vendredi 30 septembre 2022

Dans les nuages

Il y a pas mal d'images étonnantes dans Nope. La chronique longue que je souhaitais lui consacrer se transforme en un texte court. J'aime l'idée d'une "analyse" un peu énigmatique - comme le film. Sceptique sur le réel talent de Jordan Peele, j'ai en fait choisi ce film comme une seconde chance à lui donner. Et je n'ai pas à le regretter !

Nous sommes transportés jusqu'à Agua Dulce, en bordure du désert californien. Un homme et son fils élèvent des chevaux pour le cinéma et la télé. Un jour, le vieux type est tué par un morceau de métal tombé du ciel. Et on ne comprend alors guère ce qui se passe ! Toujours est-il qu'une menace semble roder dans les rares nuages plantés au-dessus du ranch que l'on vient tout juste de découvrir. Partant de là, deux choix s'offrent à vous: vous pouvez rejoindre ceux qui considèrent Nope comme une critique du monde du spectacle. Personnellement, j'ai retenu l'autre option: celle du premier degré. Tenu en haleine par le mystère, j'ai aimé que certains des enjeux m'échappent totalement: c'est une porte ouverte à l'imagination. J'aurais aussi pu vous parler d'un singe agressif, d'une femme homosexuelle ou d'un parc d'attractions... mais ça me semble inutile. Je vous laisse accommoder le secret de ce long-métrage à votre goût.

Nope
Film américain de Jordan Peele (2022)

Même le titre est mystérieux. Prenez garde au dialogue, les ami(e)s ! Et, si possible, essayez de voir cet OVNI de cinéma sans a priori ! Franchement, ce n'est pas un sommet, mais l'un des films inattendus de ce millésime. Je considère qu'il s'inscrit bien dans une tradition américaine du film d'attente, du grand Rencontres du troisième type au très chouette Midnight special. Oui, il y a bien pires références...

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Et si vous voulez en savoir plus, une alternative encore...

Côté pile, vous lirez Pascale. Côté face, vous irez vers Princécranoir. Pas envie de choisir ? C'est très bien: les deux valent bien un regard !

mercredi 28 septembre 2022

La guerre (ou presque)

Il y a dans le regard d'Emily Blunt quelque chose que j'aime beaucoup. Voilà, ça, c'est dit ! Et à présent, si vous le voulez bien, je propose d'évoquer Sicario, le dernier des films américains du réalisateur canadien Denis Villeneuve que je n'avais pas vus. Sa diffusion récente sur Arte a été une aubaine que je n'ai pas négligée. Et j'ai bien fait...

Si la jolie Blunt a un si gros flingue entre les mains, c'est qu'elle bosse pour le F.B.I. et contre les plus dangereux des narcotrafiquants. Aussitôt, le film nous plonge dans l'ambiance d'une intervention armée dont je me refuse à dévoiler tous les détails. Du bon cinéma d'action qui démarre au quart de tour et dont le rythme va crescendo. Sans surprise véritable, l'héroïne est rapidement invitée à travailler pour une entité plus chevronnée et l'accepte vite, sans réfléchir. D'aucuns estiment alors que Sicario ne tient pas ses promesses. D'après eux, le personnage central féminin n'est qu'un prétexte fallacieux au développement d'un scénario riche en testostérone. Personnellement, je ne partage pas cet avis. Si j'ai vu d'autres opus mieux ficelés, celui-là m'a paru très honnête - et son actrice-phare tient la route. Elle est aussi, c'est vrai, bien secondée par un trio masculin efficace: Benicio Del Toro / John Brolin / Daniel Kaluuya. Résultat: j'ai passé un vrai bon moment devant ma télé du dimanche. En revanche, sans Emily ni Denis, je vais... me dispenser de la suite !

Sicario
Film américain de Denis Villeneuve (2015)

Du grand cinéma ? Non. Une mise en scène soignée et des acteurs talentueux: ce n'est déjà pas si mal. Le réalisateur a fait mieux depuis, oui, et semble progresser régulièrement - et ses moyens financiers avec lui. Bon... ce film m'a donné envie de revoir le Traffic de Steven Soderbergh (sorti, pour sa part, fin 2000 / début 2001). Pour la femme dans l'enquête, on peut bien préférer Zero dark thirty.

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En tout cas, je ne suis pas le seul à m'être intéressé...

Pascale, Dasola, Princécranoir, Strum, Benjamin et Lui l'ont été aussi.

lundi 26 septembre 2022

Vivre et rouler vite

Avec Pio Marmaï et Pierre Niney, je citerais volontiers François Civil parmi les acteurs trentenaires qui m'inspirent une vraie sympathie. C'est pour lui - et aussi pour le réalisateur Yann Gozlan - que l'envie d'une séance de rattrapage autour de Burn out m'est (re)venue. J'avoue que le cinéma de genre made in France me rend très curieux !

Tony travaille comme cariste dans un grand entrepôt logistique. Séparé d'avec la mère de son fils, il est repéré pour ses réels talents de pilote par une équipe de moto professionnelle. Ce début de rêve devient un véritable cauchemar: la pointe de vitesse de notre ami suscite ainsi l'intérêt d'individus peu fréquentables, à qui l'ex de Tony doit beaucoup d'argent. Piégé, le jeune homme va alors travailler pour eux afin d'éviter que la situation dégénère encore davantage. Autant le reconnaître: le scénario de Burn out manque d'originalité. Le film, lui, est ce que je peux appeler "un divertissement efficace". Comme je l'ai lu par ailleurs, la mise en scène parie sur sa dimension immersive: en clair, on ne lâche pas la roue du personnage principal. L'itinéraire est certes largement balisé, mais l'absence de surprise n'empêche pas le plaisir. François Civil s'en tire très honorablement. Yann Gozlan, lui, a fait mieux depuis, mais je ne veux pas chipoter...

Burn out
Film français de Yann Gozlan (2018)

Trois étoiles et demie auraient suffi, mais la réalisation a une tenue certaine, ce qui m'encourage donc aujourd'hui à arrondir ma notation. Un peu du même style, j'avais aimé Alaska et Le fidèle, deux films passés relativement inaperçus et qui pourraient vous satisfaire aussi. Une chose est sûre: pour la vitesse, il n'y a pas que Drive sur la grille de départ. Oui, j'imagine que les motard(e)s ont bien d'autres pistes !

dimanche 25 septembre 2022

Total (provisoire)

À ce stade de nos échanges, je vous ai parlé de 48 films découverts au cinéma cette année. Et alors ? C'est aussi mon compte pour 2021. Rappel: l'an passé, les salles étaient restées fermées jusqu'au 19 mai. En 2019, année sans impact Covid, je m'étais offert 63 projections sur grand écran. Ce qui constituait mon plus "petit" total depuis 2013.

C'est avec un peu d'étonnement que je note que le nombre des films que je regarde chaque mois dégringole depuis... janvier dernier ! Même si j'assiste à davantage de séances, j'ai réduit mes visionnages sur d'autres supports (télé ou DVD): j'en arrive à une soixantaine depuis le début de l'année, une barre que je franchis habituellement en mai, juin ou juillet. L'avenir nous dira si ce phénomène s'inscrit dans une nouvelle tendance ou fait figure d'exception à la règle. Rassurez-vous: j'ai d'autres films à évoquer - et ce, dès demain midi. Il faudrait que je redresse la barre côté classiques, pour bien faire. Restez connectés, d'accord ? Je n'ai (bien évidemment) pas renoncé...

vendredi 23 septembre 2022

Le monde effondré

Le monde de demain ? Il sera ce que nous en ferons. Cette réplique d'un film d'animation méconnu - Numéro 9, si je ne me trompe pas - reste gravée dans ma mémoire: je la trouve 1) belle et 2) pertinente. Elle pourrait même être "recyclée" pour évoquer Vesper chronicles. Je pensais qu'il s'agissait d'un blockbuster et je faisais fausse route...

À ma décharge, je vous assure que les images de la bande-annonce ressemblent tout de même beaucoup à celles d'une grosse production américaine. Cela étant dit, le film n'abuse pas des effets spéciaux numériques: c'est d'ailleurs l'une de ses premières grandes qualités. Surprise: il ne nous arrive même pas de l'autre côté de l'Atlantique. Vesper chronicles est d'origine belge, française et... lituanienne ! L'histoire ? Sur Terre, les écosystèmes naturels se sont effondrés. Afin de sauver sa peau, l'humanité a fait joujou avec la génétique. Cela a échoué: seule une infime partie des femmes et des hommes est parvenue à survivre, menacée par les virus et les bactéries. L'immense majorité de ces rescapés doit plier l'échine sous le joug d'une petite minorité, cachée dans des villes qu'on appelle citadelles. Il y a les nantis et les autres, ceux qui vendent leur sang en échange de graines qui ne donnent qu'une seule récolte. Une logique féodale...

La première des photos que j'ai choisies vous montre la jeune fille supposée être l'inspiratrice d'un renversement de situation favorable aux plus humbles. Gare: dans Vesper chronicles, l'espoir est ténu ! D'une indéniable richesse esthétique, le film donne corps à un univers sombre que d'aucuns pourront identifier comme le nôtre, demain. J'ajoute qu'au départ, il est franchement contemplatif: si l'héroïne semble bien devoir affronter quelque péril indéfini, il faut du temps pour que le scénario présente ses enjeux et permette à l'intrigue d'apparaître au grand jour. C'est déroutant, étant donné que l'action n'est jamais réellement trépidante, mais ce n'est pas un défaut. J'oserai même dire que ce type de narration révèle toute l'originalité du long-métrage, assez éloigné finalement des standards du film d'action contemporain (et non-inscrit dans la logique des franchises). Las ! Le public n'a pas l'air de suivre: ainsi, après trois semaines d'exploitation, l'opus n'atteignait même pas les 130.000 spectateurs. L'année est dure pour tout le cinéma, mais c'est désolant, je trouve...

Vesper chronicles
Film belgo-franco-lituanien de K. Buozyte et B. Samper (2022)

Un couple aux manettes et quatre étoiles pour exprimer mon soutien aux productions de ce genre, à la fois originales et ambitieuses. Arrêtez-moi si je me trompe: on ne voit pas tous les jours pareil film dans le cinéma français et européen. Je vais dès lors oser un parallèle avec deux longs-métrages présentés cette année: Prospect et Gaia. Du cinéma (de genre) comme je l'aime ! Aussi inattendu qu'inspirant !

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Je ne suis tout de même pas le seul à avoir vu le film...

Vous pouvez donc retrouver des chroniques signées Pascale et Dasola.

mercredi 21 septembre 2022

Deux de tension

J'ai abordé les films d'épouvante par la facette des grands classiques. Je place des réalisateurs comme John Carpenter et Dario Argento comme des incontournables de ma cinéphilie (cf. la page d'index). Aujourd'hui encore, ces maîtres de la peur font des émules: bravo ! C'est sans guère hésiter que j'ai donné une chance à Red screening...

Soyez d'emblée prévenus: ici, vous côtoierez l'horreur pure et dure. Bienvenue au rayon des slashers, ces films qui trucident allégrement leurs personnages jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un tout petit nombre. Si Red screening m'a fait envie, c'est parce que l'action se déroule dans un cinéma et, comme le titre l'indique, pendant une projection. Chose amusante: il y a donc un film dans le film. Mieux, il se trouve que le réalisateur de cette autre "oeuvre" incarne le tueur implacable dans celle dont je vous parle aujourd'hui ! C'est bon, vous suivez ? Malheureusement, le reste est peu intéressant, même si la nationalité uruguayenne du long-métrage du jour a aussi su titiller ma curiosité. Abstraction faite des vrais amateurs du genre, le public de ce truc m'apparaît très limité. Et j'ajoute qu'il n'est pas sorti dans les salles...

Red screening
(alias Al morir la matinée)

Film argentino-uruguayen de Maximiliano Contenti (2020)
Une origine "exotique" et un hommage que je veux croire très sincère aux pères fondateurs du cinéma gore: c'est tout ce que je retiendrai de cet opus franchement dispensable. Une petite déception pour moi ! D'aucuns citent Scream (1996) comme la vraie référence du slasher. Quant à moi, je préfère encore les films cultes des décennies 70 et 80 tels que Suspiria, Fog ou Opéra. Et cette liste n'est pas exhaustive...

lundi 19 septembre 2022

Cavale

Bon... mon film du jour peut encore s'apparenter à un road movie ! Présenté au Festival de Sundance 1994, il mit 25 ans avant de sortir dans les salles françaises. C'est sans doute grâce à la notoriété croissante de Kelly Reichardt que l'on a pu découvrir River of Grass. C'est ainsi qu'on désigne une zone de Floride (proche des Everglades).

J'ai parlé de road movie. La cinéaste le dit aussi et présente son film comme "un road movie sans route, une histoire d'amour sans amour ou une histoire criminelle sans crime". Deux personnages principaux suffisent à raconter l'histoire de Cozy, une (jeune) mère de famille lassée de sa vie monotone. Un beau jour, elle monte dans une voiture avec Lee, un marginal qu'elle a rencontré dans un bar. Le hasard fait que ce dernier a entre les mains un flingue qui appartient à un flic étourdi, batteur de jazz à ses heures perdues: le propre père de Cozy. Voilà... le reste, je vais vous laisser le découvrir seuls. Il faut avouer que ce ne sera pas forcément facile: River of Grass est un film rare. Dire qu'il m'a passionné serait mentir, mais je suis vraiment content d'avoir réussi à le voir dans l'idée de tout connaître de sa réalisatrice. Le portrait de l'Amérique pauvre qu'elle nous présente vaut le détour. J'apprécie ce minimalisme. C'est pourquoi, tôt ou tard, j'y reviendrai !

River of Grass
Film américain de Kelly Reichardt (1995)

Ce long-métrage ne dépasse pas une heure et quart de projection. Autant dire que, malgré mes bémols, j'ai aisément "tenu la distance". Certains critiques professionnels font un parallèle entre ce film méconnu et quelques classiques du cinéma US, tels Bonnie and Clyde ou La balade sauvage - que je reconnais ne pas avoir encore vus. Côté road movies, je dirais Thelma & Louise. Et Sugarland express !

dimanche 18 septembre 2022

Jean R. et Patrice L.

Que les sieurs Rochefort et Leconte parviennent à tourner Tandem n'était pas gagné d'avance. J'ai lu que le comédien et le réalisateur s'étaient très mal entendus - Jean demandant qu'on vire Patrice ! - sur le plateau de Les vécés étaient fermés de l'intérieur (1976). Cette brouille ne sera que passagère. Heureusement pour le cinéma...

Plus de dix ans séparent les deux films, mais la réconciliation tardive des deux hommes permettra Le mari de la coiffeuse en 1990, Tango trois ans plus tard, le doublé Les grands ducs-Ridicule courant 1996 et L'homme du train en 2002. Il faudrait que je les revoie tous. J'avoue que, par ailleurs, je pense que d'autres duos acteur / cinéaste mériteraient que je leur consacre une pleine semaine de chroniques comme celle qui s'achève (et avec davantage de films, peut-être). Promis: je vais y réfléchir. Tout en restant ouvert à vos suggestions !

jeudi 15 septembre 2022

Une dernière route ?

"Chers amis, bonjour !": je me souviens de ma grand-mère paternelle écoutant Le jeu des mille francs à la radio, avec Lucien Jeunesse comme présentateur. Nicolas Stoufflet est désormais au micro d'Inter et les francs sont devenus euros, mais le lien possible avec Tandem reste tout à fait pertinent. Et cela pourrait bien faire jaser, encore...

À l'écran comme sur les ondes, il est en effet question d'un jeu radiophonique itinérant, diffusé chaque jour à partir d'une petite ville française. Au cinéma, il s'appelle La langue au chat et Jean Rochefort endosse le rôle de l'animateur vedette, Michel Mortez, accompagné par Gérard Jugnot comme chauffeur, technicien et... souffre-douleur. Car, oui, Tandem est en fait le portrait d'un misanthrope cynique. D'un homme vieillissant, qui supporte mal d'avoir des gens simples pour admirateurs et qui, sans le savoir, fait son dernier tour de piste. D'autres ont décidé pour lui qu'il était temps de partir à la retraite. Assez peu vu à sa sortie, le film porte bien son titre: il est double. L'impeccable Rochefort parvient sans mal à révéler toutes les failles intimes de son personnage, que Jugnot sublime avec le sien, humilié parfois, humble à coup sûr, et avant tout d'une fidélité indéfectible. Aucune fausse note dans le jeu de ce duo (très) justement accordé. Gare: j'ai parfois vu le long-métrage classé au rayon des comédies. Euh... je ne dirai pas ça. Ce qui, promis, n'enlève rien à sa grandeur !

Tandem
Film français de Patrice Leconte (1987)

Les gros chiens rouges et les cyclistes un peu dingues vous saluent. Pourquoi je dis ça ? Vous pourrez comprendre en regardant le film ! J'aime ce côté road movie désenchanté et les interprètes sont au top. Pour cette double raison, faire une comparaison avec les Américains de L'épouvantail pourrait s'avérer audacieux et pertinent à la fois. D'après certains, Don Quichotte et Sancho Panza ne sont pas si loin...

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Vous voulez creuser le sujet ?

Je vous suggère de commencer en lisant l'avis de "L'oeil sur l'écran".

lundi 12 septembre 2022

Sur la bonne voie ?

Je suis bien d'accord avec François Morel: Jean Rochefort et la mort n'ont rien à faire ensemble. J'affirme donc que j'admire le comédien moustachu, au présent. Désormais, j'ai rattrapé Un étrange voyage. Du personnage qu'il joue dans ce film d'Alain Cavalier, Monsieur Jean disait qu'il était particulièrement proche de lui-même ! Voyons cela...

Restaurateur de tableaux anciens, Pierre vit séparé de son épouse depuis une quinzaine d'années. Il ne s'est guère occupé de sa fille. Désormais, Amélie est une jeune femme et souffre de troubles psychologiques importants, qu'elle tente de dissimuler dans sa vie d'étudiante "ordinaire". Un jour, le duo se rapproche quand Pierre accepte qu'Amélie l'accompagne le long de la voie de chemin de fer entre Paris et Troyes. Il est persuadé que sa mère, Ginou, disparue subitement, y est tombée du train qu'elle avait pris pour lui rendre visite. Ne (sou)riez pas: cet argument s'inspire d'un fait divers réel. Un étrange voyage n'a d'ailleurs rien d'amusant, pour tout vous dire. Mais Jean Rochefort, qui avait lui-même perdu sa mère peu de temps auparavant, excelle justement dans ce rôle d'homme désemparé, pris soudain entre les sentiments que lui inspirent deux femmes de sa vie. Point important: sa jeune partenaire n'est pas en reste et, à 20 ans seulement, Camille de Casabianca avait même cosigné le scénario. Bon, vous l'aurez compris: ce film rare mérite franchement le détour !

Un étrange voyage
Film français d'Alain Cavalier (1981)

Un opus relativement inclassable et une belle oeuvre sur les deuils obligatoires et les brouilles encore remédiables. La relative austérité du propos n'empêche pas les moments de grâce et de pure émotion. Difficile d'établir des parallèles, mais si jamais le sujet de la perte vous intéresse, essayez Vers l'autre rive et/ou La chambre du fils. D'autres films qui nous parlent de la souffrance - et de l'apaisement...

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Un autre avis vous intéresse-t-il ?

Si c'est le cas, aucune hésitation à avoir: direction "L'oeil sur l'écran" !

vendredi 9 septembre 2022

Sept regards

J'avais prévu de présenter un film après ma chronique-anniversaire. Changement de programme: je vais évoquer des courts-métrages. Dernièrement, j'ai en effet eu l'occasion de découvrir les oeuvres primées au 45ème Festival du film court en plein air de Grenoble. Oeuvres reprises en salle après avoir été honorées tout début juillet !

Titan
Valéry Carnoy - 2021 - Belgique - 19'

Est-on chez nos voisins européens ? J'ai d'emblée supposé que oui. Nathan est un garçon d'une douzaine d'années, issu d'un milieu modeste. Il semble qu'il ait du mal à s'imposer parmi ceux de son âge. Ce mini-portrait a su m'emmener dans un "ailleurs" à la fois étranger et tout à fait familier. Une jolie réussite, en somme. Dans le rôle principal, Mathéo Kabati est d'une belle justesse et touche au coeur...

Lolos
Marie Valade - 2022 - Canada - 7'

Un peu moins convaincu par ce film d'animation, malgré une idée intéressante au départ. L'autrice-réalisatrice traite du rapport intime que les femmes entretiennent avec leurs seins. C'est drôle, parfois. Cela peut aussi être tout à fait dérisoire ou véritablement tragique. Sincèrement, je crois tout à fait comprendre l'importance du sujet. L'univers inventé a du charme, mais il m'aura manqué je ne sais quoi.

Deux soeurs
Anna Budanova - 2021 - France - 14'

Mon chouchou au sein de la sélection. Deux soeurs vivent (seules ?) auprès d'une noire forêt qu'elles se gardent bien de jamais pénétrer. Quand, attirée par une lumière, l'une d'elles cède à l'envie tenace d'aller voir ce qui s'y passe, un phénomène survient, aussi fascinant que potentiellement dangereux. J'y ai vu une belle allégorie de la vie. Porté par une forme impeccable, ce bref récit m'a transporté. Bravo !

Planète triste
Sébastien Betbeder - 2021 - France - 29'

Le portrait tendre d'un cinéaste timide censé créer un film complet avec des lycéens apparemment peu motivés par cette perspective. S'inspirer de leurs vies ? Ils n'en ont même pas envie. Le miracle arrive quand, d'abord moqueurs, ils prennent leur prof en affection. J'avais déjà pu voir un long du réalisateur. Et j'ai préféré ce court ! Une idée du vivre-ensemble, assez poétique (et un peu mélancolique).

Godzalina
Lucie Paras - 2021 - France - 5'

Le court-métrage n'est pas forcément le brouillon d'un film long. Pourtant, devant cette histoire d'une femme grimpée sur un monstre aquatique pour punir les machos, j'ai pensé qu'un récit prolongé pourrait aussi être intéressant. Tel quel, l'opus m'a amusé: bon point. J'ai bien aimé cette façon de nous parler de la solidarité féminine. Apparemment, c'est un projet de fin d'études. On verra bien la suite !

Vikken
Douna Sichov - 2021 - France - 27'

Des drag queens et kings dansent face à la caméra, filmés au ralenti. Des images fixes - et symboliques - se succèdent ensuite à l'écran. Quelqu'un travaille avec sa voix dans un studio d'enregistrement. Difficile à appréhender sur la forme, ce court est un documentaire étonnant autour de Véronique, née femme... et devenue homme. Éprouvant et nécessaire, je dirais - à l'image du témoignage recueilli.

Yulí
Patrick Dionne et Miki Gingras - Canada - 18'

Où il est question de la Colombie en général et de Medellín, capitale locale souvent citée pour les trafics de drogue et le crime organisé. Sans avoir la prétention d'avoir bien tout compris, je tiens à dire qu'ici, la métropole se voit offrir une autre image, positive, celle-là. Un étonnant voyage, en somme, en terre quasi-inconnue. Le plan d'ouverture est magnifique. Le reste ? Remarquable. À (re)voir, donc.

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Un mot de conclusion...

Vous l'aurez compris: j'ai vu de belles choses dans cette sélection. L'occasion d'apprécier des courts-métrages dans une salle de cinéma reste rare: il se peut donc que je renouvelle l'expérience à l'occasion. Vous aurez noté qu'une rubrique dédiée existe sur le blog, pas vrai ? Sept ajouts y sont donc prévus aujourd'hui. Les prochains attendront. Que tout cela ne vous empêche pas... de me faire part de votre avis !

mardi 6 septembre 2022

Et de quinze !

Une fois n'est pas coutume: je n'ai pas écrit de chronique hier, lundi. Habituellement, j'ouvre la semaine dès son premier jour, mais on dira que l'exception confirme la règle (ce qu'on vérifiera... dans six jours). En attendant, je pose une pierre blanche supplémentaire sur ce blog pour signaler que je célèbre ce mardi ses QUINZE années d'existence !

Mille et une bobines
est né à une époque où j'aimais moins le cinéma qu'aujourd'hui. 2.370 films et 2.826 chroniques plus tard, il est fidèle à sa vocation d'aide-mémoire - personnel - de toutes mes séances. Combien de bougies soufflerai-je encore ? Je n'ai encore rien décidé. Car, dans quinze ans, si je n'y suis pas, j'approcherai de la retraite. C'est difficile d'anticiper sur ce que sera ma vie à cette échéance. J'aurai encore le goût du cinéma, sans doute, mais sinon ? On verra. L'important pour moi est de continuer à m'inscrire dans une logique d'échange et de transmission autour des films les plus variés possible. Avec un immense merci à celles et ceux qui entretiennent la flamme !

dimanche 4 septembre 2022

L'empoisonneuse

Morbihan, autour de 1810. Une gamine, Hélène Jégado, vit à l'ombre d'une mère qui ne lui donne aucune affection. C'est donc en solitaire qu'elle doit affronter ses peurs enfantines, sans y arriver vraiment. Quelques années plus tard, aïe ! Elle deviendra la pire tueuse en série que la France ait connue. Le nombre de ses victimes: une trentaine...

Hélène ne fut condamnée que pour cinq meurtres, prescription oblige. Ce destin a nourri un roman de Jean Teulé, sorti chez Julliard en 2003 et devenu un film quatre ans plus tard. Le titre - Fleur de tonnerre - reprend le surnom que Madame Jégado mère avait attribué à sa fille. Dans la réalité des faits, il semble qu'elle n'ait pas été aussi méchante avec sa progéniture que la fiction le prétend. En présentant Hélène comme une jeune femme instable, pétrie de croyances populaires païennes et maltraitée par presque tout le monde, il est très possible que le long-métrage se fourvoie - ou en ajoute à une situation difficile, au point donc de la faire devenir littéralement invivable. Comment analyser ce choix ? Il offre en tout cas à Deborah François l'occasion de s'exprimer sur une gamme étendue. La jeune actrice belge s'en sort avec les honneurs, elle que je crois n'avoir jamais vue dans un tel registre auparavant. Le reste de la distribution apparaît malheureusement moins inspiré et le rythme du film trop mollasson pour convaincre. Je retiens la page méconnue de l'histoire bretonne...

Fleur de tonnerre
Film de Stéphanie Pillonca (2017)

Une (relative) déception. Les critiques que j'avais lues sur le film avant de le voir n'étaient pas très élogieuses, mais je m'étais imaginé que mon intérêt pour la Bretagne compenserait quelques défauts. Vérification faite, c'est le cas, oui, mais pas assez pour m'emballer. Autant donc vous conseiller de (re)voir Le cheval d'orgueil, un film différent à une autre époque, mais à mes yeux bien plus intéressant !

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Une petite info "people"...

La réalisatrice, Stéphanie Pillonca, est l'épouse de Gustave Kervern. L'intéressé apparaît très brièvement à l'écran dans le rôle d'un prêtre.

Et pour finir, les traditionnels liens...
Vous pourrez lire deux autres avis sur le film chez Pascale et Dasola

vendredi 2 septembre 2022

Le mur du son

Sept des dix films espagnols les plus vus dans les salles françaises datent des années 50 et 60. Les trois autres sont signés Almodóvar. J'ai du respect pour l'ami Pedro, mais je tiens à ce que mon approche du cinéma ibérique ne se limite pas à ses créations, aussi réussies puissent-elles être. J'ai donc rapidement été attiré par En décalage...

Le pitch promettait beaucoup: C. travaille comme ingénieure du son pour le compte d'une importante société de production audiovisuelle. Ses compétences sont appréciées à leur juste valeur, jusqu'au jour où, soudain, tout se détraque: les effets sonores qu'elle devait caler sur les images d'un film s'avèrent en fait totalement désynchronisés. Pire, C. se rend compte qu'il en va de même pour tous les bruits perceptibles dans son quotidien. Lorsqu'elle frappe l'une de ses mains contre l'autre, le "clac" n'arrive qu'avec plus d'une minute de retard ! Comment analyser ce phénomène ? C'est évidemment ce que le film s'efforce de nous raconter. Très intéressant sur le papier, oui, mais...

En décalage
est un peu trop nébuleux et, malgré une très belle scène de rendez-vous dans un café, reste assez terne et manque de rythme. J'ai trouvé le long-métrage plutôt frustrant, un peu comme si l'auteur n'avait vite plus su quoi faire au juste de sa (bonne) idée de départ. Dans le même temps, il en développe quelques autres qui, du coup, apparaissent incongrues car exagérément... décalées du sujet initial. C'est fort dommage pour Marta Nieto, une actrice que j'ai découverte avec ce film - et dont j'ai entendu beaucoup de bien par ailleurs. Meilleure chance la prochaine fois: on ne gagne pas à tous les coups. À quand mon prochain film espagnol ? Je ne sais pas. Que sera sera...

En décalage
Film espagnol de Juanjo Giménez Peña (2021)

J'attendais mieux de cet opus et lui attribue une note assez sévère. Maintenant, je vois mal ce qui m'a manqué: un récit mieux maîtrisé ou quelques explications rationnelles de plus sur ce que C. subit. L'ambiance de tension à la Blow out annoncée par certaines critiques n'est jamais apparue à mes yeux. Et rien n'a fait écho à mes oreilles ! Des idées de films où le son compte énormément ? Je reste à l'écoute.