mercredi 30 septembre 2020

Interstellaire

Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai eu envie de revoir Stargate. Sorti en France quand j'étais jeune étudiant, ce blockbuster décent mélange allègrement un sujet de science-fiction et une imagerie inspirée de l'Égypte ancienne. L'histoire, elle, reste conventionnelle pour un film de ce genre, mais retrouver cet univers m'a fait plaisir...

Daniel Jackson est égyptologue, mais ses théories sur les civilisations antiques ne suscitent guère que les moqueries de ses confrères. L'armée américaine, elle, se dit qu'il pourrait bien lui être très utile pour déchiffrer les symboles d'une dalle retrouvée à Gizeh en 1928. Bingo ! L'homme parvient à remettre en route une "porte des étoiles" auparavant dénichée sous cette même dalle. Un robot-sonde envoyé en éclaireur disparaît et, presque aussitôt, le signal que sa balise envoie indique qu'il se trouve à des millions d'années-lumière de là ! Pour comprendre ce phénomène, notre ami scientifique s'impose vite comme l'un des membres du détachement militaire alors missionné pour aller voir ce qui se passe. Et il se retrouve à son tour projeté dans un autre monde, placé sous la coupe d'une espèce de pharaon...

J'ai tout dit ? Oui et non, mais c'est vrai qu'à partir de là, le spectacle proposé est... disons, assez convenu. C'est sans hésitation aucune que je range le film parmi les vide-neurones que je regarde parfois entre deux oeuvres plus abouties, pour me rafraîchir le cerveau. Néanmoins, je trouve que Stargate ne démérite pas: son esthétique conserve une certaine efficacité, 26 ans plus tard, et l'usage modéré des effets spéciaux (comparé aux standards définis aujourd'hui) laisse de la place à une petite allure vintage, agréable à mes yeux. Avec ses costumes et sa langue, le monde imaginaire est crédible. Bref, vous l'aurez compris: je suis plutôt content de l'avoir revu. Dire que la nostalgie n'y est pour rien serait sans doute mentir un peu. Chacun jugera: je ne prétends pas que cela puisse plaire à tou(te)s...

Stargate - La porte des étoiles
Film américain de Roland Emmerich (1994)

Malgré la fâcheuse réputation du réalisateur, j'ai passé un moment sympa devant ce popcorn movie très basique, mais sans complexe. Mon manque d'attrait pour la science-fiction me rend moins exigeant que d'autres avec ce genre de "produit de consommation courante". Blade runner est bien évidemment au-dessus, ainsi que Interstellar. Parmi les étoiles, vous pouvez essayer Dune, Oblivion ou Ad Astra...

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Envie de rester encore loin de la Terre ?

Je vous invite donc à voyager au coeur des galaxies chez Ideyvonne.

lundi 28 septembre 2020

Terrible jungle

Vous le savez, bien évidemment: c'est en quête de richesses infinies qu'au 16ème siècle, des aventuriers espagnols ont traversé les mers jusqu'en Amérique. Dans Oro - La cité perdue, une quarantaine d'entre eux arpentent la jungle amazonienne sans rien avoir trouvé. Ce qui a constitué pour moi le début d'une promesse de film épique...

La caméra se pose au coeur d'une troupe déjà largement divisée. L'autorité du chef légitime est vraiment déclinante: le vieil homme est venu avec sa femme. Ses soldats imaginent qu'elle profite donc d'un régime de faveur - ce qui n'est pas tout à fait inexact, d'ailleurs. Et s'il n'y avait que cela ! Les Européens égarés se frottent à un milieu hostile et sont menacés par la faim, les maladies, les bêtes sauvages et les autochtones, plus habiles qu'eux à se fondre dans le décor. Voilà... vous n'êtes pas surpris ? C'est logique: Oro - La cité perdue n'a rien de vraiment surprenant. Et, pire, l'ensemble des personnages paraît issu du même moule. Ce qui est plus frustrant qu'autre chose...

Les trop rares plans larges (comme celui de mon image ci-dessus) s'avèrent insuffisants à apporter une vraie respiration. Seule la fin montre autre chose que de la forêt, mais... je ne vous dirai pas quoi. Avant d'en arriver là, que de redondances ! Le jeu de massacre attendu s'éternise et n'a de fait pas grand-chose à dire sur l'attitude des conquistadors, si ce n'est qu'elle était vraiment pathétique. Difficile de s'attacher à eux dans ces conditions. J'ai l'impression qu'Oro - La cité perdue est bel et bien passé à côté de son sujet. Heureusement, il reste d'assez belles images et 2-3 séquences cruelles et fortes, mais ça ne vole pas bien haut. Les distributeurs français ont zappé le film: chez nous, il est sorti en direct to video. Bon, je ne suis pas vraiment sûr qu'il ait mieux marché en Espagne...

Oro - La cité perdue
Film espagnol de Agustín Díaz Yanes (2017)

J'enfonce le clou: les amoureux des civilisations précolombiennes peuvent passer leur chemin. Il existe de meilleures façons d'espérer découvrir Teziutlàn: revoir Aguirre, la colère de Dieu, par exemple. Sinon, deux bons gros siècles plus tard, il y a aussi The lost city of Z. Ou alors, dans un tout autre registre, Terrible jungle, le film récent auquel j'ai emprunté son titre, et La route d'Eldorado rayon animés !

samedi 26 septembre 2020

Le remplaçant

Elle n'était encore qu'un bébé quand son père s'est soudain volatilisé. Mahiro, 12 ans, est fébrile: elle a rendez-vous avec lui près d'un parc de Tokyo. Ouf ! Malgré l'émotion, les retrouvailles se passent bien. Sous les cerisiers en fleurs, le printemps sourit au tandem père-fille. Oui... mais malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples...

À mi-chemin entre documentaire et fiction, Family Romance, LLC. tourne notre regard vers une réalité japonaise: au pays du Soleil levant, des comédien(ne)s professionnel(le)s proposent leurs services pour jouer au quotidien le rôle de proches absents (ou défaillants). Dans l'exemple - fictif, mais possible ! - présenté ci-dessus, la mère de Mahiro a donc recruté un acteur pour se substituer à son ex-mari auprès de sa progéniture. D'autres feront appel au même subterfuge pour remplacer un parent alcoolique lors d'une cérémonie quelconque ou encaisser des réprimandes verbales à leur place. C'est dingue d'imaginer que tout existe véritablement. Dingue, oui... et fascinant.

Le film offre en fait plusieurs niveaux de lecture et la possibilité d'abord de suivre le duo principal sur quelques mois. Ces séquences sont entrecoupées d'autres scènes, liées aux divers contrats acceptés par Yuichi, le vrai-faux père de Mahiro. Sensation vertigineuse garantie quand on comprend que le rôle... n'en est pas un: l'acteur choisi pour incarner cet "illusionniste de l'intimité" est le dirigeant bien réel de l'une de ces sociétés de location. Family Romance, LLC. n'est pas que le titre du film: c'est également le nom de l'entreprise dont il est question - en détails - tout au long du long-métrage. Inévitablement, on en vient à s'interroger sur les différentes illusions qui peuvent naître du fait de jouer la comédie et de créer du cinéma. La mise en abyme apporte quelques réponses, mais une fin ouverte laissera chacun de nous à ses propres réflexions (et tant mieux !). Tout est question d'interprétation: c'est à vous de décider de la vôtre.
 
Family Romance, LLC.
Film américain de Werner Herzog (2020)

Je n'ai pas vu beaucoup de film comparable - pour ne pas dire aucun. Je connaissais Werner Herzog pour ses fictions anciennes, la partie documentaire de son travail m'étant encore tout à fait inconnue. Raison de plus, en fin de compte, pour apprécier cet opus "hybride". J'en suis sorti en m'interrogeant également sur ce que les Japonais trouvaient incongru chez nous. Beaucoup de choses, sans nul doute...

jeudi 24 septembre 2020

Adorable, mais...

Il est né peu avant son ami Steven Spielberg et, comme lui, a percé dans les années 70, mais Joe Dante n'a certes pas la même notoriété. Les deux potes ont toutefois travaillé de concert autour d'un film culte des années 80: Gremlins. Un film que je pensais conçu pour les ados et que j'ai revu récemment d'un oeil tout à fait neuf. Je m'explique...

Tout commence comme dans un film de Noël. Un père de famille découvre une petite boutique perdue et y déniche un cadeau original pour son fils: un Mogwai, petite boule de poils aussi attendrissante que farouche. Trois consignes vont avec: 1) ne pas exposer la bête sous une lumière vive, 2) éviter absolument qu'elle entre en contact avec l'eau et 3) ne la nourrir après minuit sous AUCUN prétexte. Qu'arriverait-il si l'une des ces "lois" n'était pas respectée ? Le film repose bien entendu sur cette question cruciale et il est donc évident qu'à ce titre, je ne vous donnerai pas la réponse ! L'image ci-dessous paraît assez explicite comme ça, non ? Je n'ai rien d'autre à ajouter...
 
Gremlins
cache bien son jeu, cela dit, et joue en fait efficacement sur plusieurs tableaux. Le teenage movie que j'ai d'abord évoqué dissimule une satire assez tendre - mais bien réelle - de la société américaine. Les images ont un impact d'autant plus fort que le film regorge de références et sait toujours les utiliser à très bon escient. Autre atout: souvent au second degré, le récit peut aussi être abordé au premier niveau de lecture, comme un "simple" divertissement. J'aimerais souligner le grand talent avec lequel les équipes techniques ont travaillé: les créatures qu'elles ont inventées sont... bluffantes ! Et tout cela, bien sûr, sans le renfort des effets spéciaux numériques modernes ! Je trouve que c'est mieux ainsi, pour tout vous dire. Redécouvrir la suite, sortie six ans plus tard ? Oui, je vais y songer...

Gremlins
Film américain de Joe Dante (1984)

Le film avait très bien marché, à l'époque: il avait atteint le 6e rang du box office français, avec quelque 3,5 millions de spectateurs conquis. C'est mérité, je trouve. Joe Dante aura moins de succès ensuite, mais je vous recommande vivement l'un de ses opus suivants: Panic sur Florida Beach, autre popcorn movie satirique. Tim Burton, à l'époque, était proche de ce décalage: voir Beetlejuice.

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Qui parle encore du film aujourd'hui ?

Ideyvonne l'a fait, avec comme d'habitude toute une série d'images. Vincent, lui, reste focalisé sur une actrice: comme je le comprends...

lundi 21 septembre 2020

D'intimes convictions

J'avais laissé passer The third murder au cinéma, mais une séance de rattrapage récente me permet de confirmer que Hirokazu Kore-eda est l'un de mes réalisateurs préférés. Avec ce film, le cinéaste japonais propose une réflexion sur la notion de justice et ses limites. C'est assez austère, c'est vrai, peu divertissant, mais très intelligent.

La première scène du film nous montre un homme en tuer un autre. Aussitôt après, on le retrouve en prison, en coupable idéal d'un crime qu'il a d'ailleurs avoué. La tâche de son avocat s'annonce délicate. Impossible ? C'est ce que semblent dire d'autres juristes, constatant que l'accusé a également tendance à changer sa version des faits. D'emblée, ce constat: rares sont les oeuvres de cinéma qui placent chaque spectateur dans la peau du témoin ET dans celle du défenseur. Sachant que le septième art est fait d'artifices, que faut-il croire ? Doit-on accorder à celui que tout accable le bénéfice du doute ? Autant de questions cruciales, a fortiori dans un pays comme le Japon où les criminels peuvent encore être condamnés à mort. Un sujet délicat qu'Hirokazu Kore-eda traite avec sobriété. Comme d'habitude.

The third murder
n'a rien d'un film moralisateur et "confortable". Face à ces images, déterminer UNE vérité n'est vraiment pas évident. Par petites touches, le film dévoile certains aspects de la société japonaise. C'est aussi en cela qu'il est intéressant, naturellement. Petite précision : il n'y a pas de personnage d'enfant, ce qui est rare chez Hirokazu Kore-eda, doué pour diriger de très jeunes acteurs. Avec cet opus original, j'ai le sentiment de le connaître mieux encore qu'auparavant et, dès lors, de l'aimer davantage. Oui, mon plaidoyer pour la (re)découverte de son cinéma est sincère: je vais m'efforcer de voir aussi l'ensemble de ses autres films que j'ai laissés de côté. Avant cela, bien sûr, je veux saluer la qualité de son travail et relever qu'ici, il est aussi monteur - une autre facette de son talent d'auteur. Évidemment, on est loin ici des popcorn movies, mais le cinéma réflexif, lui, est porté au plus haut. À voir en connaissance de cause !

The third murder
Film japonais de Hirokazu Kore-eda (2017)
Il faut sans doute un peu de temps pour accepter le rythme de ce film particulier, bien plus posé que la moyenne. Le prix de la satisfaction ! Difficile de trouver un équivalent occidental, mais voir ce Kore-eda avant ou après 12 hommes en colère pourrait s'avérer intéressant. Du côté du cinéma français, la justice nourrit aussi de grands films. Par exemple, je cite Le 7ème juré, Le juge et l'assassin, J'accuse...
 
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NB: mon film du jour a très peu marché en salles...

La blogosphère, elle, répond présent: vous pourrez donc le retrouver chez Pascale, Dasola, Princécranoir, Strum et Lui. Un beau tir groupé.

samedi 19 septembre 2020

Nouvelle glaciation

Les paysages ouverts sont parfois aussi inquiétants que fascinants. C'est au coeur d'une grande étendue glacée que débute mon film d'aujourd'hui: un père et sa fille - d'une dizaine d'années - sont partis à la chasse. Et soudain, c'est la gamine qui se trouve mise en joue ! Thelma impose tout de suite son étrangeté ! Et c'est loin d'être fini...

On retrouve les mêmes protagonistes une dizaine d'années plus tard. L'enfant a finalement grandi entre une maman handicapée et un papa extrêmement protecteur (mais alors ??? cette première scène ???). Désormais adolescente, elle se prépare à quitter le "cocon" familial pour faire son entrée à l'université. Elle y fera une crise d'épilepsie qu'elle préfèrera cacher à ses parents. La suite ? C'est à vous de voir. Thelma a la belle allure d'un film de genre, mais laisse ouverte beaucoup de portes pour son interprétation. En VO, sa nationalité norvégienne le rendrait presque encore plus incongru pour le public français. Et oui, je l'ai apprécié pour cela: sa très notable singularité !
 
La critique n'a pas toujours été tendre avec le film: certains parlent d'un exercice de style efficace, mais sans grand éclat. Il est évident que quelques plans ont été très travaillés, à la limite de l'ostentation. Personnellement, j'y ai vu du talent et une personnalité artistique affirmée de la part du réalisateur (et de ses équipes techniques). Coup de coeur également pour la jeune actrice principale: Eili Harboe n'avait que 23 ans pour endosser ce rôle complexe et elle a su le faire avec un aplomb indiscutable. Chapeau ! Je vous dirai sans hésitation que Thelma vaut le détour pour elle, en tout premier argument. Maintenant, c'est sûr que le scénario est assez nébuleux par instants et que tout cela peut aussi paraître trop complexe, si ce n'est vain. Une fois encore, chacun jugera... en fonction de sa propre sensibilité.

Thelma
Film norvégien de Joachim Trier (2017)

Une précision: ce drôle de long-métrage a aussi des producteurs suédois et français. Vous l'aurez compris: il m'a vraiment embarqué. J'ai essayé d'éviter de trop en révéler ! J'ajouterai juste que je vois une parenté entre cette intrigue et celle d'autres films comme Carrie ou plus récemment Grave. C'est un sacré triptyque féminin, ma foi ! À chaque fois, des post-ados fragiles. Coïncidence ? Je ne crois pas...

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Pour sûr, le film ne plaît pas à tout le monde...

Vous pouvez le constater chez Pascale: elle n'a pas DU TOUT accroché.

mercredi 16 septembre 2020

Heureux qui comme Antoine...

Antoine de Maximy, épisode 2. La chance m'a permis de le rencontrer après la projection de son film en avant-première. Il faut dire aussi qu'il est resté fidèle à ses habitudes, parcourant la France en voiture pour une tournée promotionnelle solo, du 26 juin au 10 septembre. Voici le fruit de notre (long !) échange, au matin du 20 août dernier...
 
On a vu certaines de vos vidéos apparaître en ligne lors du confinement. Comment s'est-il passé pour vous, que l'on imagine intenable ?

Je n'ai pas tenu deux mois à rien faire ! J'ai donc effectivement créé des pastilles intitulées J'irai rajeunir chez vous et qui racontent tout ce que j'ai fait dans ma vie professionnelle avant J'irai dormir chez vous. En fait, les gens ne le savent pas, mais c'est beaucoup plus spectaculaire ! J'ai fait beaucoup de documentaires scientifiques, des films animaliers et même du reportage de guerre. Sur Internet, vous trouverez trois heures d'images en accès libre pour raconter toutes ces expéditions fabuleuses: plonger dans 5000 mètres de fond dans un sous-marin à hublots, descendre chercher de la lave dans un volcan, monter dans les arbres pour filmer des singes en Amazonie, par exemple. Puisque j'ai les images de tous ces films, cela m'a permis de les montrer...

Vous êtes nostalgique de cette période ?
Non. Je suis content de l'avoir vécue, mais j'aime aller de l'avant. Souvent, on est nostalgique d'une chose quand ce qui vient après est moins bien. Moi, ce que je fais maintenant est différent et j'y prends autant de plaisir. J'espère que ça va durer.

Et aujourd'hui, donc, vous faites de la fiction. Une idée farfelue...
J'y ai toujours pensé un peu, en fait, comme tous les réalisateurs de documentaires qui se disent qu'un jour, ils feraient bien un grand film. Moi, ça avait un sens dans la mesure où, certes, J'irai dormir chez vous est une émission qui me tient depuis des années, mais dans laquelle je me retrouve régulièrement dans des situations tendues. Forcément, je me demandais ce qui se passerait si ça dérapait pour de bon ! C'est comme ça que j'ai commencé à réfléchir à l'éventualité d'une histoire qui aurait pu se passer au cours d'un de mes tournages...

Pourquoi avoir choisi de situer cette histoire dans les Carpates ?
Je n'en sais rien ! J'ai commencé à y réfléchir en 2005 et à prendre des notes régulièrement. Ce n'est qu'en 2011, finalement, que je me suis à écrire et à voir ce qui sortirait. Cela avait muri, pendant ces années: l'histoire, l'intrigue et les rebondissements sont finalement venus très vite. Dans ce premier jet, il y avait les Carpates ! Cela dit, en trois semaines, tu n'écris pas un scénario: tu as juste ton idée principale. J'ai ensuite travaillé de manière beaucoup plus raisonnée, viré ce qui ne fonctionnait pas, ajouté des choses pour que ça marche mieux... mais je n'ai jamais eu de problèmes avec les Carpates. C'est donc resté.
 
C'est un territoire que vous aviez déjà arpenté ?

Oui, j'étais déjà allé en Roumanie - les Carpates vont jusqu'à la Pologne. C'était quinze ans auparavant et, à l'époque, le pays était beaucoup plus sombre qu'aujourd'hui, où il ressemble à la France. Le mystère est resté, cela dit: c'est un endroit un peu mythique. On a quand même fait des repérages avant de tourner le film, bien sûr ! Il reste des charrettes, mais il y a aujourd'hui plein de voitures modernes, les maisons sont bien refaites... ça a beaucoup changé. La Roumanie est rentrée dans l'Europe.

Vous avez été bien accueillis ?
On a été perçu comme une équipe de tournage française, pour un tout petit film ! Quand de gros films américains viennent tourner sur place, où il y a de très bons techniciens, ils débarquent à beaucoup: trente, quarante ou même cinquante. Pour la première partie avec mes petites caméras, nous n'étions que quatre, et treize ou quatorze pour la seconde.

Qu'est-ce qui change, dans votre manière de travailler ?

Tout ! Quand on filme pour une fiction, tout est différent. On connaît le matériel et plein d'autres choses, mais il ne faut surtout pas croire qu'on saura faire de la fiction parce qu'on sait faire du documentaire. Cela n'a rien à voir, dans la démarche intellectuelle. Quand tu fais du documentaire, tu filmes ce qui existe et ce qui se passe. En fiction, tu rentres dans une autre écriture, qui consiste à imaginer avant ce qui va se passer et à le mettre en scène dans un deuxième temps. Ce n'est qu'ensuite que tu peux filmer quelque chose que tu as entièrement construit. Auparavant, je prenais la lumière qui était là et, cette fois, on a fait des éclairages. Et on dit aux comédiens ce qu'ils vont faire...

Pour vous aussi, comédien, c'est un rôle à apprendre...
Pas besoin, quand tu as passé des années à écrire un scénario...

Il reste une part pour l'improvisation ?
Pas beaucoup: le film est extrêmement précis car c'est une enquête. Dans les images ! Ce que je voulais, et je sais avoir réussi sur ce plan, c'est que tous les éléments qui vont permettre à Agnès (la monteuse du film jouée par Alice Pol) de découvrir ce qui s'est passé puissent être découverts par les spectateurs avant elle. Certains sont d'ailleurs venus à plusieurs avant-premières pour le vérifier. Et ça, je vous assure que ça fait vachement plaisir au réalisateur !

Pour ma part, je me suis laissé embarquer. Il arrive que les gens remarquent ces détails dès la première fois ?
J'ai posé la question lors des avant-premières et toujours vu quelques mains se lever. Il y a probablement aussi des gens qui ont vu des choses qui n'y sont pas, mais personne ne me l'a dit, si c'est le cas...

Un mot sur vos acteurs ? Pour un premier film de fiction, avoir Alice Pol et Max Boublil, c'est pas mal...

Oui, mais ça n'a pas été facile de les trouver. Il me fallait des gens assez audacieux pour tourner un film qui sorte des cases. Ces deux-là ne m'ont pas étonné, parce que ce sont des acteurs de comédie: j'ai vraiment l'impression que ceux-là sont plus gonflés que les autres. Ils n'ont pas peur de se mettre en danger et d'être, très souvent, tournés en ridicule. Ils m'apparaissent moins obsédés par leur image. Je suis très content d'avoir eu Alice et Max: ce ne sont pas des stars capricieuses - ce dont j'avais un peu peur - et ils sont vraiment pile dans le ton. Exactement ce qu'il fallait.

Sur le tournage, vous étiez toujours avec eux comme réalisateur du film, mais vous avez finalement peu de scènes communes...
Deux ! Ce n'est pas frustrant, parce que je débute comme comédien et je ne suis pas sûr d'être à leur niveau. Jouer avec mon matériel, c'est autre chose: j'ai l'habitude, puisque voilà quinze ans que je le fais. J'ai énormément appris d'eux et beaucoup discuté avec Alice, justement, sur ce qu'étaient le jeu et la comédie. Je m'amuse à dire que ce film est vraiment le plus beau stage que j'ai fait de ma vie ! Je n'avais même pas fait un court-métrage avant. Je savais que je pouvais y arriver et pensais que le pas n'était pas trop grand. J'ai fait au mieux et voilà le film...

Vous n'étiez tout de même pas aussi benêt que le stagiaire représenté dans le film...
Non, mais je n'ai pas le même âge que lui non plus. On peut imaginer que ce personnage, qui doit avoir 18-20 ans, sera un peu moins perché quand il en aura pris une trentaine.

Vous étiez comme lui, plus jeune ?
Non: j'avais beaucoup plus les pieds sur terre. J'avais en revanche le même enthousiasme. Je croyais à mes trucs, mais je pense que j'étais plus lucide que lui, quand même...

Parlons un peu de vos techniciens sur ce film. Ce sont des gens avec qui vous travailliez déjà ?
Non. J'ai fait confiance en mes producteurs qui m'ont présenté des gens en qui ils avaient confiance, eux. Ils étaient tous très motivés: c'est quand même un film à petit budget, où les gens n'étaient pas aussi bien payés que pour d'autres films. Il y a eu un peu une atmosphère de court-métrage: on n'était pas en train de compter ses heures et ses sous, mais où on avait vraiment envie de faire le film. C'était vrai pour tout le monde, des stagiaires aux différents chefs de poste. Exemple: avec le chef opérateur, on est passé des journées entières, pendant lesquelles il n'était pas payé du tout, dans mon jardin à tester toutes les caméras existantes sur le marché, à déterminer les protocoles de tests... toutes choses que lui, comme moi, adorons faire. Comme deux gamins, comme quand on avait quatorze ans !

Au-delà du plaisir évident que vous avez dû prendre à tourner, j'imagine tout de même que cela a dû être tendu, par moments...

Ce qui pouvait l'être, c'était la gestion du temps: il fallait aller vite. Mais ça va. Mes producteurs ont vraiment mis tout l'argent sur le film: ils ne se sont pas payés et moi, je l'ai été moins que prévu. Mais le plus important, c'est que le film soit là. Je suis vraiment content...

Et dans le film, vous avez toujours le sourire...

Pas tout à fait, non. Mais il y a des moments tendus... que vous ne raconterez pas dans votre article. Il y a même des adultes qui me disent avoir eu peur, tellement ils ont été pris dans le film. C'est que les choses sont réussies, de ce point de vue...

Vous vous offrez même un moment un peu olé-olé !
Si on veut. C'était rigolo. Ça ne m'est jamais arrivé dans la réalité.

Déçu ?
Non. Il m'arrive d'autres choses, ailleurs. Cela dit, pendant les tournages de J'irai dormir chez vous, je travaille. On ne s'en rend pas compte, mais c'est énormément de boulot, malgré l'apparence légère et fantaisiste. Le film aussi, d'ailleurs, c'était un gros travail. Après, dans ma vie, ça va !

Vous avez des rushs inexploités, sur ce film ?

Assez peu. Il y a des choses auxquelles j'ai renoncé. Le personnage d'Alice avait un copain, au départ, mais ça ralentissait l'histoire, sans lui donner davantage de profondeur. Le rôle a donc été entièrement coupé.

C'est aussi un film sur le montage, finalement...
Oui: il y a plein de niveaux de lecture. Le montage, ce métier pas très connu. Les bouleversements d'un pays qui entre dans l'Europe et l'apparition du tourisme à plus grande échelle. L'enquête dans les images qui est quand même le fil conducteur du truc. Un petit côté making of de la série J'irai dormir chez vous...

Making of que vous n'aviez jamais réalisé, d'ailleurs...
À ce niveau de précision, non, en effet. Et j'ai tellement d'autres idées aujourd'hui...

Un prochain voyage en vue ?
Pas tout de suite, du fait du confinement. Les gens ne sont pas très enclins à ouvrir leur porte. Je pense évidemment faire un autre film, mais on va déjà voir comment celui-là marche. J'ai d'autres idées: un bouquin, un truc sur scène... et je ne suis pas inquiet !

Pour ce film-là, vous aviez lancé une souscription sur Internet...
C'est en effet le financement participatif qui a lancé ce film que personne ne suivait. Les partenaires financiers n'osaient pas investir, mais ils sont venus quand ils se sont rendu compte que les gens étaient prêts à mettre de l'argent sur un film qui n'existait pas encore. On a pu récupérer 256.000 euros en cinq semaines ! Merci aux Kissbankers: sans eux, tout cela n'existerait pas. Le 16 mai 2019, on n'avait pas un centime, et le 16 mai 2020, avec un peu de retard lié au confinement, le film était complètement terminé ! Aller si vite, ce n'est pas donné à tout le monde...

C'est tout de même étonnant, ces problèmes de financement. Avec un nom comme Antoine de Maximy, on pouvait imaginer que ce serait facile...

Oui, mais un nom, ça ne vous permet jamais de faire autre chose que ce que vous faites d'habitude. Je l'ai vérifié à chaque fois que j'ai voulu changer, moi qui ai commencé comme ingénieur du son, avant de tenir la caméra, d'être réalisateur ou présentateur... on ne m'a jamais suivi, mais ça allait toujours mieux une fois que cela avait démarré. Les aventuriers, on les voit un peu comme des cinglés. J'aime bien ce mot: cingler, c'est aussi ce que fait le bateau qui navigue. Et moi aussi, donc...

Vous n'êtes jamais fatigué ?
Un jour, je mourrai, mais en attendant, j'y vais...

Vous avez des héritiers, aujourd'hui. Nans et Mouts, de Nus et culottés, sur France 5...

Je les connais bien et j'ai de l'affection pour eux. Ils ont eu l'intelligence de reprendre mon dispositif de petites caméras fixées et de partir au hasard. C'est très important, même si, au départ, ça n'était pas très rassurant pour les chaînes télé. Quand j'ai commencé, moi, personne ne m'a suivi, sauf au départ la petite chaîne Voyage. Avant que je travaille avec France 5, moi aussi, J'irai dormir chez vous restait très confidentiel. Les chaînes ont fini par se rendre compte qu'on pouvait en faire quelque chose. Les émissions de Nans et Mouts sont très bien, parce qu'elles vont plus loin et proposent encore autre chose. Ils se donnent un défi à relever, plus défini que le mien, d'ailleurs. On est en très bons termes.

Il y a aussi Au bout c'est la mer, toujours sur France 5...
Je ne connais pas...

Malgré tout, vous ne trouvez pas que ça manque un peu d'esprit d'aventure, à la télé, aujourd'hui ?
Je n'en sais rien, en fait, parce que je ne suis pas vraiment les programmes. Mais je suis sûr qu'il y a encore des choses...

Quand vous étiez reporter de guerre, vous avez connu le Liban. Vous y avez gardé des attaches ?
Pas vraiment: je n'y suis pas retourné depuis 1984. Je connais des Libanais et je sais ce qu'ils pensent de la situation actuelle, mais ça s'arrête là. J'y retournerai un jour. Je n'ai renoncé à rien...

Comment choisissez-vous vos destinations ? Comment prépare-t-on une émission comme la vôtre ?
De manière très simple: ça ne se prépare pas ! Plus tu arrives préparé, plus tu fais des erreurs. Plus tu as des idées préconçues, plus tu vas rater des choses, parce que tu cherches ce que tu crois devoir trouver ou que tu as décidé de trouver. Quand tu prépares, tu te bases sur ce que les autres ont fait avant toi. Eux-mêmes se sont préparés avec ce que les autres ont fait encore avant eux. Et, quand tu commences à filmer, tu vas inconsciemment vouloir le montrer et entretenir de vieilles idées ! Il n'y a pas pire pour ne pas suivre l'évolution ! Tu continues à arriver avec des idées auxquelles croyait ton prédécesseur. Si tu n'as rien préparé, tu vois réellement le pays tel qu'il est, au moment où tu y arrives.

Il y a des pays qui vous ont plus marqué que d'autres ?

Euh... c'est plutôt l'ensemble, qui me marque. Bon... il y a eu la traversée de l'Inde, pendant trois mois, tout seul. Ce qu'on a appelé ensuite J'irai dormir à Bollywood. On parle cette fois d'un pays fondamentalement différent de la France: le fait de s'immerger, d'être tout seul et d'aller dans des coins reculés, c'est quand même exceptionnel ! C'est sans doute l'un des plus beaux voyages que j'ai faits. Le plus beau ? Je ne sais pas...

Ce sera le prochain, peut-être ?
En ce moment, c'est un peu difficile à imaginer...

Vous avez une limite ? L'espace ?
Non, puisqu'on y va ! Si on me donne une place, je vais faire un tour. Peut-être pas sur Mars: le trajet est un peu long. Et je ne suis pas sûr qu'on me propose ça tout de suite...

La tournée, ça se passe comment ?
C'est épuisant, mais j'ai un grand sentiment de liberté, puisque je la fais tout seul avec ma voiture. Je ne tourne pas, mais j'ai pris ma caméra, au cas où. On ne sait jamais...

Et vous dormirez où, ce soir ?
Question récurrente. Ce soir, ce sera dans un hôtel... dont je ne donne pas l'adresse ! En tournée, je n'ai pas très envie de discuter avec des gens qui m'hébergent, y compris mes amis. Eux, je ne veux pas les voir et préfère me reposer. Trois ou quatre étapes par jour, c'est épuisant ! Il n'y a pas plus impersonnel que la plupart des hôtels et, en ce moment, c'est exactement ce qu'il me faut...
 
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C'était vraiment une chouette rencontre...
Elle embellit mon souvenir du film qui, je le rappelle, sort aujourd'hui.

lundi 14 septembre 2020

Un drôle de voyage

Sa chemise rouge et son goût des voyages sont deux références connues du paysage audiovisuel français. Et paf: Antoine de Maximy s'est dit un beau jour qu'il pouvait tout aussi bien écrire une fiction ! Sur le modèle de J'irai dormir chez vous, la plus connue des émissions qu'il a réalisées, il nous revient avec J'irai mourir dans les Carpates.
 
J'ai vu le film en avant-première: il ne sort en salles que mercredi. Notre ami explorateur s'amuse à imaginer ce qui serait passé si l'une de ses expéditions avait VRAIMENT mal tourné et brode une intrigue policière autour de sa possible disparition en Roumanie profonde. Qu'arrive-t-il au plus baroudeur d'entre nous au pays de Dracula ? Évidemment, je ne vais pas vous le dire, mais je peux rassurer ceux d'entre vous qui l'apprécient: Antoine de Maximy s'est donné un rôle important dans ce récit d'une vraie/fausse aventure qui dérape. Évidemment, c'est risqué: ses chances de vous embarquer au cinéma sont réduites si ses émissions télé vous laissent froid. À vous de voir.
 
L'apprenti cinéaste aime à rappeler que c'est grâce à une souscription qu'il est parvenu à boucler le budget de son film. Il s'est aussi entendu avec deux comédiens de bonne notoriété: Alice Pol et Max Boublil. C'est sur eux que repose l'enquête du scénario: une monteuse vidéo s'associe avec un flic du genre maladroit pour découvrir la vérité. Objectivement, J'irai mourir dans les Carpates est un long-métrage relativement ordinaire, dans la lignée de ce que le cinéma français peut offrir de plus simple. À coup sûr, je préfère cela à la prétention ! C'est vrai que l'on peut également trouver tout cela un peu trop light. Inutile d'y aller par quatre chemins: il faut faire preuve d'indulgence...
 
J'irai mourir dans les Carpates

Film français d'Antoine de Maximy (2020)
Trois étoiles et une demie supplémentaire pour souligner la sympathie qu'Antoine de Maximy et son travail savent continuer de m'inspirer. La façon dont l'est de l'Europe est ici décrit n'est certes pas exempte d'un certain nombre de clichés, mais ne prenons pas cela au sérieux ! Si vous préférez la caméra-vérité, il vous restera Toto et ses soeurs. Ou Aferim ! si vous cherchez une toute autre vision de la Roumanie...

samedi 12 septembre 2020

L'été à Madrid

L'oisiveté serait-elle mère de tous les vices ? C'est ce qu'un proverbe prétend, mais il a probablement été inventé avant le confinement. D'aucuns prétendent que le travail, c'est la santé: ouais, mon oeil ! L'héroïne d'Eva en août ne fait rien et nous sommes invités à vérifier si ça lui va bien. Un programme sympa avant le retour de l'automne...

Contrairement à nombre de ses compatriotes, la jolie Eva est restée tout l'été à Madrid. Un ami lui a prêté les clés de son appartement sans lui demander de contrepartie, mais en lui précisant que la porte de l'immeuble ferme mal. Le film prend donc le pari que le spectateur saura s'attacher à cette trentenaire indécise et aimera alors la suivre dans ses diverses pérégrinations citadines en quête d'on ne sait quoi. Lancé sur cette intrigue minimaliste, Eva en août aurait pu n'être qu'une banale carte postale en mouvement de la capitale espagnole. C'est, je crois, un peu plus que cela, mais la posture contemplative demeure sans doute la meilleure pour se laisser embarquer. Ou pas...

C'est tout en délicatesse que la personnalité d'Eva se révèle, au gré des lieux qu'elle fréquente et des personnes qu'elle rencontre. Certaines la connaissent déjà, d'autres, comme nous, la découvrent. J'ai ressenti une mélancolie croissante dans le déroulé du récit. Chercher le sens caché des images me paraît vain, mais il est permis d'interpréter le film comme une longue (eh oui, deux heures !) suite d'impressions fugaces et personnelles: le scénario a de fait été écrit par le réalisateur et son actrice, Itsaso Arana, la comédienne déclarant qu'elle serait ravie qu'on apprenne à la connaître à travers son personnage. Dans bien des critiques, Eva en août est présenté comme une oeuvre d'inspiration rohmerienne, ce que son naturalisme supposé peut certes justifier - même s'il faut se garder des raccourcis faciles. J'ai pour ma part vu un long-métrage évanescent, dont la fin ouverte nous laisse seuls écrire la morale. C'est toujours mieux ainsi !

Eva en août
Film espagnol de Jonàs Trueba (2019)

Le rythme particulier et l'absence d'enjeux réels de ce long-métrage risque de dérouter une partie du public. L'anti-film d'action absolu ! J'ai bien aimé, moi, et je me suis souvenu d'une lointaine découverte avec un autre film en VO espagnole: Amorosa Soledad (Argentine). J'imagine qu'en France, on aurait choisi Audrey Tautou dans le rôle principal. L'occasion de voir Le battement d'ailes du papillon ? Oui...
 
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Si mon avis ne vous convainc pas...
Vous lirez avec intérêt celui de Dasola, qui est (presque) son opposé.

Une petite précision "technique"...
Cette chronique est la dernière que je vous propose cette semaine. Mes prochains textes seront ainsi publiés tous les deux ou trois jours.

vendredi 11 septembre 2020

Retour au noir

C'est un fait: la Chine fait partie des pays dont j'ai du mal à croire qu'ils puissent favoriser l'essor d'un cinéma libre et indépendant. Pourtant, il arrive que les faits démentent les préjugés et raccourcis faciles: plusieurs long-métrages récents ont déjà tempéré les miens. Je vais à présent ajouter Une pluie sans fin à mon listing personnel !
 
J'ignore tout des conditions de tournage, mais le fait est que ce film n'est pas tendre avec la société chinoise. Il nous ramène en arrière jusqu'à l'année 1997, alors que Hong-Kong, colonie de l'empire britannique depuis plus d'un siècle et demi, repasse sous le contrôle de Pékin. Aux abords d'un vaste complexe industriel, la police s'affaire autour de la dépouille d'une jeune femme, troisième victime d'un possible tueur en série. Le responsable de la sécurité d'une usine des environs lui prête main-forte, fidèle à sa réputation de limier. C'est à ses faits et gestes que la caméra s'intéresse prioritairement. Comme pour tirer un individu de la masse indistincte des anonymes...
 
En réalité, Une pluie sans fin n'est pas (seulement) un film policier. Bien qu'il respecte les codes du genre, il s'en affranchit rapidement pour dessiner un portrait bien peu flatteur de la société chinoise. Terne, la photo est à l'image du scénario: désespérément plombante. Même quand on découvre que le personnage principal a une amie intime parmi les pauvres hères qui l'entourent, les quelques couleurs qui apparaissent alors à l'image ne suffisent pas à donner le change. Tout espoir de vivre mieux est battu en brèche: le "héros" lui-même estime qu'il ne mériterait guère d'échapper à sa misérable condition et que personne ne pourrait comprendre ses rêves ! Totale noirceur...
 
On est de fait bien loin de la société idéale promue par la République populaire. Une séquence du film illustre la remise de récompenses symboliques à des ouvriers particulièrement efficaces: même ce rituel dérisoire se conclut par un échec cuisant, encore renforcé ensuite lorsque l'entreprise ainsi mise en avant n'a plus que la suppression définitive de la majorité de ses postes comme option économique dans sa lutte pour sa survie. Face à cet univers glauque, on oublie qu'il était d'abord question d'identifier un cadavre et un meurtrier. Les véritables assassins ne sont peut-être pas ceux que l'on imaginait dans un premier temps. Le scénario va voir ailleurs et nous avec lui...
 
Une pluie sans fin
a fait flop: à peine plus de 90.000 spectateurs dans les salles françaises, malgré un accueil critique et une notoriété festivalière plutôt favorables. Il vaut bien mieux que cela, pour sûr ! Après la lecture de cette chronique, j'espère que vous aurez compris qu'il ne faut surtout pas l'appréhender comme un polar "ordinaire". Oubliez la notion de divertissement: ce n'en est pas un, à l'évidence. Son esthétique particulière pourrait, oui, en décourager certain(e)s parmi vous: je le comprends parfaitement, mais tiens à vous dire qu'il s'agit d'un premier film - un opus très prometteur, pour le coup. Le cinéma chinois vous est étranger ? Une occasion de vous y frotter !
 
Une pluie sans fin
Film chinois de Dong Yue (2017)

Pas aimable, mais intéressant pour qui veut bien se donner la peine d'entrer dans un cadre méconnu: je suis ma foi content de l'avoir vu. Un peu dans le même genre, je vous ai parlé de Black coal en avril dernier: on peut le choisir comme la deuxième pièce d'un diptyque. Côté coréen, mon film du jour est comparé à Memories of murder. NB: c'est souvent à son détriment. Retenez plutôt le Mystery chinois !
 
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Sur la blogosphère, le film a une petite réputation...
Il fait ainsi l'objet d'une chronique chez Pascale, Dasola, Strum et Lui.

jeudi 10 septembre 2020

Chez les Otopis

On disait Catherine Deneuve fatiguée par un (gros) pépin de santé. La star n'est pas restée longtemps éloignée des écrans: c'est bien elle qui m'a donné envie de voir Terrible jungle, que sa bande-annonce présentait comme une comédie loufoque et - relativement - originale. Un double argument qui m'a conduit vers une petite séance estivale...
 
C'est également parce qu'il a proposé son premier rôle sur grand écran à Vincent Dedienne que le film est parvenu à faire parler de lui. L'humoriste incarne ici Eliott de Bellabre, un jeune anthropologue déterminé à s'affranchir du joug maternel en parcourant la forêt guyanaise, dans l'espoir d'y croiser la route des Otopis, une peuplade locale que la communauté scientifique semble n'avoir jamais étudiée. Problème pour l'aventurier rebelle: sa chère maman ne concède rien et a pris la tête d'un groupe de gendarmes pour le retrouver fissa. Avant les retrouvailles, Terrible jungle débute donc par des scènes alternées, tantôt avec Vincent, tantôt avec Catherine. Ça fonctionne !
 
Il s'avère vite que c'est du côté féminin que le film est le plus drôle. Logique: jamais la dernière à oser l'improbable, la reine du cinéma français est accompagnée d'une bande de pieds nickelés qualité or. Mention spéciale pour leur chef, Raspaillès, dont Jonathan Cohen assume toute l'idiotie avec un plaisir évident (et très communicatif). Terrible jungle ne relève pas très haut le drapeau de l'humour national, mais, par instants, c'est une bonne partie de rigolade potache. Et pour un premier film, je trouve que c'est déjà très bien ! Ironiquement, ce qui est supposé se passer en Guyane a été tourné sur l'île de la Réunion - une histoire de sécurité, si j'ai bien compris. Que cette anecdote géographique ne vous dissuade pas de voir le film s'il vous fait envie: l'absurdité de certaines répliques et situations vaut à elle seule son pesant de cacahuètes. Il sera toujours temps ensuite de vous plonger dans un atlas pour connaître les territoires...
 
Terrible jungle
Film français de Hugo Benamozig et David Caviglioli (2020)
Une note correcte pour un long-métrage qui confirme que l'humour décalé me correspond bien. Vous préférerez peut-être l'exploration sérieuse telle que peut la proposer un film comme The lost city of Z. Maintenant, si vous voulez rire, vous êtes arrivés au bon endroit ! Notez qu'au rayon des comédies déjantées, la France peut compter sur la douce folie de Quentin Dupieux (Rubber, Wrong, Au poste !)...
 
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Je ne suis pas le seul à aimer la fantaisie...
Vous pourrez le vérifier en lisant les avis de Pascale et Princécranoir.

mercredi 9 septembre 2020

Un amour de vacances

La danse du coucou est un roman d'Aidan Chambers, écrivain anglais. François Ozon, qui l'a lu à 15 ans, avait alors imaginé s'en inspirer pour son premier film. Finalement, il a attendu d'avoir la cinquantaine et dix-huit longs-métrages derrière lui pour tourner cette adaptation. Il est assez vite passé sur les quelques parallèles avec sa propre vie...
 
Été 85
, c'est d'abord l'histoire d'une drôle de rencontre. Parti naviguer sans se soucier de la météo, Alexis est soudain pris dans une tempête et ne doit son salut qu'à l'intervention d'un garçon de son âge: David. Les deux jeunes sympathisent aussitôt et deviennent inséparables. L'amitié se transforme vite en une passion amoureuse dévorante. Seulement voilà: c'est dès les toutes premières images que la voix off d'Alexis nous a avertis que tout cela finirait mal. En alternant scènes au présent et flashbacks, le film nous explique tout et doit beaucoup à son duo de jeunes acteurs, Félix Lefebvre et Benjamin Voisin. D'autres comédiens nous offrent ici une prestation sérieuse, à l'image de Philippine Velge, Isabelle Nanty et Melvil Poupaud, mais je dirais que ce qui ne relève pas du sujet principal m'a semblé quasi-superflu. D'ailleurs, le scénario évolue sur une ligne de crête: quelques scènes échappent de peu au piège de l'outrance et/ou du mauvais goût. Ouf !
 
Je ne veux pas vous gâcher la surprise, mais je crois utile de révéler que le récit s'appuie en fait sur une forme de témoignage subjectif. Après ma séance au cinéma, je me suis dit qu'il serait intéressant d'aborder les événements sous un autre angle, à partir de la position d'un protagoniste extérieur. Allez savoir... il se pourrait qu'Été 85 révèle d'autres qualités à la seconde vision ! Ma "première fois" restera comme une expérience satisfaisante: mon bilan est positif. Sur le plan formel, j'ai apprécié ce joli grain apporté par le tournage en pellicule - un choix qui s'impose naturellement pour les films d'époque, selon les explications techniques livrées par François Ozon. Impossible par ailleurs de faire abstraction de la BO: c'est sur un tube de Cure que la bande-annonce s'emballe, mais c'est avec une chanson de Rod Stewart que le film nous offre deux de ses plus belles scènes. D'aucuns vous diront peut-être que l'homme derrière la caméra recycle certaines idées - les siennes, mais aussi celles d'autres réalisateurs. C'est vrai, sans doute, mais cela ne m'a pas choqué. À vous de juger !
 
Été 85
Film français de François Ozon (2020)

Ma note finale est un peu plus basse qu'elle aurait pu l'être: je déplore que le film manque parfois de sobriété et ajoute des "couches" caricaturales à ces personnages: un accent anglais, un milieu social défavorisé, la religion juive... tout cela n'apporte pas grand-chose. Cela dit, avoir tourné au Tréport est une bonne idée: le Ozon 2020 reste un bon cru. Mais je préfère Le secret de Brokeback Mountain !
 
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Le film semble avoir plutôt bien marché...
Vous en lirez d'autres critiques chez Pascale, Dasola et Princécranoir.

mardi 8 septembre 2020

Éploré ?

Un fabuleux butin est également au centre de mon film d'aujourd'hui. C'est en effet une somme rondelette qu'Alberto Nardi, un industriel milanais, souhaite emprunter à une banque pour financer sa société de construction d'ascenseurs (et enfin pouvoir payer ses ouvriers). L'ennui, c'est qu'il lui faudra obtenir une caution de sa riche épouse...

Oui... avec son titre des plus explicites, Le veuf (Il vedovo en VO) semble annoncer la couleur. Pourtant, grâce à par un Alberto Sordi toujours remarquable, cette comédie italienne est bien plus subtile que vous ne pourriez le supposer. Une aubaine: mes congés estivaux m'ont permis de faire un petit passage dans la ville où j'habitais jusqu'à l'automne dernier. J'ai pu profiter d'une séance en plein air organisée par l'association de cinéphiles dont j'étais alors un membre passionné. Et quel meilleur choix qu'un tel film pour clore une saison tronquée par ce damné coronavirus ? C'était d'ailleurs la première fois que je m'arrêtais sur une oeuvre de Dino Risi: une belle opportunité...

Comme je l'avais prévu, ce film est un mélange de pure bouffonnerie et de chronique sociale décapante. L'Italie des années 1950 / 1960 s'avère un cadre idéal pour ce genre de spectacle: alors en plein essor économique, elle voit apparaître de nouveaux chefs d'entreprise ambitieux, que les artistes de cinéma ont tôt fait de caricaturer gentiment en arrivistes de premier ordre. Le veuf et ses personnages typés prêtent à rire, bien sûr, mais le ton est volontiers grinçant. Souvent plus habiles que les hommes, les femmes jouent ici un rôle important: je m'en voudrais de ne pas citer la belle Leonora Ruffo pour sa prestation de ravissante idiote, mais il faut bien reconnaître que c'est Franca Valeri (décédée le 9 août dernier, à juste cent ans) qui tire le mieux son épingle du jeu dans mon long-métrage du jour. Quelque six décennies plus tard, c'est à la fois moderne et savoureux. Le cinéma transalpin ancien cache décidément de nombreuses perles !
 
Le veuf
Film italien de Dino Risi (1959)
Un pur plaisir estival, mais que je crois admissible en toutes saisons. J'insiste: rien que pour Alberto Sardi, il mérite franchement d'être vu. Si vous en avez envie, vous pourrez retrouver cet acteur exceptionnel dans d'autres films: Il boom (1963) ou L'argent de la vieille (1972). Rayon comédies italiennes, je conseille aussi Larmes de joie (1960). Cette liste est loin d'être exhaustive: vos suggestions m'intéressent...

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Vous avez envie d'en savoir plus ?
Pas de problème: vous retrouverez le film chez Strum, Eeguab et Lui.

lundi 7 septembre 2020

Bien mal acquis...

Le triomphe de Parasite à Cannes (2019) et aux Oscars en février pourrait favoriser l'arrivée d'autres films sud-coréens sur nos écrans. Sorti au début de juillet, Lucky Strike nous propose un retour rapide vers le fameux pays du Matin calme, en compagnie de personnages hétéroclites, lesquels sont destinés à une fortune XXL... ou à la mort !
 
Tout commence vraiment quand un modeste employé de sauna découvre un sac de voyage rempli de billets de banque. Sans spoiler plus que de raison, je peux bien évidemment vous dire que ce magot passera de main en main tout au long du métrage, d'une durée légèrement inférieure à deux heures. De petits chapitres distincts structurent le récit et c'est une bonne idée: le suspense est préservé par une certaine forme de mystère, l'intrigue (sous sa forme éclatée) étant de fait un peu difficile à appréhender dans un premier temps. Lucky Strike ménage ses effets et s'amuse à jouer avec nos nerfs. Quand les protagonistes se croisent enfin, tout s'éclaire doucement...
 
Insidieusement, le film vous invite à choisir votre camp, en sachant bien que tout pourrait très vite tourner au jeu de massacre. Âmes sensibles, attention: quelques scènes assez hardcore vous attendent au tournant. La partie sanglante qui démarre est à la fois prévisible et potentiellement jubilatoire pour les véritables amateurs du genre. Pour ma part, sans être déçu, je dois avouer que j'attendais mieux. Lucky Strike surfe sur la vague, ne démérite pas, mais manque d'inventivité - narrative et formelle - pour m'emballer vraiment. Disons que c'est un programme honnête et aussi, oui, que j'ai vu pire. Je continuerai donc à m'intéresser au cinéma sud-coréen ! À suivre...
 
Lucky Strike
Film sud-coréen de Kim Yong-hoon (2020)
Pas d'ennui, mais un enthousiasme modéré pour ce long-métrage décent. Cliquer sur mon index "Cinéma du monde" vous permettra d'aborder le cinéma sud-coréen par la même ou d'autres facettes. Envie d'action non-stop ? Dernier train pour Busan vaut le détour. Côté thrillers, outre le Parasite déjà cité, je recommande Burning. Et pour une course au butin ? Le formidable No country for old men !
 
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D'autres avis vous intéressent ?
Très bien: je vous laisse dès lors apprécier ceux de Pascale et Dasola.

dimanche 6 septembre 2020

Et de treize !

C'était en 2012 et donc il y a huit ans, déjà. Pas peu fier du chemin parcouru, je marquais d'une chronique spéciale la date-anniversaire de ce blog. Depuis, je n'ai jamais dérogé à cette gentille "tradition". Cette année encore, c'est donc avec un juste mélange de joie sincère et d'étonnement que je vais souffler avec vous une treizième bougie !

J'ai bien entendu une pensée pour mes fidèles lectrices et lecteurs habitués: Pascale, Dasola, Ideyvonne, Eeguab, Laurent, Princécranoir, Strum et CC Rider... oui, merci à toutes et tous de votre sympathie. J'aimerais aussi citer les visiteurs plus occasionnels tels que Chaga, Sentinelle, Tina, 2flics, Lui, Vincent ou Ronnie dont les interventions remarquables et remarquées viennent également enrichir ces pages. Amitiés également pour celles et ceux que j'oublie... et/ou me lisent sans rien dire. Assurément, Mille et une bobines vous doit beaucoup ! J'ignore combien de temps cela durera encore, mais j'ai déjà un film chroniqué pour demain - une sortie de ce très curieux millésime 2020. Il ne me reste qu'à vous souhaiter un bon dimanche... au cinéma ? Allez savoir, il n'est pas exclu que vous m'y retrouviez cet après-midi !

samedi 5 septembre 2020

De l'âme des lames

C'est une icône des années 80: les Français(es) de ma génération connaissent l'image de Sophie Marceau dansant un slow, un baladeur sur les oreilles. Dreams... are my reality... vous vous souvenez ? Depuis cet instant fondateur, la belle a fait du chemin: en remontant le fil du temps, je reviendrai aujourd'hui sur La fille de d'Artagnan...

D'abord confié à Riccardo Freda, un vieux cinéaste italien spécialiste du genre, ce film échoit à Bertrand Tavernier, alors jugé plus à même de supporter les importantes contraintes physiques d'un tel tournage. Il semblerait que la vie du plateau ait été animée, l'actrice principale jugeant même l'expérience franchement exécrable. Bon... je crains que tout cela ne me réconcilie guère avec Sophie Marceau, jolie fille que je trouve d'un talent réel, mais limité, et souvent prétentieuse. La rumeur dit qu'au vu d'une première mouture, la belle aurait exigé que La fille de d'Artagnan fasse l'objet d'un deuxième montage. Objectif: que son personnage soit dès lors davantage mis en avant. J'ignore s'il existe une autre version, mais dans celle que j'ai vue dernièrement, Eloïse est bel et bien là, dans - presque - chaque plan !

Cela ne fait malheureusement pas de La fille de d'Artagnan un film incontournable. Les chevaux, capes et épées cachent mal un scénario assez convenu, sur fond de complot contre la couronne de France. Autant (re)lire Alexandre Dumas: l'arrivée soudaine d'un élément féminin dans la troupe des mousquetaires s'avère de fait insuffisante pour donner à leurs aventures le souffle épique qu'elles avaient jadis. Reste heureusement le plaisir de retrouver quelques visages familiers de notre grand cinéma populaire, Philippe Noiret et Claude Rich rivalisant de panache avec Sami Frey et Jean-Luc Bideau. Une liste que je complète avec Charlotte Kady, une comédienne que le cinéma semble avoir oubliée, et Luigi Proietti, qui incarne ici un Mazarin manipulateur avec une évidente délectation. Il est vraiment dommage que la scène de course-poursuite du début du film ne se prolonge pas. Le long-métrage semble coincé entre l'envie d'assumer son caractère aventureux et celle de parler - non sans humour - de ses héros vieillissants. Et faute d'un vrai choix, il apparaît quelque peu bancal...

La fille de d'Artagnan
Film français de Bertrand Tavernier (1994)

Pas mauvais, mais pas non plus à la hauteur de mes réelles attentes pour ce type de récit: ma notation demeurera donc assez mesurée. Dans le genre, Bertrand Tavernier a fait mieux des années plus tard avec La princesse de Montpensier (et d'excellents jeunes acteurs). Côté capes et épées, les classiques comme Les trois mousquetaires ou Scaramouche restent encore à mes yeux de GRANDES références !

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Pas convaincu(e)s par mon avis ?

Vous pourrez noter que "L'oeil sur l'écran" est (un peu) moins sévère.