mercredi 30 mars 2011

L'enfant des montagnes

Une chronique de Martin

Heinrich Harrer, lui aussi, a fait une rencontre tout à fait inattendue. C'était en 1949, année où, âgé de 37 ans, l'Autrichien croisa pour la première fois la route du Dalaï Lama. Parti dix années auparavant à la conquête des sommets himalayens, l'alpiniste devait passer beaucoup plus de temps que prévu au coeur des montagnes. Prisonnier de guerre évadé d'un camp anglais en Inde, il parcourut toute la région quelques années supplémentaires, ne rentrant finalement "chez lui" qu'en 1951. C'est la très surprenante histoire que raconte Sept ans au Tibet, titre repris du récit autobiographique.

Comme vous pouvez l'imaginer, ce film est d'abord un voyage. Sincèrement, je crois en tout cas que c'est ainsi qu'il faut le prendre pour réellement l'apprécier: tiré d'un livre quelque peu romancé, il n'a pas beaucoup plus de respect pour la réalité historique. D'abord très arrogant, le personnage de Heinrich Harrer y est vite présenté comme un brave type, dont le périple asiatique change vie et idées. Le vrai personnage était sans doute un peu plus ambigu, et pas loin de la pensée nazie dominatrice de la fin des années 30. Ici, Sept ans au Tibet n'insiste pas trop: c'est un choix et peut-être une limite.

Pour autant, à condition bien sûr d'être réceptif à ce que le film veut raconter, je crois vraiment difficile de passer un mauvais moment devant ces images. Brad Pitt - vous l'aurez bien sûr reconnu - incarne son personnage de manière plutôt convaincante. Soit, il n'a pas tourné chacune des scènes, certaines étant filmées de manière clandestine. Qu'importe ! Le script s'avère suffisamment minutieux pour que, sur les plans larges, il soit impossible de faire la différence entre la star et sa doublure. Le reste du temps, la vedette se coule dans le moule d'une production modeste, tel le grand professionnel qu'il est: rien de pompier dans son comportement, ni dans la manière dont l'histoire est présentée. Parmi les acteurs de Sept ans au Tibet, on retrouve la propre soeur du (vrai) Dalaï Lama. Les bonus du DVD parlent d'une atmosphère de sérénité sur le tournage. Pas étonnant.

Cette rencontre d'un homme occidental avide d'exploits et d'un enfant simple reculé du monde émeut très souvent. Sept ans au Tibet respire l'humilité: pas de génie, mais ce que j'appelle un beau film. Pour la forme, je relève deux petites failles. La version originale anglaise, d'abord, pas très convaincante: je rappelle donc qu'il s'agit de suivre les pas d'un jeune Autrichien, au tout départ accompagné de coéquipiers allemands, d'où un souci de vraisemblance au moment où l'équipe croise des troupes britanniques. L'autre défaut concerne les acteurs - ou plutôt leurs personnages: dans les premiers instants du métrage, Brad Pitt forme un duo intéressant avec David Thewlis, dont le scénario fait d'abord un rival, avant de le transformer en ami. Quand les deux hommes s'accordent, le second cède finalement toute la place au premier. Dommage, car cette autre relation était partie sur des bases intéressantes. Il reste un regret de ne pas l'avoir vue encore évoluer, mais on ne peut bien sûr pas tout dire non plus...

Sept ans au Tibet
Film franco-américain de Jean-Jacques Annaud (1997)
Malgré mes réserves, j'apprécie particulièrement le spectacle offert par ce film. Je n'ai pas vu chacune des oeuvres de son réalisateur, mais il me semble avoir noté qu'il s'était quelque peu égaré au cours des dernières années. Je crois avoir compris qu'il avait actuellement un projet sur la planche: à suivre, donc. En attendant, trouver maintenant un autre long-métrage auquel comparer celui-là m'apparaît quelque peu délicat, si ce n'est hasardeux. Une piste possible: à l'extrême limite, pour ce que la foi peut apporter d'espoir et de sérénité, vous pouvez toujours vous tourner vers Des hommes et des dieux. Et si le personnage du Dalaï Lama vous intéresse particulièrement, je vous recommande Kundun, qui est peut-être bien le moins connu des films de Martin Scorsese. Il faudrait d'ailleurs que je trouve le moyen et le temps d'en reparler un jour.

lundi 28 mars 2011

La fameuse rencontre

Une chronique de Martin

Quand Graeme et Clive, Britanniques dingues de science-fiction, débarquent aux États-Unis, c'est dans un double objectif: participer d'abord à un salon dédié à leur passion, visiter ensuite quelques sites réputés dans la communauté des ufologues - ceux qui s'intéressent régulièrement à l'existence possible de créatures extraterrestres. Maintenant, ce à quoi les deux potes ne s'attendent pas du tout, c'est à pouvoir confirmer eux-mêmes qu'il y a bien des êtres venus d'ailleurs. Et quand Paul, le petit homme vert du film du même nom, débarque dans leur vie, ils n'y croient pas vraiment. Graeme l'accepte, mais Clive, effrayé par cette rencontre du troisième type, prendrait volontiers la tangente. Sauf que ça ne va malheureusement pas être possible: l'intrus a besoin d'aide et s'arrange pour que ceux qui ont croisé sa route finissent par lui en accorder. Bon gré, mal gré.

En l'occurrence, il s'agit d'assistance à un fugitif: coincé sur Terre après une panne de vaisseau spatial, Paul vient de passer X années enfermé dans la zone 51, comme son cousin Roswell. Il s'en est enfui le jour où il a compris qu'après l'avoir examiné et avoir tiré avantage de son savoir infini, les hommes avaient l'intention de le découper vivant pour percer à jour son mystère. Sa liberté n'est donc peut-être que provisoire: on est lancé à sa poursuite. Stop ! Inutile d'en dire plus ici: vous aurez compris que le film prend rapidement des allures de road movie. S'ajoute à cela l'humour potache des protagonistes principaux: Simon Pegg et Nick Frost. C'est en fait la première fois que les deux Anglais tournent un film aux States: ils y ont importé leur comique de situation, assez régressif parfois. Le petit miracle, quand on accroche, c'est de constater qu'on peut (sou)rire de choses pas franchement fines. Parce qu'il y a de la sincérité dans le ton.

Paul - le film, pas le personnage - est en effet un hommage appuyé aux références du genre. Bourré de clins d'oeil, le pitch parodie allégrement La guerre des étoiles, Rencontres du troisième type, ET ou Star Trek. Il ratisse large mais, et c'est sans doute au crédit de ses deux papas, ne presse pas trop fort la pédale de la dérision. En clair, les blagues du film ont un côté tendre pour les connaisseurs. Bien évidemment, pour ceux qui n'ont pas la culture dont il est question ici, l'histoire peut paraître idiote, voire lourde. Il n'y a pas lieu de parler de grand cinéma. Je suis allé voir le film avec l'idée simple de passer un bon moment, sans prise de tête. J'avais l'intention de me changer les idées après une période de travail assez intense et d'autres séances beaucoup plus sérieuses. Mission accomplie et, pour ça, je dis bravo et merci ! N'allez pas forcément chercher au-delà: en fait, vous n'irez de toute façon pas bien loin devant ce pur pop corn movie. Mais ce genre de productions, une fois de temps en temps, ça ne peut assurément pas faire de mal...

Paul
Film anglais de Greg Mottola (2011)
En écrivant cette chronique, je me souviens non sans amusement que j'avais un jour entendu un scientifique dire que, si des créatures extraterrestres parvenaient bel et bien jusqu'à nous, il faudrait comprendre qu'elles nous seraient supérieures en intelligence. L'argument: les humains, eux, n'ont même pas encore été capables de les repérer. D'intelligence supérieure, il n'est pas question ici, mais on passe un bon moment. Même en l'absence d'Edgar Wright, leur habituel complice derrière la caméra, Nick Frost et Simon Pegg se montrent capables de monter un scénario à deux niveaux, parodique et drolatique à la fois, ainsi qu'ils l'avaient fait avec Shaun of the dead et (paraît-il) Hot fuzz. Ce pourrait être assez sympa qu'ils poursuivent en ce sens et abordent un autre genre classique. Western ? Péplum ? Au cinéma, ce n'est pas la matière qui manque...

dimanche 27 mars 2011

Espionnage amoureux

Une chronique de Martin

Contrairement aux apparences, je ne veux pas parler d'un couple jaloux et des guéguerres qui en découlent. Charade débute pourtant sur la totale déliquescence d'un sentiment amoureux, celui que porte Reggie Lampert à son époux, Charles. En vacances d'hiver à Megève sans son mari, la jolie Américaine en revient avec l'intention ferme de divorcer. Sans conséquence immédiate, elle vient de rencontrer Peter Joshua, un compatriote qui espère pouvoir la retrouver quelques jours plus tard. Ce qui arrive, dans une circonstance imprévue: une fois rentrée chez elle, Reggie trouve son appartement vidé et apprend que son "cher et tendre" est mort, jeté d'un train express qui devait le conduire à Bordeaux, l'étape d'un voyage fortuit à destination du Venezuela. Pourquoi ? Comment ? Mystère.

Ma première est l'une des stars féminines les plus adulées des années 60. Mon deuxième est un autre des grands noms d'Hollywood, acteur vedette à l'époque et mythe d'un âge d'or révolu. Mon troisième ? L'une des grandes capitales d'Europe, surnommée la ville-lumière, parfois même présentée comme la plus belle métropole du monde entier - ce qu'elle était peut-être de manière encore plus manifeste au moment du tournage. Mon tout est un film d'un réalisateur qui, dix ans auparavant, faisait chanter Gene Kelly sous la pluie. Réunissant le duo Audrey Hepburn-Cary Grant à Paris, c'est donc Charade, une perle cinématographique que le temps m'a semblé épargner. La plus belle réussite de ce film, pour moi, c'est de mêler avec efficacité romance et récit d'espionnage. Une jolie incongruité.

Certains esprits chagrins objectent que le scénario est de crédibilité douteuse, du fait de la différence d'âge entre les deux protagonistes principaux. Il est vrai que, comme très souvent d'ailleurs, Audrey apparaît tout à fait pétillante, là où Cary n'essaye même pas d'assombrir ses tempes grisonnantes. J'ai tenu à être précis: vérification faite, 25 printemps séparaient les deux comédiens. Madame n'avait que 34 ans au moment de la sortie du film, Monsieur en comptant alors presque 60. Dont acte. Franchement, ça ne m'a dérangé à aucun moment, surtout qu'on ne voit jamais qu'une fois (et déjà mort) le personnage de Charles Lampert, lui dont l'héroïne du film est censée être la veuve. Pour apprécier Charade, je crois donc qu'il suffit d'aimer les vieux films et leur charme certes un peu suranné. J'ai en tout cas trouvé que l'intrigue fonctionnait correctement, l'histoire d'amour un peu spéciale qu'elle développe subsidiairement n'étant que la cerise sur le gâteau. Certainement pas le film du siècle, mais une oeuvre à voir ou revoir avec plaisir.

Charade
Film américain de Stanley Donen (1963)
Entendons-nous bien, donc: il n'est pas dans mon propos de parler ici d'un chef d'oeuvre incontournable du septième art. Franchement daté par bien des aspects, le film peut, sinon déplaire, en fait laisser indifférent. Face aux canons modernes du film d'espionnage imposés par un James Bond, il manque sûrement d'un certain dynamisme. Disons alors que c'est autre chose et apprécions le spectacle tel quel. Je n'ai pas de référence précise en tête, mais il y a du Hitchcock dans cette histoire. La différence s'opère bien grâce à la jolie touche glamour qu'apporte le duo Hepburn-Grant. Simple et indissociable. Tiens, j'y pense: ça me rappelle un peu le bien plus récent Duplicity.

samedi 26 mars 2011

Néons

Une chronique de Moko-B

Quel est l'ultime fantasme du "geek" fan de jeux vidéos ? Traverser l'écran - ben voyons ! - et se retrouver projeté dans l'univers du héros qu'il incarnait la seconde d'avant !

En 1982, Steven Lisberger embarquait Disney et Jeff Bridges dans l'aventure TRON, mettant en scène un programmeur génial, Kevin Flynn, se faisant spolier de ces créations. Dématérialisé par un méchant programme de contrôle, il était alors envoyé sous forme virtuelle dans l'ordinateur principal de la société ENCOM. Avance rapide: 29 ans plus tard, c'est au tour de Joseph Kosinski d'enrôler le duo et de nous propulser tous yeux devant dans l'univers TRON.

J'en fais la précision, même si cela me paraît - plus que - désuet : rien d'original dans l'histoire de TRON l'héritage. L'introduction plante l'illustrative "disparition" de Kevin Flynn, qui laisse derrière lui un môme - Sam - grand admirateur de son père autant qu'orphelin. Sommes-nous surpris de découvrir en lui un petit quelque chose de John Connor ? Pas vraiment. Sam Flynn est donc présenté comme un fils rebelle, geek et légèrement marginal. Comme son père bien des années avant lui, on le voit s'introduire illégalement dans la tour ENCOM. La suite ? Et bien, évidemment rien de bien folichon ne se déroule "in the real world". La vraie raison pour laquelle vous voulez aller voir ce film, c'est la promesse d'un voyage virtuel saisissant.

Sur ce point, TRON l'héritage tient ses promesses. Nous sommes loin de la migraine ophtalmique collée par le premier opus aux couleurs flashies complétées d'un flou "électronique". Le monde virtuel de ce 2ème film est sombre. Et les reliefs sont découpés au néon fluo orange ou bleu. Les scènes de courses en moto ou de duels au disque sont époustouflantes. Jeff Bridges n'étant pas du genre à prendre le melon, il offre une prestation sobre, crédibilisant la sagesse de "celui qui n'a pu revenir de là-bas".

Cependant, cela ne suffit pas à sauver l'absence - quasi-totale - de bases solides, ni à masquer l'odeur de réchauffé. Car il flotte une désagréable impression de plagiat par moments. Un parfum de Matrix pour être plus précise. Tout d'abord, l'atmosphère sombre et continuellement orageuse du monde virtuel rappelle celle du monde réel de Matrix. Le concept des Iso, nés spontanément dans le système, rappelle la renaissance des humains qui perçoivent l'existence de la Matrice. Et force est de constater que la scène de la discothèque ressemblait - trop ? - à celle mettant en scène Lambert Wilson et Monica Bellucci dans la trilogie. Le personnage de Castor/Zuse, insaisissable, traître et doté d'un rire facile n'était pas sans évoquer le Mérovingien. Bref, beaucoup de trop de similitudes pour les ignorer tout bonnement.


TRON l'héritage
Film américain de Joseph Kosinski (2011)
À toujours vouloir nous servir des prétextes pour nous proposer un nouvel objet commercial, l'industrie du cinéma finie par - trop - nous prendre pour des imbéciles et à passer à côté de mieux. Ainsi, là où un film entièrement tourné vers l'univers virtuel de l'ordinateur aurait pu faire merveille, un épisode "sportif" entièrement tourné vers des duels moto/disque par exemple, a-t-on voulu nous faire gober une histoire - suite - fade et ennuyeuse. Le titre même de TRON n'a plus d'intérêt, dans la mesure où, déjà au second plan dans le 1er opus, le programme TRON est quasi-absent du second. Certes, la 3D/popcorn fonctionne bien, mais il y a comme un vide.En définitive, ce film est une bonne récréation visuelle pour la partie "monde informatique". Mais à 12 euros la place en moyenne, on pouvait s'attendre à mieux en terme d'exploitation d'images 3D. Seuls les heureux voisins de salles IMAX auront un spectacle plus "awesome".Un dernier point pour la bande-son offerte par le duo français Daft Punk qui, inécoutable hors-contexte, donne ici un relief indéniable à la plupart des scènes 3D.

Pour un autre avis...
Vous pouvez relire la chronique précédemment publiée par Martin.

vendredi 25 mars 2011

Jeunes et condamnés

Une chronique de Martin

Un aveu, d'abord: j'ai longtemps considéré La guerre des étoiles comme le premier projet cinéma important côté science-fiction. C'est faux, bien sûr: d'autres films avaient exploré le genre bien avant celui-là. Et c'est non sans amusement qu'après l'avoir visionné, j'ai constaté que la sortie de celui dont je vous parlerai aujourd'hui précédait d'un an les débuts de la première trilogie de George Lucas.

L'âge de cristal assume à l'évidence le poids des ans. Dans le look même des personnages, il est d'emblée visible que le film commence à dater. Le titre de ma chronique s'appuie sur l'argument scénaristique qui y est développé: en 2274, après diverses guerres mondiales et autres catastrophes, la société humaine parvient enfin à vivre dans une certaine harmonie. La contrepartie de ce bonheur apparent est qu'il n'y a plus ni parents, ni enfants: les bébés viennent au monde dans d'étranges couveuses et il est interdit d'évoquer l'idée d'une quelconque maternité pour les femmes. Une autre contrainte pèse sur cette société idéalisée, encore plus lourde: les gens sont condamnés à ne vivre que trente ans. Passé cet anniversaire, ils sont envoyés dans le Carrousel au terme d'une cérémonie liturgique censée garantir leur renaissance. Un grand événement très attendu.

Ce destin hasardeux, quelques-uns le refusent. Ces "rebelles" sont traqués par un corps policier, les limiers. Logan - le héros du film - en fait partie. C'est justement ce qui peut rendre L'âge de cristal intéressant au premier chef: plutôt que de concentrer son propos vers ceux qui essayent d'échapper au système, le film s'intéresse d'abord à l'une de ses composantes, celle qui semble même finalement la moins apte à la remise en question. Logan n'a de fait pas d'état d'âme: il est un chasseur méthodique et plus efficace encore que ses "meilleurs" collègues de travail. Il ne bronche guère quand il s'agit d'abattre un homme de sang froid, quand bien même cela conduirait ce dernier à l'oubli éternel. Est-ce là le message iconoclaste du métrage ? On ne pleure pas un mort quand on lui a promis une résurrection qu'il refuse. Il y a des limites, quand même...

Mais évidemment, rien n'est si simple: quand l'une des trentenaires vouées au Carrousel parvient à passer entre les mailles du filet, Logan est lui-même contraint à devenir un fuyard. Il partira donc et, avec une femme, découvrira qu'un autre monde est possible et, comme le montre la photo ci-dessus, que les hommes peuvent vivre... et vieillir. Pourquoi ? Comment ? Je pense que j'en ai suffisamment dit jusqu'ici pour ne pas en dévoiler davantage. J'ajoute simplement que le film m'a plu, en dépit même de son côté tout à fait suranné. Pour l'apprécier, un conseil: ne lui demandez pas ce qu'il ne peut vous offrir. Du point de vue des décors et effets spéciaux, L'âge de cristal sent souvent la naphtaline. Quelques plans larges prêtent particulièrement à sourire: on y distingue clairement les maquettes qui tiennent lieu de paysages. Moi, j'ai su faire avec. Au fond, c'est un peu comme dans La guerre des étoiles, finalement.

L'âge de cristal
Film anglo-américain de Michael Anderson (1976)
Dans la construction de cette société en marge de la civilisation humaine d'aujourd'hui, le film m'a assez vite rappelé Dark City, vu très récemment, ou The Truman show, dans un autre genre. Matrix paraît également une comparaison valable. Parce qu'une statue d'Abraham Lincoln y fait écho de manière particulièrement frappante, j'ai aussi pensé à La planète des singes. On notera au passage qu'une parenté unit ces deux classiques de la science-fiction: ils sont tous deux adaptés d'un roman et ont également chacun fait l'objet d'une adaptation en série télévisée. Question de mode, j'imagine.

jeudi 24 mars 2011

Un film de marque(s)

Une chronique de Martin

Forcément, quand on est accro au cinéma et qu'on réalise n'avoir loupé que deux des films récompensés aux derniers Césars, on a envie de boucler la boucle. J'ai commencé à le faire un après-midi passé chez moi, en décidant de regarder le film récompensé du prix du meilleur court-métrage: Logorama. Cette oeuvre du collectif H5 (François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain) a également gagné l'Oscar du meilleur court-métrage d'animation l'année dernière. Ce qu'elle raconte ? L'improbable course-poursuite de deux flics transformés en Bibendums Michelin avec Ronald McDonald, devenu trafiquant d'armes. En seize minutes, vous aurez vraiment le temps d'être surpris - surtout si vous allez bien tout au bout du générique.

Tiens, les M&M's... ce qui a fait la notoriété de Logorama, c'est, comme son nom l'indique, qu'il incorpore aussi des centaines de logos de marques à ses dessins. Wikipedia indique qu'il y en a presque 3.000 différents et que les auteurs en ont visionné plus de 40.000 pour donner corps à leur histoire. Bien vu ! Ce qui est curieux et fut d'ailleurs souligné lors de la dernière cérémonie des Césars, c'est qu'aucune des boîtes n'ait fait quoi que ce soit pour empêcher le film de voir le jour. Pourtant, croyez-moi: on ne peut pas dire que toutes bénéficient ici d'une image favorable. Après, il y a de belles choses dans ce court et pléthore de bonnes idées. Je n'ai pas totalement adhéré, j'avoue, mais je le dis sans remettre en cause l'inventivité du processus. Ne ratez pas l'occasion d'y regarder de plus près !

Un mot encore pour avoir votre avis: avec Ce qui me meut, il y a désormais... deux courts-métrages sur Mille et une bobines. Sachant que nous pourrions sûrement en chroniquer d'autres, jugeriez-vous utile que je leur ouvre dès à présent une page d'index particulière ?

mardi 22 mars 2011

Western moderne ?

Une chronique de Martin

Je suis parti voir True grit sans savoir à quoi m'attendre exactement. Certains présentaient le dernier film des frères Coen comme un western dans la pure tradition, d'autres telle une escapade dans l'Ouest mis à la sauce des frangins, donc décalée des mythes fondateurs d'un genre tombé dans l'oubli. Pour trancher, je dirais finalement que c'est une oeuvre aux couleurs plutôt classiques. Franchement, ceux qui aiment le western pour les grands espaces, les chevaux, les flingues et la poussière s'y retrouveront largement. Rien à voir ici avec les longs silences imposés en nouveaux modèles par Sergio Leone. Au contraire, le film est bavard, peut-être même un peu trop, parfois. Au spectateur attentif qui ne se noiera donc pas dans la liste des personnages et lieux, il offre un arrière-plan qualité premier choix. Les connaisseurs, eux, seront en terrain familier. Rassurez-vous: ce n'est jamais vraiment un obstacle au plaisir. Tout au plus regrettera-t-on l'absence d'Indiens pourtant souvent évoqués.

True grit a été annoncé à tort comme le remake d'un vieux classique avec John Wayne, Cent dollars pour un shérif. S'il raconte largement la même aventure, à quelques détails près, il s'inspire plutôt du roman original, sorti en 1968 et signé Charles Portis. L'histoire est celle de Mattie Ross, jeune fille dont le père a été abattu par un homme qui a pris la fuite. Déterminée à se venger, l'adolescente embauche un marshall tueur à gages, Reuben Cogburn, représentant de la loi bourru et alcoolique. C'est sans l'en avertir ouvertement que l'intéressé passe un accord avec Laboeuf, ranger texan droit dans ses santiags et chasseur convoitant la même proie. Le duo demeure un trio: négligeant consciencieusement les consignes de prudence que sa famille lui adresse, la demoiselle se montre déterminée à chevaucher jusqu'à ce que justice soit faite. Qu'importe si la bête traquée est plus maligne qu'un raton laveur. Pourtant, non, ce n'est pas un pays pour une jeune fille...

J'ai déjà eu l'occasion de le dire: le western est ma madeleine cinématographique, le genre qui, inconsciemment, m'a fait tomber en cinéphilie. Une bonne vingtaine d'années après l'époque mythique où j'en voyais à un rythme régulier, il faudrait que je m'offre également la possibilité de revoir quelques classiques en Technicolor avant toute étude comparative. Ce qui me semble évident, c'est bien que True grit est avant tout un régal pour les yeux et reprend, ainsi que je l'ai dit, de nombreux codes du genre. Le film réveille l'envie de parcourir l'Amérique profonde à dos de cheval. Dans le respect dû aux anciens, les acteurs nous emmènent avec eux. Jeff Bridges est impeccable dans ce rôle de lonesome cow-boy taillé dans la masse, Matt Damon méconnaissable dans celui du héros fier et solitaire. Entre eux, la jeune Hailee Steinfeld a su s'imposer dans un casting géant, à 1.500 têtes. Son aplomb face à ses aînés fait plaisir à voir et nous fait espérer de la retrouver dès que possible dans la peau d'autres personnages. Elle est la vraie âme de cette production.

True grit
Film américain d'Ethan et Joel Coen (2010)
Je ne sais pas ce qu'il en est dans le premier film d'Henry Hathaway, mais celui-ci est parfois d'une violence assez fulgurante. Cela peut déplaire, d'autant que l'héroïne a ici 14 ans, alors qu'elle en avait 21 dans la version de 1969. Bref. Je ne crois pas pour autant qu'il faille parler de rebondissements gratuits. D'après moi, le volonté de Mattie de venger son père tient lieu de parcours initiatique et la conduira sans aucun doute à perdre une partie de son innocence - je retiens une scène où elle se retourne vers des cadavres que Cogburn refuse d'enterrer. Aux États-Unis, le film connaît un vrai succès, avec plus de spectateurs en treize jours d'exploitation que les sept précédents des Coen en... treize ans ! C'est pour moi l'une des belles réussites des frangins, un tout petit cran en-dessous de l'inégalable Fargo.

lundi 21 mars 2011

Des vies qui se croisent

Une chronique de Martin

De Paul Thomas Anderson, je n'avais rien vu avant de regarder Magnolia. Mes rares sources d'information me laissaient alors augurer une manière assez peu conventionnelle de faire du cinéma. Je savais aussi que le long-métrage que j'avais choisi était un film choral d'une durée d'environ trois heures. C'est aussi pourquoi j'ai attendu d'être dans de bonnes conditions, avec juste assez de temps devant moi, pour l'aborder enfin. Est-ce parce qu'au bout du compte, fatigué le jour J, je l'ai découpé en deux parties que je n'y ai pas adhéré ? Je ne crois pas. Le fait est que j'en ai malheureusement eu assez dès la première heure. Cela m'arrive peu souvent, mais j'ai dû me faire violence pour aller au bout du DVD. Déplaisante sensation !

Sa durée n'y est pour rien: j'ai vu des films plus longs et j'en verrai d'autres. Je dois dire également qu'il y a assurément des choses intéressantes dans Magnolia, à commencer par le casting, où la star Tom Cruise cohabite avec d'autres acteurs moins côtés, mais pas moins talentueux, Julianne Moore, Philip Seymour Hoffman ou bien William H. Macy, par exemple. Et je ne vous ai même pas encore parlé de Jason Robards, l'ancien Cheyenne de Sergio Leone, vieillard malade si évocateur que je ne l'avais pas du tout reconnu. J'ai parlé de maladie: c'est le fil conducteur, je crois. Ici et là, dans le courant de la même journée d'une ville américaine, plusieurs personnages bien différents les uns des autres y sont confrontés. Il y a également le malheur, la solitude amoureuse, la mort. Rien de bien rigolo.

Pour tout dire, je m'attendais à ce que les intrigues de chacun finissent toutes par se rejoindre pour délivrer, sinon un message universel, au moins une cohérence scénaristique au film. Et donc ? Cette cohérence existe sans doute, mais j'ai à vrai dire eu beaucoup de difficultés à en cerner précisément les contours. Si, une fois lancé, on parvient petit à petit à assumer la complexité de l'histoire, ses ressorts m'ont paru trop obscurs pour que je m'intéresse vraiment à ce qu'ils voulaient raconter. Reste une autre hypothèse selon laquelle le réalisateur lui-même aurait souhaité nous perdre dans l'entrelacs de ces images: ce n'est pas à exclure. Seulement voilà, encore une fois, je n'ai pas réussi à m'accrocher pour suivre. Rapidement, la tâche m'a paru ardue du fait d'une musique un peu crispante et omniprésente. Me faut-il insister ? Peut-être bien, oui. J'ai actuellement deux autres Paul Thomas Anderson sous la main. Autant d'occasions d'affiner mon jugement sur ce cinéaste.

Magnolia
Film américain de Paul Thomas Anderson (1999)
Une petite énigme pour moi. Oeuvre culte pour certains, le film m'est passé à côté. À moins que ce soit moi qui n'ai pas saisi son message profond. Ce n'est pourtant jamais mal joué et ça reste donc potentiellement intéressant pour celles et ceux qui sauront adhérer. Je constate d'ailleurs que de nombreuses récompenses ont été attribuées à Paul Thomas Anderson, la plus prestigieuse étant le Lion d'or du Festival du film de Berlin 2000. Je crois que je préfère juste les films choraux plus "simples": j'ai notamment un bon souvenir autour du 21 grammes de d'Alejandro Gonzalez Inarritu.

samedi 19 mars 2011

L'oiseau aux deux visages

Une chronique de Martin

Un texte assez long, aujourd'hui. Et pour le commencer, un petit mot de la cuisine interne à ce blog: depuis ses débuts, j'y ai évoqué l'intégralité des films que je voyais, en suivant scrupuleusement l'ordre où je les voyais. Quand il s'agit de découvertes en salles, c'est ce qui explique qu'il existe parfois un décalage certain entre la sortie du film et sa chronique sur Mille et une bobines. Et aussi que je parle seulement maintenant de Black swan, alors même que Moko-B a déjà eu l'occasion d'en écrire une chronique, il y a quelque temps.

Au sein même de notre petite équipe rédactionnelle, le dernier film de Darren Aronofsky divise. Je vous laisse donc le soin de relire éventuellement la chronique de Moko-B, positive. Sans l'expliciter ici, L u X et Silvia Salomé se sont elles aussi enthousiasmées. Killaee, en revanche, l'a trouvé ennuyeux. Pour le dire tout de suite, je me range à l'avis de la majorité. J'ai beaucoup aimé Black swan. C'est à mes yeux l'un des films les plus virtuoses que j'ai pu apprécier cette année: sur le plan esthétique, il me semblait, après que je suis sorti du cinéma, que c'était le plus emballant de tous ceux que j'ai pu découvrir en ce début d'année 2011. Est apparu un bémol: le constat objectif que le scénario use aussi d'images toutes faites sur le milieu de la danse classique et l'envie de vérifier le propos d'une petite part de la critique, qui lui reproche de faire surtout du recyclage d'anciennes références établies par des longs-métrages pour le coup nettement plus innovants. Ma culture cinéma se réduisant progressivement à mesure que l'on remonte le temps, je ne peux pas prétendre le contraire sans faire preuve de malhonnêteté intellectuelle. On verra si mon regard s'ouvre sur d'autres perceptions.

Disons donc qu'à ce jour, Black swan me plaît tel qu'il est, imparfait parfois, bouffi aussi, mais, comme je l'ai déjà dit, d'une virtuosité certaine. Si jamais vous l'ignoriez encore, je précise que le film s'intéresse à Nina Sayers, une danseuse classique, membre du corps de ballet d'une compagnie new-yorkaise. Vivant avec une mère-poule passée elle aussi sous les feux de la rampe, elle rêve du grand rôle qui la propulsera sur le devant la scène. Cette obsession de gamine finit par se concrétiser un beau jour, quand son chorégraphe décide de la lancer en ouverture de saison dans une toute nouvelle version du Lac des cygnes, l'immense classique de Tchaïkovski. Un défi majeur, presque impossible, que la jeune femme devra évidemment relever en affrontant plusieurs obstacles et d'abord... elle-même. L'idée étant en effet qu'elle danse à la fois le rôle du Cygne blanc, personnage tout de grâce et de sensibilité, mais aussi celui du Cygne noir, son alter-ego trompeur et cruel. Et ça, pour Nina, à la recherche de la perfection absolue, ça demande un gros effort sur soi-même...

Maintenant que j'en ai présenté les enjeux, je crois comprendre parfaitement que ce film puisse diviser. Sa flamboyance, qu'on peut qualifier d'outrance, fait qu'il ne devrait guère laisser indifférent. Académie des Oscars comprise, beaucoup le reconnaissent déjà comme LE film qui consacre la promesse Natalie Portman. À l'image même de Vincent Cassel, son partenaire à l'écran, j'admets volontiers que la jeune Américaine porte le long-métrage sur ses frêles épaules. Elle en est l'âpre héroïne, dans une interprétation brillante d'un rôle en clair-obscur, à mi-chemin entre réalité, fantasme et folie. Perle noire et blanche de ce conte pour adultes, l'ex-princesse Amidala démontre qu'elle n'est plus une femme-enfant. Et si, sur le strict plan technique, le reste peut paraître ne pas atteindre ce même sommet, j'ose supposer qu'il y a suffisamment d'intensité à l'écran pour que, vous aussi, vous puissiez être transportés. Peut-être que le mieux pour cela est de ne pas espérer un film sur la danse, mais plutôt quelque chose autour de la danse. Nuance subtile, j'en conviens, mais je crois que c'est bien là que réside le propos d'Aronofsky. Souvenez-vous de Requiem for a dream: au-delà d'un coup de poing contre les drogues, le long-métrage adressait une alerte tonitruante sur toutes les formes de dépendance. Finalement, j'en viens à penser que, dans sa noirceur même, Black swan ne parle pas d'autre chose.

Black swan
Film américain de Darren Aronofsky (2010)
J'ai eu peur. Après l'avoir attendu, je craignais que ce projet signé Aronofsky finisse par me décevoir. Mais non: je le range volontiers du côté des oeuvres puissantes de son auteur, aux côtés de Requiem for a dream, donc, et également de The wrestler. En attendant d'avoir l'occasion de découvrir Pi, seul The fountain me paraît finalement moins convaincant. Il reste intéressant de replacer chaque pièce dans la perspective du puzzle Aronofsky. Pour répondre à ceux qui ont affirmé que le cinéaste avait pompé ailleurs la trame de son scénario, je note qu'il n'est pas seul. Quentin Tarantino le fait lui-même très souvent, de manière bien plus consensuelle, je crois. Bref. J'ai vécu pour ma part un bon et grand moment de cinéma. Tout en prenant d'ailleurs beaucoup de plaisir à ouvrir "autrement" mes oreilles à la musique éternelle de ce bon vieux Tchaïkovski.

vendredi 18 mars 2011

Mourir d'amour

Une chronique de Martin

Les grands artistes sont-ils forcément audacieux ? Si la question revient ponctuellement me hanter, c'est sûrement parce que je n'ose même pas y apporter une réponse trop affirmée. La construction progressive de ma culture cinématographique m'amène à penser qu'effectivement, les créateurs qui osent sont très souvent également les plus intéressants. Ce qu'il y a de bien, quand on prend un peu de recul, c'est qu'il est possible de constater que l'audace reste une idée trop floue pour être réellement définie. Je doute qu'elle puisse réellement être un concept universel. Mais pour donner un exemple, je crois que James Gray a eu de l'audace quand il a décidé d'ouvrir son film, Two lovers, par une tentative de suicide.

En comparaison, je n'ai pas pris beaucoup de risques. J'ai toutefois ressenti un petit frémissement au moment précis où j'ai découvert les premiers plans du métrage: j'avais en fait peur... d'être déçu. J'avais en effet entendu beaucoup de bien de ce film et je m'étonne après coup qu'il soit passé à côté d'un succès plus important. Effectivement, même si je ne peux aller jusqu'à dire que j'ai passé un bon moment à le regarder, je ne l'en trouve pas moins convaincant dans tous ses aspects. Adaptation libre mais pertinente des Nuits blanches, une nouvelle de Dostoïevski, le scénario s'intéresse à Leonard, un trentenaire américain qui retourne vivre chez ses parents après une rupture. C'est lui qui, d'abord, tente donc d'en finir, avant qu'in extremis, l'instinct de survie ne le fasse remonter à la surface du fleuve où il avait sauté. Vivre ? Mourir ? Survivre ? D'emblée, le ton général de Two lovers est donné.

Mais si le titre du film peut se traduire par Deux amants, ce qu'ont d'ailleurs fait ses distributeurs québécois, ce n'est évidemment pas un hasard. Après être sorti de l'eau, Leonard s'essayera à abandonner sa vie d'avant et à faire disparaître son chagrin, heureux d'avoir rencontré non pas une, mais deux femmes, Sandra par l'entremise aimante de ses parents et Michelle grâce au hasard de l'existence. Maintenant, je ne vous en dirai pas plus pour vous laisser apprécier selon votre propre expérience. Juste ce que vous aurez peut-être compris: il est question de sentiments contradictoires. Et si l'audace du début peut sembler se dissoudre ensuite dans un classicisme certain, le travail de James Gray - au scénario et à la réalisation - sait toujours éviter de tomber dans la banalité. Je salue d'ailleurs aussi le talent des acteurs de Two lovers: Joaquin Phoenix compose un rôle masculin d'une grande intensité aux côtés de Vinessa Shaw, impressionnante vu la petitesse de son CV cinéma, mais également de Gwyneth Paltrow, que je n'avais jamais perçue à ce niveau d'engagement. Signe qui ne trompe pas: même les rôles secondaires, confiés notamment à Isabella Rossellini et Elias Koteas, sont forts.

Two lovers
Film américain de James Gray (2008)
Au-delà de l'intrigue, sur le plan purement formel, Two lovers m'apparait comme une grande réussite. Sens de la narration et plans au cordeau de son auteur sont ses deux forces motrices. Personnellement, c'était mon premier James Gray: il me donne envie de découvrir les autres. D'ici là, je crois pouvoir tracer un parallèle avec le Match point de Woody Allen, une autre histoire d'amours croisées, orientée thriller cette fois. Les deux longs-métrages n'ont pas grand-chose d'autre de comparable, mais chacun mérite le détour pour son casting et ses qualités propres. Je vous conseille d'en juger par vous-mêmes dès que la bonne occasion se présentera à vous.

jeudi 17 mars 2011

Une odyssée lapone

Une chronique de Martin

Tout d'abord, un coup de gueule: je suis un peu navré de la manière dont le marketing va jusqu'à influencer le titre des films. On atteint des sommets: en anglais dans le texte, Very cold trip a été choisi pour la diffusion française de ce long-métrage finlandais et change même du titre choisi pour la promotion... anglo-saxonne - un titre dont je me suis servi, moi, pour ma chronique, en français, bien sûr. Il est évident qu'il y a ici une référence à Very bad trip, film américain sorti l'année dernière. Le comble, c'est que cette référence avait elle aussi un autre titre original en anglais et, ultime ricochet, que son titre "français" s'inspirait de Very bad things. Enfin bref...

J'imagine qu'il faut se réjouir que ce film soit parvenu jusqu'à nous. C'était pour moi une première rencontre avec le cinéma finlandais. D'où une question: comment Very cold trip est-il arrivé jusqu'ici ? Supposons - mention étant faite avant même les premières images - que c'est grâce au festival cinéma de l'Alpe d'Huez, qui lui a décerné son Grand Prix 2010. Le scénario, lui, est basique. Irina et Janne forment un jeune couple en crise: la jeune femme en a assez de voir son compagnon, un chômeur longue durée, ne rien faire de toutes ses journées. L'orage éclate quand, un jour où elle lui a laissé quelque argent pour aller acheter un décodeur télé, le garçon oublie la commission et squatte le pub voisin. Au coeur de la nuit, Irina met Janne dehors et lui laisse jusqu'au petit matin pour dénicher l'objet.

Vous l'aurez peut-être compris à la première image: la colère d'Irina transforme Very cold trip en road movie lapon. L'intrigue principale s'accroche aux basques de Janne, forcé d'embarquer ses copains Kapu et Räihänen dans l'aventure. Un voyage qui, dans la nuit et le froid, ne sera pas de tout repos. Il y a quelques vrais morceaux de bravoure dans ce petit film venu d'un horizon lointain. Je n'ai certes jamais ri aux éclats, mais j'ai souvent souri devant les péripéties du trio. Potache parfois, l'humour ici développé est surtout tendre: malgré tous ses défauts, il n'est pas difficile de prendre Janne en affection tant, ultimatum sous les yeux, il se démène pour "garder" Irina. Évidemment, il a de la concurrence, mais... bon, vous verrez bien.

Même si ce n'est pas l'intention première du réalisateur, je dois dire que le film a aussi une certaine sensibilité sociale. Ses personnages sont un peu caricaturaux, mais, en tant que tels, j'imagine donc qu'ils s'inspirent aussi d'une certaine réalité. Au-delà du pur plaisir que m'a procuré cette séance cinéma, je suis content d'avoir pu ouvrir une petite porte sur le monde extérieur. Car, même si c'est pourtant un pays qui m'a toujours attiré, je ne sais pas grand-chose de la Finlande d'aujourd'hui. Very cold trip a le mérite de montrer quelques jolis paysages et, plus prosaïquement, nous rappelle également que nos voisins du Nord sont eux aussi passés à l'euro. Peut alors émerger l'envie d'en savoir un peu plus. Sans se fatiguer pour autant, d'après moi, ça peut être l'un des buts du cinéma.

Very cold trip
Film finlandais de Dome Karukoski (2010)
Juste histoire de boucler la boucle, je crois tout de même devoir ajouter que la comparaison implicite avec Very bad trip garde malgré tout une pertinence. L'approche sociale du long-métrage l'écarte néanmoins de la simple loufoquerie de son prédécesseur américain. On reste dans la comédie, loin de ce que pourrait raconter un Ken Loach. Je vous renverrais cependant vers Looking for Eric dans le cas où vous rechercheriez un vrai film social et drôle à la fois.

mercredi 16 mars 2011

Fais-moi mal !

Une chronique de Moko-B

Je n'aime pas les films d'horreur. Les éclaboussures de sang gratuites, les poursuites stupides, les cris trop posés pour être vrai, l'abondance de musiques suggestives et les scénarios réchauffés... je déteste. Par contre, j'aime les films qui me donnent des frissons, ceux qui me hantent même après la dernière minute du générique. J'aime les films qui me retournent les tripes et qui me procurent une angoisse psychologique soutenue.

Le réalisateur français Pascal Laugier a offert en guise de second long-métrage, non par un film d'horreur - comme il a été dit ici et là - mais un thriller psychologique: Martyrs.

Le pitch paraît simple et simpliste. L'histoire se passe en France dans les années 70. Martyrs introduit la rencontre entre Lucie, orpheline évadée d'un lieu inconnu où elle a visiblement été torturée, et Anna, pensionnaire qui se prend d'amitié et d'affection (maternelle) pour elle. Lucie a l'air (très) perturbée - on le serait à moins - et laisse présager d'une future dégringolade psychologique (faite maison). Pas tout à fait. Martyrs balance un premier quart d'heure explosif, sanguinolent et brutal.

À ce stade du film, on est légèrement perplexe. Une part de notre subconscient remercie presque le réalisateur de ne pas nous avoir éprouvé plus que ça. Très vite cependant, on renifle dans l'air un relent nauséabond de danger sournois. Martyrs fait appel aux peurs profondes par sa dimension psychologique intense. Nous servir une entrée facile pour nous forcer à baisser notre garde est plutôt inédit dans ce genre de film. Si le personnage de Lucie intrigue et laisse à penser qu'il sera au centre d'une énigme détournée (pondue éventuellement à la 96ème minute du film), c'est ensuite Anna qui prend le dessus. L'intrigue n'est pas celle que l'on croyait et l'histoire est loin d'être finie. Les yeux écarquillés, la peur au ventre, le spectateur finit par avoir l'impression d'avancer avec Anna et de se faire prendre au piège en même temps qu'elle. Il ne s'agit pas d'attendre de savoir "qui va se faire tuer" mais réellement de comprendre le sens profond des actes se déroulant sous nos yeux. On se retrouve isolé, pris en otage par les images et leur signification.

Absence de musique, lumière blafarde, ambiance vert-de-gris et rigidité palpable... Martyrs laisse le spectateur tout nu, submergé par des sensations fourmillantes dans l'esprit. L'atmosphère est ténue. Le film nous traîne par les cheveux jusqu'à la dernière image, nous laissant seuls face à la folie dans laquelle peut mener une "simple" interrogation humaine sur la foi. Comme des enfants réprimandés, on suit l'intrigue majeure du film sans broncher, la langue sèche et collée au fond de la bouche.

Martyrs
Film français de Pascal Laugier (2008)
Mylène Jampanoï (Lucie) et Morjana Alaoui (Anna) mènent avec justesse et sincérité leurs rôles respectifs dans ce film désincarné. Malmenées, torturées, achevées, elles livrent une détresse déchirante qui parcoure l'échine du spectateur et lui hérisse la peau. Pascal Laugier avait livré un premier travail sur un film fantastique de semi-épouvante avec Saint-Ange, où il dirigeait Viginie Ledoyen et Lou Doillon. Je n'avais que moyennement été convaincue par ce long-métrage, pourtant correctement mené. Martyrs offre une perspective neuve sur les thrillers psychologiques. Il serait trop facile de dire que ce film est choquant ou horrible. Martyrs est dérangeant et perturbant. Il empêche le spectateur de s'accrocher au caractère "fictionnaire" de ce qu'il voit. Tout pourrait être vrai. Tout est peut-être déjà vrai. Et si cela se passait quelque part, en ce moment même ? Et si c'était vous, le prochain martyr ?

mardi 15 mars 2011

La prophétie du lapin

Une chronique de Martin

Je reconnais volontiers que la frontière est étroite. Si j'aime modérément la science-fiction, j'ai un intérêt pour le fantastique. L'idée est bien toujours de "partir ailleurs" et de revenir avec du neuf en soi: au-delà du pur divertissement, c'est ce que je recherche généralement au cinéma. En matière de situations du genre décalées de notre quotidien, j'ai été copieusement servi avec Donnie Darko. Ce film, je l'ai découvert un peu par hasard, après qu'il m'a été prêté. Son héros est un jeune Américain, en conflit ouvert avec sa famille: sous l'oeil impassible d'un père effacé, il insulte sa mère et sa soeur. La crise d'adolescence n'est pas l'unique explication: le garçon souffre également de troubles psychologiques sévères et, pour essayer malgré tout d'en venir à bout, consulte régulièrement un psy.

Ce que cette histoire a d'innovant ? Dans ce qui, à mes yeux, ressemble fort à une schizophrénie aggravée, Donnie Darko est aussi somnambule et, au coeur d'une nuit agitée, découvre un lapin géant qui lui annonce l'imminence de la fin du monde. Il reste exactement 28 jours 6 heures 42 minutes 12 secondes à vivre. Sans trop trahir les enjeux et rebondissements de cette intrigue, je crois pouvoir dire que le tout porte sur l'essence même du monde en question. Est-ce bien celui que nous connaissons tous ? Est-ce plus "simplement" celui de Donnie, sa réalité palpable et les fruits de son imagination ? S'interroger, ici, ce n'est pas répondre. J'ai l'impression que le film ne règle aucune interrogation fondamentale. Il laisse chacun libre d'interpréter ce qu'il voit comme il... l'entend. Et c'est bien ainsi.

Si vous doutez de ma bonne compréhension, vérifiez: la teneur exacte de Donnie Darko fait l'objet d'intenses débats un peu partout sur la toile. D'aucuns suggèrent qu'il est même très présomptueux que de prétendre avoir saisi l'ensemble du propos. Bref, chacun avance des hypothèses et, quand on synthétise les différentes pistes, aucune n'émerge de façon particulièrement convaincante. C'est probablement là que réside tout l'intérêt du métrage. Détail amusant et troublant à la fois: il n'avait pas eu grand succès lors de sa sortie, n'étant distribué, sauf erreur, que dans sept (!) salles américaines. Devenue culte après son édition DVD, l'oeuvre du jeune réalisateur Richard Kelly joue beaucoup sur l'ambiance et une belle reconstitution des années 80. Jake Gyllenhaal en tête, le casting est particulièrement convaincant, avec notamment un Patrick Swayze parfaitement à l'aise à contre-emploi ou, surprise, Drew Barrymore dans un petit rôle assez énigmatique. J'ai aussi eu le plaisir de revoir Mary McDonnell, une actrice qu'on ne voit finalement que rarement sur grand écran. Tous entrent dans le jeu et emportent l'adhésion.

Donnie Darko
Film américain de Richard Kelly (2001)
Un spectacle à déconseiller à vos amis trop cartésiens. Sous réserve que vous soyez ouverts à un cinéma plus "expérimental", je dois toutefois vous recommander de voir le film comme l'échantillon improbable d'un genre difficile à cerner. J'ai sans doute vu trop peu de ces oeuvres floues sur les frontières entre la réalité et la fiction, mais j'ai apprécié celle-là. Assez sombre à vrai dire, sa conclusion m'a laissé sans réponse à l'ensemble des questions qu'avaient posées son déroulé. À part dans le lointain Lost Highway de David Lynch, qu'il me faudrait de fait revoir, je n'avais pas eu cette sensation depuis longtemps. C'est une bonne expérience de cinéma à vivre. Après ça, peu importe qu'on en fasse une habitude ou non...

dimanche 13 mars 2011

Music and lights

Une chronique de Martin

Voyez-y un paradoxe si vous voulez: c'est en fait plutôt un hasard qu'autre chose. Moi qui vous ai dit avoir du mal à apprécier pleinement la science-fiction, il se trouve que j'ai pourtant enchaîné quelques films de ce genre dernièrement. Et je dois dire d'emblée que celui dont je vous parle aujourd'hui m'a plutôt plu. Ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais j'ai été séduit par son univers. Peut-être bien grâce au fameux critère du "sujet crédible dans le monde dit normal".

C'est par l'image que j'ai abordé Tron l'héritage, dernière oeuvre venue des studios Disney. Vous le savez sans nul doute déjà: ce film est la suite lointaine d'un premier épisode sorti en 1982 (29 ans !). On y retrouve d'ailleurs le personnage principal du premier opus, Kevin Flynn: Jeff Bridges joue toujours ce concepteur de systèmes d'exploitation informatiques, disparu au coeur... du réseau qu'il a inventé ! La nouvelle aventure tourne autour de Sam, son fils, interprété par Garrett Hedlund. Un gamin devenu quasi-trentenaire et qui, à son tour, va être aspiré dans le monde virtuel de la Grille...

Pour les non-anglophones, j'aurais pu choisir d'intituler ma chronique Sons et lumières. Ce sont bien les premières images issues de Tron l'héritage qui ont fait naître l'envie: les trouvant belles, je me suis dit qu'elles parviendraient à m'emmener ailleurs, ce que j'attends généralement du cinéma. Mission accomplie et plutôt deux fois qu'une: la musique contribue aussi à la réussite formelle du métrage. Signée Daft Punk, elle pourrait paraître banale, mais colle parfaitement à l'esthétique générale du film. Et je dois aussi parler de la 3D: elle est utilisée avec parcimonie, si une scène particulièrement spectaculaire paraît s'imposer. Vraie bonne idée !

La magie des effets spéciaux est également de faire apparaître ici deux Kevin Flynn, l'un jeune et l'autre plus âgé, avec pour matériau un seul et même Jeff Bridges. Si le scénario rouvre - timidement - une porte sur la question du clonage, le résultat plastique obtenu reste impressionnant. Il faut le savoir pour le croire ! Pour le reste, Tron l'héritage repose sur une histoire classique, pour ne pas dire ordinaire, avec ce combat entre le bien et le mal dont Hollywood abreuve (très) régulièrement les écrans. Je garde toutefois le plaisir d'une exploration en territoire inconnu et l'envie est désormais forte d'un retour aux sources de l'épisode initial. Je cherche comment.

Tron l'héritage
Film américain de Joseph Kosinski (2010)
Pas question de noter là-dedans autre chose qu'un divertissement aimable, vite vu, vite oublié. Dans le genre, d'autres films existent, bien meilleurs que celui-là. Mais pas question non plus de me renier. J'ai passé un bon moment devant ces images. Sans fasciner, le film m'en a donné pour mon argent, offrant à ma rétine quelques plans assez somptueux. N'étant pas très porté vers la science-fiction habituellement, ainsi que je vous l'expliquais l'autre jour, j'ai du mal à vous proposer une comparaison adéquate. Il faudrait que je revoie Blade runner ou Minority report. Et si vous avez d'autres pistes...

samedi 12 mars 2011

Caramel ou chocolat ?

Une chronique de Moko-B

Si l'on pouvait refaire certains choix, que ferions-nous ? Si l'on nous offrait de connaître à l'avance notre destinée, cela nous éviterait-il de commettre les erreurs à venir ? Voilà qui est plus qu'incertain.

Ce sujet épineux est au centre de Mr. Nobody, 3ème long-métrage du Belge Jaco Van Dormael (Toto le héros et Le Huitième jour). J'avoue d'emblée m'être fait prendre au piège par la bande-annonce, un problème sur lequel je reviendrai fréquemment. Elle présentait le film comme futuriste, mystérieux, touchant peut-être à l'immortalité. En réalité, Mr. Nobody est un OVNI - comme je les aime - dans le paysage cinématographique du 21ème siècle. Jaco Van Dormael, spécialiste des univers oniriques selon certains, nous offre un conte philosophique qui force la réflexion personnelle.

Ainsi, le spectateur tente-t-il de se frayer un chemin dans les souvenirs - vrais ou supposés - de Némo Nobody, un vieil homme de 118 ans, qui accepte de laisser à la postérité la mémoire de sa vie humaine en racontant à un jeune journaliste son histoire. Ceci est une part de la réalité et l'équation est loin d'être aussi simple. Némo retrace, mélange, disperse et reconstruit son existence à l'infini. Il nous lance sur une voie, que nous suivons assidûment, puis un élément vient brouiller les pistes. La contradiction s'installe et le doute aussi. Et alors que l'on voudrait se remémorer des détails, chercher des indices et discerner le vrai du faux, Némo - et donc Jaco - nous entraîne déjà vers une autre piste. Faire et défaire, voilà le leitmotiv de ce film décalé qui se sert en guise de base, de 3 filles/femmes mises en parallèle aux parents séparés de Némo et représentant tous les chemins possibles.

Jaco Van Dormael a choisit (l'excellent) Jared Leto pour incarner Némo Nobody "adulte" et on l'en remercie. D'une précision incroyable, il transfigure complétement le rôle chaque fois qu'il apparaît à l'écran. Son visage doux et beau, qui oscille encore entre adolescence et âge adulte, et son regard bleu si perçant - détails qui pourraient lui valoir des critiques acides en d'autres circonstances - servent ici à donner au personnage une aura "angélique", nécessaire au personnage. Jared Leto fascine.

Diane Kruger - dont je ne suis pas spécialement fan au demeurant - offre elle aussi une justesse qu'on lui connaissait peu jusqu'ici. Loin des artifices "héléniens" - mais non, il n'y a point de sous-entendu - qu'on a pu lui connaître fréquemment, elle abandonne sa blondeur et son maquillage parfait, pour une allure plus "nature". Notons d'ailleurs qu'elle succède dans le rôle d'Anna - et pour la chronologie du film - à Juno Temple, incroyablement "teenagelicious" (terme complètement moko-inventé).




Mr. Nobody
Film franco-saxo-belge de Jaco Van Dormael (2010)
Boudé par le Festival de Cannes en 2009, Mr. Nobody fait partie de ces longs-métrages insolites qui prouvent que le cinéma peut encore et toujours étonner. Autour d'une histoire improbable et désarticulée s'entrelacent 1001 perspectives différentes. Jaco Van Dormael a créé un monde, des mondes, uniques et tour à tour drôles et effrayants. Nous observons alors toutes les difficultés à gérer le savoir et la vérité. Comme une thèse offerte au public avec des acteurs pour illustrer chaque argument, le réalisateur répond à ceux qui aiment à penser que tout irait mieux s'ils pouvaient prévoir ce qui va leur arriver. Mr. Nobody nous rappelle que plus qu'on ne le croit, il est difficile de choisir. Certains diront que ce film est élitiste, d'autres qu'il est trop long (2h30 pour la version director's cut). Pour ma part, je pense que Mr. Nobody, servi par une délicieuse bande-son, est un chef-d'oeuvre discret. Comme une matière vivante, le film évolue constamment, change de forme, de style. Laissons le mot de la fin à Jaco Van Dormael qui le dit lui-même: "C'est un film sur le doute. Enfin, je peux me tromper".