'abord dévie rapidement vers un film de rédemption. On espère avec Luna qu'une autre vie est possible lorsque l'on s'aperçoit de ses erreurs. Comme un nouveau départ sous la lumière crue du soleil d'Occitanie...

Je n'ai pas encore parlé de Rod Paradot, qui tient le premier rôle masculin de cette histoire: c'est à peine son deuxième film, à 24 ans seulement, et il est tout à fait juste dans cette composition difficile. Cela fait bien plaisir de voir ainsi de jeunes comédien(ne)s émerger. Le signe de la vitalité du septième art en France, a priori le seul pays en Europe à se montrer aussi souvent ouvert aux nouveaux visages. Ce n'est de fait pas très grave si Luna n'est pas le film le plus original qui soit: son petit côté "rafraîchissant" joue clairement en sa faveur. Tout au plus oserai-je reprocher au scénario d'être un peu prévisible dans sa conclusion... que je n'ai nullement l'intention de dévoiler ici. Le box-office est resté riquiqui, avec moins de 34.000 spectateurs ! Ai-je encore besoin d'ajouter que ce cinéma mérite mieux ? C'est fait.

Luna
Film français d'Elsa Diringer (2018)

Un long-métrage intéressant, même s'il demeure relativement sage. Pour un beau portrait d'adolescente, je recommande un autre film solaire et sombre à la fois: le remarquable Ava (Léa Mysius / 2017). Côté classiques, je vous ai parlé récemment de Bonjour tristesse. Maintenant, si vous préférez la forme du conte revisité, Les géants ou Hanna devraient bien mieux vous convenir. À vous d'en décider...

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Et n'oubliez pas de croiser les avis...

Vous pourriez - au moins ! - choisir de lire ceux de Pascale et Dasola.

mercredi 29 juillet 2020

Une longue marche

Verdun, la Somme, le Chemin des Dames... qui s'intéresse à l'histoire de la Première Guerre mondiale connaît - au moins de nom - ces lieux de sinistre mémoire. Que le conflit se soit déroulé sur d'autres sites est une évidence que l'on aura tôt fait de négliger (et/ou d'oublier). Dans ce cadre, Mosquito peut tenir lieu de salutaire piqûre de rappel !

1917. Adolescent portugais, un dénommé Zacarias a rejoint les rangs de l'armée avec l'espoir un peu fou d'être envoyé sur un front français. Finalement, le bateau qui transporte sa compagnie fait plutôt route vers le Sud, à destination... de l'actuel Mozambique, alors colonie lusitanienne mise en danger par l'avancée des troupes allemandes. Malchance ultime: sitôt posé le pied sur le sol africain, le jeune soldat attrape le paludisme et ne voit donc pas son régiment partir sans lui ! Dès qu'il est sorti du coma, il s'embarque dans une longue traversée de la savane, avec deux guides africains pour seuls accompagnateurs. Retrouver ses camarades sera bien loin d'être une partie de plaisir. D'aucuns ont parlé de Mosquito comme d'une expérience sensorielle. Pour ma part, je dirais plutôt qu'il s'agit d'un film immersif: le son contribue largement à l'impression d'être soi-même dans l'aventure. Ajoutez-y de superbes images: ce n'est assurément pas tous les jours que le cinéma nous propose de faire un tel voyage en terre inconnue et potentiellement hostile. Sur écran de taille XXL, le plaisir est total !

Faut-il voir ce film comme un pamphlet contre la guerre ? Peut-être. Cela dit, ce n'est à l'évidence pas la seule idée qu'il entend partager. Avec un bon siècle de recul, le scénario tombe aussi à point nommé dans ce qu'il dit des relations que peuvent entretenir des hommes issus de cultures différentes. Et je ne parle pas ici des belligérants ! Parti loin de chez lui, "la guerre dans l'âme et la patrie dans le coeur" selon ses propres mots, Zacarias est un idéaliste... de son temps. Sans même s'en être rendu compte, il a intégré l'idée de la supériorité de l'homme blanc et s'apprête à reproduire des schémas vus et revus pour "prouver (sa) valeur". Les avertissements de quelques chefs bourrus - et revenus d'autres combats - ne lui seront d'aucune utilité. Son périple africain pourra-t-il alors s'apparenter à une odyssée initiatique ? Je vous laisserai en juger. La conclusion (assez ouverte) de Mosquito me laisse penser que, d'une certaine manière, le chemin parcouru par le "héros", dur, long et éprouvant, n'aura pas été vain. Même si je ne suis pas sûr que vous vous identifierez à lui, au final...

Mosquito
Film portugais de João Nuno Pinto (2019)

La Grande Guerre continue d'inspirer de (très) beaux films: ici, le ton général s'avère tout de même assez éloigné de celui de 1917, sorti dans nos salles en tout début d'année et désormais disponible en DVD. Vous préférez ouvrir d'autres fronts ? Je ne peux que vous conseiller de voir des films comme Gallipoli ou Capitaine Conan (entre autres). Éloigné du feu, L'odeur de la mandarine mérite, lui aussi, le détour !

lundi 27 juillet 2020

Tête chercheuse

Je n'aime pas voir le début d'un film sans en voir la fin. Anecdote amusante: lors de ma première séance post-confinement, le film projeté n'était pas celui que j'étais venu voir ! C'est ce qui m'a décidé à voir aussi ce Radioactive dont j'avais aperçu les premières images. Ça... et aussi le fait que le sujet pouvait m'intéresser, évidemment...

Je n'ai pas enquêté sur ce qui a conduit Marjane Satrapi, cinéaste franco-iranienne, à s'appuyer ici sur une - grosse ? - production britannique pour évoquer la vie de Marie Curie. Je rappelle simplement que l'illustre chercheuse fut la première femme à recevoir le Prix Nobel et reste la seule à en avoir obtenu deux ! Son parcours avait déjà été évoqué dans d'autres films (que je n'ai pas vus). Radioactive a ceci d'intéressant qu'il met en avant la détermination d'une jeune femme d'origine polonaise et la grande force de caractère qui lui a fallu pour s'imposer dans ce qui était avant tout un milieu d'hommes. Sur ce sujet, le scénario est subtil: il montre également que, sans son futur mari Pierre, la si volontaire Maria Sklodowska serait peut-être toujours restée une immigrée aux yeux des décideurs de la faculté. Il dit aussi, avec justesse, le terrible "retour de bâton" subi par la jeune veuve après la mort précoce de cet époux complice !

Vous dire encore que, par petites touches successives, Radioactive pose de bonnes questions sur la valeur réelle de la connaissance scientifique. Nous savons aujourd'hui que les grandes découvertes réalisées et/ou initiées par les Curie ont changé nos vies, mais aussi que l'atome autour duquel ils ont travaillé peut être d'une dangerosité sans équivalent (Hiroshima et Tchernobyl sont là pour en témoigner). Au final, je trouve la plupart des critiques beaucoup trop sévères vis-à-vis du film: je ne me suis pas ennuyé une seconde. Vous verrez que l'opiniâtreté de Marie et Pierre s'est transmise à Irène: cette fille aînée a d'abord su embarquer sa mère dans les hôpitaux de la Guerre de 14, avant de connaître à son tour une remarquable carrière scientifique aux côtés de son propre mari, Frédéric Joliot. Sur le plan formel, j'ajoute qu'outre quelques fulgurances visuelles, le film gagne en intensité grâce à une belle BO, signée Evgueni et Sacha Galperine. N'en déplaise aux grincheux, mon bilan est donc largement positif. Comme quoi, les erreurs de projectionniste amènent parfois du bon...

Radioactive
Film britannique de Marjane Satrapi (2020)

À rebours de biopics plus "modernes" qui ne s'intéressent finalement qu'à une petite partie de la vie de leur personnage, ce long-métrage dresse un portrait sur la durée de son héroïne. Un choix fort pertinent et à haute valeur didactique dès lors qu'il s'agit de parler de science. Sur le combat contre l'académisme, j'ai repensé à The lost city of Z. Un homme d'exception est à conseiller aux passionnés de sciences...

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Pour aller un peu plus loin...
Vous verrez que Pascale salue notamment le choix de Rosamund Pike pour le rôle principal. Ajout personnel: Sam Riley est très bien, aussi.

samedi 25 juillet 2020

Après la chute

Il paraît que Chloé Zhao planche sur le tout prochain film Marvel ! D'aucuns estimeront que la cinéaste sino-américaine a vendu son âme au diable, mais j'attends de voir la tournure que prendra sa carrière avant de livrer un jugement définitif. Il est certes vrai que son opus précédent, The rider, reste fort éloigné de l'univers des superhéros...

Quelque chose du rêve américain finit toutefois d'infuser dans ce récit quasi-documentaire de la vie d'un jeune Étasunien d'origine indienne. Une partie des acteurs ici rassemblés sont des comédiens amateurs jouant (presque) leur propre rôle. Il est question d'un ancien champion de rodéo, tombé de cheval et que les séquelles d'une grave blessure privent de son unique plaisir et de sa seule compétence: monter. Brady Blackburn tente de conserver son activité annexe de dresseur d'étalons, non sans prendre des risques importants pour sa santé. Entre les mains d'autres cinéastes, ce récit intime aurait pu sombrer dans un pathos sinistre et de très mauvais aloi. The rider n'a rien d'un film joyeux, bien entendu, mais c'est avec beaucoup de respect pour la dignité de son personnage qu'il en appelle à notre sensibilité...

La forme, elle, est convenue, mais soignée. Le visage de l'Amérique dépeint par ses images n'est bien évidemment pas le plus glorieux. Pourtant, ces grands espaces m'attirent bien plus qu'une ville réputée comme peut l'être New York. À moi qui n'ai jamais été qu'un cavalier très occasionnel et bien peu inspiré, l'idée d'un jour remonter en selle paraît moins incongrue devant pareil "spectacle". Il est des paysages que l'on n'aborde jamais mieux qu'en se fondant dans la nature sauvage. The rider nous ramène à cette évidence, ainsi qu'au constat que nos vies restent fragiles et peuvent donc basculer à tout moment. Par instants, le film m'a même semblé n'être finalement qu'une quête d'apaisement: il m'est alors apparu particulièrement juste et beau. J'en profite pour vous rappeler qu'il a été tourné dans la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, un site que j'aimerais découvrir. C'est une veine que de pouvoir s'y rendre grâce au cinéma !

The rider
Film américain de Chloé Zhao (2017)

Rien de vraiment surprenant, mais c'est franchement du bel ouvrage ! J'adopte aisément une posture quasi-contemplative pour appréhender ce type de films à leur juste valeur, vous renvoyant donc avec plaisir vers Chloé Zhao et Les chansons que mes frères m'ont apprises. Autre suggestion, également consacrée aux Amérindiens et au titre voisin de celui du long-métrage du jour: The ride. Évasion garantie...

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Si vous souhaitez remonter la piste plus avant...
Vous pouvez chevaucher en bonne compagnie avec Pascale et Eeguab.

vendredi 24 juillet 2020

Déconfiné

L'aviez-vous compris ? J'ai consacré mes deux dernières chroniques aux premiers films que j'ai vus en salles depuis leur redémarrage. Comment ça s'est passé, chez vous ? Ici, c'était plus que tranquille. Six spectateurs à la première séance. Et tout juste cinq à la seconde !

Bien sûr, on ne peut pas encore être aussi nombreux que les Minions et leur drôle d'ami violet, mais ce n'est qu'une situation provisoire. J'espère donc qu'après lesdits rattrapages, les "vraies" sorties de l'été connaîtront un meilleur sort, mais je n'ai rien anticipé, à vrai dire. Seul le fait que je n'ai vu qu'une (petite) vingtaine de films au cinéma depuis début janvier témoigne de mon confinement passé. À suivre...

D'aucuns prétendent que juillet/août n'est pas la meilleure période pour voir des films sur grand écran, mais plonger dans mes archives m'apprend qu'une dizaine de séances a animé chacun de mes étés précédents. Et de fait, je suis en relative bonne voie pour récidiver ! Comme d'habitude, je suis d'ailleurs preneur de tous vos bons plans pour ne rien laisser passer d'essentiel. Oui, on s'en reparle très vite...

mercredi 22 juillet 2020

Un peu de magie

Intégrer la Walt Disney Company n'a pas nui à la créativité de Pixar. Cette année, le célèbre studio à la lampe nous offrira deux films d'animation ! J'ai eu la chance de rattraper le premier, En avant, sorti peu avant le confinement et, de ce fait, reprogrammé récemment. Pas de court-métrage préalable cette fois: on attaque direct le sujet !

Ian et Barley sont deux frères de la race des elfes. Dans un monde peuplé de créatures étranges, mais qui ressemble au nôtre, ils vivent leur adolescence en grand timide pour le cadet, en geek passionné d'histoires et rêvant donc d'aventures chevaleresques pour son aîné. Malheureusement, l'un et l'autre ont grandi sans père, ce dernier étant décédé prématurément des suites d'une maladie - un élément de scénario rarissime dans les longs-métrages animés "classiques". Surprise: quand Ian fête ses 16 ans, sa mère lui remet un paquet spécialement préparé pour l'occasion ! Et il s'avère que le rejeton inhibé pourrait posséder un pouvoir magique permettant à son papa de revenir de l'au-delà pour faire des adieux en bonne et due forme ! Je ne vous ferai pas l'affront de dévoiler ici et maintenant l'ensemble des péripéties qui s'ensuivront: les amateurs - et habitués - du genre devraient à coup sûr s'en délecter. Et les autres ? Aussi, à mon avis...

En prime, l'air de ne pas y toucher, le film délivre maints messages intéressants, sur la famille, la fraternité et le deuil, notamment. Presque toujours en mouvement, il montre que c'est collectivement que l'on peut dépasser les petits et grands aléas de la vie. Il est vrai que, sur ce plan, En avant ne réinvente pas le septième art: je dirais qu'il n'en a pas la prétention et ajoute que la qualité du spectacle demeure pour ainsi dire irréprochable, toute en couleurs. Le décorum magique n'est certes que gentiment dénaturé: hormis quelques fées et licornes agressives, aucune bestiole n'évolue ici "à contre-emploi". Vous pouvez donc emmener vos enfants au cinéma sans hésitation ! Après deux suites consécutives, je suis vraiment ravi que Pixar renoue avec un récit 100% original - et ce d'autant que l'autre film prévu cette année (en novembre) témoignera de la même audace créative. Hein ? Oui, je l'attends déjà avec une certaine impatience...

En avant
Film américain de Dan Scanlon (2020)

Du travail aussi propre qu'efficace et sensible: chez nos chers amis américains, Pixar est toujours au top quand il s'agit de livrer un film d'animation fédérateur pour toute la famille. Je dois bien reconnaître que j'avais préféré Coco, mais je ne veux pas bouder mon plaisir. Rappel: la magie est aussi à l'oeuvre en Europe, dans Le manoir magique par exemple, et encore au Japon (cf . Le garçon et la bête).

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En remontant maintenant le fil du temps...
Vous pourrez aussi trouver une (mini-)chronique du film chez Pascale.

lundi 20 juillet 2020

Le choix du canapé

Golshifteh Farahani aurait affirmé un jour qu'elle était bien capable de tout jouer... "sauf une Suédoise". Je ne suis pas arrivé à vérifier l'authenticité de cette citation, mais, pour tout dire, elle m'amuse. C'est donc sans problème que j'ai accepté de voir la belle Iranienne dans Un divan à Tunis. Aussi crédible que (presque) partout ailleurs !

Après quelques années d'exil en France, Selma revient dans son pays d'origine avec la ferme intention d'ouvrir un cabinet de psychanalyse sur le toit de la maison de son oncle ! Ce qui peut paraître farfelu s'avère finalement une bonne idée car, depuis l'épisode du Printemps arabe et la chute du président Ben Ali, les Tunisien(ne)s ont besoin d'écoute et de compréhension, leur parole étant soudain plus libre qu'elle ne l'avait été auparavant. Sur cette base, je m'étais imaginé que le film tournerait vite à la farce, mais je me suis rendu compte que je m'étais quelque peu fourvoyé. Sans renoncer à un humour gentiment caustique, Un divan à Tunis est plutôt une sorte de fable qu'une comédie. Parfois un tantinet décousu, le scénario a le mérite d'une certaine originalité et il m'a donc offert un assez bon moment...

Ce n'est pas un coup de maître, mais, en tant que tout premier film d'une jeune réalisatrice, un essai plutôt concluant et, dès lors, digne d'être salué. Je note - sans en être vraiment surpris - que la cinéaste est passée par le programme d'écriture de la Fémis, la célèbre école de cinéma parisienne. Plus étonnant, avant de réorienter sa carrière vers le septième art, Manele Labidi avait étudié les sciences politiques et travaillé dans la finance. C'est peut-être aussi pour cela qu'Un divan à Tunis sait également se montrer profond et sérieux. Est-il par ailleurs réaliste ? Tout à fait incapable d'évaluer la situation réelle de la Tunisie aujourd'hui, je crois mieux de dire "crédible". L'optimisme s'impose toutefois comme le message essentiel, la chute de l'histoire montrant une héroïne souriante et visiblement apaisée. Cette conclusion légère nous permet d'échapper à un prêchi-prêcha politique: c'est bien ainsi. Il ne semble pas nécessaire d'en rajouter...

Un divan à Tunis
Film franco-tunisien de Manele Labidi (2019)

Bon... ce n'est que le quatrième film tunisien évoqué sur les Bobines. Printemps tunisien se passe juste avant et La belle et la meute s'avère beaucoup plus sombre - à vous d'y revenir si ça vous tente. Dans le film du jour, j'ai retrouvé la tonalité très légèrement décalée d'un autre, lui aussi venu du Maghreb : Le miracle du saint inconnu. C'est certain: le cinéma (nord-)africain a des choses à nous raconter !

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Vous aimeriez aller plus loin ?
OK: vous pouvez compléter mon avis avec ceux de Pascale et Dasola.

samedi 18 juillet 2020

Indiana premier

Steven Spielberg ne serait-il qu'un vil copieur ? Je me suis souvenu qu'après l'une de mes chroniques sur Indiana Jones, l'ami CC Rider m'avait conseillé de me pencher sur Le secret des Incas. Chose faite voilà quelques jours, le film étant diffusé sur l'une des chaînes cinéma de mon fournisseur d'accès Internet en version française 100% kitsch !

Au Pérou, un ancien aviateur militaire sert de guide aux touristes ricains venus découvrir les trésors des civilisations précolombiennes. Notre homme a un complice, un filou qui semble aussi être pour lui une sorte de père spirituel - mais dont il se méfie à très juste titre ! Un peu roublard et pas toujours des plus honnêtes, il combine à l'envi et dans l'espoir de retrouver la trace d'importantes richesses cachées quelque part dans les montages andines. Il s'entiche d'une femme solitaire, soucieuse, elle, de trouver le moyen le plus rapide d'émigrer aux États-Unis et apparemment suivie de très près par un diplomate européen. Je vous avoue que j'ai (déjà) largement oublié les détails...

Impossible cependant de ne pas citer Yma Sumac, chanteuse lyrique péruvienne toute en vocalises suraiguës, mais personnage annexe. Avec la Française (!) Nicole Maurey, c'est bel et bien Charlton Heston qui tient ici le rôle principal, plein de masculinité vintage et cocasse. Visiblement, Le secret des Incas n'a pas eu l'occasion de bénéficier de l'une de ces campagnes de restauration qui donnent aux films anciens un éclat visuel comparable à celui des productions actuelles. Pour le dire simplement, plus de six décennies plus tard, les images accusent le poids des ans, même si la promenade au Machu Picchu reste plaisante. Le gros défaut du film ? Il est très et trop bavard. Même si je n'attendais pas à voir de l'action non-stop, j'avais espéré quelque chose d'un peu plus trépidant. Bon... je resterai indulgent dans ma notation, par respect pour le cinéma d'une époque révolue. Après tout, si Steven Spielberg s'en est inspiré, on peut s'en réjouir...

Le secret des Incas
Film américain de Jerry Hopper (1954)

Ce vrai/faux Indy n'est pas des plus sympathiques: j'ai trouvé franchement discutable la manière dont ils présentent les peuples sud-américains, par exemple. Il faut bien sûr re-con-tex-tu-a-li-ser ! Sous cette condition, le scénario est acceptable, bien qu'un peu mou. Je continue donc de préférer Les aventuriers de l'arche perdue. Sinon, comme plan B, il y a toujours le bon vieux Allan Quatermain...

jeudi 16 juillet 2020

Homard m'a tuer

Il faut être honnête: Yorgos Lanthimos semble plutôt avoir les faveurs de la critique professionnelle. Le cinéaste grec est aussi bien apprécié par ses pairs: The lobster lui a ainsi valu le Prix du jury à Cannes. C'est un ami de passage qui a voulu que nous regardions ce film étrange et parfois malsain. Disons-le: je n'ai que très peu accroché...

David sort d'une relation conjugale qui aura duré onze ans et un mois. Il est accueilli dans un hôtel exclusivement réservé aux célibataires. La société exige d'eux qu'ils reforment un couple dans les 45 jours maximum, faute de quoi ils seront alors transformés en un animal ! Dans cette hypothèse, David a donc choisi une possible réincarnation en homard. Soit ! Pour être honnête, le lancement de cette histoire m'a assez intrigué pour que je trouve tout cela (presque) intéressant. Tout est dans le "presque": The lobster m'a fait l'effet d'un soufflé vite retombé. Son petit univers tourne à vide: on y punit sévèrement celles et ceux qui préfèrent la masturbation à l'amour. Et voilà voilà...

Un temps, j'ai espéré que la seconde partie fasse décoller l'affaire. David fuit dans la forêt et y rencontre une autre communauté humaine où, à l'inverse, c'est la relation amoureuse qui est suspecte. Je vous passe les détails, mais je dois admettre que The lobster dispose d'un beau casting: Colin Farrell, Ariane Labed, Rachel Weisz, Léa Seydoux, John C. Reilly, Ben Whishaw et Olivia Colman en têtes d'affiche... faire encore mieux n'a rien de vraiment évident, de fait. Mon propos n'est pas de les dénigrer, mais je veux insister pour dire que, malgré leur présence, le film m'a ennuyé... et souvent déplu. J'avais déjà parlé d'un cinéma de "petit malin" et je me vois contraint à réitérer ce jugement aujourd'hui, face à ma totale incompréhension de l'intérêt que cette dystopie (soignée sur la forme) pourrait avoir. Maintenant, je reste à l'écoute de tout argument favorable, hein ? Oui, les films les plus improbables permettent parfois un riche débat !

The lobster
Film britannico-grec de Yorgos Lanthimos (2015)

Un mérite: celui d'un scénario relativement original, par comparaison avec le tout venant de la production cinématographique occidentale. Désolé: pour ma part, je n'arrive vraiment pas à crier au génie. Canine (du même cinéaste) était un objet singulier, mais marquant. Peut-être parce qu'il était grec à 100%, à l'inverse de La favorite. Résumons: ces films pour festivals auraient tendance à me dépasser !

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Je tiens donc à laisser s'exprimer d'autres opinions...
Pascale, Dasola, Laurent et Lui n'ont pas attendu pour livrer leur avis.

lundi 13 juillet 2020

Un monde à découvrir

Soulignons-le d'emblée: le film dont je vais vous parler aujourd'hui s'adresse plutôt aux enfants. Il a d'ailleurs pour personnage principal un gosse d'une dizaine d'années: William, qui vit avec ses parents scientifiques... dans un vaisseau spatial ! Un beau jour, un champ d'astéroïdes impose une évacuation d'urgence. Et le trio est séparé...

William est propulsé dans un tout autre univers, mais ouf ! Un robot l'accompagne dans la navette de secours: il est en relative sécurité avec ce compagnon mécanique. C'est l'occasion rêvée pour le bambin de devenir l'explorateur qu'il s'imaginait être dans ses jeux et sa vie d'avant. Oui, Terra Willy - Planète inconnue repose sur un scénario d'aventures extrêmement classique. Ce n'est pas grave: si le fond semble manquer d'un peu d'originalité, la forme se révèle si soignée que, pour ma part, je me suis aussitôt laisser embarquer par le récit. J'ajoute que Buck, le premier compagnon de voyage de William, parle avec la voix d'Édouard Baer: un excellent choix pour le phrasé guindé !

Et c'est une bonne situation, ça, droïde garde-chiourme ? Pas sûr. Vous imaginez bien que William va vivre bon nombre de péripéties. L'occasion d'une promenade dans un univers ultra-coloré, au rythme d'une bande son d'une indéniable efficacité. Allez... exception faite d'un ou deux gags "pipi-caca", bravo: le film ne prend pas les kids pour des imbéciles heureux. Cela mérite d'être souligné: l'animation française (et francophone) y gagne clairement une nouvelle oeuvre attachante, même si, c'est certain, d'autres sont plus profondes. J'espère qu'il n'y aura pas de suite: ce n'est pas nécessaire, je trouve. En réalité, la magie de ce petit film tient précisément à son unicité...

Terra Willy - Planète inconnue
Film français d'Éric Tosti (2019)

Une surprise ? Non, mais un long-métrage ludique, sympa, spontané. Mes quatre étoiles sont là pour témoigner d'un coup de coeur sincère pour un spectacle dont, à vrai dire, je ne suis pas le public premier. J'ai lu une critique qui comparait son univers particulier à celui d'Avatar (toutes proportions gardées): ce n'est pas idiot. Les mômes pourraient préférer E.T. ou, côté animés, Robots et Le géant de fer !

dimanche 12 juillet 2020

Très courts

L'idée m'est venue il y a quelques semaines: je me suis soudain dit que cela faisait longtemps que je n'avais pas vu de court-métrage. J'ai alors décidé d'en regarder une dizaine, en replay sur le site d'Arte.

En voici six de 2019, réalisés par des étudiants de l'École de cinéma de Berlin soutenus par la réalisatrice de Western, Valeska Grisebach ! Si j'ai bien suivi, il y a un thème commun - "Au-delà des frontières"...

Retour à l'Ouest (Boris Hadzija)
Deux bonnes idées dans ce film: montrer 1) que le port d'un uniforme de pacotille n'a rien d'amusant et 2) que la réunification de 1990 n'empêche pas les différences entre l'Est et l'Ouest de l'Allemagne. Notamment dans la vision que chacun pourrait avoir de l'ancien Mur...

À l'affût (Clara Zoë My-Linh von Arnim)
Un fils est parti chasser avec sa mère avec sur le coeur quelque chose de difficile à lui révéler. Il tergiverse jusqu'à ce qu'un autre garçon apparaisse, laissant la maman sans réaction. Un long silence s'ensuit. Pour dire que l'on se fait parfois une montagne pour rien, peut-être...

Lacrymosa (Gian Suhner)
Une jeune fille passe une audition de violon. Son petit copain essaye de la déstresser, mais avec des mots... qui lui décrivent le pire ! D'après ce que j'ai pu comprendre, il serait ici question de la façon dont chacun peut communiquer une émotion. Un peu nébuleux, oui...

En face (Ewa Wikiel)
Une jeune femme vit seule dans son appartement, en ville. Sa voisine plus âgée sonne chez elle pour lui demander de la pommade apaisante contre les brûlures. Le début d'une amitié ? Pas vraiment. Ce film suggère qu'on est parfois très seul. Un peu trop brièvement, en fait...

Le messager endormi (Florinda Frisardi)
Là aussi, il est question de solitude, avec le portrait d'une dame veuve, qui entre dans la chambre d'hôpital d'un jeune homme comateux. Son idée: pouvoir entrer en contact avec son mari décédé. Serait-elle elle-même un fantôme errant ? Peut-être ! Peut-être pas...

Réveil difficile (Gaya von Schwarze)
Elle se réveille dans un lit qui ne lui appartient pas. Pas de nouvelles de l'homme avec qui elle devait être au moment où elle s'est couchée. L'occasion d'enregistrer un message vidéo étonné avec l'ordinateur portable de l'absent. C'est presque tout ! Et en effet, c'est bien peu... 

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Une précision en conclusion...

Chacun de ces petits films dure entre 4 et 6 minutes. Il est possible que, dans un futur assez proche, je vous parle de courts... plus longs.

vendredi 10 juillet 2020

La mante

Il va véritablement falloir que je songe à réhabiliter Claude Chabrol. Ainsi que je vous le confiais récemment, j'ai eu du mal à accrocher aux films de ce cinéaste. Or, après L'enfer en avril, j'ai eu l'occasion de découvrir Rien ne va plus en juin et oui, j'ai plutôt bien aimé. Même si certains parlent d'un opus mineur dans la carrière du maître !

Ce qui m'a attiré ? D'abord, la perspective de revoir Michel Serrault. J'adorais ce grand acteur né la même année que mes grands-parents maternels (1928, pour info). Il s'amuse ici à jouer un drôle de duo avec Isabelle Huppert. Elle combine avec lui, drague des hommes supposément riches et leur propose alors de passer la nuit avec eux. Quand ces messieurs acceptent, un somnifère et hop: au dodo ! Entrée en scène du complice, vol de ce qui peut l'être sans risque exagéré et disparition dans la nature... le tout est rondement mené. Vous ne serez probablement pas surpris si je vous dis que la caméra place le spectateur au côté des malfaiteurs et les rend sympathiques. En tout cas, j'ai marché: Isabelle / Betty et Michel / Victor m'ont plu. Leur différence d'âge - 25 ans - ajoute à leur tandem un petit côté piquant, qui sert le film dès l'instant où la belle s'évade dans les bras d'un pigeon. Et titille la jalousie inquiète de son partenaire habituel...

Liée à un art consommé de la mise en scène, la malice chabrolienne fait des merveilles et donne d'emblée au film un tempo intéressant. Ainsi, assez rapidement, on se dit que les arnaqueurs associés pourraient bien, l'un et l'autre, ne plus respecter leur contrat commun. Trahison ? Je n'ai rien dit... et, de fait, ce n'est pas aussi simple. Comme à la roulette, disons que, parfois, les aléas sont défavorables et qu'il faut savoir s'arrêter pour ne pas finir plumé ! Le suspense proposé par Rien ne va plus n'est pas insoutenable, mais j'ai trouvé que les quelques rebondissements de l'intrigue étaient bien amenés. C'est aussi parce que, dans l'ensemble, les divers acteurs des rôles secondaires sont inspirés - cf. François Cluzet, Jean-François Balmer ou Jackie Berroyer pour citer les personnages les plus "développés". Bref, tout cela m'a bien diverti et, ma foi, c'est ce que j'espérais. Voir ou revoir un Chabrol plus sombre ? Je le ferai bien un jour ou l'autre...

Rien ne va plus
Film franco-suisse de Claude Chabrol (1997)

Allez hop, quatre étoiles, messieurs dames ! C'est le signe manifeste que je ne me suis pas ennuyé une seule seconde devant ce petit film joliment ficelé et parfaitement interprété. Du bon cinéma français. Dans un genre comparable, mais avec une mise en scène plus simple et disons fonctionnelle, j'avais aimé... Quatre étoiles, justement. Pour la filouterie de haut vol, L'arnaque va demeurer THE référence !

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Est-ce un film mineur, donc ?

Je ne partage pas cet avis, mais je le respecte (et le comprends). "L'oeil sur l'écran" publie un texte dans ce sens: je vous laisse juges...

mercredi 8 juillet 2020

Une journée en enfer

Allez savoir... John Cleese a peut-être entendu parler d'Alison Pereira. Pour ma part, j'ai bêtement abandonné l'idée d'assister à un concert du clarinettiste brésilien et j'ai passé une fin de soirée avec l'acteur anglais. Impossible pour moi de résister à la tentation Clockwise ! C'est un film (rare) qu'un ami m'avait recommandé il y a des lustres...

Le Monty Python John Cleese (présenté ainsi sur l'affiche "officielle") incarne ici le très strict proviseur d'un lycée ordinaire. Un rôle taillé sur mesure pour ce valeureux représentant du flegme britannique. Quand le film démarre, notre homme anticipe un jour qu'il qualifie d'historique: avec un soin quasi-maniaque, il prépare son discours d'investiture à la présidence d'une fameuse association de directeurs d'établissement. Mais, contre toute attente, sa légendaire ponctualité va soudain... être prise en défaut: Brian Stimpson manque le train qui devait le conduire, tout droit et à l'heure, vers la gloire suprême. Et pour nous, spectateurs, c'est naturellement une promesse de rire...

Vous l'aurez compris: Clockwise est bien évidemment une comédie. Je dois vous dire qu'elle ne m'a jamais fait m'esclaffer, mais l'humour de cette nature me convient assez bien, tout de même. John Cleese est évidemment presque le seul maître à bord, mais son registre s'avère plutôt étendu, basé tout à la fois sur les situations incongrues et le burlesque pur. En fait, c'est simple: je ne vois personne d'autre pour jouer ainsi les grands escogriffes dépassés par les événements. Du coup, ce n'est pas grave si le scénario ne va pas encore plus loin dans la folie: j'ai su apprécier le numéro d'acteur, point à la ligne. Petit bémol sur la fin, qui m'a laissé avec un (léger) goût d'inachevé. Rien de bien méchant: le film est proche de son "cahier des charges". À ce titre, il reste assez distrayant... et c'est toujours bon à prendre !

Clockwise
Film britannique de Christopher Morahan (1986)

Sans doute un peu trop centré sur son principal personnage, le film n'est pas tout à fait au niveau d'autres avec le même John Cleese. L'acteur fera mieux aussitôt après, avec Un poisson nommé Wanda et Erik le Viking (sortis, eux, en juillet 1988 et septembre 1989). Pour une série de catastrophes d'un autre type, il y a After hours. Tant qu'à faire, je tranche plutôt entre A serious man et... La party !

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Un petit lien pour clore le débat ?
Je vous laisse désormais lire l'avis du rédacteur de "L'oeil sur l'écran".

lundi 6 juillet 2020

Miam !

Le cinéma est un puits sans fond (et c'est une bonne nouvelle). Aujourd'hui encore, j'arrive encore à me laisser surprendre et séduire par des films dont j'ignorais tout à la veille de leur découverte ! Exemple récent: Arte m'a permis de savourer La grande cuisine. L'appétit m'était venu en y voyant Jean Rochefort et Philippe Noiret...

Produit par un groupe américain et soutenu aussi par des financiers allemands, cet étrange long-métrage a été réalisé par un Canadien d'origine bulgare ! Aux deux stars du cinéma français déjà citées quelques lignes plus haut, vous pouvez ajouter Jean-Pierre Cassel. Mais si j'ai choisi une photo du Britannique Robert Morley, c'est aussi parce que c'est avec lui que le film commence. Son rond personnage est critique culinaire, organisateur d'un très impressionnant banquet pour Sa Majesté la Reine et, à toute heure, gourmand comme quatre. C'est pour toutes ces raisons qu'il entretient une affection profonde pour une chef pâtissière qui pourrait être sa fille (euh... spirituelle). Une femme belle, douée - Jacqueline Bisset herself ! - et convoitée par plusieurs hommes, dont son ex-mari, en quête d'une partenaire économique pour lancer une vaste chaîne de restaurants spécialisés dans l'omelette. Résultat du mélange: une comédie policière enlevée !

Il y aura en effet quelques assassinats parmi les meilleures toques internationales. Pas question d'en dire plus: le film est certes loin d'être parfait en tous points, mais il est largement assez délectable pour que je vous conseille la dégustation sans consultation du menu. Un simple conseil: ne pas prendre La grande cuisine trop au sérieux. Ce que vous verrez est en effet aussi invraisemblable que loufoque. Sur le plan formel, peu de phases marquantes, mais diverses choses plutôt sympathiques quand même, dont une BO signée Henry Mancini. En résumé, je dois dire que je ne comprends pas véritablement pourquoi je n'avais jamais entendu parler de ce long-métrage auparavant. Ses petits défauts ne sauraient occulter ses qualités réelles: cet aimable divertissement porte très dignement ses 42 ans ! Et Rochefort / Noiret ? On les voit peu, mais ils sont une jolie cerise sur le gâteau. Le must étant la version originale anglaise, of course...

La grande cuisine
Film "américain" de Ted Kotcheff (1978)

Une vraie curiosité, mais elle est vraiment fort agréable en bouche ! C'est d'autant plus étonnant et détonant que le réalisateur est connu pour avoir été, à peine quatre années plus tard, celui de Rambo ! Dans l'esprit, le film d'aujourd'hui rappelle ce délire encore plus fou qu'est La grande course autour du monde. En cuisine, Soul Kitchen et #Chef m'ont bien plu. Mais, côté frenchy, je préfère Ratatouille...

samedi 4 juillet 2020

Lumbago

Autant vous le confirmer tout de suite: j'ai une véritable sympathie pour Jean-Pierre Améris. En effet, il y a déjà neuf ans, ce réalisateur français fut le premier à répondre à mes questions pour une parution sur les Bobines ! Je vous laisse voir en cliquant sur le lien et souhaite désormais vous présenter l'un de ses films (récents): Je vais mieux...

Adaptation d'un livre de David Foenkinos, ce film très "amérissien" raconte l'histoire de Laurent, un quinqua qu'un mal de dos intense accable subitement. Une galère qui survient pile quand notre homme doit assurer la présentation d'un projet à un gros client du cabinet d'architecture dont il est l'un des employés ! Cette déveine lui sert finalement de déclic: mal dans sa peau, il s'est trop fait marcher dessus pour être réellement heureux... et les médecins spécialistes ou autres magnétiseurs n'y pourront dès lors rien changer à eux seuls. Sur cette idée, JPA brode un petit film, sans grande ambition formelle et qui peut certainement plaire. Aux amateurs de comédies légères...

Que ce soit clair: cette fois, je ne suis pas resté béat d'admiration. L'aspect artisanal de cette petite heure et demie de cinéma m'a paru dans le droit fil de ce que le cinéaste nous propose d'habitude. J'imagine volontiers que les acteurs se sentent bien devant la caméra d'un type qui les respecte et les laisse travailler à leur manière. Sincèrement, j'ai trouvé Eric Elmosnino inspiré dans ce rôle (lunaire) de gars "coincé", au moins au sens premier du terme. J'ajoute juste que je n'ai jamais ri aux éclats, même si quelques scènes inattendues m'ont marqué positivement, comme celles avec Alice Pol, l'actrice vêtue d'un manteau rouge de la photo ci-dessus. Le casting féminin est bon dans l'ensemble, d'ailleurs, avec une mention toute spéciale aux interprètes de la femme et de la mère de Laurent - Judith El Zein et Lise Lametrie, parmi une jolie petite galerie d'autres personnages intéressants. Les hommes ? Je peux dire que j'ai été ravi de revoir quelques visages connus, tels ceux d'Henri Guybet et Sacha Bourdo. Je vais mieux est certes un petit film, mais on ne lui reprochera pas !

Je vais mieux
Film français de Jean-Pierre Améris (2018)

Peu de cinéastes français travaillent de cette façon, j'ai l'impression. Cette modestie me touche, d'où une petite demi-étoile en "bonus". Pour rappel, j'ai donc découvert Jean-Pierre Améris avec Les émotifs anonymes, avec le superbe duo Isabelle Carré / Benoît Poelvoorde. Notez qu'il travaille également pour le petit écran: cf. La joie de vivre avec cette fois Anaïs Demoustier et Swann Arlaud. À voir (ou revoir) !

jeudi 2 juillet 2020

Chiens fous

Je zappe (provisoirement ?) True romance et Tueurs nés, deux opus dont il a écrit le scénario. Je souhaite revenir aujourd'hui sur le film qui aura marqué les débuts de Quentin Tarantino comme réalisateur remarqué: Reservoir dogs. J'avais dû le voir au cinéma, à l'époque ! Bien du mal à réaliser que cela fera bientôt trois décennies entières...

D'aucuns disent que ce long-métrage est déjà nettement représentatif du style Tarantino. Pour ma part, j'en retiens deux caractéristiques essentielles: les longues séquences dialoguées et l'irruption soudaine d'une violence ultra-explicite, à coups de flingues et grands renforts d'hémoglobine. Reservoir dogs est déconseillé aux moins de 16 ans ! Au terme d'un casse qui a mal tourné, des braqueurs se retrouvent dans un entrepôt qui leur sert de planque. La situation générale s'avère plus que tendue: deux des malfrats sont visiblement restés sur le carreau, un autre se vide de son sang après avoir pris une balle lors de sa fuite et il est bien possible que les flics débarquent bientôt. À moins que ce soit le commanditaire du coup, qu'on imagine furieux que ses hommes de main aient foiré dans d'aussi grandes largeurs. Désormais habitué aux formats longs, QT concentre ici son intrigue en un peu plus d'une heure et demie. Oui, c'est nettement suffisant...

De toute la filmographie du gars Quentin, cette première réalisation est (de loin) celle qui a coûté le moins cher: 1,2 million de dollars. Pour les décors, hormis une rue et l'intérieur d'une grosse bagnole américaine, un restaurant, un bureau et un entrepôt, donc, ont suffi à façonner un univers convaincant. Comme d'autres, Reservoir dogs est d'abord un film d'acteurs: placé en tête d'affiche, Harvey Keitel cumule les postes de comédien et producteur, mais il est vite rejoint par Tim Roth, Steve Buscemi ou bien Michael Madsen - entre autres. Les amateurs vous diront que le film est au moins aussi savoureux qu'un grand Sprite et un Big Burger de chez Kahuna ! Je dois admettre que, de mon côté, je ne suis toujours pas véritablement convaincu. J'apprécie le côté geek, mais je trouve qu'il n'en sort pas grand-chose de follement intéressant: en réalité, l'exercice de style tourne à vide. Après, je ne dis pas: il est bien possible que cette manière de filmer et de raconter une histoire porte l'esthétique du début des années 90. Affirmer que je regrette ce choix d'un soir serait tout à fait excessif !

Reservoir dogs
Film américain de Quentin Tarantino (1992)

Je suis étonné, mais je ne trouve pas facilement d'opus comparable. Multi-référencé, le cinéma de QT m'agace un peu, mais ce film mérite d'être vu, au moins parce que c'est donc le tout premier d'un auteur désormais porté au firmament (et qui veut se consacrer à la critique). Au gré d'une décennie riche en gangsters, je préfère cependant ceux d'autres films comme Les affranchis, L'impasse et Miller's crossing !

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Et si vous voulez allez plus loin...
Vous verrez que Dasola et Vincent ont (brièvement) évoqué le film. Court, l'avis de "L'oeil sur l'écran" est plutôt négatif... et a fait réagir.