mardi 28 février 2017

M'enfin...

Oups ! Je voulais initialement vous parler des cérémonies des César et Oscars, juste passées, mais j'ai vraiment manqué de temps libre et d'énergie pour les recherches nécessaires. J'ai donc décidé d'essayer de vous surprendre en évoquant l'un des événements célébrés en ce mardi 28 février 2017: les 60 ans de Gaston Lagaffe !

C'est bien en effet le 28 février 1957 que le héros à l'éternel pull vert fit sa toute première apparition dans les pages du journal Spirou. Maintenant, figurez-vous qu'il est prévu que l'enfant du dessinateur belge André Franquin (1924-1997) tire bientôt sa flemme au cinéma ! Pour être honnête, c'est avec quelque inquiétude que j'ai appris récemment qu'un projet de film était dans les tuyaux pour une sortie déjà programmée le 4 avril... 2018 ! La réalisation de ce projet insolite revient à l'ex-Robin des Bois, Pierre-François Martin-Laval. Âgé de 18 ans et demi, Théo Fernandez tiendra le rôle principal. Autour de lui: Alison Wheeler, Arnaud Ducret et Jérôme Commandeur.

Les adaptations de BD au cinéma me semblent s'être développées toutes ces dernières années, mais avec des films très dispensables. Autre surprise: Gaston, lui, en sera... à sa seconde version filmée ! J'ai retrouvé la trace d'un certain Fais gaffe à la gaffe !, un OVNI réalisé par Paul Boujenah (le frère de Michel) et sorti sur les écrans français le 1er avril 1981. André Franquin lui-même ne voulait pas d'une apparition de son héros en salles: les noms propres de l'oeuvre originelle avaient donc été modifiés ! Le résultat fut un échec critique et commercial, ce qui n'est de fait pas très rassurant pour la suite. Désolé: je n'ai pas réussi à trouver d'image du film de l'an prochain...

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Tout cela ne vous empêche pas d'avoir un avis...
Aimez-vous Gaston ? Lisez-vous encore ses albums ? Et la curiosité d'aller voir le long-métrage 2018 vous titillera-t-elle ? Je vous écoute.

lundi 27 février 2017

Un mystère oriental

J'ai l'impression (peut-être trompeuse) que la présence de films iraniens dans les salles françaises n'étonne plus grand-monde. Cool ! Cela nous permettra de découvrir de nouveaux regards sur le cinéma et sur la vie - ce qui n'est pas toujours la même chose. J'étais heureux dernièrement que mon association retienne Valley of stars...

Comme toujours avec notre petit groupe de cinéphiles, je suis allé découvrir le film sans a priori: je m'étais contenté de quelques photos pour m'en faire une idée avant notre séance. Je savais également que, comme l'a rappelé notre présidente, le film était aussi connu sous un autre titre, A dragon arrives, pour sa diffusion dans les pays anglo-saxons. Au final, je n'ai pas vraiment compris ce que j'ai vu. Valley of stars semble nous embarquer dans une pseudo-enquête policière, un détective privé devant enquêter sur le suicide d'un exilé politique, retrouvé pendu dans l'épave d'un bateau... en plein désert ! Ce point de départ ne fait que lancer une histoire des plus étranges...

En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, je me suis senti perdu dans les méandres de ce long-métrage atypique, au développement labyrinthique. Le scénario s'autorise des allers et venues temporels entre l'époque du détective (les années 60), la nôtre et une autre encore - au cours de laquelle un preneur de son a disparu d'un plateau de tournage. Bref... peut-être que ça vous parlera. Moi, j'ai renoncé aux plaisirs de la compréhension et je me suis plus ou moins focalisé sur la forme. Sur ce point, Valley of stars est une belle réussite. L'incroyable décor du film - l'île de Qeshm et ses concrétions rocheuses - est un vrai régal pour les yeux et s'avère une terre propice aux légendes les plus insolites. Le son du film, lui aussi, a été travaillé pour faire forte impression: puisqu'on nous parle de dangers mystérieux et de probables séismes, la tension née à son écoute m'a paru tout à fait justifiée. Je n'en ai donc que plus de regrets encore de m'être égaré dans le montage. Je n'étais pas le seul, visiblement. Dommage de ne pas avoir saisi les mille et une références cachées...

Valley of stars
Film iranien de Mani Haghighi (2016)

Une note moyenne... au bénéfice du doute. Bien des critiques soulignent qu'on est loin d'un pamphlet politique à la Asghar Farhadi. Les vrais experts des légendes et contes orientaux seront en terrain connu, peut-être: derrière le mystère, le long-métrage a du sens ! Cela étant, Les chats persans ou Une séparation me paraissent nettement plus accessibles aux profanes. C'est un tout autre genre... 

samedi 25 février 2017

Désenchantés

Combien de statuettes dorées remportera-t-il finalement, dans la nuit de dimanche à lundi ? Je l'ignore. Nous verrons bien. Ce qui est clair en revanche, c'est qu'avec quatorze nominations à l'Oscar, La La Land est bien l'un des films-événements de ce premier trimestre 2017. C'est pourquoi j'ai souhaité lui consacrer une chronique long format...

Mia est serveuse dans un salon de thé, à deux pas des studios hollywoodiens. Elle passe des auditions, portée par l'espoir de devenir une star de cinéma. Sebastian, lui, tente de joindre les deux bouts grâce à un talent de pianiste et rêve d'ouvrir son propre club de jazz. Au pays des illusions, les deux jeunes gens voient leurs chemins s'entrecroiser, un jour qu'ils... s'insultent dans un embouteillage XXL. Plusieurs mois passent avant que le hasard les réunisse une fois encore, le temps d'une joute verbale et d'une réconciliation. Comédie musicale oblige, c'est en chantant et dansant que le charme opère finalement. La La Land est alors, soyez-en assurés, un film pétillant !

Si j'insiste sur ce point, c'est parce que le miroir des personnages principaux leur renvoie aussi une image peu flatteuse. La La Land joue sur toute une palette d'émotions: son ouverture est euphorisante et colorée, mais le scénario se fait assez vite des plus mélancoliques. Je ne parlerai pas de pessimisme, mais le récit nous dit que le succès ne dépend pas seulement des efforts, mais également des sacrifices auxquels on peut consentir. Et, de fait, la pilule est parfois amère ! Pour le simple spectateur que j'ai été, elle est (un peu) mieux passée grâce à la beauté et l'excellence technique de ce que j'ai vu à l'écran. Et, bien entendu, la musique et la danse y jouent un très grand rôle...

Je ne peux bien sûr pas manquer de citer les acteurs. S'il fallait émettre un tout petit bémol, il consisterait à dire que la caméra s'intéresse surtout à Mia et Sebastian, le récit ne laissant en réalité aucune place pour un personnage secondaire fort. C'est grave ? Non. Je me suis perdu dans les grands yeux d'Emma Stone et veux saluer son investissement: la jeune femme a appris les claquettes, le rythme particulier du jazz et la danse de salon. Ryan Gosling m'a paru convaincant, lui aussi, comme jamais auparavant: il a pris des cours de piano et joue non-doublé ! La La Land s'écarte de la vraisemblance pour mieux nous faire rêver, tout en restant une merveille formelle...

Quelques-unes des critiques que j'ai lues après avoir vu le film pointent certaines réserves sur ce tout dernier point: les voix manqueraient de peps et, pire, les chorégraphies de vrai talent. Mouais... c'est vrai qu'Emma Stone n'est pas Ginger Rogers, pas plus d'ailleurs que Ryan Gosling ne peut se comparer avec Fred Astaire. Qu'importe ! La La Land s'appuie certes sur de grandes références parmi les classiques, mais rien ne dit qu'il ait été conçu pour rivaliser. Loin des inévitables comparatifs, je n'y vois en réalité que l'hommage sincère d'un jeune réalisateur à ceux de ses aînés qui l'ont inspiré. Bref, un film idéal pour me faire aimer le cinéma... encore plus fort !

La La Land
Film américain de Damien Chazelle (2016)

Je suis loin d'être un spécialiste des comédies musicales. Disons donc que celle que j'ai présentée aujourd'hui m'a donné envie d'en (re)voir d'autres, issues du riche répertoire hollywoodien... ou d'ailleurs. Chantons sous la pluie me fait de l'oeil, mais je vous recommande de zyeuter aussi Tous en scène (ou Les parapluies de Cherbourg). Quant à moi, je veux surtout attraper le Chazelle de 2014: Whiplash.

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J'avance d'un cran dans mon Movie Challenge...

Je remplis aujourd'hui la case n°23: "Une comédie musicale".

Plusieurs de mes amis blogueurs ont vu le film...
À lire: les avis de Pascale, Dasola, Sentinelle, Strum et Tina. Princécranoir, lui, en a parlé aussi, mais... sur une nouvelle adresse !

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Mise à jour post-Oscars (lundi 27 - 7h20):

Le film n'a finalement remporté "que" six des statuettes dorées. Emma Stone est sacrée meilleure actrice, Damien Chazelle consacré meilleur réalisateur. Les autres trophées honorent la direction artistique, la photographie, la musique et la chanson (City of stars).

vendredi 24 février 2017

Le banquier stressé

Pierre Richard ? Il est pour moi l'un des tous meilleurs ambassadeurs de la comédie made in France. J'ai provisoirement renoncé à écrire une série de chroniques sur ses films, mais c'est avec un plaisir certain que j'en ai redécouvert un, sympa: La course à l'échalote. Dire que j'étais encore un tout petit bébé quand il est sorti en salles !

Dans toute cette histoire, l'ami Pierrot joue l'un de ces personnages lunaires dont il a le secret. Directeur de banque (par intérim) au cours de l'été, c'est-à-dire pendant les vacances de son patron, il tremble d'effroi à l'idée d'être braqué. Or, il a le chic aussi pour se mettre dans des situations ubuesques et déclencher l'arrivée de la police ! Parfois, entre deux courriers dictés à sa secrétaire, il espionne ouvertement la petite coiffeuse au pied de son bureau, un peu lassée de sortir avec lui: notre homme n'est pas un amant très original. Maintenant, à vous de découvrir comment ce scénario simplissime s'emballe et, donc, pourquoi le film s'intitule La course à l'échalote...

Sans m'esclaffer, je me suis plutôt bien diverti: le long-métrage rappelle qu'il n'est pas besoin d'être vulgaire pour faire rire - une leçon que nombre des comiques d'aujourd'hui seraient inspirés de méditer. Voir aussi Jane Birkin (sans accent aussi prononcé qu'aujourd'hui !) dans le rôle de la fiancée, c'était la cerise sur le gâteau comique. Vraiment facile à digérer, La course à l'échalote vous embarquera jusqu'en Angleterre, au terme d'un très étonnant voyage... en train. Inutile de prétendre que, techniquement, le film vient révolutionner les techniques du cinéma: vous auriez raison de ne pas me croire. Mais son allure vintage en fait toujours un honnête divertissement...

La course à l'échalote
Film français de Claude Zidi (1975)

Le must de Pierre Richard reste le diptyque Le grand blond. J'avoue cependant que j'ai un faible pour son (petit) rôle de paysan allergique à la paresse dans une perle d'hédonisme: Alexandre le bienheureux. Plusieurs décennies ont passé et je ne trouve pas d'artiste comparable dans le cinéma français d'aujourd'hui (si vous avez des idées...). Excellente nouvelle: l'acteur est attendu dans trois films cette année !

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Et une contribution de plus au Movie Challenge...

Avec ce film, je complète en effet l'objectif n°22: "Une comédie".

jeudi 23 février 2017

Au chevet

Un Prix d'interprétation cannois à Marie-Josée Croze. Sur la Croisette toujours, le Prix du meilleur scénario pour Denys Arcand. Trois César au total: meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario. L'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Les invasions barbares reste sûrement dans les mémoires comme un film qui fit sensation...

En propulsant ma machine à remonter le temps vers 2003, j'ai vu récemment ce long-métrage québécois, dont ma mère m'avait dit beaucoup de bien. Le pitch ? Rémy, un homme d'une soixantaine d'années, est hospitalisé du fait d'une maladie sérieuse. Sa femme appelle son fils, jeune trader canadien exilé à Londres, persuadée qu'elle est que les deux hommes, en froid, devraient se réconcilier avant qu'il ne soit trop tard. Pas franchement motivé, Sébastien finit tout de même par débarquer, avant d'être rejoint par toute la bande des amis (et maîtresses !) de son paternel. Les invasions barbares déplaira, je pense, à ceux d'entre vous qui aiment le cinéma réaliste. Pour être honnête, je dois vous dire d'emblée que j'ai trouvé l'humanité qu'il dépeint fort peu intéressante. Ou pire: antipathique...

Je n'ai pas passé un si mauvais moment, mais j'attendais bien mieux de ce récit, incontestablement. Je ne me suis pas senti "concerné" par ce qui pouvait arriver à l'un ou l'autre des personnages. J'ai noté aussi, avec quelque étonnement, que le film semble avoir été diffusé dans une version (un peu) plus courte à l'international qu'au Canada. Après, voilà... j'ai trouvé tout cela bavard et pourtant assez creux. C'est précisément le problème: je n'ai pas compris où le réalisateur voulait en venir. Avec quelques répliques bien senties, Les invasions barbares sonne un peu comme le bilan d'une génération, désabusée par les valeurs de celle qui la suit immédiatement. Soit... et donc ? Impossible pour moi d'en tirer la moindre leçon ! Comme je peux difficilement soutenir que le film est beau, je vous dirai abruptement qu'il me paraît dispensable. C'est dur, j'en conviens, mais c'est ainsi. Et tant pis ! Je donnerai d'autres chances au cinéma made in Québec.

Les invasions barbares
Film canadien de Denys Arcand (2003)

Sans piocher dans la quadrilogie Les boys, petite chose sympathique mais particulière, et sans convoquer Xavier Dolan, je peux conseiller un film comme C.R.A.Z.Y. en très digne représentant du septième art québécois. Je suis à l'écoute de toutes vos possibles suggestions ! J'aimerais voir d'autres films de nos "cousins" d'Amérique. Ma page spéciale "Cinéma du monde" donne quelques-uns de mes bons plans...

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J'avance d'un cran pour mon Movie Challenge...

J'atteins en effet l'objectif n°16: "Un film qui est la suite d'un autre". Le premier opus, Le déclin de l'empire américain, date de... 1986 !

Si vous voulez vous contenter du film d'aujourd'hui...

Vous pourrez lire un autre avis du côté de "L'oeil sur l'écran".

mercredi 22 février 2017

Auprès des arbres

Le Japon prend de la place dans mes découvertes cinématographiques de ce premier trimestre 2017 ! J'ai vu dernièrement mon second film de Naomi Kawase, une réalisatrice que j'étais content de retrouver. Sorti il y a bientôt dix ans, La forêt de Mogari lui a valu le Grand Prix du jury du festival de Cannes. C'est un long-métrage très étonnant...

La caméra nous entraîne au coeur d'une maison de retraite japonaise. Construit au beau milieu de la nature, l'établissement donne de la fin de vie une image relativement apaisée. Naomi Kawase rappelle alors ses (grands) talents de spécialiste du documentaire: elle observe attentivement ce petit monde clos sur lui-même, avant d'en ouvrir grand les portes pour permettre à l'un des pensionnaires de "filer". Monsieur Shigeki, qui n'a visiblement plus toute sa tête, part d'abord en promenade avec Machiko, une aide-soignante peu expérimentée. Bientôt, un imprévu survient et, en un instant, La forêt de Mogari trouve alors la justification de son titre. Non, je n'en dirai pas plus...

Le film fait résolument appel à votre imagination et à votre ouverture d'esprit. Sans véritable souci de réalisme, il concentre son intrigue entre les mains de deux personnages, qu'il suit de très près. Pas sûr pourtant qu'il faille parler d'oeuvre contemplative: le mouvement s'inscrit dans un très bel environnement... sans que ce soit le sujet ! La forêt de Mogari ne suit pas les sentiers battus, mais son intention allégorique est très claire: admirablement photographié, le cadre naturel est ici un personnage à part entière, qui accompagne les êtres de chair et d'os dans un voyage spirituel. Quelque chose les réunit évidemment et il était important qu'ils puissent oublier les conditions premières de leur rencontre pour se rapprocher (sans grand discours). Empathie et recueillement sont les clés de ce voyage. Le ferez-vous ?

La forêt de Mogari
Film japonais de Naomi Kawase (2007)

C'était donc mon second Naomi Kawase, après son Still the water découvert fin 2014. Les deux films ne se ressemblent pas vraiment. Pour retrouver un peu de l'ambiance de celui d'aujourd'hui, je conseille surtout le remarquable Vers l'autre rive (de Kiyoshi Kurosawa). Maintenant, si c'est la relation vieil homme / jeune femme qui titille votre intérêt, je dirais Printemps tardif - dans un tout autre genre...

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Hop ! Un cran de plus dans mon Movie Challenge...

Je réponds ce jour à l'objectif n°30: "Un film réalisé par une femme".

Ce serait plutôt le film qui vous intéresse, dites-vous ?

Dont acte. Je vous recommande un petit tour chez "L'oeil sur l'écran".

lundi 20 février 2017

Être l'autre

D'un lundi à l'autre, le cinéma asiatique d'animation est déjà de retour sur Mille et une bobines. Cette fois, je souhaite vous parler d'un film que j'ai vu au cinéma: Your name. Pour info, cet animé s'est classé premier du box-office nippon pour 2016, après sa sortie en août. Désormais, il est le plus gros succès japonais au classement mondial !

Je ne sais plus dire comment j'en ai entendu parler la première fois. Ce que je sais, c'est que cela m'a donné une grosse envie de découvrir à mon tour ce phénomène. À dire la vérité, Your name est insolite jusque dans son scénario, adaptation d'un roman du même auteur. Makoto Shinkai, 44 ans, nous invite à rencontrer deux adolescents japonais: Mitsuha habite un petit village, tandis que Taki vit à Tokyo. Un phénomène inexpliqué les entraîne soudainement... dans la peau de l'autre ! Cela dure au grand maximum une journée: chacun reprend ensuite possession de son corps. Et, sans préavis, ça recommence ! Du coup, les gamins finissent par devenir familiers et sympathisent...

Par la suite, l'histoire se complexifie quelque peu, à partir de la chute d'une comète et de voyages dans le temps, mais vous imaginez bien que je ne vais pas tout vous raconter ! Même si je pense qu'il faudrait probablement le revoir pour mieux comprendre, j'ai pris un plaisir certain devant le film. L'histoire est sympa, les dessins jolis, l'animation souvent somptueuse et les émotions qu'il procure variées. Carton plein: je me suis laissé embarquer sans difficulté et souligne d'ailleurs qu'à la fin de la séance, une partie du public... a applaudi ! Your name est peut-être un peu complexe pour de jeunes enfants. D'après moi, son public cible est plutôt adolescent ou jeune adulte. L'âge, somme toute, de ses personnages, bien campés et attachants. Petit miracle: le tout est né de l'imagination d'un artiste autodidacte.

Your name
Film japonais de Makoto Shinkai (2016)
Les Asiatiques auraient-ils un "truc" pour écrire des romances décalées ? Dans un autre genre, et en images réelles, je ne peux m'empêcher de citer le très original (et sud-coréen) My sassy girl. Pour parler animation, j'ai ressenti d'autres émotions, plus fortes encore, avec Le voyage de Chihiro. C'est un film très différent ! Celui d'aujourd'hui est plutôt proche de Patéma et le monde inversé.

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La blogosphère parle plutôt en bien de ce film...

J'ai notamment lu une chronique enthousiaste chez Princécranoir. Attention, ami(e)s internautes: le lien pourrait disparaître très vite...

samedi 18 février 2017

Des jeunes d'aujourd'hui

Sauriez-vous situer le Cambodge sur une carte muette ? Je me donne peu de chance d'y parvenir du premier coup. Si je vous pose d'emblée cette question, c'est parce qu'un personnage de Diamond Island, film sorti fin décembre, situe l'Égypte... en Europe, à côté de la France. Peut-être pour nous dire de regarder enfin le monde dans sa globalité.

Davy Chou, lui, est porteur de deux cultures: ce réalisateur français est d'ascendance cambodgienne. Avant les années de la dictature khmère rouge, son grand-père fut l'un des principaux producteurs locaux. Cinéaste depuis maintenant une dizaine d'années, le petit-fils propose, à 33 ans et avec Diamond Island, son premier long-métrage de fiction. Le titre reprend le nom d'un quartier isolé de Phnom Penh. De hautes tours y ont récemment poussé comme des champignons. Juste à leurs pieds, c'est la misère des chantiers. Pour nous permettre de découvrir cette ville dans la ville, la caméra, pudique, suit les pas de quelques agents de sécurité et de jeunes ouvriers. Le contexte posé, elle s'attarde plus spécifiquement sur l'un d'eux, Bora, contraint de laisser derrière lui sa mère et sa vie à la campagne pour aller travailler, sans véritable qualification et à 18 ans seulement. Inutile d'ajouter ce que vous aurez compris: il n'est pas le seul dans ce cas...

Ce film nous offre donc un portrait saisissant de la jeunesse cambodgienne. Avoir un smartphone, draguer, se promener en bande et à moto... les rêves de ces ados ne sont pas si loin des aspirations d'autres gamins de leur âge. Diamond Island le montre et fait preuve d'une grande douceur pour évoquer les ravages de la mondialisation. Ce n'est pas véritablement un film politique: il expose une situation violente, mais ne pousse pas de cris pour dénoncer l'inadmissible. Loin des grands discours, c'est en réalité par les seules forces combinées de l'image et du son, mais aussi par un usage intelligent du hors-champ, en somme en s'appuyant sur une large palette technique, qu'il donne de la vigueur et de la pertinence à son propos. Chacun en retiendra ce qu'il veut. Moi, j'ai aimé la beauté du film. C'est également, je pense, une façon de faire passer un message. Certains l'ont entendu, de fait: Davy Chou a ainsi reçu plusieurs Prix et notamment celui de la Semaine de la critique, à Cannes, l'an passé. À noter enfin: la majeure partie des acteurs sont ici... des amateurs !

Diamond Island
Film franco-cambodgien de Davy Chou (2016)

L'esthétique fluo du long-métrage pourrait rappeler aux connaisseurs le travail de Sofia Coppola (Marie-Antoinette, par exemple) ou celui de Harmony Korine (Spring breakers)... sans être aussi superficiel. J'aime assez le cinéma quand il s'intéresse aux jeunes générations. Auriez-vous des suggestions ? Moi, oui: celle de revoir le Cambodge autrement, avec L'image manquante, le documentaire de Rithy Pahn.

vendredi 17 février 2017

Hier, l'avenir

C'est l'une des raisons de mon intérêt pour lui: le cinéma est un puits sans fond d'anecdotes incroyables. Planète interdite, grand classique de la science-fiction filmée, s'inspire - librement ! - d'une tragédie shakespearienne, La tempête. J'espère que vous vous contenterez aujourd'hui de mon avis sur le film, vu que je n'ai pas lu le bouquin...

Planète interdite nous envoie dans un futur encore lointain: 2257 ! Croiseur spatial, le C-57 D a été envoyé à destination de la planète Altaïr IV, afin d'y retrouver la trace du Belléphoron, un autre engin disparu plusieurs années auparavant. Arrivé à destination, l'équipage entre en communication avec un dénommé Morbius, qui veut d'abord dissuader le commandant de bord d'atterrir. Peine perdue ! Les ordres étant ce qu'ils sont, les hommes du C-57 D débarquent dans ce monde lointain, sans être tout à fait sûrs, en fait, de ce qui les y attend. Inutile de le nier: de telles histoires, on en a vu d'autres, désormais. Pourtant, cette aventure vintage pourrait très bien vous intéresser... 

Le film doit beaucoup à son aspect précurseur: s'il apparaît dépassé techniquement, il était assurément novateur en son temps. Vous dire maintenant que je me suis régalé à le découvrir plus de soixante ans plus tard serait mentir. Peu concentré, j'ai même fini par me perdre franchement au milieu de tous ces mecs en uniforme. Je dois dire cependant que je suis content d'avoir eu l'occasion de voir Planète interdite. C'est un classique, un vrai: à ce titre, il figure dans la liste de ceux qui sont conservés à la bibliothèque du Congrès américain. Un certain charme émane toujours de ces images tournées en studio et de cette histoire démodée - à suivre en VO, idéalement. Il y a aussi de la modernité, grâce notamment à la bande originale, la première de l'histoire du cinéma à n'utiliser que des sons électroniques. Classe !

Planète interdite
Film américain de Fred M. Wilcox (1956)

Je me demande s'il ne s'agit pas du plus vieux film de SF chroniqué sur Mille et une bobines. Je ne suis pas un spécialiste, c'est vrai. Reste que j'avais apprécié Barbarella et L'âge de cristal... en notant toutefois qu'ils sont (beaucoup) plus jeunes. Ce genre regarde le futur et, en toute logique, traverse les époques. J'écoute vos suggestions éventuelles pour le connaître encore mieux. J'en ai tant à rattraper...

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Le film a encore des admirateurs enthousiastes...
Vous pourrez le vérifier en lisant la chronique de "L'oeil sur l'écran".

mercredi 15 février 2017

Sauter, danser, courir

Oyez ! Mon amie Joss fait son grand retour sur Mille et une bobines ! Après une courte trêve, elle nous propose la chronique d'un film branché sur courant musical, que j'ai manqué en 2016: Sing Street...

Sing Street ! Un titre pareil, cela vous évoque quoi, au juste ? Sauter du trottoir sur la route ? Danser sur le macadam ? Courir le sourire au coin de la bouche et les baskets de l'adolescence aux pieds ? Ça tombe bien, parce que c'est tout cela, Sing Street...

Sans mièvrerie, plongée à Dublin dans les années 80, crise économique et walkman K7. On y découvre Conor (Ferdia Walsh-Peelo), quinze ans, coupe à la Paul McCartney, au moment où ses parents - sur le point de divorcer - le changent d'établissement par manque de moyens. Témoin plus averti de la mésentente conjugale, c'est son frère aîné Brendan, ancien rocker esseulé et désoeuvré à l'aube de sa vie d'adulte (génial Jack Reynor, on y reviendra !). Débarqué malgré lui dans le lycée religieux "Synge Street", il subit la pression du prêtre en charge de la direction. Mais le film ne vire pas à la tragédie, il l'effleure rien qu'en appréhension en offrant à Conor la motivation suffisante pour espérer: une amoureuse à envoûter en la personne d'une chanteuse en herbe, aguicheuse à souhait. Et c'est grâce à la belle et (très) pulpeuse Raphina (Lucy Boynton) que Conor monte son propre groupe de musique avec ses nouveaux copains.

Raphina participe d'emblée au clip qui se cherche, entre pop, rock, métal... et tous ensemble... se trouvent ! Les rêves de chacun se croisent et se stimulent: Raphina pour retrouver Londres, Conor pour la séduire et faire produire son premier disque, et jusqu'au frère aîné pour se remettre enfin dans la voie de lui-même. Inimitable Brendan qui arpentera le film jusqu'au bout dans son look improbable de loser confirmé, mais jamais sans tendresse, ni humour, ni justesse: "Vois les choses en grand, Conor !". L'ensemble du film d'ailleurs surfe sur la bonne humeur et la bienveillance toute proche, que l'on en soit réduit à teindre ses chaussures neuves ou à prendre la houle sur une coquille de noix...

Sur une bande son qui immortalise l'époque - force A-ha, The Clash, The Cure, Duran Duran, Hall&Oates, The Jam, Motörhead, Spandau Ballet, assortis de la bande originale coécrite par le réalisateur John Carney et Gary Clark, le film prend son envol, léger et subtil, profond et émouvant. De quoi mériter le Hitchcock d'or et le Prix du scénario au Festival du film britannique de Dinard 2016. Après son sous-estimé New York melody (titré Nouveau refrain au Québec) en 2014, John Carney s'est vu récompensé à sa juste valeur. Difficile pourtant d'assimiler Sing Street à The Commitments auquel on a fait volontiers référence.

Deux peintures sociales américano-britannico-irlandaises, dans la même ville, autour d'un groupe de musique en devenir sur une bonne bande-son de reprises solides. Mais par dessus tout ça, nette différence d'ambiance ! Les jeunes chômeurs appartenant à The Commitments (sorti en 1991) font vivre une réalité plus rude que celle des jeunes de Sing Street. Parti pris de réalisateurs. D'ailleurs, l'histoire "vraie" du premier avec la montée commerciale reconnue du groupe ne peut se comparer à celle du second, où l'on sent bien que le conte de fées appartient à qui veut le voir. Bref, face à une histoire de géant dans The Commitments, ici une jolie fable de mômes qui demeurera un beau souvenir en dépit des aléas pressentis. Donc, préférons ne pas les comparer et laissons à Sing Street les qualités qui n'appartiennent qu'à lui. Il n'est pas en reste.

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De lien en lien, vous pouvez aussi retrouver les chroniques de Joss. Voici d'ores et déjà les trois dernières, publiées ces derniers mois...
- décembre 2016: La bûche / Daniel Thomson / 1999,
- novembre 2016: Journal intime / Nanni Moretti / 1991,
- octobre 2016: The station agent / Thomas McCarthy / 2003.

mardi 14 février 2017

Smack !

C'est la Saint-Valentin ! Entre le camp des célibataires aigris et celui des amoureux en mode cul-cul la praline, je n'ai pas voulu choisir. Histoire de marquer le coup quand même, je souhaite vous parler aujourd'hui du premier baiser du cinéma, long d'à peine 47 secondes en tout, silencieux évidemment et projeté publiquement dès... 1896 !

Ah, l'amour... signé William Heise, ce joli moment est un souvenir laissé par un duo canado-américain, May Irvin et John. C. Rice. Devant la caméra, ces deux comédiens de théâtre rejouaient la scène finale d'une comédie musicale, The widow Jones (La veuve Jones). Précision intéressante: la courte séquence aurait en fait été conçue pour les kinétoscopes de Thomas Edison, des appareils de projection destinés à un utilisateur unique. Elle connut à l'époque un vif succès public, tout en s'attirant les foudres des ligues puritaines. On accusa même la technologie d'avoir permis de masquer l'âge des acteurs ! D'aucuns ont considéré que, la quarantaine passée, il était indécent qu'ils se bécotent ainsi. Autres temps, autres moeurs... quatre ans plus tard, la France vit un premier film censuré pour des raisons politiques: oeuvre de Georges Méliès, il évoquait l'affaire Dreyfus. C'est aussi en se penchant sur l'interdit que l'on peut aimer les arts...

lundi 13 février 2017

Le disciple de l'ours

J'ai vu il y a peu une vidéo sur le Net qui expliquait que le cinéma d'animation japonais était divers et devait à ce titre être considéré au-delà des productions du prestigieux studio Ghibli. Cela m'a donné envie de me pencher sur la provenance de ces films - j'y reviendrai peut-être. À ce jour, je veux d'abord évoquer Le garçon et la bête...

Ron, un garçon de neuf ans, vient de perdre sa mère. Sans nouvelles de son père, il refuse de vivre chez d'autres personnes. Il s'enfuit donc dans les rues très animées d'un quartier de Tokyo et se retrouve soudain... dans un royaume 100% animal. Au mieux, sa présence étonne et au pire, elle inquiète ! Pourrait-il cependant, en forçant quelque peu sa nature, s'intégrer et alors tenir lieu de disciple à l'ours mal léché qui brigue le statut de maître de toutes les bêtes ? Pas sûr. C'est que le souverain du moment est un lapin, qui décidera peut-être de céder sa place à un autre concurrent, qu'il juge beaucoup plus zen. Bref... vous l'aurez compris, Le garçon et la bête nous entraîne rapidement dans un monde imaginaire. C'est l'un des atouts majeurs de ce très beau dessin animé, d'une durée de (presque) deux heures !

Je n'ai pas envie de trop vous en dire, mais ce que j'ai trouvé intéressant aussi, c'est que les personnages ne restent pas enfermés du côté des animaux. Stop ! Maintenant, je me tais ! Sur le plan technique, Le garçon et la bête est à mettre dans le haut du panier. Rien à voir avec le style Miyazaki, par exemple, mais l'animation générale est soignée et propose quelques séquences très immersives grâce à l'apport (ponctuel) de la 3D. Et, étant donné que le film s'avère un peu plus long que la moyenne, vous aurez tout le temps d'apprécier le voyage. Une précision pour les parents: les dialogues contiennent quelques termes un peu crus, ce qui les disqualifie peut-être pour les plus jeunes enfants. L'intrigue est assez complexe et le ton un peu sombre, parfois: à conseiller plutôt aux ados, donc. Les adultes un peu geek comme moi devraient s'y retrouver également. La japanimation est vraiment pleine de belles surprises...

Le garçon et la bête
Film japonais de Mamoru Hosoda (2015)

Du même réalisateur, il faut que je voie Ame et Yuki, les enfants loups. Promis: j'en reparlerai ici même, aussitôt que ce sera fait. Avant cela, je vous laisserai consulter ma page "Cinéma du monde" pour retrouver quelques autres pépites de l'animation made in Japan. En admiration devant Le conte de la princesse Kaguya, je poursuis ma propre exploration et n'ai pas dit mon dernier mot côté émotion...

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Ce film entre dans mon Movie Challenge...

Je l'utilise pour répondre au défi n°25: "Un film d'animation".

Et si vous voulez un autre avis que le mien...
C'est simple: vous pouvez aussi lire ceux de Laurent et Princécranoir.

samedi 11 février 2017

Traverser Paris

Un conseil pour ouvrir cette chronique: si vous avez un jour l'occasion de voir Édouard Baer au théâtre, foncez ! Je vous mets au défi ensuite de faire un résumé de la pièce à vos amis. J'ai vu deux fois cet incroyable tchatcheur sur scène et je peux donc vous confirmer qu'il part vraiment dans tous les sens. C'est franchement jubilatoire !

En ce début d'année, l'ami Édouard est revenu sur les grands écrans blancs de quelques cinémas de France et de Navarre, comme acteur évidemment, mais aussi comme réalisateur - ce qui n'était plus arrivé depuis douze ans. Dans le très entraînant Ouvert la nuit, il se met dans la peau de Luigi, un directeur de théâtre si centré sur lui-même que son spectacle est bien loin d'être prêt à la veille de la première. Finalement, pour tenter de faire avancer le schmilblick, notre homme embarque une stagiaire et part dans Paris à la recherche d'un singe vivant. La photo ci-dessus vous prouve qu'il finira par en trouver un. Mais le scénario prépare mille surprises que je me refuse à dévoiler...

Ouvert la nuit est un film surprenant à plus d'un titre, en réalité. Parti pour voir une comédie débridée, j'ai d'abord été un peu déçu. Enfermé dans son premier décor théâtral, le film parvenait à sonner juste, mais semblait manquer d'allant. Heureusement, dès l'instant magique où Luigi s'éclipse pour régler la situation, la folie démarre ! Personne d'autre qu'Édouard Baer ne me semble en mesure de porter de tels personnages et d'inventer de telles situations. On s'embarque pour près de cent minutes de ce qui est également un hommage décalé au monde du spectacle, avec plus de dérision que de moquerie. Du rire, j'en ai trouvé, je vous rassure, mais il y a aussi dans ce film une part de mélancolie, beaucoup de sensibilité et même de l'espoir. Malgré toutes ces imperfections, j'ai aimé ce récit bancal, au point d'ailleurs de me dire qu'il serait moins bon s'il était plus maîtrisé. Drôle de paradoxe, n'est-ce pas ? C'est je crois la marque d'un auteur attachant. L'humilité de ce cinéma est à mon sens son premier atout.

Ouvert la nuit
Film français d'Édouard Baer (2017)
La passion du clown Baer pour les planches se ressent également ! Parmi la troupe qui lui donne la réplique, quelques fidèles, mais aussi de petits nouveaux (Audrey Tautou, Grégory Gadebois...). La classe absolue: l'apparition du regretté Michel Galabru dans un petit rôle. Trouver maintenant un film comparable n'est pas une tâche facile. Autant aller chercher l'acteur dans Cupcakes ou Poulet aux prunes...

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Un pas en avant pour le Movie Challenge...

Je remplis aujourd'hui l'objectif n°18: "Un film sorti cette année".

Envie également d'un autre avis sur le film ?

Vous pourrez en lire un franchement positif du côté de chez Pascale

jeudi 9 février 2017

Matt et les Maximonstres

Une chronique "nouveau format" ce jeudi pour vous parler brièvement d'un blockbuster sorti il y a quelques semaines: La grande muraille. D'emblée, autant vous le dire: sauf à chercher un film pour formater vos neurones fatigués, je crois bien que vous pouvez zapper celui-là. Maintenant et parce que c'est vous, je vais faire la part des choses...

Un atout: un acteur que j'aime beaucoup...
Oui, Matt Damon, c'est de toi que je parle ! On ne va pas se raconter d'histoire: tu as déjà fait mieux. M'enfin, ça va, je te pardonne volontiers cette escapade en Asie - précisément parce que tu as fait mieux. Sans rancune. Je suis sûr que tu n'as pas dit ton dernier mot et d'accord pour attendre le nouveau film de ton pote George Clooney.

Un détail intéressant: l'intérêt historique...

Je passe sur le fait que toute l'action se déroule dans la Chine ancienne et au coeur de l'immense fortification censée la préserver des invasions mongoles. Je relève simplement que ce film s'affiche fièrement comme une production sino-américaine de grande ampleur destinée au public occidental. Ce qui reste sans précédent. Hé ouais !

Une déception: la vraie-fausse reconstitution...
Les costumes et décors du film ne sont pas moches, loin de là. Malheureusement, ils font "carton-pâte" ou, à l'inverse, trop beaux pour être vrais. Je salue l'effort du scénario d'imposer un personnage féminin fort, mais là aussi, la crédibilité en prend un sérieux coup. Certes, ce n'est que du cinéma, mais cette fois, je n'ai pas adhéré...

Une bonne "rigolade": le fin mot de toute l'affaire...
Même avec les neurones au repos, je dois bien dire que je trouve kitsch cette idée d'une Chine menacée par des hordes de monstres verts. Figurez-vous qu'ils sont en fait sortis d'une montagne heurtée par une météorite. Leur objectif: punir les hommes de leur cupidité. Un conseil amical: ne riez pas trop fort, ils pourraient vous entendre !

La grande muraille
Film américano-chinois de Zhang Yimou (2016)

Une preuve s'il en fallait que les films d'Asie sont... disons inégaux. Deux amis sont venus voir celui-là avec moi: l'un a jugé après coup qu'il avait du mal avec les longs-métrages chinois. Chose amusante tout compte fait: comme moi, mon autre comparse a trouvé cet opus beaucoup trop... américanisé. Zhang Yimou ? J'ai du mal à le cerner ! Mais j'avais davantage apprécié Le secret des poignards volants...

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Ah oui, le titre de ma chronique...

J'ai un peu honte pour le très étonnant Max et les Maximonstres. J'aurais pu choisir Monstres et compagnie, avec le même problème...

Du côté du Movie Challenge, ça avance...
Je peux cocher l'objectif n°31: "Le film d'un réalisateur asiatique".

Je n'étais pas seul dans cette galère...
Outre deux amis avec moi le jour J, le film a aussi piégé Pascale !

mercredi 8 février 2017

Amours interdites

C'est la première fois que cela m'arrive, je crois: j'ai vu dernièrement un film japonais, dont toute l'action se déroule... en Chine ! Présenté comme un classique, L'impératrice Yang Kwei Fei vous ramènera plus d'une soixantaine d'années en arrière dans l'histoire du cinéma. Tant qu'à faire, je l'affirme tout de suite: le jeu en vaut la chandelle.

Le scénario s'inspire de faits historiques, qu'il transforme allégrement pour en faire un intense mélodrame à la cour d'un empereur chinois du 9ème siècle, une ère de relative prospérité. Ledit souverain demeure inconsolable après le décès de son épouse et la juge irremplaçable, tandis que ses courtisans espèrent voir une autre tête couronnée le rejoindre sur le trône. Lassé de ces hommes d'influence qui négligent son deuil, le monarque finit par être sensible à l'humilité absolue d'une jolie jeune femme, réduite jusqu'alors à travailler dur comme cuisinière. Oui, il y a un petit quelque chose de Cendrillon dans L'impératrice Yang Kwei Fei. Et ma comparaison s'arrêtera là...

Sur le plan formel, le film, visiblement tourné en studio, a vieilli. Logique ! Reste que la recherche d'une esthétique forte est constante et que les tableaux, pour l'époque, paraissent somptueux, au moins en termes de costumes. Les cadrages, eux aussi, ont été travaillés dans le sens de l'émotion, avec notamment un beau hors-champ final pour évoquer le destin de l'héroïne. Il est à noter que ce long-métrage marque aussi une vraie rupture dans le travail de son auteur. Pourquoi ? Parce que c'est la première fois qu'il utilisait la couleur ! Aujourd'hui, cela peut sembler banal, mais c'était sûrement un défi pour un artiste d'ainsi renouveler sa palette. Personne ne dit toutefois qu'il y ait été contraint... et j'ajoute qu'il n'est pas certain non plus que les copies de L'impératrice Yang Kwei Fei encore en circulation permettent de prendre la pleine mesure de cette démarche artistique. Ce sera à vous de le découvrir sans préjugé, pour l'aimer peut-être...

L'impératrice Yang Kwei Fei
Film sino-japonais de Kenji Mizoguchi (1955)

Si on ose placer Les sept samouraïs en vis-à-vis, il est bien évident que le film d'aujourd'hui est plus calme et, au fond, (presque) apaisé. Attention cependant aux apparences... trompeuses ! Le sens premier du récit l'amène à faire le portrait de deux êtres pris dans une société qui leur conteste le droit de s'aimer. Propos intemporel, finalement. Les maîtres du vieux cinéma japonais me séduisent de plus en plus...

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Pour finir, un point sur le Movie Challenge...
Je valide le défi n°37: "Un film qui se déroule avant le 20ème siècle".

Et si jamais vous vouliez compléter mon propos...
Vous pouvez aussi lire "L'oeil sur l'écran" ou retrouver l'ami Eeguab.

lundi 6 février 2017

Á la découverte de Strum

Résumé des épisodes précédents: dans le cadre de mon fil rouge consacré aux interviews d'autres blogueurs cinéma, j'ai déjà adressé mes questions embobinées à Pascale, Dasola, Sentinelle et Tina. Aujourd'hui, vous l'aurez compris: c'est Strum qui s'y colle ! L'occasion idéale d'une (brève) présentation de son site: le fameux "Newstrum" !

J'ai découvert un premier commentaire de Strum sur mon propre blog voilà un peu plus d'un an. Comment est-il arrivé là ? Je l'ignore. N'hésite surtout pas à nous le révéler, si tu le souhaites, l'ami ! Maintenant, ce que je sais, c'est que je suis vite devenu un lecteur assez fidèle de ses chroniques. Je les trouve très souvent riches d'enseignements variés sur les films et notamment leurs aspects techniques. Même quand mon compère est un tantinet trop bavard sur le scénario à mon goût, sa manière de parler du cinéma me plaît beaucoup: je la trouve à la fois humble, didactique et passionnée. Conclusion évidente: autant laisser la parole au principal intéressé...

Strum, quel est ton plus ancien souvenir lié au cinéma ?
D'avoir vu Blanche Neige et les sept nains et La guerre des étoiles au cinéma.

Comment choisis-tu les films que tu vas voir ?
Je choisis mes films en fonction des réalisateurs, très rarement en fonction des acteurs ou du sujet. Un film représente l'univers d'un auteur. J'essaye aussi, dans la mesure du possible et même si j'ai l'impression de ne pas le faire assez faute de temps, de varier les genres, les époques et les cinématographies. J'approche le cinéma classique et le cinéma actuel de la même manière, la pérennité formelle du cinéma étant à mon avis l'une de ses caractéristiques principales.

Le lieu idéal et le moment parfait pour voir un film ?
Le lieu idéal reste pour moi le cinéma. La vidéo ne remplace pas à mon avis l'expérience collective de la salle. Quant au moment idéal, c'est le soir, entre chien et loup.

Quels seraient les dix films que tu me conseillerais ?
Une question à laquelle il est extrêmement difficile de répondre. Je sélectionne à dessein des classiques, en faisant des infidélités à certains films et cinéastes que j'adore:
- 8 1/2 de Federico Fellini,
- Andreï Roublev d'Andreï Tarkovski,
- L'aventure de Madame Muir de Joseph L. Mankiewicz,
- Colonel Blimp de Michael Powell et Emeric Pressburger,
- Harold et Maude, de Hal Ashby,
- L'homme qui tua Liberty Valance de John Ford,
- Le monde d'Apu de Satyajit Ray,
C'est le troisième film d'une trilogie racontant une vie jusqu'à l'âge d'homme. Tu es donc obligé de voir aussi les deux premiers: La complainte du sentier et L'invaincu.
- Partie de campagne de Jean Renoir,
- Une vie difficile de Dino Risi,
- Crimes et délits de Woody Allen.

Pourquoi un beau jour avoir décidé d'écrire un blog ?
Au départ, pour ranger dans un endroit pratique quelques articles sur le cinéma que j'avais déjà écrits. De fil en aiguille, le blog aidant, je me suis mis à écrire assez régulièrement sur les films que je voyais sans autre but d'abord que d'écrire pour moi. Et puis, j'ai découvert le plaisir d'échanger avec les visiteurs du blog, ce qui permet des remises en perspective.

Qu'est-ce qui te décide à parler d'un film sur ton blog ?
Il y a grosso modo deux cas de figure. Soit j'ai envie d'écrire sur un film que je connais déjà et que j'aime. J'essaye alors d'expliquer pourquoi je l'aime autant, ce qui a deux avantages: le premier est de mettre mes idées au clair; le second est de pouvoir partager ma passion pour un film en incitant, pourquoi pas ? quelques lecteurs à le voir. Tout cela réclame une argumentation critique et pas seulement des jugements de valeur. Soit je viens de découvrir un film et j'écris dessus dans la foulée, en général le lendemain du visionnage. Par ailleurs, je parle en général des films que j'aime car autant j'éprouve du plaisir à dire du bien d'un film aimé, autant j'ai des scrupules à dire du mal d'un film que j'aime moins (même si cela peut m'arriver: j'ai mes têtes de Turc, comme tout le monde). Enfin, par la force des choses, mon blog étant assez récent, je parle beaucoup de classiques: ce serait dommage de les négliger, d'autant que la majorité des blogs s'occupent de l'actualité du cinéma et non des classiques. J'espère aussi sur le long terme, si je poursuis l'aventure du blog, évoquer des films moins connus.

Quelle place sur ton blog pour autre chose que le cinéma ?
J'aime autant la littérature que le cinéma. La question de l'adaptation d'un livre au cinéma m'intéresse tout particulièrement, comme le montrent je crois plusieurs articles de mon blog. J'ai envisagé à un moment donné d'écrire sur les livres que je lisais, mais j'ai remis ce projet à plus tard, écrire sur le cinéma étant déjà une activité consommatrice de temps. Dès que possible, en revanche, je profite d'une critique de film pour parler du livre adapté quand je l'ai déjà lu. Pour le reste, il peut m'arriver d'aborder dans une critique d'autres sujets que le cinéma stricto sensu si l'analyse du film le requiert. Voilà. Merci pour tes questions, Martin !

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Vous trouvez qu'il manque des réponses ?

Je confirme: notre ami n'a pas répondu à chacune de mes questions. C'est sa décision et je la respecte - rien ne saurait être imposé. Maintenant, pour en savoir plus, le mieux est... de lire "Newstrum" !