jeudi 31 mai 2012

Qui se ressemble...

Une chronique de Martin

J'avais vaguement repéré l'affiche. C'est en fait sur une proposition de Philippe et pour ainsi dire à l'aveuglette que je suis allé voir Tyrannosaur. Les yeux grand ouverts, j'ai apprécié ce film âpre venu d’Écosse. Un dénommé Joseph y traîne sa misère lestée d'alcool. Caché dans la boutique d'Hannah après une énième beuverie suivie d'une agression, l'homme ne fait même pas peine à voir. Aussitôt agressif avec ceux qui lui veulent du bien, il n'inspire vraiment aucune sympathie. Au tout premier regard, en tout cas...

Tyrannosaur, c'est une rencontre. Un homme et une femme: Lelouch n'a pas inventé ce duo classique du cinéma. À 38 ans, parfois acteur dans les films d'autres cinéastes, Considine passe ici à la réalisation. Bilan ? Une réussite. L'école britannique du film social compte désormais un nouveau lauréat. Le portrait croisé qui nous est offert brille d'une noirceur peu commune. Rude, le fond assène des coups violents. Épurée, la forme s'impose par son évidence. Une fois faites quelques recherches complémentaires sur le long-métrage, j'ai appris que le réalisateur souffrait du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme. Le résultat de son travail n'en est que plus bluffant. J'aimerais ne pas tomber dans le cliché facile, mais on sent bien combien il a mis de lui dans sa création. Jamais racoleur, investi. L'unique petit bémol: quelques scènes un peu trop explicites. Question de dosage, à laquelle l'expérience saura, j'espère, répondre.

En attendant un éventuel deuxième film, je voudrais aussi souligner l'excellent choix de Considine en matière de distribution. Le truc également intéressant, c'est que je ne connaissais pas ces acteurs auparavant ! Peter Mullan m'a tout de suite capté: j'ai oublié l'homme et me suis immédiatement "plongé" dans son personnage, un signe qui ne trompe pas. Olivia Colman n'est pas en reste. Elle dévoile toute l'étendue de son talent à mesure que son rôle évolue: elle joue sur une multitude d'émotions, toujours juste au bon moment. Tyrannosaur tire sa force du réalisme que ses deux comédiens imposent. Eddie Marsan, brillant interprète de l'inquiétant mari d'Hannah, est lui aussi dans le ton. Le casting conserve également une place importante pour quelques autres visages méconnus et il y a même, si j'ai bien compris, un amateur anonyme repéré dans un pub de Glasgow. Option judicieuse au profit d'une œuvre sans concession.

Tyrannosaur
Film britannique de Paddy Considine (2011)
Trop absorbé par Clint Eastwood, je n'étais pas parvenu à apprécier Gran Torino à sa juste valeur. Sans l'avoir encore revu, le film évoqué aujourd'hui m'y a fait penser. Je me rends compte au final que je n'ai pas beaucoup parlé du scénario. Qu'importe: je précise tout de même qu'il laisse passer un peu de lumière - c'est rassurant. Autre comparaison possible: le très beau Fish tank d'Andrea Arnold. L'explication du titre ? Là, motus: c'est le film qui vous la donnera.

----------
Un dernier regard ailleurs ?
Vous pouvez lire l'analyse du film que publie "Sur la route du cinéma".

lundi 28 mai 2012

Et la Palme est attribuée à...

Une chronique de Martin

L'info, vous l'avez sans doute déjà: la 65ème édition du Festival international du film de Cannes a fermé ses portes lors de la soirée d'hier, après la traditionnelle remise des prix. L'heure est donc venue pour moi de vous proposer mon analyse personnelle, étant précisé que je n'ai pour l'instant vu que deux des 22 oeuvres en compétition. De prime abord moins flamboyant que celui de 2011, le palmarès cannois n'en réveille pas moins en moi de vraies envies de cinéma.

Sauf si son distributeur décide d'une sortie anticipée, il semble bien qu'il faudra attendre encore quelques mois pour découvrir la Palme d'or. Le réalisateur autrichien Michael Haneke en ajoute une seconde à sa collection, lui qui avait déjà été couronné en 2009. Festivalier fidèle et parfaitement francophone, il a une nouvelle fois su apporter la lumière sur des comédiens français, en l'occurrence cette fois Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, 85 et 81 ans. J'ai hâte désormais d'aller voir cet Amour, récit du quotidien d'un couple d'octogénaires, quand la dame perd tour à tour la mobilité, la parole et la mémoire. Michael Haneke a présenté le sujet comme le fruit d'une conversation avec sa propre épouse. Je peux déjà supposer qu'entre les mains de grands comédiens, ce sera de fait bouleversant.

Était-ce l'oeuvre la plus forte de la sélection ? C'est très possible. Reality, la comédie amère qui permet à Matteo Garrone de recevoir un nouveau Grand Prix du jury après celui de 2008, suit un candidat frustré à une émission de téléréalité. Le film précédent du cinéaste évoquant la mafia napolitaine, on peut parler d'un revirement thématique complet. Est-ce un bien ou un mal ? Je n'en jugerai pas avant d'avoir vu le(s) film(s). Celui-là m'attire peu, pour l'instant. J'ajoute que je peux très bien changer d'avis quand il sera sorti.

Est-ce la récompense des adieux pour Ken Loach ? Je crois avoir noté que le réalisateur britannique en était cette année à sa 15ème venue sur la Croisette. Je l'aime bien, sincèrement. Même si la critique n'a pas toujours goûté à La part des anges, son nouveau long-métrage, peut-être bien que j'irai le voir pour juger moi-même de sa valeur. De manière assez surprenante pour quelqu'un qui s'est surtout illustré dans le drame, il semble qu'il s'agisse d'une nouvelle comédie. L'intrigue tournerait autour d'un jeune père condamné à un travail d'intérêt général et que son superviseur initie à l'art de la distillation du whisky. Rendez-vous en salles prévu à la fin du mois de juin.

Pourra-t-on également y découvrir les deux jeunes actrices récompensées du Prix d'interprétation féminine ? Les Roumaines Cristina Flutur et Cosmina Stratan, respectivement ex-comédienne de théâtre et ancienne journaliste, s'illustrent dans le nouveau film de Cristian Mungiu, leur compatriote qui avait obtenu la Palme d'or en 2007. Au-delà des collines est aussi leur tout premier film ! Juste descendues d'avion, les deux actrices ont fait part de leur émotion. Elles pourraient à leur tour en susciter avec leurs personnages, l'une amoureuse de l'autre et voulant l'empêcher de vouer sa vie à Dieu. Notez que le long-métrage repart également avec le Prix du scénario.

Mads Mikkelsen est sans nul doute un comédien plus expérimenté. Connu à l'international, notamment pour avoir prêté ses traits à l'un des derniers bad boys de la série James Bond, le Danois n'a pas oublié ses compatriotes auteurs et notamment Thomas Vinterberg. Dans le dernier film de ce dernier, il joue un homme que la rumeur accuse de pédophilie. La chasse a reçu le Prix du jury oecuménique. Clin d'oeil du destin: la femme de Mads Mikkelsen poursuit actuellement des études de théologie. Le cinéaste, lui, s'est éloigné ici des préceptes du Dogme danois, ces conditions de tournage draconiennes qu'il avait décidé de s'imposer au début de sa carrière. Son acteur rentre au pays avec le Prix d'interprétation masculine.

Prix de la mise en scène, Post tenebras lux semble pour sa part s'illustrer par l'un de ces curieux formalismes que peut revêtir parfois le cinéma d'auteur. Je ne sais pas grand-chose de ce long-métrage signé du réalisateur mexicain Carlos Reygadas. Sa bande-annonce m'a laissé croire en l'analyse de la critique: le film s'annonce surtout comme une oeuvre contemplative. Après les ténèbres, la lumière ? J'attendrai donc ce récit autobiographique dans une salle... obscure.

Idem pour Les bêtes du sud sauvage, la Caméra d'or 2012. Rappel pour les étourdis: cette récompense vient couronner ce qui est considéré comme la meilleure première oeuvre de tout le Festival. Cette année, il fallait la chercher dans la catégorie Un certain regard. Petite polémique à la clé: l'Américain Benh Zeitlin avait déjà été récompensé d'un trophée pour ce même film, lors du dernier Festival de Sundance. La meilleure façon de juger si c'est mérité - ou non - sera évidemment de voir le long-métrage. Il y serait en fait question d'une petite fille partie à la recherche de sa mère, alors que son père tombe malade. Une thématique abordée comme elle pourrait l'être dans un conte, si j'ai bien compris, ce qui vient titiller ma curiosité.

Un mot enfin sur Sessiz be-Deng, petit film venu de Turquie, Palme du court-métrage. C'est la troisième oeuvre de son auteur, âgé seulement de 34 ans. Le jeune L. Rezan Yesilbas a pu le présenter comme le deuxième volet d'une trilogie féminine. Il s'intéresse effectivement à une femme, qui vient rendre visite à son mari prisonnier. Je n'en sais pas beaucoup plus, mais note que le cinéaste a dit du Festival qu'il était pour lui "une bulle au milieu du monde". J'aime assez cette idée d'espace culturel, protégé et ouvert à la fois.

J'en ai terminé avec les lauréats. Comme chaque année, Cannes laisse aussi quelques déçus sur le bord du chemin. Promis: ce constat amer ne me découragera pas de vous parler d'autres réalisateurs émérites comme Jacques Audiard, dont le sixième opus, De rouille et d'os, est reparti bredouille. Je crains que la critique française s'enflamme un peu vite dès qu'elle voit un bon film tricolore ! Visiblement, Alain Resnais et son Vous n'avez encore rien vu peuvent souffrir des mêmes symptômes, de même que Leos Carax, pourtant régulièrement cité parmi les favoris pour son Holy motors. En revanche, c'est sans doute autre chose qui a nui au Sur la route de Walter Salles, au Cosmopolis de David Cronenberg ou bien encore au Moonrise Kingdom de Wes Anderson. Je m'étonne presque d'avoir vu le palmarès défiler sans mention du film égyptien, contexte politique et printemps arabe obligent. Au tour du public d'en juger.

Pour ma part, je veux laisser le mot de la fin au président du jury choisi pour cette édition 2012. "J'ai huit nouveaux amis", a dit l'Italien Nanni Moretti à propos de ses jurés, les citant tour à tour avant de souligner à la fois "la sincérité d'Ewan McGregor, la passion d'Hiam Abbas, la bonne humeur de Jean-Paul Gaultier, spectateur idéal à mon sens, la détermination de Diane Kruger, la douceur d'Emmanuelle Devos, la mémoire historique et cinématographique d'Alexander Payne, la compétence et la culture de Raoul Peck". Ajoutant enfin "l'énorme énergie d'Andrea Arnold, qui avait décidé qu’on se baignerait tous dans une mer à 14°C, projet que nous avons fort heureusement réussi à faire échouer !". En passionné, le lauréat de 2001 a également parlé de sa méthode de travail: les jurés auraient ainsi eu huit réunions pour parler de tous les films. N'allant pas jusqu'à citer des noms, Nanni Moretti a aussi dit son sentiment que "plusieurs des réalisateurs en compétition étaient plus amoureux de leur style que de leurs personnages". Il a par ailleurs assuré qu'aucun prix n'avait fait l'unanimité et, au sujet de la Palme d'or Amour et de ses comédiens, exprimé son regret que le règlement interdise désormais d'octroyer à la fois Palme et Prix d'interprétation à un même long-métrage. Nous verrons si cela change en 2013. Objectivement, je n'ai pas d'info là-dessus, mais j'en doute beaucoup.

samedi 26 mai 2012

Simplement magique

Une chronique de Martin

Je vous ai parlé jeudi dernier d'un film pour lequel je n'ai vraiment aucune objectivité. En voici aujourd'hui un autre: The fisher king.

On me demande parfois: "Martin, quels seraient tes films préférés entre tous ?". Difficile à dire. L'idée même de devoir ainsi hiérarchiser mes préférences et la volonté de graver un classement dans le marbre me sont presque étrangères. Cela dit, j'ai constaté qu'il existe des longs-métrages qui résistent à ma lassitude. Celui d'aujourd'hui me fait toujours le même effet: il m'amuse, m'émeut, me bouleverse, me donne de l'espoir, me rassure et me fait rêver. Mention spéciale pour une scène de ballet, filmée dans une gare...

Ces merveilleuses sensations, elles ne me parviennent pas groupées. Elles arrivent l'une après l'autre, par la grâce d'un superbe scénario, lui-même porté par des dialogues parfaits (en VO... comme en VF !). Le plus beau, je trouve, c'est justement ça, cette progression régulière vers la compréhension de l'intrigue et des personnages. Premier en piste: un animateur radio tout à fait cynique, au moins jusqu'à son improbable rencontre avec un clochard magnifique. Côté féminin, The fisher king met en scène une drôle d'amoureuse transie, gérante d'une boutique de location de VHS, et une employée de bureau on ne peut plus timide. Je crois préférable de vous laisser découvrir seuls les interactions de ce quatuor. Pour reprendre le titre de ma chronique, j'ajouterai juste que Jeff Bridges, Robin Williams, Mercedes Ruehl et Amanda Plummer sont simplement magiques ! C'est dit: leur brillante interprétation me transporte à chaque vision.

Ce dont il est question ? Désolé, je tiens vraiment à rester évasif. J'ai juste envie de vous dire qu'à partir d'un certain altruisme, le film interroge notre conception de la normalité. Il parle aussi d'amour. D'accomplissement et de rédemption, également. Il permet de croire en la possibilité de se relever de la plus dure des épreuves. Il illustre l'idée que nos idéaux nous permettent de vivre, même si la vie, elle, ne nous fait pas de cadeau. Qu'on peut devoir changer et être heureux quand même. The fisher king est résolument optimiste. J'admire le fait qu'il parvienne à délivrer un message si encourageant sans verser dans la romance à l'eau de rose. Il y a aussi des scènes très dures dans ce long-métrage, avec un œil sur ceux qui, au pays du rêve américain, restent sur le bord de la route. Loin de plomber l'ensemble du métrage, ces références à la froide réalité viennent encore l’embellir. Un vrai baume au cœur pour affronter la crise.

The fisher king
Film américain de Terry Gilliam (1991)
Cinq étoiles pour l'ancien Monty Python, qui offre certainement ici son film le plus accessible, le plus universel et le plus humain. Mercedes Ruehl obtint un Oscar pour son rôle, mais j'en aurais volontiers attribué davantage si j'avais eu ce pouvoir. Je crois bien que le long-métrage restera longtemps à mon panthéon personnel. Dans son genre, je ne lui trouve aucun équivalent. Je citerais juste Vol au-dessus de coucou pour l'étude de la folie douce. Et, en allant chercher loin, Diamants sur canapé pour le message d'espoir suscité.

jeudi 24 mai 2012

Au plus profond

Une chronique de Martin

Aujourd'hui, une analyse de film que je veux bien admettre largement subjective: quand je parle d'Abyss, je fais abstraction d'une partie de ses défauts. Des films de James Cameron que j'ai découverts jusqu'à aujourd'hui, il reste mon préféré. J'aime beaucoup ce qu'il raconte et, surtout, j'aime aussi la manière dont il le raconte.

Expliquer rationnellement comment les toutes premières images continuent de m'emmener immédiatement "ailleurs" est difficile. C'est peut-être parce qu'il n'y a pas de générique. Une musique résonne doucement, le titre s'efface et c'est parti. Je suis parti...

L'histoire en deux mots ? Un sous-marin américain fait naufrage après avoir poursuivi un écho radar non identifié, qui pourrait bien venir d'un submersible soviétique. L'état-major veut comprendre. Pour cela, il envoie une section militaire à bord d'une plateforme pétrolière sous-marine, conçue par une femme ingénieur et gérée jusqu'alors par une poignée de civils. Le scénario d'Abbys repose donc d'abord la confrontation de deux mondes. Il va bien plus loin dans l'exploration du caractère humain, mais je ne vous dirais pas comment. Aucune envie de vous gâcher les surprises d'un récit épique et touchant à la fois. J'y suis moi-même très sensible.

Un petit conseil: ne regardez pas Abyss avec les yeux d'un cinéphile d'aujourd'hui. L'image a toute son importance, mais certains effets semblent un peu datés désormais, 23 ans après la sortie du film. L'important reste pour moi le beau message qu'il délivre. Techniquement, prendre du recul vous permettra de garder également une forme d'admiration, car le film brille d'un éclat étonnant, malgré donc le poids des années. C'est une oeuvre d'immersion, au sens figuré comme au sens propre: on se croit presque sous l'eau, aux côtés des comédiens. Et cette grande galerie de personnages, justement, ajoute encore à l'émotion, avec bien sûr l'excellent duo Mary-Elisabeth Mastrantonio / Ed Harris... mais pas seulement. Bref, j'insiste: j'ai vu et revu ce long-métrage, version courte comme version longue, et je ne m'en suis toujours pas lassé.

Abyss
Film américain de James Cameron (1989)
Un film sur la coexistence pacifique sorti l'année de la chute du mur de Berlin: j'y vois plus qu'un message d'espoir. Je crois avoir découvert James Cameron avec ce long-métrage: je le préfère largement à Avatar et même un peu à Titanic. Je crois honnête d'ajouter qu'il ne fera pas forcément l'unanimité. Le propos reste consensuel et les développements (assez) prévisibles. J'aime pourtant le message du film: on peut se respecter sans être semblables. Désormais, à vous de voir si vous accrochez ou pas...

----------
Juste pour vous donner deux avis complémentaires...
Je vous invite à aller lire la double analyse de "L'oeil sur l'écran". J'ajoute que les opinions divergent parfois selon la version du film considérée, courte ou longue. Le même DVD permet de voir les deux.

mardi 22 mai 2012

La bataille banale

Une chronique de Martin

Je disais encore il y a huit jours qu'il m'arrive de regarder un film simplement pour me formater les neurones. J'assume parfaitement cet objectif au moment d'entrer dans un cinéma, même s'il y a mieux à faire ou autre chose à regarder. Cela dit, Battleship était resté largement hors de mes radars. L'affiche criarde du long-métrage m'avait même laissé penser à une parodie. Une fois admise l'idée qu'il s'agissait bien d'un film "sérieux", j'étais plutôt décidé à l'éviter.

Deux tickets gratuits de l'ami Philippe l'ont alors remis sur ma route. Bon. Que dire ? Pour ce qui est de formater les neurones, Battleship remplit allégrement son office. Le gros problème, c'est qu'il illustre son petit argument au tout premier degré. Deux frères fêtent ensemble l'anniversaire du plus jeune. Ni parents ni amis en vue. L'aîné paye sa tournée et rappelle au cadet qu'il est temps de devenir un homme. Lui veut parler d'un engagement dans la glorieuse marine des États-Unis d'Amérique. L'autre préfère prendre des risques insensés pour... ramener un burrito poulet à la donzelle du comptoir. Finalement, comme Miss Caliente est aussi fille d'amiral, ça revient au même. Un peu plus tard, les deux frangins ont appareillé. Mission simplissime en apparence: quelques manoeuvres avec les flottes d'autres nations amies. Oui mais voilà, en mer, il n'y a pas seulement des Japonais en goguette: il y a aussi l'avant-garde d'une armée extraterrestre déterminée à en découdre. Je vous passe les détails.

Voyez comme je suis sympa avec vous, chers lecteurs ! J'avais pensé illustrer ma chronique avec quelques images spectaculaires, mais j'ai finalement opté pour des visuels plus neutres. Je n'ai pas l'intention de vous couper du seul plaisir réel offert par Battleship: celui d'effets spéciaux assez bien foutus - à l'image d'ailleurs de la blonde de service, mais je m'égare. C'est bel et bien du côté des méchants qu'il faut noter une once d'originalité dans ces deux grosses heures de cinéma bourrin. Les gentils, eux, sont caricaturaux. Ils révèlent leurs forces dans l'adversité, ne flanchent que de manière provisoire et, unis malgré leurs différences, gagnent toujours à la fin. Le film abordant les mêmes idées avec un peu de subtilité reste à écrire. Objectivement, ici, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le fait même qu'une partie de la promo tourne autour d'un buzz marketing du genre "premier film de Rihanna, star du R&B", dit tout sur les motivations de la production. Alors on avale bien gentiment son popcorn et on passe à la suite... et en vitesse, moussaillons !

Battleship
Film américain de Peter Berg (2012)
Quand j'étais enfant ou ado, il était déjà fréquent souvent qu'un jeu vidéo sorte, inspiré d'un film. Peut-être aurez-vous remarqué qu'aujourd'hui, c'est le contraire qui arrive le plus souvent. Et ici ? Tenez-vous bien: pondue par la firme Hasbro, l'idée du long-métrage provient de son ancestral jeu de plateau, la fameuse Bataille navale. Ni touché ni coulé, j'ai octroyé une étoile pour les effets spéciaux. Et une demie encore parce que ça rappelle deux blockbusters que j'aime (un tout petit peu) mieux: Pearl Harbour et Armageddon.

----------
Vous en voulez encore ? Vraiment ? Bon, d'accord...
Je ne sais pas si je dois croire ce que j'ai vu. Quelques secondes seulement avant de quitter la salle, je me suis imaginé qu'il y aurait peut-être une dernière scène après le générique. Je n'ai pas attendu pour vérifier, mais une vidéo circulant sur le Net me laisse y croire.

dimanche 20 mai 2012

Les amis européens

Une chronique de Martin

Je me souviens encore du jour où je suis allé voir L'auberge espagnole. Une amie - hello, Stéphanie M ! - m'y avait accompagné. J'avais d'autant plus aimé cette histoire de jeune mec parti terminer ses études à l'étranger que je m'étais un peu reconnu dans son envie de ne pas sombrer dans la routine professionnelle. Environ trois ans plus tard, j'ai encore mieux aimé la suite des aventures de Xavier.

Les poupées russes
est un film qui parlait beaucoup au trentenaire que j'étais alors depuis peu. Je me sentais comme lui, déterminé pour mordre dans la vie et un peu inquiet d'avec qui je la partagerai.

J'ai revu Les poupées russes il y a quelque temps. Il me semble bien que c'était déjà la troisième fois. Je suis toujours sensible à ce film générationnel. Les ados du premier volet sont devenus des adultes. Toujours prêts à s'emballer, ils le font avec un peu moins d'empressement, soucieux qu'ils sont désormais de ne pas se tromper de destin. Cédric Klapisch excelle à camper ce type de personnages. Si les derniers films du réalisateur m'ont un peu moins plu, il travaille ici sur la base d'un excellent scénario. Et ses héros venus de l'Europe entière forment une jolie mosaïque, autour de situations un peu bobo, certes, mais qui respirent la sincérité. Je dirais même le vécu.

Franchement, cette bande de copains, c'est aussi un peu la mienne. J'ai presque envie de traverser l'écran et de la retrouver. La rumeur dit qu'un beau jour, après L'auberge espagnole et Les poupées russes, Romain Duris, Kelly Reilly et les autres pourraient être réunis pour un troisième et dernier film. Je ne suis pas sûr de le souhaiter. Je crois que j'aimerais mieux avoir des nouvelles de tous les acteurs ou au moins de ceux qui ne sont pas devenus des stars. La galaxie Cédric Klapisch aurait sans doute intérêt à tourner autour d'axes nouveaux, comme elle a d'ailleurs commencé à le faire. Je crois bien que ce sera ainsi, en le revoyant ponctuellement avec une nostalgie légère, que je profiterai au mieux de cet opus pour moi si évocateur.

Les poupées russes
Film français de Cédric Klapisch (2005)
Que tout ce que je viens d'écrire ne vous empêche pas de (re)voir L'auberge espagnole, film attachant, tourné avec la même vigueur et joué avec la même énergie. C'est vrai: les deux pans du diptyque me paraissent dissociables, mais l'un et l'autre peuvent s'enchaîner avec bonheur. Et si vous êtes mordu au style klapischien, j'ai envie de vous conseiller Le péril jeune, premier d'une série de films consacrés à la jeunesse. Ni pour ni contre (bien au contraire) mérite lui aussi le détour, d'autant qu'il développe un tout autre style.

----------
Parce que ce type de films ne plait pas à tout le monde...
Je crois bien de vous envoyer lire la critique de "L'oeil sur l'écran".

jeudi 17 mai 2012

Un petit bout de chemin

Une chronique de Martin

On retourne en Belgique, d'accord ? J'avoue regretter qu'un nombre relativement restreint de films traverse la frontière et que le public français soit ainsi privé des productions venues du plat pays. L'étude sérieuse sur la vitalité des cinémas wallon et flamand reste à faire. Disons alors que, parmi cette filmographie, j'ai bien aimé Torpédo.

Film récent, sorti il y a deux mois environ, il m'a tout d'abord attiré parce que j'y ai vu François Damiens. L'humoriste hardcore se mue en mec un peu paumé et il fait ça très bien. Confirmation d'un talent rare et que nous pouvons envier ou, ce serait mieux encore, soutenir.

Dans Torpédo, François Damiens est Michel Ressac. On le découvre au saut du lit, réveillé par le téléphone. Au bout du fil, un inconnu, vendeur de canapés, lui assure qu'il a gagné un dîner en tête à tête avec Eddy Merckx. Il se trouve justement que le père de Michel idolâtre le champion cycliste. L'emmener à la maison serait dès lors pour les deux hommes l'occasion idéale de se rabibocher - on saura plus tard le motif de la bouderie. Seul petit problème: pour "retirer son lot", Michel doit venir au magasin en famille, donc se réconcilier avec son ex et convaincre un jeune du quartier de l'accompagner...

Vous imaginez bien que les choses ne seront pas aussi simples. Contraint et forcé, le "joyeux" trio devra affronter l'imprévu, kidnapper un chef de rayon récalcitrant et prendre aussitôt la route pour une pérégrination jusqu'à... Brest ! Torpédo ? C'est la marque du vélo sur lequel sera juché le gamin de la troupe, pour une raison que je vous laisse découvrir. Même si, un petit mois après la sortie du film, nous n'étions que trois (!) dans la salle de cinéma, le voyage m'a été agréable. François Damiens est parfait. Amoureuse déçue mais fidèle à sa façon, Audrey Dana joue de belle manière ce rôle tendre. Impossible d'oublier le jeune Cédric Constantin, d'un naturel prometteur. Il est l'étincelle de vie de ce petit film et, à son image d'ailleurs, à la fois drôle et touchant. Que j'aime ce genre d'histoires !

Torpédo
Film franco-belge de Matthieu Donck (2012)

Après Le gamin au vélo, la Belgique nous présente un nouvel enfant sur deux roues. J'ignore toutefois si ce clin d'oeil aux frères Dardenne est volontaire. Matthieu Donck est en fait un nouveau venu: il signe ici son premier long-métrage, après deux courts seulement. Bravo ! Je n'ai pas été surpris d'apprendre que le cinéaste avait pu travailler avec Benoît Mariage, d'ailleurs crédité au générique. Le hasard a voulu que je les découvre presque simultanément: son Michel à lui m'a fait penser à celui de Les convoyeurs attendent. La parenté entre François Damiens et Benoît Poelvoorde me paraît évidente.

----------
De la lecture ailleurs...
Le blog "Sur la route du cinéma" parle lui aussi du film. En bien.

mercredi 16 mai 2012

Cannes à l'ouverture

Une chronique de Martin

La chasse à la Palme d'or est ouverte ! C'est en effet aujourd'hui mercredi que démarre la 65ème édition du Festival de Cannes. J'évite les pronostics: ils seraient hasardeux, sachant que j'ignorais tout de la sélection officielle quand j'ai préparé cette chronique. Laissons la Croisette s'emballer pour le suspense de la compétition...

Que vous dire en attendant de savoir ? Peut-être est-ce utile d'abord de rappeler que Thierry Frémaux et Gilles Jacob, le délégué général et le président du Festival, ont choisi de faire appel au réalisateur italien Nanni Moretti comme président du jury. Lui-même couronné de la Palme il y a onze ans, le cinéaste est, il me semble, connu comme un homme engagé à gauche. De là à dire qu'on retrouvera trace de cette sensibilité dans le futur palmarès, il y a un pas important que je ne franchirai pas. Ce dont je suis sûr, en revanche, c'est que les festivaliers ont de la chance: en ouverture, ils vont découvrir aujourd'hui le nouveau film de Wes Anderson, sous le titre Moonrise kingdom. La bande-annonce m'a fait de l'oeil il y a déjà quelques semaines. Bonne nouvelle: la sortie en salles simultanée.

Maintenant, un mot sur l'affiche de cette 65ème édition. J'ai déjà eu l'occasion d'en parler autour de moi et je sais donc qu'elle a plutôt plu à certain(e)s de mes proches, cinéphiles ou non. Moi, je la trouve belle et "problématique" à la fois. J'apprécie l'idée de l'hommage rendu à Marilyn Monroe et, même si l'idée avait déjà été retenue pour l'affiche du Festival 2008, cette redite ne me gêne pas en soi. Ce que j'aime moins, c'est de voir un gâteau d'anniversaire. Je finis par me demander: mais de quel anniversaire parle-t-on ? L'événement cannois a 66 ans: ça ne tombe pas rond. Le seul chiffre symbolique serait 50, mais on parlerait alors de la mort de Marilyn ! Je ne vois aucune raison de le surligner, même ainsi. Et je relève également que la star est ici photographiée dans ce qui semble être un moment intime: je vois Norma Jeane Baker, en fait. Je suis déçu que, pour rendre hommage à la comédienne, on montre la femme. Cette femme qui a paraît-il tant souffert des excès de sa célébrité. Enfin... gageons que ça ne privera pas Cannes d'un beau Festival !

----------
Et maintenant, pour en savoir plus sur la sélection...
Je vous laisse lire la chronique que j'ai écrite il y a quelques jours.

lundi 14 mai 2012

Surprise-partie (en sucette)

Une chronique de Martin

Ce n'est pas imparable, mais j'ai une méthode pour repérer les films produits à la chaîne sans grand souci de cinéma: sur l'affiche, le nom du réalisateur n'apparaît pas ou alors n'est mentionné qu'en tout petit.

Illustration avec Projet X: c'est d'abord sur l'identité du producteur que le distributeur a choisi de faire le buzz. Nima Nourizadeh s'incline donc devant Todd Philips, connu et apprécié des cinéphiles potaches pour la franchise Very bad trip. Quand, sans en être une suite directe, une oeuvre de cinéma marche ainsi d'emblée dans les pas d'une de ses devancières, je préfère n'en attendre aucune originalité.

En allant voir Projet X, je me doutais globalement de ce que j'allais trouver. Pas question toutefois de jouer au plus malin. J'assume franchement l'envie que j'ai eue ce jour-là de récurer mes neurones devant un scénario n'évoluant qu'au ras des pâquerettes. L'histoire s'avère simplissime: quatre copains décident d'organiser une fête pour l'anniversaire d'un des leurs. Celui qui vient d'avoir 17 ans obtient péniblement la confiance de ses parents: il pourra disposer de la maison pendant un week-end. Le reste de la bande s'épanouit autour de trois archétypes vus, revus et assez ridicules, du petit gros à lunettes qui n'en croit pas ses yeux de pouvoir se lâcher au jeune au look gothique qui s'apprête à filmer toute la tribu - ah, les joies de la caméra subjective ! Et, bien sûr, il y a aussi celui qui rameute aussitôt 300 personnes, dont une armée de filles à gros seins. L'étincelle qui va transformer la nouba du siècle en bataille rangée !

Sauf à avoir débranché son cerveau, je crois qu'il faut voir Projet X comme un film crétin pour l'apprécier réellement. Le scénario s'enfonce tellement dans la surenchère qu'il finit presque par devenir sympathique. Plus que les répliques balancées à la mode wesh wesh, ce sont certaines situations qui prêtent franchement à rigoler. J'espère pour eux que les jeunes acteurs qui ont osé jouer là-dedans sont armés d'un solide sens du second degré. Autre indice du peu d'importance que leur accorde la production: leur nom et leur visage ne figurent même pas sur l'affiche ! J'y vois le signe ultime du côté racoleur du long-métrage, sans doute conçu comme une sorte d'aspirateur à ados. Je vous épargne le couplet moral: les héros sont tout de même ici des jeunes qui picolent, se droguent et ne pensent qu'à coucher. En prenant ce truc sans trop réfléchir, je n'ai pas passé un si mauvais moment. Mission récurage de neurones accomplie !

Projet X
Film américain de Nima Nourizadeh (2012)
En sortant du cinéma, Killaee, qui était venue avec moi, m'a conseillé la série des American pie en films du même genre et plus rigolos. Very bad trip - film dont elle m'a offert le DVD, merci toi ! - est aussi une production comparable, qui d'ailleurs m'amuse davantage. Mais ce que je préfère largement à tout ça, ce sont les comédies potaches avec un fond de tendresse. Et s'il vous faut un jeune comme héros, dans ce registre-là, je ne saurais trop vous conseiller La folle journée de Ferris Bueller. Un film qui a déjà 26 ans, oui !

samedi 12 mai 2012

De la liberté d'expression

Une chronique de Martin

Attention, sujet sensible: "C'est dur d'être aimé par des cons" retrace le procès de Philippe Val contre plusieurs personnes morales s'affirmant représentatives de la communauté des croyants musulmans. Le point de départ de cette affaire est (assez) simple.

Au moment des faits, c'est-à-dire tout début 2006, Philippe Val occupe les fonctions de directeur de la publication du journal satirique Charlie Hebdo. Il est à ce titre juridiquement responsable de son contenu. La rédaction se sent solidaire d'un autre journal, danois, qui, quelques jours plus tôt, a publié une série de caricatures sur l'intégrisme islamique, après l'assassinat du cinéaste néerlandais Thomas Van Gogh, revendiqué par un homme se réclamant du Coran. Charlie Hebdo reprend deux de ces caricatures. Le périodique augmente son tirage habituel et fait sa Une avec un dessin de Cabu. Un homme barbu y pleure à chaudes larmes sous le titre "Mahomet débordé par les intégristes" et avec une bulle "C'est dur d'être aimé par des cons". Le numéro sera ensuite réédité à deux reprises.

Poursuivi au pénal, Philippe Val doit répondre du délit d'injure publique. C'est là que commence en fait pour moi la difficulté d'analyser le film. Il me semble en effet impossible d'occulter le fond du débat. Par principe favorable à une conception extensive de la liberté d'expression et par ailleurs républicain convaincu respectueux de l'autorité de la chose jugée, je constate que Philippe Val a été relaxé des faits qui lui étaient reprochés, le tribunal suivant en cela le réquisitoire du procureur. J'aimerais être sûr que cette décision met réellement fin à la polémique et aux passions qu'elle a suscitées.

Documentaire oblige, je n'ai pas grand-chose à dire sur l'aspect cinématographique du travail que signe ici Daniel Leconte. Globalement, je n'ai rien à lui reprocher, aucun effet facile, la parole donnée à beaucoup des protagonistes et un intervieweur qui parvient à se faire oublier. La chose qui me gêne, au plan éthique et humain, c'est que ce reportage ne montre pas que la justice, tout en refusant de sanctionner Charlie Hebdo, a pu admettre la réalité du sentiment d'humiliation de la communauté musulmane. "C'est dur d'être aimé par des cons" me semble donc un peu complaisant. Au-delà des faits et du procès, la grande cause de la liberté d'expression me paraissait digne d'être défendue avec un peu plus de nuance. J'admets toutefois que, face à une matière si sensible, il puisse y avoir d'autres visions de la vérité, dans un sens comme dans l'autre. Journaliste de terrain dans l'âme, sinon en pratique, citoyen français viscéralement attaché à la démocratie, je me dis aussi que la République peut s’enorgueillir de ne pas interdire la provocation sur les questions de religion. L'Islam ne saurait évidemment faire exception à ce principe.

"C'est dur d'être aimé par des cons"
Documentaire français de Daniel Leconte (2008)
Jugement de Salomon au niveau des étoiles: je laisse chacun placer le curseur de par et d'autre du milieu selon sa sensibilité. Je note aussi l'usage (prudent ?) des guillemets dans le titre du film, présenté au Festival de Cannes hors-compétition. Plus qu'un documentaire judiciaire sur une autre affaire médiatique, je vous recommande surtout des lectures complémentaires sur ce cas précis pour forger votre opinion. En exerçant ainsi une autre liberté: celle d'y réfléchir. J'ai un résumé de la décision du tribunal pour ceux que ça intéresse.

jeudi 10 mai 2012

C'est ça, la Belgique ?

Une chronique de Martin

Il avait été prévu qu'on regarde deux films de Benoît Poelvoorde. Changement de programme: une soirée ciné organisée chez l'ami Philippe a finalement vu passer au premier rang ce qui devait n'être "que" le deuxième long-métrage visionné. Les convoyeurs attendent: sous ce titre mystérieux, formule rituelle issue du jargon des éleveurs de pigeons voyageurs, se cache un film compliqué.

Circonspect, j'ai posé une question en titre de ma chronique, question sans réponse définitive, d'ailleurs, plutôt née d'un ressenti que d'une analyse approfondie du septième art créé chez nos voisins.

Que je vous explique. Quand j'affirme que Les convoyeurs attendent est un film compliqué, je ne parle pas de ce qu'il raconte exactement: j'évoque ce qu'il donne à voir et d'abord son personnage principal. Roger, père de famille et journaliste localier d'un niveau intellectuel plus que discutable, ressasse sans arrêt sa frustration sociale en cherchant un moyen de s'en sortir. Et le moyen, ô miracle, il le trouve dans la lecture... du Livre des records. Roger apprend alors qu'une voiture est offerte à celui qui réussira à en battre un. Généreux à sa curieuse façon, il offre donc à son fils Michel un coach pour l'ouverture et la fermeture de portes, dans l'espoir qu'il devienne un champion du monde et cède sa récompense à la famille. Pathétique et incroyable, ce scénario s'avère franchement rugueux.

J'ai envie de parler d'humour noir, très noir, même, mais j'ai du mal pour dire si je trouve ça vraiment drôle. Disons qu'une fois encore, l'investissement affectif de Benoît Poelvoorde dans le projet emporte le morceau et suscite mon adhésion. Moins connue, à l'exception peut-être de Bouli Lanners, le reste du casting - et particulièrement les enfants - impressionne également. En dépassant l'absurdité même du propos, on se rend compte que, derrière ce vernis délirant, se cache un second niveau de lecture et ce que j'appellerai du respect de la dignité des petites gens. Avec l'aide d'un réalisateur qui est aussi son ami, Benoît Poelvoorde s'enfonce tour à tour dans le délire, la frustration, la colère et finalement l'apaisement. Je vois bien peu d'acteurs pour le remplacer sur une palette d'émotions aussi étendue. Le comédien est un peu, tour à tour, chacun de nous. Tellement vrai qu'il est bouleversant, à moins d'être profondément cynique ou blasé.

C'est ça, la Belgique, cet humour politesse du désespoir ? La vision me paraît un peu réductrice, mais toutefois assez sensée: il y a là quelque chose que je ne retrouve pas véritablement à l'identique dans d'autres écoles de cinéma, quelque chose qui suscite un rire grinçant et qui réconforte à la fois, un peu comme le cadeau vachard d'un ami proche. Le mieux est qu'ici, la photo du film correspond parfaitement à l'émotion qu'il a suscitée en moi. Je m'étais demandé pourquoi Benoît Mariage avait choisi de tourner en noir et blanc.

Sans avoir pu lui en parler, j'ai trouvé après coup que c'était une idée remarquable: l'absence de couleurs apporte une distance salutaire dans les passages d'émotions fortes et, dans les moments apaisés, fait marcher notre imagination pour recréer ce que nous connaissons à partir de cette demi-fiction. Même constat lié à la réalisation quant à certaines scènes visiblement tournées en studio, quand Roger enfourche sa mobylette et arrive sur le terrain de ses investigations sa petite fille derrière lui. Les convoyeurs attendent ne donnent pas du journalisme une idée très reluisante. M'y confronter m'a fait penser à l'émission Strip tease et aux débats que j'avais pu avoir quant à la pertinence de filmer les gens quand ils sont malheureux, pathétiques ou visiblement "à côté de la plaque". Le long-métrage que je vous présente aujourd'hui me semble au fond pouvoir reposer des interrogations fondamentales: ces gens sont-ils vraiment fous ? Faut-il les considérer idiots ou simplement différents ? Il me semble que les deux Benoît ont de la tendresse pour eux, peut-être d'ailleurs parce qu'ils se sentent assez proches d'eux. Sans m'avoir paru répondre à toutes les questions qu'il pose, le film m'a touché. J'ose croire qu'avec un peu de cran et d'ouverture d'esprit, il est accessible à tout le monde et laisse à chacun tirer ses propres conclusions. Rire et pleurer d'après son ressenti, ne serait-ce pas le but du cinéma ?

Les convoyeurs attendent
Film belge de Benoît Mariage (1999)
J'ai choisi de dire que le film était belge, parce que son réalisateur l'est, ainsi qu'au moins une bonne partie de sa distribution. Il faut toutefois admettre qu'il est aussi français et suisse, ses producteurs se répartissant sur ces trois nationalités. J'espère bien trouver d'autres occasions de mieux capter l'âme belge au cinéma, si tant est qu'elle existe réellement. En attendant, je vous renvoie à la rubrique Cinéma du monde pour d'autres longs-métrages de cette origine. Conseil parmi d'autres: il est assez intéressant de mesurer l'évolution du travail du duo Mariage/Poelvoorde en regardant Cowboy, sorti huit ans après son aîné de cinéma et qui lui fait souvent écho.

mardi 8 mai 2012

Derrière les grilles

Une chronique de Martin

Derrière les grilles du château de Versailles, Sidonie et Honorine surveillent le roi. Nous sommes au mois de juillet 1789 et les couloirs du palais bruissent d'une incroyable rumeur: en révolte, le peuple aurait pris la Bastille, tranché la tête de son gouverneur et libéré quelques pauvres hères qui traînaient par là. Les petites servantes de la reine Marie-Antoinette ont bien du mal à y croire et pourtant...

Un chat organisé il y a quelques semaines par le journal Libération m'a permis de demander à Benoît Jacquot pourquoi il s'est intéressé à la femme de Louis XVI. J'ai eu la chance qu'il me réponde: "Sa fin tragique a été comme emblématique de la fin d'un monde. Et la fin de ce monde, c'est le début d'un autre". Le réalisateur a aussi évoqué une souveraine étrangère pour le peuple de France. Celle qu'on a appelé l'Autrichienne a su le fasciner pour sa dualité et les évolutions de son comportement. "Elle a d'abord été une jeune femme frivole, légère, une princesse capricieuse, pour devenir, au cours des jours que j'ai essayé de représenter, une reine de tragédie". On l'a dit avant moi: Les adieux à la reine porte toutefois un titre trompeur. C'est la reprise de celui du roman dont le film est tiré, c'est vrai. Reste que le premier personnage n'est pas celle que l'on peut croire. L'héroïne, en fait, c'est bel et bien Sidonie, une jeune femme dévouée à sa royale patronne, à son service pour lui faire la lecture selon l'étiquette et son bon plaisir du moment. D'où vient-elle exactement ? A-t-elle un protecteur ? Un amant ? Personne ne le sait. Inutile d'espérer des indices: il faudra attendre la fin de l'histoire. L'intérêt du film est ailleurs. Dans le devenir de cet improbable duo.

Un duo qui est en fait un trio, puisqu'aux côtés du personnage imaginaire de la lectrice, Benoît Jacquot ressuscite une femme tierce. Gabrielle de Polastron, duchesse de Polignac, a existé, elle. Quoique son aînée de quelques années, elle fut un long moment l'amie et la confidente de Marie-Antoinette, ainsi que la gouvernante des enfants du couple royal. Sans entrer dans le détail, le scénario suggère qu'elle aurait pu être davantage aux yeux de la reine. Maintenant, qu'en dire ? Les adieux à la reine est un beau film. Ayant choisi de laisser la Révolution hors-champ, le réalisateur gagne toutefois son pari d'une reconstitution crédible et flamboyante. Costumes, décors et même musique: le travail des équipes techniques est remarquable. Une vraie force pour un film au rythme étonnamment lent. Ce n'est pas tout à fait un défaut. Si les scènes sont longues, elles ont le mérite de bien camper les protagonistes. Léa Seydoux, Diane Kruger et Virginie Ledoyen m'ont convaincu. L'enjeu dramatique se dévoile petit à petit et c'est une fois attaché aux trois femmes de ce drame que j'ai finalement mieux su mesurer le pathétisme de leur destinée. Le long-métrage aborde pudiquement la palette des sentiments, entre attachement, respect et amour. Discutable, pas... révolutionnaire, mais finalement assez touchant.

Les adieux à la reine
Film français de Benoît Jacquot (2012)
La comparaison avec le Marie-Antoinette de Sofia Coppola s'impose d'elle-même. Rien à voir, pourtant, dans le traitement. À la fable moderne et américaine sur l'adolescence contrariée, le cinéaste français répond par une cartographie du Versailles intime. Stupeurs et tremblements à la Cour de France, avec une situation si imprévue qu'elle est - fatalement - ingérable. En Chine et avec bien plus d'éclat encore, avec également de très nombreux sous-thèmes, c'est un peu ce qu'avait montré Bernardo Bertolucci dans Le dernier empereur.

----------
Envie de lire un autre avis ?

C'est possible: je vous conseille la lecture de "Sur la route du cinéma".

dimanche 6 mai 2012

Un canard dans la jungle

Une chronique de Martin

Coin ! Et revoilà Alain Chabat ! Huit ans après son dernier film, onze après une adaptation réussie des aventures d'Astérix, l'ex-Nul s'offre un autre personnage de BD populaire: le Marsupilami. Le titre même de son film - Sur la piste du Marsupilami - montre que la bestiole est difficile à dénicher, planquée qu'elle est dans la luxuriante forêt de Palombie, pays imaginaire planté au coeur de l'Amérique du sud.

Pseudo-journaliste d'investigation, Alain Chabat/Dan Geraldo s'associe avec Jamel Debbouze/Pablito Camaron pour un reportage sur le terrain. Son but: rencontrer le peuple paya, à la longévité légendaire, et enfin connaître son secret. Pas bien malin, le gringo...

Une première précision: je n'ai lu aucune des BD Marsupilami. L'animal fête ses 60 ans cette année. Inventé par le grand auteur belge André Franquin, le papa de Gaston Lagaffe, il se caractérise par sa force physique, son pelage jaune à tâches noires et sa queue multi-fonctions longue de 8 mètres. Plutôt pacifique, il est capable du pire si on s'en prend à sa femelle et/ou à sa progéniture. Le film lui offre une histoire originale: avec Jeremy Doner, auteur américain qui avait également travaillé sur L'arnacoeur, Alain Chabat apporte à son petit héros poilu un scénario 100% nouveau. Tout en y insérant son propre univers, il aurait ainsi respecté les codes de l'oeuvre originelle, projet sur lequel, paraît-il, il travaillait depuis longtemps. Plutôt tourné vers le jeune public, Sur la piste du Marsupilami reste un spectacle sympathique pour les grands. Il mélange les ingrédients du film d'aventures, de la comédie potache et de l'esprit nul. Houba !

Du côté des acteurs, rien à redire. Alain Chabat prend - et donne - toujours un malin plaisir à s'auto-ridiculiser. C'est la même chose pour Jamel Debbouze: à l'inverse des "héros", on est ici en terrain connu et balisé. Classique mais efficace. L'un des grands bonheurs offerts par Sur la route du Marsupilami vient d'une épatante galerie de personnages secondaires. On rigole avec Fred Testot en dictateur de pacotille, Géraldine Nakache en botaniste sexy et Patrick Timsit en caporal frustré. Pas attendue du tout, en revanche, la prestation étonnante d'une Céline Dion franchement drôle ! Et je ne dirai rien sur celle de Lambert Wilson, à contre-emploi et juste jubilatoire ! Reste à saluer le travail des équipes techniques, qui prouvent encore une fois qu'on peut faire de la comédie tout en soignant décors, costumes et intermèdes graphiques - mention spéciale pour le talent des créateurs du petit dessin animé inséré dans le film. À vous désormais de vous perdre en Palombie pour... comprendre mon titre.

Sur la piste du Marsupilami
Film français d'Alain Chabat (2012)
Une demi-étoile spécialement pour le jeu en roue libre des acteurs ! Je suis volontairement resté discret sur les vannes et situations gaguesques du film pour préserver la fraîcheur de votre regard. Ceux qui connaissent et apprécient Astérix et Obélix: mission Cléopâtre retrouveront ici l'esprit général qui y était développé. En attendant d'en reparler un jour ou l'autre, je n'ai pas spécialement de référence antérieure à donner. L'humour nul associe réparties foireuses, événements improbables et clins d'oeil multiples, le tout étant délivré à 200 à l'heure. Sans crier au chef d'oeuvre, j'aime autant... en rire !

----------
Bon, je suis désolé...
J'avais vaguement eu l'idée de profiter de cette journée électorale pour vous parler d'un film politique, mais ça ne s'est pas présenté. Allez, hop: un lien vers la chronique de "Sur la route du cinéma" !

vendredi 4 mai 2012

Enfant du rock

Une chronique de Martin

Je m'étais posé la question: faut-il déjà bien connaître Joy Division pour apprécier le film qui leur est consacré, Control ? Si j'en crois mon ressenti personnel, la réponse est non. J'ignorais presque tout de ce groupe anglais mythique de la fin des années 70, mais j'ai aimé découvrir le long-métrage. À vrai dire, plus qu'une biographie filmée des quatre musiciens, il se tourne surtout vers le leader, Ian Curtis.

Ce que le jeune homme a de fascinant ? Sa carrière de météorite autour d'une vie de rock star, mariée à dix-neuf ans, suicidée à 23.

Tout en musique, évidemment, Control ressemble donc à un film social anglais de la veine d'un Ken Loach, plus qu'à une hagiographie univoque d'ancien groupie. Anton Corbijn, le réalisateur (hollandais) de ce drame, connaît pourtant la chanson: avant d'oser se lancer ici dans le tournage de son premier long-métrage, il a fait ses débuts comme photographe dans un mensuel musical. C'est ainsi qu'il a notamment connu Joy Division. Depuis les années 80, il a aussi signé un grand nombre de clips vidéo, fruits notamment d'une collaboration de longue durée avec Depeche Mode. Sa première semi-fiction porte évidemment la marque de cette riche expérience. On notera également au passage que, filmée en noir et blanc, elle crédite Debbie Curtis, la veuve de Ian, investie en qualité de co-productrice.

Debbie est aussi l'âme du film, l'une de ses victimes innocentes. Première muse, épouse fidèle, mère d'une petite Natalie, elle reste au foyer en attendant les retours de tournée de son rockeur de mari. Elle supporte ses silences et ses inspirations nocturnes, assume comme elle peut son angoisse devant son absence et ses crises d'épilepsie répétées, essaye chaque jour de se dire que tout va bien et qu'elle a bien la vie qu'elle avait imaginé vivre. On ne regrette pas que Control ait fait le choix d'aborder la vie d'une star par l'intime. Cette audace offre au contraire au film ses plus beaux contrastes. Entre la blancheur aveuglante des projecteurs et la noirceur retrouvée à l'intérieur de sa relation de couple, Ian Curtis se débat avant de se laisser emporter. Et, sans le connaître, on part avec lui...

Control
Film anglais d'Anton Corbijn (2007)
Bravo à tous les acteurs qui se sont investis dans cette œuvre âpre ! C'est seulement après avoir apprécié le long-métrage que j'ai voulu me pencher plus avant sur la carrière de Joy Division. Il s'avère finalement que ce que montre le film est conforme à la triste réalité. Difficile, dès lors, de trouver une oeuvre cinématographique comparable. Je citerais bien Amadeus pour un autre destin tragique lié à la musique, mais c'est aller chercher loin. Cloclo ? Piste crédible certes, mais dans un registre bien différent. Autant que j'attende d'avoir vu d'autres films musicaux pour y revenir. Et d'ici là, je peux revenir à l'essentiel en écoutant quelques morceaux rock des 70s.

----------
Une autre chronique à lire ?
Pascale, rédactrice de "Sur la route du cinéma", partage mon avis.

jeudi 3 mai 2012

Kubrick, projets inachevés

Une chronique de Martin

Que je parvienne un jour à avoir vu tous les films de Stanley Kubrick me paraît chose envisageable. Le réalisateur américain en a signé treize et j'en connais déjà quatre - je vous laisse découvrir leur nom dans la page dédiée aux cinéastes. Amusé, je constate que le mythe s'est aussi écrit sur le vide, puisqu'un certain nombre de projets cinématographiques du maître ne sont jamais sortis des cartons.

Ainsi aurait-il notamment voulu tourner un film sur Napoléon. L'histoire du cinéma est passée à côté de quelque chose de grand !

Un autre des projets avortés de Stanley Kubrick a pu voir le jour grâce à... Steven Spielberg. Les deux hommes se connaissaient. Amis, ils avaient décidé de travailler ensemble pour une adaptation d'un roman d'anticipation d'Aldiss Baker. La mort du premier décidera le second à aller jusqu'au bout et à lancer A.I. Intelligence artificielle, un long-métrage que je n'ai pas encore vu. Je suis content de pouvoir avoir l'occasion de me rattraper. Je ne peux toutefois pas en dire autant pour d'autres films fantômes, tel celui que Stanley Kubrick voulait réaliser sur l'Holocauste - en fait abandonné pour ne pas venir concurrencer La liste de Schindler.

Douze ans auront passé entre les deux derniers films du cinéaste, Full metal jacket et Eyes wide shut. De quoi oublier qu'il avait eu l'intention d'adapter Stephan Zweig, Umberto Eco ou Patrick Süskind. Mais également que Terry Southern, scénariste connu entre autres pour Docteur Folamour et Easy rider, espérait le convaincre facilement de tourner un film pornographique. L'histoire complexe d'un homme dont l'histoire demeurait en fait "une légende inventée de toutes pièces par la presse", selon sa propre femme Christiane.

mardi 1 mai 2012

L'opportuniste

Une chronique de Martin

C'est la Fête du travail ! Aujourd'hui, du coup, je tire ma flemme. J'ai choisi de reparler d'un film déjà commenté ici même: Barry Lyndon. Enfin, disons plutôt que je l'ai revu et que, en suivant l'ordre logique de mes sessions cinéma, je suis amené à l'évoquer à nouveau. J'ai eu la chance d'en profiter sur écran géant, dans le cadre d'une opération baptisée Il était une fois, qui voit quelques grands classiques ressortir en salles. J'en reparlerais probablement si j'en ai l'occasion.

En attendant, donc, quelques mots nouveaux sur Barry Lyndon. Qu'ajouter à ma première chronique ? J'ai peu d'idées, à vrai dire. Sorti en 1975, récompensé par quatre Oscars techniques l'année suivante, le long-métrage a traversé toutes ces années avec éclat. Stanley Kubrick semble transcender son matériau littéraire pour créer une oeuvre unique en son genre. Chaque plan du film est un tableau. Musicalement, la perfection n'est pas loin avec, pour la première fois je crois chez ce réalisateur, l'usage exclusif d'oeuvres classiques. Quant au scénario, lui, il est passionnant, brillant d'un bout à l'autre de ces trois heures de grand cinéma. Le spectateur s'embarque immédiatement pour un voyage au 18ème siècle: une leçon d'histoire et d'efficacité cinématographique. Mon amour des films en costumes trouve là un Graal bien difficile à égaler. Chacun son truc, bien sûr. D'aucuns pourraient trouver l'ensemble trop grandiloquent, empesé. Quant à moi, je ne saurais que trop vous conseiller de vous y plonger.

Barry Lyndon
Film américain de Stanley Kubrick (1975)
Un tel chef d'oeuvre ne se compare pas... ou alors peut-être simplement avec les autres merveilles nées de son maître-créateur. Même ainsi, j'ai bien de mal à mettre le long-métrage en parallèle avec un autre. Oeuvre à nulle autre pareille, elle marque donc durablement l'histoire du septième art. Notez toutefois qu'en matière de films à la mode 18ème, j'ai une (petite) préférence pour Amadeus.

----------
Si cette mini-chronique ne vous suffit pas...

Je vous invite à lire ce que j'avais écrit la première fois.