mardi 31 mars 2009

Un vieux père et ses enfants

L'histoire est assez ordinaire. Wendy et Jon, un frère et une soeur quadragénaires, n'ont subitement plus d'autre choix que de s'occuper de leur père. Sa compagne décédée, Lenny doit quitter la maison qu'ils occupaient tous deux et, pour ne rien arranger, le pauvre vieux est atteint de démence sénile. Toute la question est de savoir comment ses enfants, dont il ne s'est jamais réellement soucié, vont s'organiser pour lui assurer une fin de vie décente. Cette situation très quotidienne, à laquelle sont sans doute confrontées des milliers de familles, c'est aussi le point de départ d'un film que j'ai vu samedi dernier en DVD: La famille Savage. Sorti au cinéma en 2007, j'avoue qu'il m'avait totalement échappé. Je suis donc parti sans a priori.

Une fois de plus, c'est donc sur le feeling du moment que mon choix s'est porté sur cette oeuvre totalement inconnue. Lire la jaquette a aussitôt suffi à me donner envie de la découvrir et, cette fois, je n'ai pas eu à regretter d'avoir suivi mon impulsion. J'ai en effet trouvé que La famille Savage était un très beau film. Même si le thème général n'est à l'évidence pas "aisé", Tamara Jenkins, réalisatrice, s'en sort admirablement pour l'aborder sans tomber dans l'émotion facile. C'est au contraire avec beaucoup de finesse que ce film parle de la mort, comme quelque chose qui finalement vous tombe dessus et qu'il faut en quelque sorte gérer "sur le tas", sans avoir appris, sans qu'une méthode soit réellement applicable. Désemparés, Wendy et Jon le sont à l'évidence. Cruels et égoïstes, peut-être aussi. Mais au fond, leurs imperfections s'expliquent: ils sont juste humains...

Pour parvenir à amener un peu de positif dans ce ressort dramatique, il me semble évident qu'il fallait de très bons acteurs. C'est le cas ici. Dans le rôle du père, j'ai découvert Philip Bosco, absolument impeccable. Les enfants, eux, joués par Laura Linney et Philip Seymour Hoffman, sont exactement dans le bon ton aussi. Autour de ce trio gravite évidemment une série de protagonistes secondaires, membres de la famille, infirmiers ou bien pensionnaires de maison de retraite. Autant de petits rôles et aucun pour plomber le film d'une quelconque façon. Ce qui fait que vous ne le serez pas davantage en regardant La famille Savage. Pas question bien entendu de rire aux éclats devant cette réussite cinématographique, ni même d'y passer ce que j'appelle généralement un bon moment. J'insiste toutefois: pour ouvrir sa réflexion à un thème social sérieux, le film est vraiment à conseiller. Sans doute parce qu'il a finalement beaucoup de tendresse pour ses personnages. Des êtres auxquels chacun de nous peut, un jour ou l'autre, ressembler...

samedi 28 mars 2009

Ambivalence du sentiment amoureux

"Tu as regardé le reportage sur la justice de Monaco ?". Trois fois cette semaine, on m'a posé la question. J'ai répondu que je ne savais même pas qu'un tel reportage était diffusé. Et que, de toute façon, vu que je regarde peu la télé, il aurait été étonnant que je tombe dessus. Les paradoxes de la vie font que, ce soir-là, pourtant, j'étais bien devant ma petite lucarne. Après un zapping exhaustif, et avec quelques hésitations, je me suis arrêté sur Gulli et installé devant Nos plus belles années. L'autre coïncidence sera donc que je passe ici d'un film avec Sydney Pollack à un film réalisé par Sydney Pollack (produit en 1973). En fait, de prime abord, je me suis d'abord arrêté sur l'aspect "film avec Robert Redford". Et même si j'en ai loupé vingt minutes, je ne regrette pas d'avoir dérogé à mes habitudes.

Nos plus belles années, donc. L'image ci-dessus doit vous avoir fait comprendre qu'il s'agit d'un film romantique. Barbra Streisand, elle aussi, résiste mal au charme de Robert Redford. Issus de mondes différents, la femme et l'homme se cherchent, se testent et finissent évidemment par s'aimer. Gnagnan ? Certainement pas. Car l'histoire commence un soir où l'homme a trop bu et où la femme en profite pour se glisser dans son lit. Moitié endormi, il lui fait alors l'amour sans s'en rendre compte, ce qu'elle n'oublie pas, mais ce qui lui fait mal aussi. Le scénario d'Arthur Laurents joue sur les deux tableaux. Pour Katie et Hubbell, l'amour n'est jamais un sentiment facile. Et l'enthousiasme des premiers moments cède vite la place à la routine, l'incompréhension, le conflit... malgré l'amour persistant.

Nos plus belles années ? Peut-être un film sur la passion, l'attirance des contraires, l'ambivalence des sentiments. Dans le genre comédie romantique, il m'a fait penser à Diamants sur canapé, où il est aussi suggéré qu'il est tout à la fois facile et douloureux d'aimer - relisez ma chronique du 12 janvier. Différence majeure avec Blake Edwards, Sydney Pollack ne cède pas à l'envie d'un happy end. Je ne vous dirai pas exactement comment finit cette histoire. Sachez juste que la fin ne semble rien régler de manière définitive. Chacun la lira en fait comme il le voudra, comme un espoir maintenu ou, au contraire, comme le retour des personnages à un schéma classique de relation, schéma qui, tout au long du film, peut sembler tout à fait illusoire. Bref... si, 36 ans après, ce film ne brille pas par sa modernité, je l'ai regardé avec grand plaisir, comme une page particulière de l'histoire du cinéma. Finalement, oui, c'est agréable de voir ce genre d'oeuvres à la télé en prime time. Et tant pis pour la justice à Monaco...

mercredi 25 mars 2009

Pixar 1 - Dreamworks 0

On se calme ! C'est une boutaaaade ! Vous vous souvenez peut-être que je vous ai déjà expliqué ici combien je trouvais franchement idiote la guéguerre qu'une partie du public essaye d'entretenir entre les deux studios de dessins animés américains. Résumons en disant que c'est pour moi aussi stérile que de vouloir opposer les Beatles aux Rolling Stones ou, pour une comparaison "7ème art", le travail des réalisateurs français à celui de leurs homologues américains. Alors, pourquoi diable est-ce que je lance ce titre provocateur ? Simplement pour introduire avec force l'idée que Pixar s'est montré plus rapide que Dreamworks à imposer une de ses oeuvres originales comme... film d'ouverture du Festival de Cannes ! Rendez-vous fixé aux heureux professionnels de la profession le 13 mai prochain.

Le nom (original) du film tient en deux lettres: Up. C'est à peine plus long en version française: nous, nous irons voir Là-haut. C'est donc la première fois qu'un film d'animation ouvre sur la Croisette. J'avoue qu'un doute persiste dans mon esprit: j'ai lu que l'oeuvre "pixarienne" pourrait également faire partie de la compétition officielle. Or, mais je dois encore chercher à le vérifier, il me semble que le film d'ouverture du Festival ne peut prétendre à aucun prix par la suite. Bref... ce qui est sûr, c'est nous aurons l'occasion de découvrir l'histoire d'un vieux monsieur qui cherche à s'envoler pour l'Amérique du Sud, en accrochant des ballons à sa maison (!). Pour cela, pauvres de nous qui ne sommes pas festivaliers cannois, il faudra attendre minimum quatre mois et quatre jours encore, jusqu'au 29 juillet.

lundi 23 mars 2009

Le frère d'Erin Brockovich ?

Bon, allez, soyons clair d'entrée de jeu, ça posera les choses. Plantage de décor. De ce que j'en connais, je peux dire que j'aime bien le travail de Steven Soderbergh et que j'ai apprécié la plupart des films que j'ai vus avec George Clooney. De mémoire, j'ajouterai que, quand les deux s'associent, quand le premier tourne ou produit un truc avec le second, je me régale. Soderbergh en producteur et Clooney comme acteur: c'est bien le duo du film dont je vous parlerai ce soir, Michael Clayton. Sorti en octobre 2007 au cinéma, je l'avais alors manqué. Je me suis rattrapé avec le DVD il y a huit jours.

Pas facile de rentrer dans cette histoire. Dans les premiers instants du film, on découvre donc le héros, un avocat semble-t-il efficace aux méthodes a priori honnêtes mais pourtant obscures. Et bam ! Bientôt, voilà que la voiture de ce cher maître explose ! Pourquoi ? Comment ? C'est tout ce que va patiemment expliquer le scénario, assez tordu il est vrai, d'autant que vite déroulé en flash-back. Michael Clayton, un homme qui en savait trop ? C'est ça, pile-poil. Et l'intérêt du film, c'est que, de prime abord, il n'en sait pas tant que ça. Et qu'il considère comme fou celui de ses confrères qui, lui, sait déjà et veut le convaincre. Désolé, mais je refuse d'en dire plus. Regardez le film pour comprendre, ce sera plus simple. J'espère.

Un mot sur la forme, tout de même. D'abord, je délivre une mention spéciale à une actrice que je suis en train de découvrir et dont j'ai eu à apprécier la justesse dans des registres très différents. Je veux parler de Tilda Swinton, qui n'a certainement pas choisi la facilité quand elle a pris ce rôle d'avocate cynique et finalement couarde. Pour le reste, et à l'image d'ailleurs de cet autre personnage, le ton général est assez austère, il faut bien le dire. Précision importante: pour moi, ce n'est pas ici un défaut. Au contraire, cette ambiance colle bien au propos. Pour enfin expliquer mon titre et faire du coup une comparaison cinématographique, je dirais que Michael Clayton est une sorte d'Erin Brockovich en plus obscur... et moins sexy. Hé ! Tiens, tiens... un autre film de Soderbergh ! Est-ce parce qu'elle a jaugé le second en comparaison du premier ? Peut-être bien. Le fait est que la critique ne semble pas s'être emballée pour ce Clooney. Moi, je le défends. Ce n'est pas le film du siècle, mais c'est juste assez retors pour y prendre plaisir... à condition de suivre, bien sûr !

vendredi 20 mars 2009

Le catch pour la vie

Ce soir, un autre des films dont la critique a beaucoup parlé au cours de ce premier trimestre 2009: The Wrestler, de Darren Aronofsky. Une oeuvre qui mérite incontestablement le détour, la première que je découvre parmi les quatre du réalisateur et scénariste américain. Je suis presque certain que vous en aurez au moins entendu parler grâce au retour à l'écran de Mickey Rourke, acteur principal candidat à l'Oscar pour ce rôle de catcheur en fin de carrière. Il faut dire d'emblée que, de ce personnage très intéressant, l'acteur a su livrer une interprétation exceptionnelle. Sauf à considérer bien entendu que c'est le contraire: ce serait alors parce que le personnage est déjà une merveille que Rourke a pu revenir du diable vauvert pour lui donner corps de manière particulièrement réussie. Mais peu importe dans le fond la manière dont on le tourne: je considère avoir pu découvrir un grand comédien dans un magnifique film. Avant, j'avais déjà un bon feeling pour ce long métrage. Vous aurez donc compris que je ne n'ai pas été déçu.

Cela étant dit, quelques mots de plus sur le scénario: Randy Robinson est donc un catcheur à la dérive. Sa légende n'a pas franchement faibli, sa notoriété non plus, mais notre héros n'est plus que l'ombre de lui-même, une espèce de mort-vivant "shooté" aux médicaments et vivant seul dans une vague caravane. Le Bélier catche encore parce qu'il ne sait faire que ça. Dans cette vie, sa seule distraction est d'aller boire des coups dans un bar à filles et d'y faire mollement du gringue à Cassidy, une gogo danceuse (Marisa Tomei, parfaite !). Bref: n'y allez pas un soir de déprime, The Wrestler est vraiment tout sauf un film drôle, même s'il arrive - rarement - que l'on sourit de certaines situations, comme celle où Robinson et un ami font leurs courses pour préparer les prises de leur prochain combat. Darren Aronofsky signe bien un film dur, noir et je dirais même violent. Sur le ring, ça triche, certes, mais ça saigne pour de vrai. Et en dehors, la société assène des coups encore plus rudes, du genre de ceux dont on ne se relève pas toujours...

On a pu dire, ici et là, que Mickey Rourke joue en fait un personnage qui lui ressemble, qui pourrait être lui. Possible, en effet: il est vrai qu'il n'avait plus attiré les projecteurs depuis bien longtemps, et c'est d'ailleurs ce qui rend son jeu encore plus remarquable. Physiquement au moins, l'acteur a changé, lui aussi: le sex symbol qu'il était a pris un sacré coup de vieux. Choquant, certes, mais diablement efficace pour endosser le costume de Randy Robinson ! Autre réussite formelle de The Wrestler: la prise de vue. C'est quelque peu déroutant au départ, mais Darren Aronofsky a choisi d'alterner plans tournés à l'épaule et images plus "classiques". Une fois qu'on a pris l'habitude, cela donne, je crois, une force assez singulière au film, car cela rapproche le spectateur du héros, de ses émotions, espoirs et souffrances. En un mot comme en cent, une oeuvre très poignante est sortie de ce scénario difficile. Sa conclusion m'est apparue franchement désespérée même si, pour être honnête, la porte reste ouverte à l'imagination, et, dès lors, à une autre interprétation. Raison de plus, si toutefois vous vous sentez prêts à affronter certaines scènes, pour découvrir ce long métrage atypique, doté d'une grande puissance émotionnelle et artistique.

lundi 16 mars 2009

Eastwood, au final

Cinq ans. Ses fans auront dû attendre cinq ans avant d'enfin revoir Clint Eastwood devant une caméra. Sachant que l'acteur-réalisateur est sans doute l'un des artistes (vivants) que j'admire le plus éperdument, il va sans dire que je ne pouvais manquer ce retour. Ainsi, de longue date, avais-je donc programmé de voir Gran Torino dans un cinéma. L'intrigue m'importait peu, dans le fond. Deux mots quand même: le film illustre la manière dont un vétéran foncièrement raciste de la guerre de Corée finit par se prendre d'affection pour un jeune homme d'origine asiatique de son quartier. Plus que cette histoire, c'est plutôt la perspective de ne découvrir qu'en DVD - ou pire, à la télé - le dernier rôle de mon acteur préféré qui m'a paru trop repoussante et qui m'a dès lors motivé à rejoindre la salle la plus proche dans un délai le plus court possible. Cinq ans après Million dollar baby, j'étais au rendez-vous. Je me suis même offert une séance en version originale pour garantir un plaisir authentique. Après coup, je dois dire qu'à chaud, j'ai été légèrement moins enthousiaste que je l'espérais. Puisque Clint Eastwood est aussi le réalisateur de ce film, je commencerai par dire que ce n'est pas son meilleur. Il me faut certainement expliquer pourquoi.

Je crois en fait que la raison principale de ce constat premier tient pour beaucoup aux yeux que j'ai portés sur cette nouvelle création eastwoodienne. En me sevrant de sa présence cinq longues années durant, Clint Eastwood a créé un manque. Du coup, et presque fatalement, j'ai d'abord vu Gran Torino dans un état d'esprit particulier, comme "le nouveau film de Clint". Rien d'autre. Conséquence: avant d'apprécier le personnage Walt Kowalsky, j'ai d'abord vu l'acteur lui-même. J'ai mis un temps certain avant d'entrer dans l'histoire, à m'imprégner suffisamment de l'intrigue pour faire davantage attention au scénario - et alors aux autres comédiens - qu'à celui dont j'avais tant attendu le retour. Logique, sans doute, et peut-être injuste, aussi, pour cette oeuvre qui n'est évidemment pas seulement l'ultime tour de piste d'un des derniers monstres sacrés. Pour ma défense, et pour la défense du film, je soulignerai toutefois qu'Eastwood s'oublie décidément difficilement derrière sa création, tant cette dernière reprend un nombre important de ses thèmes classiques: corruption et/ou inefficacité des élites, apport discutable de la religion, ambiguïté du héros, inanité de certains rapports familiaux, entre autres. Les fidèles sont ici en terrain connu.

J'ai parlé plus haut de Million dollar baby. En somme, Gran Torino sort du même moule. Les deux longs métrages sont bien construits d'une façon similaire, avec au départ l'arrivée d'un élément perturbateur dans la vie rangée d'un personnage solitaire, précédant un lent rapprochement de mondes a priori antagonistes, la rupture scénaristique sur la base d'un drame et le parcours final du héros vers une possible rédemption. Sur ce schéma que je considère définitivement très eastwoodien, on retrouve aussi un certain regard sur l'Amérique d'aujourd'hui, ce qui rend parfois la démarche un peu balourde, mais incontestablement sincère et donc touchante. Au vu de son travail et de ses évolutions, j'ai tendance à penser aujourd'hui que Clint Eastwood est sans doute un Républicain conservateur, mais à qui la vieillesse semble apporter un certain apaisement. Franchement antipathique au début, à la limite même du grotesque, son personnage devient ainsi de plus en plus humain, de plus en plus ouvert d'esprit, jusqu'à délivrer un message sous forme de sacrifice. On a le droit de trouver ça caricatural, voire outrancier. Reproches assez classiques, d'aucuns diront à coup sûr que, dans l'académisme comme dans le pathos, la star va trop loin et finit par s'autoparodier. Dans les deux cas, et surtout le second, ce n'est d'ailleurs pas entièrement faux. Pour ma part, je considère qu'il est permis d'y voir aussi l'aboutissement d'un cheminement personnel, le résumé d'oeuvres précédentes, la synthèse de multiples pensées intimes. Gran Torino n'est pas un film parfait, c'est sûr, mais je me suis décidé à le laisser mûrir dans mon esprit, pour le revoir, sans doute avec plaisir, d'ici quelques années. Juste le temps qu'il me faudra pour l'apprécier autrement que comme le dernier opus de ce qui est assurément pour moi l'une des plus belles filmographies d'Hollywood.

samedi 14 mars 2009

Les malheurs de Terry

Je n'irai pas voir tous ses films, mais il fait partie des réalisateurs dont j'essaye de suivre le travail avec une certaine assiduité. Si j'ai bonne mémoire, j'ai rencontré Terry Gilliam au début des années 1990, avec le merveilleux Fisher King, sur le podium de mes films préférés, et qu'il faudra bien que je chronique ici un jour. Ou bien était-ce avec Les aventures du baron de Münchhausen, sorti peu avant ? Peu importe. Si je reste parfois assez hermétique à l'univers de l'ancien Monty Python, je lui reconnais un certain talent graphique, accompagné de réelles prises de risques artistiques. Ceci expliquant peut-être le fait que bon nombre de ses projets cinématographiques se cassent la figure, avec parfois pour résultat un Lost in la Mancha, chronique du tournage raté d'un Don Quichotte avec Jean Rochefort et Johnny Depp, qu'il me faut encore découvrir. Et dont, soit dit en passant, le projet vient d'ailleurs d'être relancé. Mais c'est une autre histoire...

Celle que je veux vous raconter aujourd'hui, c'est celle du prochain Terry Gilliam attendu sur les écrans: L'imaginarium du docteur Parnassus. Beaucoup attendent ce film pour revoir une dernière fois l'acteur principal, Heath Ledger, mort il y a un peu plus d'un an maintenant et récent lauréat de l'Oscar du meilleur second rôle 2009 (pour un autre film, The dark night, voir chronique du 24 février). Dernièrement, j'ai appris avec surprise que le long métrage cherchait encore un distributeur aux Etats-Unis. Il semble qu'il en ait heureusement déjà trouvé un en France: la sortie sur nos écrans est attendue pour le 11 novembre prochain. Il est clair que notre ami réalisateur est passé tout près d'un nouveau flop. Pour finir le film après le décès de sa star, il a fait appel à... trois autres comédiens ! Et pas des moindres: Jude Law, Colin Farrell et Johnny Depp alterneront ainsi devant la caméra. Il me tarde de voir le résultat.

mardi 10 mars 2009

Un amour hors du temps

Je doute que vous ayez pu y échapper. Avec le recul, la déferlante médiatique qui a accompagné la sortie en salles du très attendu L'étrange histoire de Benjamin Button me paraît tout à fait justifiée. D'occasions ratées en reports, j'ai patienté un moment avant d'aller voir le film, mais je tenais à découvrir cette histoire dans un cinéma. Je crois qu'il est encore à l'affiche, d'ailleurs. Ainsi aurait-il pu être envisagé de retarder l'échéance du "Je l'ai vu", et ce malgré mon impatience croissante. Ce qui est sûr, c'est que c'est l'un des films que j'ai préférés dans tous ceux que j'ai chroniqués jusqu'ici cette année. Peut-être même le numéro 1 de la liste. Maintenant, le restera-t-il jusqu'à la toute fin du mois de décembre ? Je vous invite cordialement à revenir régulièrement ici le constater par vous-même. Disons en tout cas que la barre a été placée très haute à mes yeux, que David Fincher a signé là une oeuvre qui m'a profondément marqué. Une oeuvre qui parle tout à la fois d'amour et de vie, de mort et de chagrin, de désarroi et d'espoir. Énumération assez triviale, d'ailleurs, par rapport à tout ce bouquet de sentiments que véhiculent ces presque trois heures de grand cinéma...

Comme vous le savez sûrement, le point de départ de cette histoire est la naissance d'un bébé au visage de vieillard. Orphelin de mère, abandonné par son père à la naissance un soir de 1918, le nourrisson est recueilli par une Mamma afro-américaine. Et alors que le médecin ne lui donne que peu de temps à vivre, il va grandir en sens inverse. En clair, L'étrange histoire de Benjamin Button, c'est donc bien celle d'un enfant qui vieillit en rajeunissant. A mesure que les années passent, lui qui devient vieux paraît de plus en plus jeune. Surtout, ne cherchez pas d'explication rationnelle - ou même fantaisiste - dans le film: il n'y en a pas. Très franchement, d'ailleurs, c'est aussi ce qui donne sa force à cette idée. Il faut bien sûr accepter l'impossible dès le départ mais, une fois ce postulat admis, on oublie totalement sa complète invraisemblance. Et, très vite, on se fascine pour le destin incroyable de cet être différent. Surtout bien sûr lorsque se constitue enfin le duo qu'il crée avec Daisy, qu'on peut évidemment appeler la femme de sa vie...

Si je reconnais que j'aime beaucoup Brad Pitt, je dois aussi admettre que je me sens de plus en plus ébloui par Cate Blanchett, femme d'une incroyable beauté et de talents multiples. Sans doute lui suis-je redevable d'une bonne partie du plaisir que j'ai pris à voir ce film. Même si elle n'est pas forcément crédible au départ, dans la peau d'un personnage de 23 ans, son jeu suffit à faire oublier qu'elle en a déjà presque 40. Je crois tenir là une des preuves de la réussite formelle de L'étrange histoire de Benjamin Button. Brad Pitt joue sur du velours: à mesure qu'il perd ses rides, il devient ce qu'il est, c'est-à-dire un très bel homme, que David Fincher a même su rajeunir ! Cate Blanchett, elle, voit sa peau se faner et a sans doute pris un certain risque avec ce personnage. Or, ce genre de risques, c'est pour moi la quintessence même du cinéma ! Jouer, je pense, c'est se transformer en s'oubliant, créer autrui à partir de soi-même. Et sur cette seule définition, je dirais que le film est magnifiquement réussi. Ajoutez-y une bonne dose d'émotions et une très belle galerie de rôles secondaires: j'insiste, voilà l'un des films les plus marquants de ceux que j'ai eu l'occasion de voir dernièrement. Il ne me reste plus qu'à attendre le DVD, en lisant - pourquoi pas ? - la nouvelle signée Francis Scott Fitzgerald, dont il est, d'après ce que j'ai pu apprendre à droite à gauche, une adaptation assez lointaine...

dimanche 8 mars 2009

San Francisco oui, mais...

Quarante ans: c'est l'âge de Bullitt, un film de Peter Yates que j'ai découvert en DVD. J'en attendais beaucoup, trop peut-être. La faute à Steve McQueen, dont je n'ai finalement vu que peu de films, mais dont je connais l'élogieuse réputation. M'est avis que quarante ans plus tôt, cette production que j'ai trouvée moyenne me serait sans doute apparue différemment. Attention: je ne dis pas que c'est mauvais. Simplement, j'en attendais autre chose, comme un peu plus d'action sans doute. Est-ce l'effet de la VO ? Celui de la fatigue ? Ou un juste mélange des deux ? Ce qui est sûr, c'est que le film m'a paru lent, un peu embrouillé et d'un enjeu somme toute assez limité. D'accord, je sais, il y a bien une course-poursuite du genre mythique dans les rues de San Francisco, mais... je ne sais pas, ça n'a pas spécialement réveillé mon intérêt pour cette histoire.

Cette histoire, quelle est-elle ? Celle du lieutenant Bullitt, donc, qu'un homme politique ambitieux charge de protéger un témoin important dans une affaire criminelle. Bien entendu, ledit témoin va rapidement se faire dessouder. Enfin, non, ce n'est pas très rapide. Justement. D'abord on lui tire dessus dans sa chambre d'hôtel, ensuite, on l'achève à l'hôpital. Et le protecteur feinté se retrouve donc en délicatesse, qualifié d'incompétent. Le film se termine ensuite sur un retournement de situation, mais je n'ai pas franchement accroché non plus à ses enjeux. Du coup, je ne serai pas autrement surpris de me faire incendier par ceux qui apprécient ce genre de films anciens. Que voulez-vous ? Encore une fois, pas question pour moi de dire que je trouve ça nul, juste que ça ne m'a pas scotché au fauteuil. Note pour les cinéphiles avertis: je reste preneur de conseils pour d'autres films avec Steve McQueen.

Que sauver de Bullitt ? Peut-être son côté précurseur. La poursuite déjà évoquée a ostensiblement servi de modèle à d'autres scènes. J'en veux pour preuve que, sans avoir vu le film, j'avais déjà en tête des images comparables de voitures rebondissant dans les rues pentues de San Francisco. Il y a aussi un passage de nuit sur la piste d'un aéroport qui m'a rappelé des souvenirs. Et replonger fictivement dans la fin des années 60 a du charme: on retrouve bien évidemment les looks de l'époque, les musiques de l'époque, ce que j'appellerai une certaine idée du style et, bien sûr, du cinéma. Je laisse donc volontiers ce long métrage à sa place dans la grande et belle histoire du septième art: j'ai tout lieu de croire qu'elle n'est pas usurpée. Cette première vision m'a certes laissé un peu froid, mais peut-être juste parce que je ne suis pas spécialement client de ce genre. Désormais, j'aurai au moins ce film-là en base de comparaison(s). C'est important, les références, non ?

vendredi 6 mars 2009

Nanar à l'italienne

Un titre un peu provocant, aujourd'hui. Et peut-être qu'il suscitera dès lors quelques commentaires. La définition même du mot "nanar" porte à controverse. Pour certains, il s'agit de qualifier un film franchement quelconque et de ce fait particulièrement dispensable. Pour d'autres, au contraire, d'évoquer une oeuvre certes médiocre, mais du coup finalement attachante. Un peu comme si ses créateurs devenaient sympathiques du fait de l'inadéquation entre l'ambition affichée de leur travail, énorme, et le résultat final, décevant, voire ridicule. Nanar, nom masculin, mauvais film sans intérêt: c'est l'idée du Littré, mon dictionnaire de référence. En clair, pas de bémol. Soyez déjà prévenus que je n'aurai pas beaucoup plus de nuances pour Vendetta romana, le film dont je vais vous parler aujourd'hui.

Comme son nom l'indique, et comme mon titre le souligne d'emblée, ce long métrage est donc italien. Le premier truc que je veux relever, c'est qu'en Italie, il est juste sorti... sous un autre nom ! Cemento armato, en l'occurrence, c'est-à-dire béton armé, un choix un peu plus imagé que la vengeance romaine dont il est question dans la version "française". Bon, même s'il dissimule sa médiocrité derrière un titre "spaghetti", au moins, le film y annonce la couleur. Ce sera le rouge vif du sang qui coule. Et pourquoi coule-t-il ici ? Parce que Diego, un jeune Romain un peu loulou, a commis l'erreur d'esquinter la voiture d'un parrain de la mafia. Et aussi, ensuite, que ce même parrain, tenez-vous bien, a dîné (par un pur hasard !) dans le restaurant de la copine de Diego... avant de la violer. Compris ? Incroyable mais vrai, la vengeance dont il est question, c'est bien celle de Diego. Je vous passe la manière dont les deux protagonistes se cherchent tout au long du film, je n'ai pas trouvé ça intéressant. Et j'ai rapidement imaginé comment tout cela allait finir.

Soyons franc. Finalement, le happy end attendu n'arrive pas. Et non ! Que se passe-t-il ? J'épargnerai là encore les détails de l'intrigue. Après tout, je n'ai pas la science infuse: certains d'entre vous pourraient aimer, ne pas se décourager devant le ton volontairement ironique de ma chronique. Sachez donc au moins que le gentil Diego en termine avec une sorte de geste chevaleresque, ultime réflexe d'amour pour sa petite amie. Très énervé par tout ce qui est arrivé, il se venge au final d'une manière pour le moins définitive, c'est vrai, mais aussi, et c'est là que le bât blesse, bien peu crédible, trop caricaturale. Comme si rien ne le retenait à la vie. Stop ! Je parle trop. Je vous laisse découvrir (ou pas) cette Vendetta romana. J'avoue pour ma part être content de n'avoir fait qu'emprunter le DVD car, malgré les promesses de la jaquette, le film m'a vraiment paru tiré par les cheveux et assez mal joué. Je suis d'autant plus dépité après coup que j'avais un bon feeling et que j'étais aussi content d'avoir l'occasion de découvrir une oeuvre venue d'Italie. Basta cosi. Je tâcherai de mieux choisir la prochaine fois...

lundi 2 mars 2009

Alatriste, en effet...

Les fans d'Arturo Perez-Reverte vont peut-être me tomber dessus. Tant pis ! Je dois dire la vérité et admettre que je n'ai pas (encore) lu la série des "Capitaine Alatriste". Je crois pourtant avoir déjà essayé de m'y mettre et, si mes souvenirs sont exacts, ne pas être allé plus loin que quelques pages. J'ai un doute. Confusion possible avec un autre roman du même écrivain (Club Dumas ?). Bref. Tout ça pour dire que mon premier contact avec l'auteur espagnol aura finalement été cinématographique. L'autre jour, j'ai en effet regardé Capitaine Alatriste, le film. Après coup, j'ai parcouru un nombre impressionnant de critiques de lecteurs déçus par cette adaptation. Impossible, vous l'avez compris, de donner mon avis sur ce point ! Aussi, je vais me contenter d'évoquer le long métrage comme oeuvre à part entière. Et en disant d'abord que j'ai apprécié le spectacle. J'attendais autre chose, mais ce que j'ai vu m'a vraiment plu.

Capitaine Alatriste, j'ose l'écrire à brûle-pourpoint, ce serait presque avant tout une histoire de femmes. Presque. Entendons-nous bien: ce mercenaire espagnol du 17ème siècle n'est pas ce qu'on appelle aujourd'hui un coureur, mais il a du succès. Son panache à la Cyrano plaît beaucoup à une dame en particulier, le double ennui étant qu'elle est mariée, et que, lui, ses activités de bretteur le rendent pour le moins indisponible pour les histoires d'amour. Je caricature un peu. Disons en fait que, et c'est pour moi la - très belle - surprise de cette histoire, notre ami épéiste n'est pas franchement un héros traditionnel, défenseur de la veuve et de l'orphelin. Au contraire: vu qu'il est pour ainsi dire fauché comme les blés, il est en somme contraint à vendre sa lame au plus offrant et ainsi à ne croiser le fer que sur commande. Ce n'est ni Zorro ni d'Artagnan, mais davantage leur lointain cousin, assez misérable. Un pauvre hère à rapière.

En conséquence, et j'aime autant l'écrire très clairement pour ceux d'entre vous qui attendraient du film cavalcades et duels, la qualité principale de l'oeuvre de Yanes Diaz n'est certainement pas son côté épique. Sans craindre d'en faire trop, j'irai jusqu'à dire que Capitaine Alatriste est pratiquement un film de capes et d'épées contemplatif. Les dialogues et le lent exposé des situations y prennent vite le pas sur l'action. D'accord, peut-être est-ce là une trahison de la lettre d'Arturo Perez-Reverte, en effet: je tâcherai donc de vérifier. Reste que, sincèrement, moi, j'ai apprécié de découvrir le personnage ainsi, sous cet angle désabusé. De par sa mélancolie, je l'ai perçu comme l'un des derniers survivants d'un monde ancien, en marche forcé vers un avenir incertain. Et pour le coup, j'ai vraiment goûté tous les échos que cette perception pourrait avoir dans la période actuelle. Oui, finalement, c'est ça: porté par un Viggo Mortensen impeccable dans son costume, j'ai finalement trouvé Alatriste extrêmement contemporain. C'est tout sauf une déception.

dimanche 1 mars 2009

Un Clint à Palme(s)

Après les Oscars, après les Césars, la Palme d'or ! Non, je n'ai pas fumé de substance interdite, ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Rassurez-vous: je sais bien que le Festival de Cannes a lieu au mois de mai ! N'empêche: Gilles Jacob, son président, a remis mercredi une Palme d'or à Clint Eastwood, lors d'une soirée... au Fouquet's ! Interloqué par la nouvelle, j'ai d'abord cherché à la vérifier: c'est fait. Ensuite, j'ai voulu la comprendre et, tant qu'à faire, la compléter: c'est fait aussi. Sachez donc, si vous l'ignorez que Clint Eastwood était l'autre jour en tournée promotionnelle en France. Déjà chevalier des Arts et Lettres, si mes souvenirs sont bons, le voilà donc "palmé" ! Ce n'est pas la première fois que le Festival décerne un tel Prix hors les murs. Une "Palme à la carrière" avait déjà été remise à Alain Resnais, Gérard Oury, Jeanne Moreau et Jane Fonda. Il existe aussi une "Palme des Palmes", dont un jury d'ex-lauréats avait honoré Ingmar Bergman en 1998...

Revenons à ce cher Clint Eastwood. Je me souviens avoir ressenti une certaine colère, l'année dernière, quand j'ai appris qu'il repartait de la Croisette avec un "simple" Prix spécial du jury. Il me semblait alors que ce vieux monsieur méritait mieux que ce que j'imaginais alors être un enterrement de première classe. "OK, Clint, on a vu L'échange, on aime bien ton cinéma, voilà une récompense, mais surtout, ne reviens pas encore une fois": c'est ce que j'avais imaginé des pensées des professionnels de la profession, au mois de mai. Aujourd'hui, je reste étonné de leur décision de remettre une Palme spéciale, mais plus nuancé sur l'intention. Car, finalement, c'est quand même un bel hommage, un autre, pourrais-je dire. Information rassurante: Eastwood, lui, se réjouit sans s'en contenter et ne semble pas avoir dit son dernier mot cinématographique. Réalisateur, il prépare un film sur Nelson Mandela, avec son ami Morgan Freeman. En attendant, moi, je vais au cinéma pour voir Gran Torino cet après-midi. Chronique à suivre, bien entendu.