mardi 30 septembre 2008

Un monstre aussi

J'évoquais un monstre sacré dans le message précédent. Transition facile, parlons d'un autre à présent, lui aussi décédé récemment, et que j'aimais encore davantage: Michel Serrault. Le destin nous fait d'ailleurs un petit clin d'oeil au passage, puisque le personnage principal du dernier film que j'ai vu est également un... sacré monstre. Il s'est en effet spécialisé dans le meurtre par strangulation des amies de son épouse. L'épouse en question ayant du reste ouvert le bal, ce que l'on découvre finalement assez vite dans ce vieux film de Claude Chabrol joliment intitulé Les fantômes du chapelier.

Une mise au point, d'abord: je n'ai vu que quelques Chabrol. J'admets de mémoire que je n'avais pas été spécialement enthousiasmé. Pardon par avance, donc, si je parais sévère aux fans du réalisateur qui passeraient par là. Je dois dire qu'une fois de plus, j'ai été quelque peu dérouté - disons même dépité - par une certaine lenteur dans le rythme du long métrage. Je nuancerai en indiquant toutefois que c'est un peu moins choquant pour une oeuvre datée de 1982. Et ce d'autant qu'un rythme soutenu n'est sûrement pas l'atout premier du livre de Georges Simenon dont est le film est une adaptation. Cela étant dit, Les fantômes du chapelier vaut tout de même qu'on s'y intéresse de plus près. La raison est toute simple et je l'ai annoncée d'emblée: on a droit à un très grand numéro de Michel Serrault.

J'insiste: le clown le plus triste du cinéma français occulterait presque le personnage de Charles Aznavour ! La performance doit beaucoup à la manière particulièrement convaincante avec laquelle l'acteur se glisse dans la peau du psychopathe. Mon sentiment est dans le fond que Les fantômes du chapelier n'est pas un polar. J'imaginais le contraire le jour où j'ai acheté le DVD ! Non, ce serait plutôt une représentation de la folie, censé faire réfléchir non pas sur les mobiles du criminel, mais bien sur son comportement. Autant vous le dire: c'est cynique, torturé et assez glaçant. On s'identifierait presque, par moments ! D'un certain point de vue, c'est donc également saisissant de réalisme. Bref, je le répète: voilà bien encore l'un des grands, des très grands rôles de Monsieur Serrault !

dimanche 28 septembre 2008

Salut, Paul !

Aujourd'hui, actu oblige, une pause dans le rythme des chroniques. Non que je puisse me prétendre spécialiste de la filmographie de Paul Newman. Loin de là. J'ai seulement vu quelques-uns de ses films et relativement peu, je pense, au regard de sa carrière. N'empêche: quand j'ai appris sa mort hier après-midi, j'étais vraiment chagriné. Allez savoir pourquoi. Peut-être parce que j'avais l'impression qu'une nouvelle et belle page de l'histoire du cinéma se tournait définitivement. Parce que la vie m'a rappelé encore une fois que même les monstres sacrés ne sont pas immortels. Et parce qu'au fond, sans vraiment le connaître, je l'aimais bien, Paul Newman.

Les dépêches annonçant sa disparition m'ont remis en mémoire quel homme généreux il était. Les passionnés de sport automobile savent tout de son soutien au jeune Français Sébastien Bourdais, en difficulté cette année en Formule 1, mais quatre fois champion du monde dans le ChampCar américain, dans une écurie Newman-Haas dirigée par l'acteur. Et puis, bien sûr, il y a Newman's Own, la marque de produits alimentaires destinée à financer des actions d'aide à l'enfance en difficulté. Sans compter - ce que j'apprends ce matin - du soutien pour les drogués ou les alcooliques...

Côté cinéma, maintenant, j'ai parlé de Butch Cassidy et le Kid tout récemment, promettant d'en faire la chronique ici à l'occasion. C'est certainement dans ce film que Paul Newman a le plus pour moi l'image de la jeunesse éternelle, rebelle, fantasque, insouciante. Son duo avec Robert Redford est tout simplement parfait, pile-poil dans le bon ton. Il plane sur ce western une forme de nostalgie, un peu comme l'impression qu'une page se tourne, là aussi, et que l'avenir n'appartient plus forcément aux audacieux. J'en reparlerai donc.

Dans ma collection de DVD, il y a aussi Les sentiers de la perdition. Paul Newman est là encore formidable de justesse dans un rôle difficile de vieux gangster sans scrupules. J'ai réalisé hier que c'était là sa dernière apparition devant une caméra. Après cela, seule sa voix avait été utilisée pour doubler... l'une des voitures du dessin animé Cars. Et si c'était justement parce qu'ils savent toujours garder un petit peu de leur âme d'enfant que l'on est triste de voir mourir les grands acteurs ? Salut, Paul ! Tu manqueras à beaucoup.

jeudi 25 septembre 2008

Invisible et un peu transparent

Sur une guenon, ça marche. Sebastian Cane ne voit donc vraiment pas pourquoi ça ne fonctionnerait pas sur un être humain. Le fait même de rencontrer des réticences, voire une relative hostilité, chez ses collègues ne l'inquiète pas plus que ça: tant pis s'il n'y a aucun volontaire particulier, il fera donc le test lui-même, et exigera simplement un "complice" pour lui administrer sa potion d'invisibilité. Tel est pour résumer le point de départ du dernier film que j'ai regardé sur ma platine DVD, Hollow man - L'homme sans ombre.

Bon. Ce n'est franchement pas un chef d'oeuvre. Je l'ai sélectionné et visionné dans l'idée que ça me viderait la tête d'avoir tout de même quelques pop corn movies dans ma collection, des oeuvres du genre facile à comprendre, vite oubliées, mais qui peuvent permettre de penser à autre chose après une journée agitée ou une semaine mouvementée. Sur ce seul critère, Hollow man remplit son office. J'irai même jusqu'à dire qu'il le fait de manière plutôt inattendue, car je dois reconnaître que je n'imaginais pas que l'intrigue initiale puisse évoluer de cette façon. En résumé encore, le savant devient un peu dingue, grisé par les pouvoirs que lui donne l'invisibilité.

Tout ça s'étale sur un peu moins de deux heures. C'est bien suffisant. Les personnages manquent un peu trop d'épaisseur pour qu'on soit vraiment scotché à son fauteuil, suffisamment attaché à eux pour être franchement inquiet pour leur sort. Le scénario, lui aussi, révèle vite sa relative indigence au cours de scènes quelque peu répétitives. Une fois la problématique de base dévoilée, on voit venir les choses. Cela dit, je suis aussi public de ce genre de productions médiocres à l'américaine. La preuve. J'admets aussi que je suis resté bouche bée devant quelques effets spéciaux. Hollow man ne restera probablement pas dans l'histoire du cinéma, c'est entendu. Maintenant, ce n'est pas une catastrophe: franchement, je doute fort que le producteur ait jamais eu cette ambition.

jeudi 18 septembre 2008

Personne, c'est quelqu'un !

De tous les films que j'ai pu voir, celui-là est certainement celui qui a le plus le goût de l'enfance. Pourquoi ? Parce que je me souviens être parti très jeune en vacances avec ma maman, au Pradet, un village du Var, et que nous avions vu ce film tous les deux à cette occasion. L'image d'un nain perché sur des échasses et qui en descend progressivement à mesure que le héros tire dessus m'était restée gravée dans la tête. Le plus drôle, c'est que je ne me souvenais d'absolument rien d'autre. Pourtant, je n'ai pas hésité une seconde avant d'acheter le DVD de Mon nom est Personne.

L'autre jour, mon ami Glenn étant venu dîner, on a opté pour revoir ce film encore une fois. Le plaisir est resté intact ! Que je vous dise deux mots de l'histoire: un dénommé Jack Beauregard, desperado solitaire de son état, est lassé de sa vie aventureuse et compte bien prendre le bateau vers l'Europe pour y couler de vieux jours heureux. Nous sommes en 1899 et c'est la conquête de l'Ouest à l'envers. Problème: Beauregard garde un admirateur, le fameux Personne. Hors de question pour ce dernier de laisser filer son héros sans avoir pu assister à sa dernière confrontation: celle qui devrait le conduire à anéantir un groupe de 150 brigands, la Horde sauvage.

Dans la catégorie des westerns, Mon nom est Personne se classe donc dans la famille des loufoques. Ensuite, dans la sous-catégorie des westerns dits spaghetti en raison de leur origine italienne, je dirais que c'est l'un des meilleurs, sinon le meilleur - exception faite des oeuvres de Sergio Leone, que je classerais à part et au-dessus de tout le reste. La fantaisie de l'intrigue et des situations n'enlève rien à la pertinence du propos, pour un dernier hommage au genre presque disparu. Et puis, il y a bien sûr le parfait duo d'acteurs principaux, Henry Fonda et Terrence Hill, qui n'auraient pas pu être mieux choisis. Ce plaisir d'enfance a bien quelque chose d'immortel.

dimanche 14 septembre 2008

La technique du panda

Il y a quelques années de cela, je pratiquais le Quan Khi Dao, un art martial d'origine sino-vietnamienne. Je me souviens d'un cours particulièrement intense où l'échauffement avait consisté à répéter ce qu'on appelle les techniques d'animaux: singe, crocodile, sauterelle ou encore canard. Il était ici question de façons de marcher et je peux vous dire que ça n'a rien de si évident. Même si j'aurais encore beaucoup à apprendre sur un tatami, je me suis souvenu de cet entraînement l'autre jour, lorsque j'ai profité de quelques heures libres lors d'un séjour à Montpellier pour aller voir... Kung-Fu Panda.

J'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de dire ici combien je trouve stérile la guéguerre qui oppose les partisans du studio Pixar aux amateurs des oeuvres de Dreamworks, dont le film aujourd'hui chroniqué est le tout dernier représentant. Je le répète avec d'autant plus de vigueur que chaque équipe a suivi dernièrement un chemin différent: celui qui consiste à délivrer un message politico-écologique pour Pixar avec Wall-E (chroniqué sur ce même blog le 12 août) et celui qui privilégie un pur divertissement à part d'une intrigue sans doute plus plus accessible au public enfantin. Moi, en face de cette alternative, j'ai choisi... de ne pas choisir et donc de voir les deux.

Kung-Fu Panda, donc. Le pitch est il est vrai plutôt simpliste: un gros méchant léopard des neiges s'échappe d'une prison de rhinos féroces pour régler son compte à son vieux maître et au passage semer la zizanie dans un modeste petit village de la Chine ancienne. Tous s'attendent à voir désigner la mante, la vipère, la tigresse, le singe ou la grue pour renvoyer le gros chat à ses geôliers version Colissimo pékinois. Surprise: c'est finalement un panda balourd qui se dresse sur sa route. Le reste, ce n'est pas difficile de l'anticiper. Je ne regrette pourtant pas mes 9 euros 70 de ticket d'entrée. L'animation est presque parfaite - surtout dans une somptueuse première partie - et l'action se déroule sans véritable temps mort. C'était largement suffisant pour mon bonheur de l'autre jour.

samedi 13 septembre 2008

Découverte bancaire

Le film est actuellement au cinéma si vous souhaitez le voir: il s'appelle Braquage à l'anglaise et, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, il n'a rien à voir avec un autre long métrage sorti récemment et intitulé Braquage à l'italienne. J'ajouterai juste pour compléter ce propos liminaire que c'est un parfait hasard si je chronique aussi rapidement une deuxième histoire de vol de banque. Je n'avais même pas pensé voir ce film, jusqu'à ce qu'une sortie chez l'ami Philippe m'y conduise. Il y aurait eu d'autres possibilités, mais c'est donc bien celle-là qui fut finalement retenue après réflexion. Pas forcément mon premier choix, mais après tout, pourquoi pas ?

Un gars nommé Terry - alias Jason Statham, sur la photo - prépare donc un cambriolage bancaire, encouragé en cela par une femme fatale prénommée Martine. Si le coup est réussi, c'est la perspective de partir au soleil avec... une certaine aisance financière, disons. Sauf que ce que Terry ignore, et que le spectateur découvre rapidement avant lui, c'est qu'il y a autre chose à récupérer dans les coffres de la Lloyd's, à savoir des photos pour le moins compromettantes d'une princesse de sang royal. Début d'une histoire qui, en faisant intervenir mafieux et hauts responsables des services secrets, s'avère finalement plus complexe que prévu.

Il y a une chose que j'ai particulièrement appréciée dans ce Braquage à l'anglaise. L'intrigue étant censée se dérouler dans les années 70, l'atmosphère de l'époque m'a paru remarquablement rendue. Costumes et décors m'ont semblé à tout le moins convaincants pour créer l'atmosphère particulière de cette production britannique. Pour le reste, peut-être parce que je n'ai pas été très attentif, j'ai un peu perdu le fil de l'histoire. Ce n'est pas déplaisant, loin de là, mais c'est simplement un peu confus par moments. Et j'ai trouvé que la fin était un peu grotesque compte tenu des circonstances. Un mot encore pour signaler qu'en fin de compte, le film est un peu plus noir qu'il peut n'y paraître au départ. Le bilan reste mitigé pour ma part.

jeudi 11 septembre 2008

Une femme et deux braqueurs

Je souhaite à présent vous parler d'un film que j'aime beaucoup. J'ai le sentiment qu'il est pourtant méconnu: il s'agit de Bandits, revu récemment à l'occasion d'une soirée DVD. Un duo de braqueurs de banques s'évade de prison et, à l'heure de planifier quelques derniers gros coups, tombe sur Kate, une femme déprimée, mais attachante. Joe Blake et Terry Collins avaient décidé de travailler à deux, les voilà contraints d'accepter l'irruption d'une troisième personne dans l'élaboration de leurs plans. Ce qui devait n'être qu'une parenthèse devient la situation normale en à peine plus de 24 heures.

Ce film a quelque chose de Butch Cassidy et le Kid, une autre oeuvre mythique dont il faudra bien que je me décide à vous parler. Deux hommes et une femme au milieu, c'est obligatoirement quelques choix à faire, surtout quand on fait commerce de vol organisé. Dit ainsi, cela pourrait laisser croire que Barry Levinson signe avec Bandits un film noir sans compromis. Mais non ! C'est même presque tout le contraire. Bien qu'elle semble d'abord représenter une menace pour eux, Kate adopte vite Joe et Terry, l'un, puis l'autre, puis les deux à la fois. Nouvelles embrouilles forcément, mais ça n'en est que plus drôle. Et plus tendre, aussi.

L'un des atouts les plus forts de Bandits, c'est son casting, surfant sur des dialogues remarquablement écrits. Le trio Joe-Terry-Kate s'en donne à coeur joie et on y croit vraiment de bout en bout, malgré l'aspect résolument rocambolesque de certaines situations. Habitué aux rôles de gros dur, Bruce Willis est ici parfait en homme fort à la sensibilité à peine cachée. Billy Bob Thornton, lui, met beaucoup de conviction à camper ce voleur hypocondriaque, un peu plus futé toutefois que son associé. Entre eux, la merveilleuse Cate Blanchett est... merveilleuse, je l'ai déjà dit. J'ajouterai que le reste de la distribution s'en sort très bien également. Je crois avoir vu Bandits quatre fois au moins. Je le dis avec force: j'ai toujours savouré. Si vous ne le connaissez pas encore, n'hésitez plus !

lundi 8 septembre 2008

Une jeunesse royale

Après quelques jours de pause, le temps me paraît venu d'écrire quelques nouveaux messages sur ce blog, sentiment d'autant plus impérieux que j'ai quatre chroniques "en retard". Rien de moins ! L'autre soir, j'en ai regardé deux coup sur coup avec un copain, lequel m'a rendu l'invitation la semaine suivante. Et puis, je suis également retourné au cinéma. Un film à la fois: je commence aujourd'hui avec Marie-Antoinette, d'abord découvert avec bonheur sur grand écran, puis revu avec plaisir sur ma platine DVD.

Souvenez-vous. Festival de Cannes oblige, on a déjà beaucoup glosé, moi comme d'autres, sur cette oeuvre signée Sofia Coppola. Mon avis pourrait se résumer en deux mots: j'aime ! Je vous entends d'ici paraphraser Cyrano et juger que c'est un peu court, jeune homme. Vous n'avez pas tort, j'en conviens volontiers. Entrons donc franchement dans le vif du sujet et tâchons tout d'abord de dissiper cette incompréhension je crois fort répandue: non, Marie-Antoinette n'est pas un film historique. Le destin de la reine guillotinée sert bien sûr de toile de fond au récit, mais je ne crois pas que le but poursuivi par la réalisatrice américaine soit vraiment de rendre compte de faits rigoureusement authentiques.

Choix discutable, certes. L'honnêteté intellectuelle de la démarche réside à mon sens dans le fait que cela se remarque tout de suite, avant même la première image, grâce à une bande originale résolument moderne, orientée rock anglais et musique électro. Scandale à la cour ? Pensez donc ! Moi qui suis un passionné d'histoire, soucieux de connaître avec le maximum de détails les événements du passé, je n'ai pas été choqué par ce parti-pris culotté. Soit, Marie-Antoinette peut très bien déplaire, y compris d'ailleurs à ceux qui n'ont que faire de l'histoire, la vraie. Ce qui m'a plu, finalement, c'est la lecture que j'ai faite de ce scénario peu banal: j'y ai vu une chronique du temps qui passe, de l'insouciance de l'adolescence aux lourdes obligations de la vie adulte. Et j'ai fini par penser que ce n'était peut-être pas si facile d'être reine. C'était jusqu'alors, je vous l'assure, un sentiment tout à fait inédit en moi. J'aime dès lors à croire que Sofia Coppola a gagné son pari.