samedi 31 mars 2018

Mon défi (étape 1)

Bon bon bon... comme il y a un an jour pour jour, je crois venue l'heure du premier bilan de ma participation au Movie Challenge. Cliquer sur les liens vous permettra, au besoin, de vous familiariser avec les règles de ce bingo cinéma inventé par Tina et son amie Lily. Je dois dire que je me sens assez bien parti dans cette édition 2018 !

Pour rappel, j'ai démarré au tout début de l'année et ma présentation du 31 janvier dernier faisait donc déjà état de trois étapes validées !

Voici donc désormais toutes celles que j'ai pu atteindre depuis...

2. Le film m'a déçu,
Braquage à la suédoise

5. Le film est d'origine européenne (hors France),
Western

8. Un personnage a le même nom (ou surnom) que moi,
Rivière sans retour

10. Le titre du film comporte une saison,
Lumière d'été

12. Le titre du film comporte une couleur,
Pattes blanches

17. Le film est un documentaire,
Makala

20. Le film a été primé à Venise ou à Berlin,
3 billboards - Les panneaux de la vengeance

21. Le film a été primé à Cannes,
American honey

26. Un personnage du film est atteint d'un handicap,
Profonds désirs des dieux

27. Le film n'est pas sorti dans les salles françaises,
The wolfpack

29. Un film avec un acteur que j'adore,
Downsizing

30. Un film avec une actrice que j'adore,
Comment voler un million de dollars

34. Le film est un remake ou a été "remaké",
Le deuxième souffle

38. Le héros du film n'est pas humain,
La forme de l'eau

39. Le film est basé sur des faits réels,
Pentagon papers

Ce bon départ ne doit pas m'illusionner. Depuis ma participation effective l'an passé, je sais d'expérience qu'il est relativement facile de débuter un Movie Challenge et bien plus compliqué de le terminer !

En l'occurrence, voici les rubriques qu'il me faut encore remplir...

1. Je voudrais changer la fin du film,
3. Le film a eu de mauvaises critiques,

4. Personne ne s'attendait à ce que j'aime le film,
7. Le film se déroule dans le milieu médical,
9. Le titre du film comporte un verbe à l'infinitif,

13. Le titre du film comporte un numéro,
14. Le film est réalisé par l'un de ses acteurs,
15. Le réalisateur du film n'est ni acteur, ni cinéaste,

16. Le film est muet,
18. Le film est un court-métrage,
19. Le film est sorti l'année de mon bac,

22. Le film a remporté l'Oscar du meilleur film,
23. C'est un premier film,
24. C'est un film engagé,

25. Le film m'a mis en colère,
28. Le film se déroule au collège, au lycée ou à l'université,
31. C'est un film sensuel,

32. Le film dure au minimum trois heures,
35. Le film est tiré d'une série ou en a inspiré une,
36. C'est l'adaptation d'un livre que j'ai lu,

37. C'est un film d'animation,
40. La bande-originale du film est bonne.

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Comme vous le constatez, j'ai encore pas mal de "travail" devant moi. J'avance doucement et, promis, je vous tiendrai bien sûr au courant !

vendredi 30 mars 2018

Doubles noces

Au programme de ce jour: deux "vieux" films réunis en un diptyque. Le mariage étant leur thème commun, je trouve pertinent et sympa d'ainsi les mettre en parallèle. Cela peut aussi donner une petite idée de l'évolution des moeurs, mais ces deux longs-métrages sont d'un ton assez badin, pour le coup. À classer au rayon des comédies (légères) !

Mon épouse favorite
Film américain de Garson Kanin (1940)

Plutôt bien conservée pour son âge, cette très gentille petite bluette met en scène Cary Grant dans le rôle d'un avocat plaidant sa cause personnelle devant un tribunal. Objets de sa requête: le constat légal de son veuvage et l'obtention du droit de se remarier. Un juge autoritaire complique un peu la chose, mais cette courte obstruction n'a que peu de conséquences en comparaison du retour inattendu d'une première mariée bien vivante. Débute alors, pour le bigame malgré lui, une partie de cache-cache intime avec ses deux épouses légitimes. Mine de rien, à l'époque, c'était un sujet plutôt audacieux ! Quelque chose me dit que le scénariste, lui, a dû ruser pour passer entre les filets de la censure. Il en résulte un film daté, mais rigolo. Coup de coeur personnel pour Irene Dunne... et son art du come-back.

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Une petite anecdote ?
Un remake était prévu en 1962, avec pour vedette Marilyn Monroe. Cyd Charisse et Dean Martin n'ont pu le finir après la mort de la belle. Something's got to give est donc resté inachevé. Une autre version est finalement sortie un an plus tard, en 1963: Pousse-toi, chérie. Doris Day, Polly Bergen et James Garner occupent les rôles principaux.

Et un lien en bonus ?
Vous trouverez un autre avis sur le film du côté de "L'oeil sur l'écran".

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Le père de la mariée
Film américain de Vincente Minnelli (1950)

Cette fois, pas de ménage à trois, mais les profondes inquiétudes d'un papa dont la fille va convoler en justes noces ! Toute la question est bien sûr de savoir si elles sont légitimes ou non. On aurait envie d'y croire une seconde devant la mine déconfite d'un Spencer Tracy convaincant, mais, du haut de ses 18 ans, Liz Taylor est si décidée qu'on pensera plutôt le contraire. Cela dit, et ainsi que son titre l'indique on ne peut plus clairement, le film adopte le point de vue paternel. Rassurez-vous, jeunes gens: c'est bien sûr pour s'en moquer gentiment et donc rire tout au long de ses fameuses (més)aventures. Aujourd'hui, de fait, on ne peut décemment pas faire autre chose ! C'est à la toute fin que l'on pourra ensuite apprécier le côté guimauve de cette histoire, puisque, évidemment, tout est bien qui finit bien...

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Une petite anecdote ?

Oui ! La même (ou presque) ! Juste pour confirmer qu'un remake existe bel et bien, cette fois, sorti aux States le 20 décembre 1991. Avec, au tout premier rang du casting, Diane Keaton et Steve Martin. 

Et... autre chose ?

Non, désolé: je ne vois rien de particulier à ajouter à ce que j'ai écrit. Du coup, on se retrouvera ce week-end pour ma prochaine chronique !

mercredi 28 mars 2018

Bobo biloute

J'aurais pu vivre à Lille, mais un résultat de concours en a décidé autrement, il y a déjà une vingtaine d'années ! Je ne regrette rien. Cela dit, je ne saurai jamais vraiment comment je verrais Dany Boon en tant qu'habitant du Nord. Tout ça pour dire que le régionalisme marqué d'un film comme La ch'tite famille n'a pas de prise sur moi...

Fidèle à son humour, Dany Boon a donc écrit une nouvelle comédie orientée sur les accents et différences socio-culturelles entre le Nord et... le reste. Il s'est donné cette fois le rôle d'un grand designer français, qui dissimule ses origines modestes - et donc nordistes - pour briller dans un certain monde parisien: celui de ses clients. Quand, soudain, sa mère, son frère, sa belle-soeur et sa nièce débarquent dans l'idée de fêter un anniversaire, le choc est violent. Un accident plus tard, notre ami le biloute repenti a perdu la mémoire et retrouvé son vocabulaire provincial. Panique chez les bobos ! Autant admettre que La ch'tite famille ne brille pas par sa subtilité...

Je n'ai pourtant pas envie de cracher sur ce film, que je crois sincère. Les acteurs sont bons, dans l'ensemble, même si François Berléand m'a paru en faire des caisses dans le rôle du "méchant" beau-père. J'aimerais vous préciser que je me suis laissé surprendre par l'épouse revêche qu'incarne Laurence Arné, d'abord parce que cette actrice m'était inconnue jusqu'alors, mais aussi parce que son personnage évolue de manière inattendue. J'octroie d'autres mentions honorables à Valérie Bonneton et au tandem Line Renaud / Pierre Richard. Maintenant, je ne vous raconterai pas d'histoire: La ch'tite famille dégouline de bons sentiments et il faut donc avoir l'estomac solide pour digérer tout ce sucre. Oui, on a déjà vu (beaucoup) plus drôle. Ce ne sera pas ce film qui rehaussera la cote des comédies françaises. Je pourrais donc être plus cinglant, mais je m'y refuse. Avec un instant rock'n'roll et un bêtisier, le final emporte le morceau !

La ch'tite famille
Film français de Dany Boon (2018)

Dix ans après, le célèbre gars du Nord ne renouvelle pas l'exploit comique de Bienvenue chez les Ch'tis. La barre était un peu haute pour cela, j'imagine, en tickets vendus et/ou en qualité d'écriture. Rien n'interdit toutefois de prendre les choses du bon côté et de juger que le Boon actuel est resté fidèle au Dany d'hier (ou inversement). Les inconditionnels pourront toujours enchaîner avec Eyjafjallajökull.

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Et, pour finir, le César est attribué à...

Dany Boon ! L'humoriste s'était ému, en 2009, de l'absence de prix pour les comédies au cours de la  grand-messe du cinéma français. Grace à Raid dingue, le long-métrage en tête du box-office des films français en 2017, il obtient cette année... le premier César du public !

lundi 26 mars 2018

Joyeux Noël

Cela ne m'était plus arrivé depuis... sept ans: j'ai passé tout le mois de février sans voir le moindre film français ! J'ai rattrapé cet impair dès le premier jour de mars, en m'orientant vers un grand classique de notre patrimoine: le Quai des orfèvres d'Henri-Georges Clouzot. Ah, quel bon choix ! Et quel plaisir ! Je me suis franchement ré-ga-lé !

 
Le film a pour cadre général le milieu du music-hall, dans le Paris encore fragile de l'immédiate après-guerre. Marguerite Chauffournier est appellée Jenny Lamour. Chanteuse de cabaret, elle rêve de percer au cinéma. Une ambition que dédaigne son mari. Maurice Martineau est un jaloux, déterminé à tuer quiconque lui contesterait l'exclusivité des faveurs de la belle enfant. Or, un vieillard prétendument influent vient admirer l'intéressée de très près. Qu'arrive-t-il ? À vous de voir. Vous pouvez sûrement deviner que le bien nommé Quai des orfèvres vire alors au polar. Ce n'est pas faux, non, mais... ce n'est pas tout. Très sincèrement, cet aspect du scénario m'a même paru secondaire !

Je m'explique: au-delà donc de l'intrigue, j'ai surtout apprécié le film pour la (belle) lumière qu'il apporte sur la vie des classes populaires. Bien sûr, vous me direz que les temps ont changé et qu'il est probable que ce qui est montré ici n'existe plus sous cette forme aujourd'hui. Qu'importe: l'extrême rigueur apportée à la composition de ce tableau m'a tout simplement émerveillé. Il faut dire aussi que la distribution est vraiment aux petits oignons. Qu'il soit sur le devant de la scène ou plus en retrait, chaque personnage "sonne" juste. J'ai été heureux de cette opportunité de revoir Suzy Delair et de confirmer tout le bien que je pense de Bernard Blier. Cela étant dit, si Quai des orfèvres brille de mille feux, c'est d'abord grâce à l'incroyable Louis Jouvet. Quelle prestation, mes aïeux ! Sa manière d'incarner un flic pugnace et désabusé n'est pas bonne. Non: elle est parfaite ! Et quelle voix ! Avec, en cadeau-bonus, d'excellents dialogues, c'est de l'or en barre ! Comment avais-je pu négliger cette perle jusqu'alors ? Je l'ignore. Autant dire que je vous recommande vivement d'éviter cette erreur...

Quai des orfèvres
Film français d'Henri-Georges Clouzot (1947)

Si mon titre vous surprend, je vous recommande de... voir le film pour comprendre. Un détail amusant: il a bien failli s'appeler ainsi ! Bon... après cette anecdote, quelques suggestions de longs-métrages de la même qualité ? Ce n'est pas très facile à dénicher, sachez-le. Histoire de, je citerais La chienne ou Du rififi chez les hommes. Bien sûr, du même réalisateur, Le corbeau reste un incontournable...

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Maintenant, si vous voulez lire d'autres avis...
Je ne saurais trop vous conseiller un détour chez Princécranoir et Lui.

samedi 24 mars 2018

Flingues et spaghetti

Autant vous le dire franco: il me semble délicieusement anachronique de regarder un western spaghetti aujourd'hui. Le plaisir que j'ai pris devant l'iconique On l'appelle Trinita, l'une des meilleures références du genre, reste indiscutable. Et je ne rougirai donc pas de cette joie procurée par un film certes ordinaire, mais honnête avec son public...

Bon, c'est vrai aussi que le réalisateur et les deux acteurs principaux avançaient masqués ! Sur l'affiche, le cinéaste italien Enzo Barboni apparaissait en fait sous le nom de E. B. Clucher, tandis que les stars et bons copains Mario Girotti et Carlo Pedersoli avaient, eux, adopté des pseudonymes 100% américanisés: Terence Hill et Bud Spencer. Franchement, ce n'est pas très important: l'essentiel tient à la façon dont leur travail revisite les codes du western pour s'en moquer gentiment. L'histoire est des plus classiques: un drôle de type, sorti de nulle part, met ses revolvers au service de simples paysans menacés par des brigands. Le mythe du chevalier blanc fait long feu quand on constate que notre ami a des motivations discutables. Profiter de la vie, manger à sa faim, draguer quelques jolies filles aussitôt que l'occasion se présente: le héros d'On l'appelle Trinita n'est qu'un hédoniste contrarié par les rigueurs de l'Ouest. C'est dur...

Vous aurez tout compris en voyant comment il "monte" à cheval ! Petit conseil: le mieux est de ne pas trop attendre du personnage. Sincèrement, en regardant le film au tout premier degré, j'ai connu un bon moment devant ce qui est objectivement une grosse pitrerie. Comme vous pouvez l'imaginer, les flingues parlent, mais les comptes se règlent surtout lors de bagarres homériques chez les protagonistes de ce cinéma de seconde zone. Pour le reste, on rigolera volontiers devant des décors naturels censés représenter les grands espaces américains alors qu'à l'évidence, le film n'a pas été tourné sur place. Tout cela n'est pas grave, évidemment, et n'a pas empêché le public d'offrir à cette parodie une reconnaissance somme toute méritée. Entendons-nous bien: On l'appelle Trinita n'est pas un chef d'oeuvre immortel du cinéma mondial, mais c'est une oeuvre sincère, je crois. Pas sûr qu'on puisse en dire autant de tous les autres films du genre. Il y en aurait 18 au total du duo Hill-Spencer, figurez-vous ! Je crois que je vais m'arrêter là, mais rien n'est sûr: je peux changer d'avis...

On l'appelle Trinita
Film italien d'Enzo Barboni (1970)

Bon bon bon... on tient là Les sept mercenaires en version dingue. NB: deux autres films du même acabit sont d'ores et déjà chroniqués sur ce blog. Un génie, deux associés, une cloche est encore plus fou côté casting (avec Terence Hill + Miou-Miou + Robert Charlebois !). Quant à Mon nom est personne, j'assume tout: c'est une madeleine de mon enfance... avec Henry Fonda, tout de même. Ah, nostalgie...

vendredi 23 mars 2018

Nos amis indiens

Avez-vous déjà entendu parler de Befikre ? En 2016, ce film indien est devenu le tout premier Bollywood entièrement tourné en France ! Cette romance de plus de deux heures met en valeur Paris, les plages de la Côte d'Azur et le château de Serans, dans l'Oise. Il est bien sorti dans nos salles, mais de façon assez confidentielle, j'ai l'impression...

Cette photo du couple vedette (Vaani Kapoor et Ranveer Singh) m'incite très modérément à pousser plus loin mes investigations. D'ailleurs, autant le souligner: il n'y a encore que quatre films indiens sur Mille et une bobines, dont deux seulement liés à la tradition bollywoodienne de la comédie musicale. Si je vous parle de Befikre aujourd'hui, c'est surtout pour dire ma surprise d'avoir vu le président de la République, Emmanuel Macron, en visite officielle en Inde, évoquer la possibilité d'associer plus étroitement le cinéma français avec celui du sous-continent. "Notre souhait est d'attirer le maximum de tournages de Bollywood en France", a-t-il dit. Bon... pourquoi pas ?

Inde toujours: il paraît qu'à l'automne dernier, le tournage d'un film tamoul, Junga, s'est déplacé sur le site du château de Chambord ! Ces visites inattendues auraient un impact certain sur le tourisme. D'après les derniers chiffres officiels (ceux de 2016), 600.000 Indiens auraient visité la France cette année-là, c'est-à-dire 100.000 de plus que l'année précédente. Et si, tous les ans, seuls 20 millions d'Indiens quitteraient leur pays pour voyager, ce chiffre pourrait vite grimper pour atteindre les 50 millions d'ici deux ans. La Suisse et l'Espagne bénéficieraient déjà de cette manne, grâce notamment à la visibilité offerte par le cinéma. C'est anecdotique, en effet, mais ça m'amuse !

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Alors, demain, tou(te)s en churidar et sari ?
Euh... pas sûr ! Mais je reste quand même curieux de votre opinion...

mercredi 21 mars 2018

La belle et la bête

J'ai vu La forme de l'eau avant qu'il ait reçu quatre des Oscars 2018. Est-ce que j'en aurais fait le meilleur film de l'année ? Je ne sais pas. Ce dont je suis sûr, au moins, c'est que j'ai pris beaucoup de plaisir devant cette histoire, originale et presque décalée parmi les histoires "vraies" et de super-héros que Hollywood n'a de cesse de réinventer...

S'il faut absolument trouver un qualificatif à ce récit, je crois bien que le plus indiqué serait pulp. Depuis que ce cher Quentin Tarantino l'a remis au goût du jour, on sait que cet adjectif très américain correspond parfaitement aux fictions d'une certaine culture populaire. Nul doute que Guillermo del Toro, le réalisateur de La forme de l'eau, trouve de l'inspiration dans les récits de ces magazines bon marché apparus aux États-Unis avant-guerre. Dans le cas qui nous occupera aujourd'hui, il en profite pour donner le premier rôle à un personnage extrêmement humble: une simple femme de ménage. Pour compléter le tableau, on découvre aussitôt que cette Elisa Esposito est muette. Heureusement pour elle, elle peut compter sur deux amis: sa collègue de travail afro-américaine, Zelda, et son voisin, Giles, un illustrateur homosexuel, amoureux des chats. Tout cela pose le décor d'un film attendu pour faire l'éloge de la différence... et la suite le confirme. Dans le laboratoire secret qu'elle nettoie chaque jour, Elisa va croiser le chemin d'une mystérieuse créature. La chance de sa vie, peut-être.

Pour le caractériser, j'ai envie de dire que ce film est une merveille d'équilibre. Parce qu'un excellent Michael Shannon y joue un méchant comme on en voit peu, on tremble volontiers avec les personnages positifs, brillamment interprétés par Sally Hawkins, Octavia Spencer, Richard Jenkins ou Michael Stuhlbarg. On se laisse prendre au jeu quand l'émotion surgit de cette rencontre, pourtant très improbable, avec un monstre capable d'empathie. À son sujet, je tiens à souligner qu'un vrai acteur (Doug Jones) se cache dans le costume de la bête. Cette décision de ne pas recourir uniquement aux effets spéciaux confère d'ailleurs au film une patine bien particulière, joliment rétro. De fait, c'est même toute la direction artistique de La forme de l'eau qui évoque ainsi la facture du cinéma d'antan - et c'est beau à voir ! Cette dimension nostal-geek ne séduira pas forcément tout le monde. En réalité, si vous passez le cap du très onirique générique de début et des premières scènes d'exposition, je crois que le tout vous plaira. Bon... il y aurait matière à chipoter un peu, mais je n'en ai pas envie.

La forme de l'eau
Film américain de Guillermo del Toro (2017)

Avec qui découvrir cette histoire ? C'est une vraie question-piège ! Pourquoi ? Parce qu'à la réflexion, je crois qu'il faut que je dise également que le film est ouvertement hardcore, c'est-à-dire explicite dans toutes ses dimensions. Bien que romantique, il contient aussi quelques scènes d'une très grande violence. Les âmes plus sensibles se contenteront peut-être de E.T. ou, dans un autre genre, de Paul...

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Bonne nouvelle: j'avance dans le Movie Challenge...

Je coche avec joie la case n°18: "Le héros du film n'est pas humain". Affirmons l'évidence: c'est même ce qui le rend tout à fait fascinant ! 

Pour finir, si vous voulez lire d'autres avis sur le film...
Je note qu'il est assez bien accueilli, sans faire pourtant l'unanimité. Vous le vérifierez chez Pascale, Dasola, Tina, Princécranoir et Strum.

mardi 20 mars 2018

La bonne éducation

D'abord, une petite précision historique: de 1350 à 1939, la Thaïlande portait le nom de Royaume de Siam. Le film dont je veux vous parler aujourd'hui nous ramène en 1862, sous le règne de Rama IV Mongkut. Anna et le roi évoque l'histoire (vraie) d'une Anglaise venue en Asie pour donner des cours aux enfants du souverain. La grande aventure !

Le récit de sa vie apparaît comme une source d'inspiration récurrente pour les scénaristes: rien qu'au cinéma, on en compte trois versions différentes ! La première, Anna et le roi de Siam, sortie en 1946, reposait sur le duo Irene Dunne / Rex Harrison. La plus connue s'appelle Le roi et moi (1956): en partie musicale, elle met en scène un tandem constitué de Deborah Kerr et Yul Brynner. Je vous épargne la comédie musicale, la série télé et le dessin animé: c'est fin 1999 que Jodie Foster reprend le personnage d'Anna Leonowens, chargée de leçons de modernité à la cour du roi Chow Yun-Fat. Il va sans dire que l'aura glamour des deux acteurs joue sur la réussite du film. Vraiment prévisible dans son déroulé, ce dernier reste un spectacle très agréable... pour qui veut bien se laisser aller à la contemplation !

C'est vrai que, dans cette posture, on peut avoir l'impression parfois d'avoir ouvert un beau livre d'images. De très importants moyens semblent avoir été investis dans la reconstitution: les décors naturels sont très convaincants et les costumes absolument somptueux. Indiscutablement, Anna et le roi est d'abord un plaisir pour les yeux. L'esprit n'arrive qu'au second plan: le portrait de femme est passionné et sincère, sans doute, mais manque d'un peu de consistance. Disons plutôt, ainsi que je l'ai mentionné plus haut, que tout ce qui passe devant notre regard occidental est relativement facile à anticiper ! Franchement, c'est ce qui est le plus regrettable car ce que l'on voit demeure malgré tout plaisant, bien que balisé sur le fond et la forme. Est-ce que ça vous plaira ? Je le crois, mais je vous laisse seuls juges.

Anna et le roi
Film américain d'Andy Tennant (1999)

Un prof européen au service d'un monarque asiatique ? Je pense inévitablement à un autre film que j'adore: Le dernier empereur. Meilleure, l'oeuvre de Bernardo Bertolucci ne doit pas vous empêcher de donner sa chance au pur produit hollywoodien présenté aujourd'hui. Le décorum vous séduit ? Du côté de la Chine ancienne, vous pourriez trouver votre compte avec L'empereur et l'assassin. À vous de voir !

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Vous voulez lire une autre critique du film ?

Pas de problème: aujourd'hui, je vous renvoie vers "L'oeil sur l'écran".

lundi 19 mars 2018

Une sucrerie

Je ne sais pas résister au charme d'Audrey Hepburn. C'est pour elle que je me suis intéressé à Comment voler un million de dollars. Sans être un incontournable dans la filmographie de l'actrice, le film s'avère délicieusement vintage et se laisse regarder sans déplaisir. Autant le préciser tout de suite: il ne sort guère des sentiers battus...

Ce long-métrage aura permis une troisième et ultime collaboration entre Audrey Hepburn et William Wyler. On pourrait certes s'étonner de voir la comédienne, à 37 ans, se fondre encore dans les costumes d'une très jeune femme - et même s'ils portent la griffe Givenchy. Mon éternel côté "fleur bleue" s'en accommode, toutefois, en voulant croire à cette histoire et à son Paris de pacotille. Après tout, l'héroïne est jolie, ingénue et plutôt sympathique quand elle garde le silence sur les mauvaises habitudes crapuleuses de son faussaire de papa. Pas la peine d'en rajouter: on navigue en pleine invraisemblance. Tant pis: ce n'est que du divertissement. Les cyniques s'abstiendront.

Pour compléter mon propos et vous donner quelques clés, je veux signaler qu'Audrey Hepburn tient ici le seul rôle féminin important. Rien à redire: elle maîtrise parfaitement ce type de personnages. C'est du côté masculin de la distribution que j'ai eu des surprises. D'abord, un aveu: je n'attendais pas un Peter O'Toole aussi à l'aise dans ce registre, sans doute parce qu'à vrai dire, je n'ai qu'une vision limitée de la carrière de l'acteur. Pour me rattraper, je souligne volontiers mon grand plaisir d'avoir recroisé la route d'Eli Wallach. J'ajoute que Comment voler un million de dollars lui offre un rôle mineur, mais malgré tout important pour la conclusion de l'intrigue. Cette fin arrive après deux heures, qu'on peut trouver un peu longues pour ce que le film raconte. Mais ce ne sera là qu'un tout petit bémol !

Comment voler un million de dollars
Film américain de William Wyler (1966)

Avis aux amateurs: les deux premiers films du tandem du réalisateur avec sa très chère tête d'affiche (Vacances romaines et La rumeur) ont déjà chacun fait l'objet d'une chronique sur ce blog. Il est utile d'insister pour dire que le long-métrage d'aujourd'hui est plus léger. Sur la carte du tendre, je recommande également les Billy Wilder tournés une décennie plus tôt: Sabrina et Ariane ! To be continued...

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Pour conclure, il me reste un point Movie Challenge...
Je peux valider l'objectif n°30: "Un film avec une actrice que j'adore". Comme vous l'avez compris, l'heureuse élue s'appelle Audrey Hepburn.

dimanche 18 mars 2018

Trois jours d'aubaine

Je suis matinal, aujourd'hui, mais je ne serai pas très long. J'ai pensé qu'il fallait juste vous rappeler qu'un nouveau Printemps du cinéma démarre aujourd'hui. Tout est résumé sur l'image: dans les salles participantes, jusqu'à mardi soir, le tarif hors-supplément d'une place est de quatre euros seulement. Je paye souvent le double ou le triple !

2,78 millions de tickets avaient été vendus au cours de l'édition 2017. Il est possible évidemment que l'opération attire plus de spectateurs qu'à l'accoutumée dans votre cinéma préféré. En réalité, j'ai connu toutes les situations en pareille occasion: il arrive que l'afflux supposé reste discret, voire imperceptible. Je suppose que la météo a un rôle capital dans la réussite de ces journées, mais que tout va dépendre également de la qualité des divers films proposés. Pas d'information particulière à mettre en avant sur ce sujet bien précis: j'ai préparé cette chronique trop en avance pour vous citer les "immanquables". Conséquence: je vous conseille... de faire confiance à votre instinct !

samedi 17 mars 2018

Frères ennemis

Comme moi, vous avez sans doute entendu parler d'une détente relative entre les deux Corée. Je ne sais pas où les deux nations rivales en seront quand vous lirez ces lignes, mais je dois vous dire qu'elles sont toujours en totale opposition dans Joint security area. Est-ce que cela donne un bon film ? Je vais vous le dire maintenant...

Une précision: j'ai découvert ce long-métrage un peu par hasard. Alors invité à dîner chez un ami qui l'avait mis de côté, j'ai répondu favorablement à sa proposition de le regarder. L'élément qui va lancer le scénario est un "incident de frontière", soudain survenu à la lisière de la zone démilitarisée entre les deux pays. Nous suivrons les pas d'une jeune enquêtrice, Suissesse d'origine coréenne, accompagnée par un collègue suédois. Ce n'est qu'une étape avant un flashback retraçant les (tragiques ?) événements tels qui se sont déroulés. Rassurez-vous: Joint security area sait ménager un certain suspense et ne dévoile ses secrets qu'au compte-gouttes. C'est très bien ainsi !

Cela dit, pour être honnête, je ne me suis pas tout à fait emballé. Assez long et parfois légèrement nébuleux pour un public occidental peu au fait des réalités coréennes, le film exige de son spectateur une certaine concentration... que je n'avais pas en le regardant. Cependant, je ne dirai pas que tout est à jeter, bien au contraire. Exempt du manichéisme propre à bien des productions, ce récit venu de la lointaine Asie donne à voir des acteurs impliqués, qui délivrent un message inattendu à qui considère les Corée comme des ennemies irréconciliables. Attention: la dynamique demeure assez sanglante. Disons pour conclure et résumer mon propos que Joint security area manque d'un petit quelque chose pour atteindre les hauts sommets. Le truc, c'est que je n'arrive pas vraiment à mettre le doigt dessus...

Joint security area
Film sud-coréen de Park Chan-wook (2000)

La réputation du cinéaste n'est plus à faire, lui qui marqua les esprits cannois avec le coup de force Old boy (Grand Prix du jury 2004). Bon... il me reste beaucoup à découvrir dans sa filmographie complète, mais je redis avoir beaucoup aimé le récent Mademoiselle. L'idée que le reste me plaira forcément n'est pas une évidence absolue, à ce stade de la discussion. Mais je tâcherai de m'y frotter...

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Je finis avec une bonne nouvelle pour les fans...
En France, le film n'était jusqu'à présent sorti qu'en DVD. Une copie restaurée est attendue dans les cinémas à partir du 27 juin prochain !

vendredi 16 mars 2018

Au bord de l'eau

Chose promise, chose due: je redonne aujourd'hui la parole à Joss. Elle a un film à vous présenter et je ne veux pas en dire davantage...

Et maintenant, place à la présentation d’un premier film sélectionné au French Riviera Motorcycle Film Festival ! Ayant déjà largement développé l’esprit de cet événement, je me concentrerai sur le plus court métrage de la sélection, Trois pêcheurs ! Une incroyable participation de sept minutes, que le public a détesté… ou adoré ! Bref, un film résolument anti-tiédeur.

Synopsis:
Il était une fois, par une belle journée d'été, trois pêcheurs installés au bord de l'eau, dans le calme de la nature, quand soudain, un évènement pourrait bien les en détourner…

Distribution:
Jean-Pierre Baudson, Francesco Mormino, Thierry Tinlot.

Réalisation:
Axel Du Bus (Belgique).

Contre toute attente, il s'agit bien d'un film qui parle de moto. Mais n'imaginez pas une seule seconde quitter ce bord de rivière paisible pour un engin débridé ! Trois pêcheurs a le don de nous amener loin de ce qu'il semble donner a priori. Ouvert sur une sublime vallée, le panoramique du début est une vraie respiration, qu'il prolonge d'un long plan tout aussi esthétique: une rivière qui serpente entre les arbres et que l'on prend d'emblée pour une route tant l'eau y est plate. D'ailleurs, le bouchon de la canne à pêche se confondrait presque avec les feuilles flottant à la surface, bougeant à peine.

Un premier pêcheur, la soixantaine bien tassée, contemple l'eau et ne tarde pas à sortir sa bouteille de vin qu'il éclusera jusqu'à la fin. Un second arrive sur son vélo, la quarantaine bien tassée, et le salut-salut donne le ton: ils se connaissent bien, mais ne se racontent rien. Leurs regards rivés uniformément à la surface de l'eau quasi-stagnante, leurs sièges et leurs nasses parfaitement alignées. Exit l'ouverture sur la vallée, nous devenons les spectateurs d'une pièce de théâtre, comme assis de l'autre côté de la rivière, face à la scène.

L'arrivée du deuxième pêcheur, puis du troisième et dernier larron, la cinquantaine bien tassée, fait aussi la démonstration d'une gestuelle préparatoire à la pêche assise. Comme de vrais sportifs, ils s'étirent et respirent profondément. On y est. Le premier sirotant sa bouteille sur un tabouret pliant, le second tirant sur sa cigarette assis sur sa boîte à matériel, et enfin le troisième sur son transat, tiré à quatre épingles et se cachant derrière ses lunettes noires à l'italienne.

À la fois identiques et très différents, les trois pêcheurs continuent à regarder l'eau et à ne surtout rien échanger. Aucun ne semble véritablement observer la nature, mais en faire partie intégrante, l'espace de quelques heures. Au rythme du soleil qui tourne (grâce à un plan sur les plus hautes branches), forêt, rivière et hommes ne font plus qu'un, sur fond de chants d'oiseaux et de feuillages bruissant sous le vent, seulement parfois entrecoupés par le bruit du bouchon de la bouteille de vin. Les trois pêcheurs et la nature en harmonie parfaite. Mais à quoi pensent-ils ? Et d’abord, pensent-ils ?

Seul le vrombissement lointain d’une moto les fera réagir. N'attendez pas de grands discours: on n'atteint pas la dizaine de mots pour tout le film. Attachez-vous à la façon dont vit leur relation. Le sexagénaire se saisira d'un prétexte pour quitter les lieux (sa bouteille est épuisée), tandis que les deux autres persisteront. J'ai vraiment adhéré à la vocation de ce (très) court-métrage et vous recommande vivement son offre durée-qualité.

Mais au fait... Honda ou Yamaha ?

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Quel que soit votre modèle préféré ou l'intensité de votre passion pour la moto, n'hésitez pas à commenter ces chroniques de Joss ! Notre amie reviendra, le mois prochain, vous parler d'un autre film...

jeudi 15 mars 2018

Plein gaz !

L'heure est venue pour l'amie Joss de revenir en piste. La chronique qu'elle m'a proposée était un peu longue: je la publie en deux temps. Aujourd'hui, la première partie vous parlera d'un événement inédit auquel notre chère plume invitée a activement apporté son concours. La suite arrive dès demain, avec un court-métrage. Bonnes lectures !

En démarrant l'année 2018 pour le blog de Martin, je m'étais brièvement penchée sur la carrière cinématographique de Johnny Hallyday. Sorte d'hommage personnel. Et à travers lui, celle de l'image du bad boy de ses débuts dans la mouvance de l'inénarrable Easy rider s'était vite imposée l'image de la moto. Moi-même associée au lancement du premier French Riviera Motocycle Film Festival organisé à Nice les 2, 3 et 4 mars derniers, j'ai alors eu envie de vous entraîner vers ma propre sélection. Comme ça, au fil des mois, égrainer quelques-uns des excellents courts et longs-métrages de cette première édition, hors des grands circuits commerciaux.

Dans des genres extrêmement différents, je tenterai de vous faire partager mon émotion – éclectique – et ce fil conducteur qui m'est apparu à la fin du festival. D'une histoire à l'autre, d'une fiction à un documentaire, où la moto s'est faite tour à tour pilier ou prétexte, c'est le versant animalité qui m'a sauté aux yeux et aux tripes, l'instinct qui lie le corps à la tête et les entraîne tous deux vers une dimension inattendue. Sensualité, liberté, créativité, ingéniosité, spiritualité, "à la vie à la mort" comme on dit. Oui, c'est tout cela la moto. Le cinéma tente de le restituer et parfois même, il y parvient !

Dans The monkey and her driver (Le singe et sa pilote) du réalisateur américain Ned Thanhouser, un court de 23 minutes, la silhouette féminine qui fait corps avec sa pilote est la représentation presque caricaturale de mon propos, depuis ses sensations dans le panier du side-car jusqu'à ses sorties fracassantes, qui pourtant ne la détourneront jamais de leur objectif commun. Kendra et Betty constituent la seuel équipe 100% féminine des courses de side-cars nationales aux USA. Peinture à la fois physique et psychologique d'un duo extraordinaire.

Jusqu’à Il mago Mancini (Le mage Mancini, du réalisateur Jeffrey Zani, 1h03) qui dresse le portrait pas à pas du mécanicien préparateur Guido Mancini ayant aidé les débuts de cinq pilotes italiens parmi les plus talentueux de ces trente dernières années et sa rencontre avec la nouvelle génération. Le mage, celui qui porte l'action à sa dimension la plus abstraite. Et c'est bien de cela dont il s'agit puisqu'ici, les deux extrêmes se rejoignent, entre corporalité et spiritualité. Entre les deux, il y a tout cet éventail de sensations et d'émotions, d'échanges avec soi, entre soi et la moto, entre soi et les autres. Bref, dix-huit films, dont certains valent vraiment le détour, à deux ou quatre roues, et même à pied !

Aujourd'hui, avant de me lancer dans la présentation de l'un de mes films fétiches pour ce mois de mars, je vous annonce simplement qu'après trois jours de projections quasiment non-stop à l'Espace Magnan de Nice, qui exposait pour l'occasion un bel échantillon des clichés du photographe niçois Gérard Delio, connu des circuits français depuis près de quarante ans, trois films se sont vu décerner les prix:
- Long-métrage: Il mago Mancini (Jeffrey Zani / 2005)
- Court: Black lightning - The Rollie Free story (Zach Ziglow / 2011)
- Prix du public : Dream racer (Simon Lee / 2013)

À titre purement informatif, le Prix du public a été décerné au film le plus primé au monde parmi les films de moto et d'aventure, fictions ou documentaires (dix prix !). Si vous vous êtes déjà demandé ce que signifie vivre votre rêve, Dream racer vous apportera la réponse. Pour la première fois dans un long-métrage, ce film montre la légendaire course Paris-Dakar, maintenant exilée en Amérique du Sud, dans sa forme la plus pure. Pas de sponsors, pas d'équipe de plusieurs millions de dollars, pas même un mécanicien, mais juste un coureur, une moto, un cinéaste… et le monde entier !

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Salut, ami(e)s motard(e)s ou piétons, c'est de nouveau Martin ! Simplement pour vous confirmer que Joss revient donc dès demain avec un autre des films qui l'auront marquée pendant ces trois jours.

jeudi 8 mars 2018

#MoiAussi

Je veux tout de suite rassurer ceux d'entre vous qui me connaissent personnellement: je n'ai jamais eu à souffrir d'une agression sexuelle. Je tenais juste à saisir l'opportunité de cette journée internationale des droits des femmes pour m'exprimer sur l'actualité des combats féministes en Occident. Même si je suis un homme. Nobody's perfect.

Il y a d'abord eu #MeToo, mot-clé démultiplié sur les réseaux sociaux américains après que quelques femmes ont eu le courage d'évoquer leur statut de victime. La démarche m'a paru à la fois forte et digne. Je demeure plus mesuré sur le #BalanceTonPorc, car je suis inquiet quand la société se substitue à la justice pour désigner des coupables. Cela dit, voir une femme de médias aussi puissante qu'Oprah Winfrey déclarer qu'un nouveau jour était en train de se lever est un signal encourageant pour l'avenir. Je suis convaincu que l'égalité des droits entre femmes et homme ne peut qu'être bénéfique à toutes et tous. Et est-ce que cela veut dire également "égalité de moyens" ? J'y viens.

À l'initiative de la Fondation des Femmes, des personnalités publiques françaises militent désormais pour que la parole libérée se transforme en actions (#MaintenantOnAgit). C'est mon espoir aussi: que les buzz suscités par les soudaines révélations et entreprises individuelles conduisent à un renforcement concret des droits sociaux collectifs. Néanmoins, pour ce qui est du cinéma, est-ce qu'il faut que cela passe par des quotas ? Spontanément, je l'admets: je n'y suis pas favorable. La discrimination positive me paraît une méthode assez contestable pour arriver à l'égalité. Si l'objectif n'est que de répartir des crédits de manière équitable, le 50/50 absolu me semble une réponse absurde, car de nature à créer une autre différence de traitement. Quelle serait la bonne solution, alors ? Je n'ai pas trouvé de réponse...

Je crois tout de même, sur le long terme, aux vertus de l'éducation. Chaque petit garçon qui observe (et apprend !) des comportements égalitaires entre les femmes et les hommes me semble pouvoir être préservé du machisme - ou a minima de ses formes les plus violentes. Est-ce qu'il faut que cela passe par de nouvelles lois ? Peut-être, oui. C'est vrai que j'ai du mal à croire que la totale sous-représentation des femmes dans l'univers de l'image, entre autres, ne tient en réalité qu'à leur faible envie d'en faire partie. Et, puisque nous présentons souvent nos pays occidentaux en références de sociétés, j'aimerais que les hommes d'ici donnent l'exemple à ceux d'ailleurs, en acceptant comme naturelle la présence de l'autre sexe. Du coup, plus de femmes cinéastes, monteuses, directrices photo ou scénaristes, je vote pour !

Idéaliste oui, mais pas tout à fait naïf, je ne peux que constater toutefois que le septième art continue de nous abreuver d'images fortes de femmes violentées. J'ai même l'impression qu'une mode tourne autour des (super-)héroïnes badass, qui savent aussi donner des coups... après en avoir reçu ! La photo juste au-dessus est issue de Revenge, un film que je n'ai pas vu, où une fille assez jolie/sexy est violée par un ami de son mari et abandonnée pour morte au fond d'un canyon. Déterminée, la belle s'empare alors de tout un arsenal pour traquer, retrouver et liquider son agresseur et les témoins. Apparemment, la jeune réalisatrice du film trouve cela moderne. Quelque chose en moi tique devant cette esthétique de la violence "inversée". Au final, mes sentiments à l'égard de ce sujet sensible restent contrastés: j'espère par exemple continuer de pouvoir voir certains films durs pour leurs personnages féminins. Du coup, je crois que le mieux serait que le débat se prolonge et que des solutions nouvelles puissent ainsi émerger. Si je résume: #CeN'EstQu'UnDébut !

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Maintenant, je vous invite à échanger en commentaires...

Ces prochains jours, je serai attentif à vos (éventuelles) réactions. Une précision: les chroniques, elles, s'interrompent pour une semaine.

mercredi 7 mars 2018

La fin d'un monde

C'est bien simple: pour la présidente de mon association, clôturer notre festival "Mythologies" avec Les désaxés était une évidence. C'est donc avec impatience que j'ai attendu de voir ce grand classique sur un écran digne de ce nom et, ensuite, avec un rien de fébrilité que j'ai vécu l'incertitude liée à sa disponibilité. Frissons cinéphiles...

Voilà pourtant un bon bout de temps que The misfits - selon le titre original américain - avait trouvé place dans ma collection de DVDs. N'allez pas m'en chercher querelle: je n'ai pas d'explication raisonnable au fait d'avoir ainsi snobé le dernier film de Marilyn Monroe, qui est aussi celui de Clark Gable. Et encore moins si je précise maintenant que Montgomery Clift et Eli Wallach étaient eux aussi de la partie ! Maintenant, une chose est sûre: voir ce film dans une salle de cinéma est une vraie chance que je veux souhaiter à beaucoup d'entre vous. Dois-je parler de western crépusculaire ? J'hésite un peu, à vrai dire. Galvaudée, l'expression me paraît trop réductrice, et il faut noter aussi que, même si le film se passe dans le Grand Ouest, son récit nous ramène plutôt dans les années 1950 qu'un siècle auparavant. C'est l'occasion de rencontrer une jolie femme, tout juste divorcée. Bien décidée à rester célibataire désormais, la jolie Roslyn Taber accepte tout de même la compagnie d'autres hommes, persuadée qu'elle est d'avoir enfin le droit de s'amuser un peu. Oui, mais voilà...

Je suppose qu'on pourrait écrire plusieurs thèses sur Les désaxés. Quand on découvre que Clark Gable est mort avant la première sortie du film et que la pauvre Marilyn Monroe n'a vécu que quelques mois supplémentaires, on comprend mieux l'aura qui entoure ce classique. Cela dit, soyez sûrs d'une chose: même sans cela, c'est un grand film. Rien à ajouter sur le fond. La forme, elle, m'a littéralement scotché. Prenez le noir et blanc... c'est une telle merveille d'esthétisme que, plus de cinquante plus tard, j'en ai vraiment pris plein les mirettes. Sincèrement, quand je suis sorti de la salle, j'étais même désolé d'avoir alors à rentrer chez moi en abandonnant ces personnages devenus familiers à leur (triste ?) sort. Attention: je ne prétends pas qu'il manque quoi que ce soit à cette histoire. Bien au contraire ! Dans ces deux petites heures de cinéma, j'ai trouvé plus de choses que dans d'autres oeuvres d'une longueur équivalente (ou supérieure). Le film ne connut pourtant, en son temps, qu'un succès très relatif. Aujourd'hui, il entre en grande pompe dans mon Panthéon de cinéma !

Les désaxés
Film américain de John Huston (1961)

Que j'aime ces films américains qui portent un regard sans concession sur les légendes de la bannière étoilée ! Il y aurait mille exemples possibles, mais celui d'aujourd'hui me semble anticiper d'une décennie au moins ceux du Nouvel Hollywood (exemple: La dernière séance). J'ai donc pris beaucoup de plaisir à le découvrir ! Et si vous préférez la douceur, Mr. Smith au Sénat ou Marty valent bien tous les plans B.

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Vous en demandez encore ?

Pas de souci: "L'oeil sur l'écran" est bel et bien fidèle au rendez-vous. 

mardi 6 mars 2018

Une femme fatale

Ava Gardner incarne à elle seule une facette du mythe hollywoodien. La plastique impeccable de sa petite trentaine d'années fait tout le sel de Pandora, un film qu'on peut croire échappé de la machine à rêves. Pour autant, quand on y regarde de plus près, on découvre qu'il devait être produit par la MGM, avant que son réalisateur n'essuie un refus !

Derrière la caméra et pour la production, le Britannique Albert Lewin dut donc se débrouiller par ses propres moyens. Il signe ici une oeuvre d'autant plus personnelle qu'il est aussi l'auteur du scénario original ! Connaissez-vous le mythe de Pandore ? Selon la légende, Zeus, dieu suprême des Grecs anciens, interdit à Pandore, une très belle femme, d'ouvrir une boîte qui contenait tous les maux de l'humanité. Pandore cédant à la curiosité, toutes sortes de calamités s'abattirent bientôt sur le monde, l'espérance, elle, restant seule coincée dans le coffret. Beaucoup plus tard, Pandora est également l'histoire d'une femme fatale, dont tous les hommes tombent amoureux et qui ne cède jamais. Jusqu'au jour où, par pure curiosité, elle quitte un littoral espagnol, s'enfonce dans la mer et nage alors jusqu'à un yacht posté au large. Elle y découvrira... mais non, je n'en dirai pas davantage ! Gageons que ces quelques phrases suffiront à (r)éveiller vos envies...

Bon... pour être à la fois clair et honnête, je dois vous dire maintenant que tout cela ne m'a qu'à moitié convaincu. D'une facture esthétique presque irréprochable, le film ne m'a pourtant pas fasciné. Je l'ai trouvé un peu trop bavard (et alambiqué) pour m'embarquer avec lui par la seule grâce de ses images. J'ai fait la part des choses et tiens à vous assurer d'une chose importante: la belle Ava Gardner n'est pas en cause. Elle m'a paru tout à fait juste dans ce rôle complexe et joue très habilement sur toute la gamme des émotions. La caméra n'a d'yeux que pour elle, mais les interprètes masculins tirent malgré tout leur épingle du jeu, et notamment James Mason dans ce que je crois pouvoir appeler le premier rôle "bis". Si je fais maintenant le bilan de mes sentiments contrastés, je dois admettre que j'ai du mal à expliquer ce qui m'a laissé un peu à côté du film. Peut-être est-ce juste que j'avais parié sur un Pandora plus ardent...

Pandora
Film américano-britannique d'Albert Lewin (1951)

Je ne vous l'ai pas encore dit et veux donc le préciser: le scénario joue tellement sur les mythes qu'il en associe deux. Ce sera à vous désormais de savoir si le Hollandais volant vous intéresse... ou pas. Pour ma part, j'ai encore beaucoup trop de lacunes pour oser prétendre que je connais Ava Gardner, mais j'avais préféré l'aventure de Mogambo ou les sentiments de La comtesse aux pieds nus. Voilà !

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Un autre regard, peut-être ?

Aujourd'hui, comme souvent, je vous renvoie vers "L'oeil sur l'écran".

lundi 5 mars 2018

Chemins d'Afrique

J'aime saisir toute occasion de mieux connaître le cinéma africain. Autant dire que j'étais ravi que mon association programme Yeelen ! Venu du Mali, ce film est notamment connu pour avoir été le premier des longs-métrages du continent noir à recevoir un prix à Cannes. C'était en 1987 et il n'y a pas eu beaucoup d'autres exemples depuis...

Je veux dire sans délai que Yeelen m'a offert un très beau voyage. Même si je n'ai pas compris grand-chose, j'en suis ressorti le sourire aux lèvres, heureux de cette découverte sur grand écran. Vous voulez quelques détails sur le scénario ? D'accord. Le personnage principal s'appelle Nianankoro: c'est un jeune Bambara, du nom de ce peuple installé, encore aujourd'hui, dans une partie de l'Afrique de l'Ouest. Sans poser de date sur ce qu'il nous montre, le récit nous propose d'accompagner cet adulte en devenir dans un parcours initiatique, alors qu'il s''efforce d'échapper à des retrouvailles avec son père. Présenté comme dangereux, ce dernier semble nourrir une rancune tenace à son égard et a même effectivement l'intention de le tuer ! Inutile de chercher une explication: je crois qu'il vaut mieux se laisser porter par les images (et aussi la musique, tout à fait contemporaine) pour apprécier ce périple. Il y a là quelque chose qui parle au coeur...

Pour vous dire toute la vérité, je ne suis pas certain que nous soyons vraiment tous égaux devant ce spectacle étonnant, qui nous oriente d'abord avec quelques cartons explicatifs sur les vieilles légendes maliennes. Peut-être toutefois que ça ne suffit pas à tout le monde pour s'y retrouver ! Je crois donc devoir insister: j'ai aimé Yeelen sans le comprendre vraiment. Parce que ce titre signifie Lumière dans la langue bambara, je me suis accroché à une (très) vague idée de combat de l'humanité contre les ténèbres, une forme de mythe premier à laquelle je me suis trouvé sensible. Au reste, l'opportunité d'arpenter le sol africain et de découvrir ainsi sa singulière diversité aura fait un bien fou à mes mirettes d'Européen blasé. Les images que j'ai choisies pour illustrer cette chronique ne donnent en réalité qu'un tout petit aperçu de la beauté de tout ce que j'ai pu découvrir. Bref, ça valait le coup de se "perdre" un peu et j'y retournerais bien...

Yeelen
Film malien de Souleymane Cissé (1987)

Seule une petite quinzaine de films africains représentent le continent sur ce blog. J'espère vraiment que ce chiffre continuera de grimper ! En attendant, je vous suggère de (re)découvrir Un homme qui crie ou Timbuktu. Le premier nommé évoque aussi la relation unique entre un père et son fils, tandis que l'autre se passe au Mali. J'admets que je ne vois guère d'équivalent au long-métrage présenté ce lundi...

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Si, maintenant, vous voulez avoir un autre avis...

Vous pourrez lire une seconde chronique du côté de "L'oeil sur l'écran".

dimanche 4 mars 2018

Un homme des montagnes

Pas de surprise: l'origine géographique de Tharlo, le berger tibétain apparaît directement dans son titre. Je vais donc vous embarquer aujourd'hui vers les montagnes pour vous parler de ce long-métrage arrivé en Europe en passant par la Mostra de Venise et sorti chez nous au tout début de cette année, plus de deux ans plus tard.Vous suivez ?

Quadra au visage buriné, Tharlo paraît ne pas aimer beaucoup ce nom qui est pourtant le sien. Un détail de sa coiffure l'incite à se faire appeler Petite Natte, mais, au début du film, un officier de police l'avertit qu'il ferait mieux de tenir compte de sa seule identité véritable et de se procurer - dès que possible - des papiers en règle. Notre homme, qui ne voit pas l'intérêt de la démarche, obéit pourtant et, afin d'obtenir une photo, fait d'abord étape chez une coiffeuse pour s'y offrir... des cheveux propres. Le destin est en marche ! Inutile d'insister: je n'en dirai pas plus sur le scénario. J'ajoute juste que le film prend son temps pour dévoiler son intrigue (très simple)...

Si vous aimez le cinéma contemplatif, vous serez servis. Les plans durent longtemps et cette - relative - immobilité m'a parfois paru quelque peu exagérée, si ce n'est irritante. La photo noir et blanc apporte certes quelques images magnifiques, mais ce style ralenti pourrait bien désarçonner une partie d'entre vous, pour qui le cinéma est d'abord un art du mouvement. De mon côté, j'avoue que je reste sur une impression mitigée: en réalité, j'ai parfois trouvé le temps long, d'autant qu'il y en a pour deux heures, mais j'ai également aimé certaines des séquences parmi les plus radicales, quand le personnage principal arpente les sommets, en compagnie de son seul troupeau. Aussi pathétique qu'il puisse paraître, Tharlo, le berger tibétain adopte alors quelques-uns des codes du documentaire et nous expose une situation de vie presque à l'antithèse de nos repères occidentaux. Cela n'en fait pas un film politique pour autant, mais c'est tout juste !

Tharlo, le berger tibétain
Film chinois de Pema Tseden (2015)

On est loin ici d'un opus "hollywoodien" comme Sept ans au Tibet ! Peut-être trouverez-vous le film un brin trop littéraire: il faut dire qu'il s'inspire de La nouvelle neige, une nouvelle du même auteur. Apparemment, il a échappé à la censure, est sorti dans toute la Chine et y a même rencontré un succès inédit pour une oeuvre tibétaine. Pas convaincus ? Je vous laisser voir (ou revoir) Le chien du Tibet...