vendredi 31 janvier 2020

Fatigue...

Vous avez lu le texte précédent ? Un autre film a failli en être l'objet. Ce n'était plus arrivé depuis longtemps, mais j'ai arrêté de regarder un long-métrage... dix minutes seulement après avoir commencé ! Bon... pour le rattraper, j'ai aussi programmé son enregistrement. Joie de la technologie moderne qui nous permet ce genre de choses...

Cette chronique très mollement inspirée sera le témoin que le cinéma aussi, parfois, me fatigue un peu. J'aime à être curieux de films extrêmement variés, mais c'est une évidence: j'ai aussi mes limites. Parfois, dans la (longue) liste de mes envies, un blockbuster lambda passe donc devant un film d'auteur réfléchi. On est tous pareils, non ? Vous aurez remarqué aussi qu'après les "rattrapages" du mois, le blog reprend le rythme d'une chronique tous les deux ou trois jours. Ironiquement, j'ai décidé que la prochaine serait prête pour demain. Je n'allais tout de même pas vous abandonner avec ma cuisine interne pendant un week-end complet. Et nous serons donc, déjà, en février !

mercredi 29 janvier 2020

Piège en haute mer

Pas facile d'enchaîner après Terrence Malick ! En laissant de côté d'autres choix possibles, j'ai fini par opter pour une certaine facilité en retenant ce que j'imaginais être un thriller haletant des années 80. Vous connaissez mon goût pour le cinéma de genre, n'est-ce pas ? C'est donc avec plaisir que je suis parti... loin de toute terre habitée !

En y repensant, je me dis que la haute mer est vraiment un cadre idéal pour l'angoisse. Disons qu'elle limite beaucoup les solutions pratiques si d'aventure vous êtes attrapé dans un piège quelconque. C'est le cas ici de Mary et John, en vacances depuis trois semaines afin de se remettre de la mort de leur enfant. Mouais... admettons que ce soit possible. En fait, c'est plutôt l'envie de voir Nicole Kidman toute jeunette - elle a fêté ses 20 ans sur le tournage - accompagnée du sympathique Sam Neill qui m'a poussé à oublier mon mal de mer. Calme blanc m'est alors apparu comme un film honnête, sans plus. Parce qu'à dire vrai, la tension monte, mais bien trop peu de temps...

Quand le couple vient en aide à un naufragé, il ne se passe que peu de temps avant que celui-ci ne révèle sa vraie nature de psychopathe. John tombe à l'eau, Mary reste à bord avec le fou: schéma classique. Je ne vous raconte évidemment pas la suite ! Les invraisemblances n'ont jamais été un problème pour moi, mais tout était trop linéaire pour parvenir à me convaincre durablement... et c'est fort dommage. D'après ce que j'ai lu, Calme blanc adapte un roman qu'Orson Welles avait lui aussi voulu transformer en film: le spectacle eut été changé. Après, je relativise: je n'ai rien vu de mauvais, si ce n'est le jeu outrancier parfois de Billy Zane dans le rôle du méchant de service. Avec de moins grosses ficelles, le potentiel était là pour des frissons marins de la meilleure eau. Qu'importe ! Ce sera une prochaine fois...

Calme blanc
Film australo-américain de Phillip Noyce (1989)

Bon... j'ai vu bien pire, hein ? J'aurais juste préféré sentir la tension grimper progressivement, mais l'idée de base était correcte, cela dit. Avancez dans le temps et remplacez la mer par un appartement luxueux: vous serez peut-être contents de tomber sur un autre film construit de manière presque identique, j'ai nommé Panic room. Rayon "enfermement en soi", je recommande également Le locataire.

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Pour finir, une anecdote rigolote...
Nicole Kidman est également dans Panic room: elle joue... une voix au téléphone. Un rôle que le générique passe sous silence, en réalité. Elle aurait dû figurer en tête d'affiche, mais une blessure survenue pendant le tournage de son film précédent (à savoir Moulin rouge !) l'en empêcha finalement. Jodie Foster fut choisie pour la remplacer...

lundi 27 janvier 2020

Une élégie

2012, 2014 et 2018: au cours de la décennie écoulée, il est arrivé trois fois que je puisse aller voir un film en salle dès le 1er janvier. Pour 2020, j'ai dû attendre jusqu'au 4, mais c'est encore au cinéma que j'ai entamé mes visionnages du millésime, avec Une vie cachée. Je m'étais dit que ce serait bien de démarrer avec de belles images...

Sur ce plan, je n'ai pas été déçu: je vais y revenir. D'abord, un mot pour celles et ceux parmi vous qui n'auraient pas eu d'échos du film. Inspiré d'une histoire vraie, ce long-métrage (de presque trois heures) revient sur la vie de Franz Jägerstätter. Si le nom de cet Autrichien né en 1907 est arrivé jusqu'à nous, c'est en fait grâce à un sociologue américain, Gordon Zahn, l'auteur de sa biographie, publiée en 1964. Mais également parce que le pape Benoît XVI l'a ensuite reconnu comme martyr du nazisme et a même décidé de le béatifier, en 2007.

La raison ? En 1938, il fut le seul homme de son village à ne pas voter pour accepter l'annexion de son pays par les troupes d'Hitler. Appelé dans l'armée, il refusa toujours de se battre et de prêter un serment de fidélité au Führer qui lui aurait permis de devenir infirmier. Emprisonné quelques mois durant, il fut donc jugé, condamné à mort et exécuté, au début du mois d'août 1943. Je ne suis pas convaincu qu'il soit très facile de réaliser une oeuvre de cinéma pour y raconter ce parcours. Je suis toutefois allé voir Une vie cachée en confiance. J'imaginais que Terrence Malick, le réalisateur du film, était l'homme qu'il fallait pour brosser ce portrait. Et cela s'est bel et bien confirmé !

J'ai commencé en parlant de belles images. Je veux dire à présent qu'à mes yeux, si ce n'est donc Terrence Malick, aucun cinéaste actuel n'est capable de créer quelque chose d'aussi fort sur le plan pictural. Évidemment, les quatre photogrammes qui illustrent cette chronique sont insuffisants pour rendre compte de ce génie. Il est préférable que je laisse les experts de la technique détailler les méthodes utilisées pour parvenir à ce résultat, mais moi, je suis sous le choc ! Voir Une vie cachée exige un écran digne de ce nom, bien entendu...

Ajoutez-y le mouvement: nous tenons là la quintessence du cinéma. Et le son ! Aux voix off (extraites pour partie des lettres entre Franz et sa femme) et dialogues minimalistes s'ajoutent une foule de bruits réalistes et une musique superbe, qu'elle soit issue du répertoire classique ou créée pour le film par le maestro James Newton Howard. Ultime élément de cette magnificence: le "mysticisme". Je choisis d'utiliser des guillemets, car je ne suis pas sûr que ce soit le mot exact pour ce que je souhaite exprimer. Les films de Terrence Malick citent rarement le nom de Dieu, mais, comme - au moins - une partie de ceux qui l'ont précédé, celui-ci semble porté par une inspiration panthéiste, qui consisterait en fait à voir la divinité en toute chose. Bien que ne partageant pas cette foi, je la ressens comme l'essence de la vision du réalisateur. Je comprends qu'elle puisse en détourner certain(e)s de son cinéma, mais la juge aussi essentielle à son éclat !

Maintenant, j'ai le sentiment d'en avoir dit beaucoup et peu à la fois. C'est sans doute parce qu'on ne sort pas d'un tel film aussi facilement.

Une vie cachée
Film germano-américain de Terrence Malick (2019)

Une nouvelle claque venue du plus secret des cinéastes américains. L'homme se montre peu, mais l'artiste sait bien s'entourer d'acteurs excellents, à l'image ici du tandem Valerie Pachner / August Diehl. Depuis The tree of life, je me dis qu'il faut que je découvre un jour les films de ses débuts, La balade sauvage et Les moissons du ciel. Sinon, pour la résistance allemande, voyez Le labyrinthe du silence !

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Pour être complet, un petit mot sur le titre...
Je crois important de dire que Franz Jägerstätter n'est jamais entré dans la clandestinité. Cet intitulé correspond en réalité à la conclusion d'un roman anglais de George Eliot, Middlemarch (écrit en 1871-72). Citation: "Si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu'elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et reposent dans des tombes que personne ne visite plus". Texte repris dans le film en carton final.

Et enfin, pour finir, mes traditionnels liens...
Vous pourrez constater qu'Une vie cachée est diversement apprécié. Le débat est déjà lancé chez Pascale, Princécranoir, Strum et Vincent.

jeudi 23 janvier 2020

2019 côté actu

Exit les "vieux" films que j'ai enfin pu découvrir l'an passé ! Je reviens à une actualité récente, afin de vous présenter les dix longs-métrages qui m'ont le plus séduit parmi les sorties de ces douze derniers mois. J'avais, au total, une soixantaine de prétendants: un choix difficile. Avec, comme pour 2018, l'Asie en fier leader d'un très bon millésime !

1. Une affaire de famille
(Hirokazu Kore-eda / Japon)
Mon cinéaste nippon contemporain préféré au meilleur de son talent. On m'objectera peut-être que la Palme d'or 2018 n'a pas rien à faire dans un top 2019, mais j'ai vu en janvier ce film sorti en décembre. Bref... ce brillant portrait aux visages multiples m'a touché au coeur !

(Bong Joon-ho / Corée du Sud)
Et voici à présent le sommet du Festival de Cannes du millésime écoulé ! Une preuve supplémentaire de la belle vitalité du cinéma asiatique aujourd'hui, dans toutes ses dimensions. Maestria du récit et brio technique se mêlent ici en un thriller haletant. Grand moment.

(Clint Eastwood / États-Unis)
Versatile, la critique avait peut-être un peu trop vite brûlé l'idole américaine. Son retour derrière et DEVANT la caméra est un bonbon que j'ai aimé déguster. Cette histoire de vieux monsieur acariâtre reste très classique, mais l'autodérision du patron m'amuse toujours !

(Marielle Heller / États-Unis)
Sorti en plein coeur de l'été, ce film risquait fort de passer inaperçu. L'attraper au vol aura été un bonheur: ce croisement de deux êtres solitaires bientôt contrefacteurs associés est une perle romanesque. Melissa McCarthy et Richard E. Grant y sont absolument magnifiques !

5. Yuli
(Icíar Bollaín / Espagne et Cuba)
Même constat: diffusé à partir de la mi-juillet, ce long-métrage hispanique n'a probablement pas bénéficié de la meilleure exposition possible. Il n'en reste pas moins que ce vrai-faux biopic d'un danseur cubain est un excellent film, surprenant et d'une sensibilité profonde.

6. Yesterday
(Danny Boyle / Grande-Bretagne)
J'ai connu le réalisateur mancunien à ses tout débuts, quand il prenait plaisir à disloquer une bande de colocataires dans un bain de sang. Vingt-cinq ans plus tard, il nous a servi un feel good movie imparable. Les Beatles n'existent pas. Faudrait-il dès lors les inventer ? Pas sûr...

7. Joker
(Todd Phillips / États-Unis)
Je ne suis pas encore certain de classer ce film dans la longue liste des histoires de super-héros. S'il redonne vie au principal antagoniste de Batman, c'est plutôt pour nous adresser le portrait d'un marginal dans le monde contemporain. Joaquin Phoenix est im-pres-sion-nant !

(Peter Farrelly / États-Unis)
Donald Trump peut aller se faire voir: l'Amérique me rassure plutôt quand elle permet à un humoriste de réaliser ce genre de films. L'histoire de ce duo chauffeur blanc / patron noir dans les États-Unis des années 60 méritait d'être racontée. Elle l'est ici avec un bel éclat !

(Beatriz Seigner / Colombie)
Très certainement le film le plus "confidentiel" de cette sélection. Quiconque s'intéresse au sort des migrants de ce monde trouvera ici une oeuvre touchante, enrichie d'une certaine dimension fantastique. On n'en revient qu'avec effort... et, sans nul doute, un rien différent. 

(Olivier Nakache et Éric Toledano / France)
J'avais plusieurs films à l'esprit pour l'ultime place de ce top 2019. Mon choix aboutit finalement à (re)mettre en valeur un long-métrage déjà très loué, mais ce regard sur l'autisme mérite que l'on s'y arrête. Et pas uniquement pour Vincent Cassel et Reda Kateb, impeccables...

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Et maintenant, un peu d'ouverture...

Je ne suis évidemment pas le seul à m'adonner à la tradition des tops annuels. D'où l'intérêt de lire aussi ceux de Pascale, Dasola et Vincent.

Désormais, il me reste un mot à vous dire...
Cette chronique rétrospective est (déjà) ma dernière de la semaine. Je vous parlerai de ma première découverte de 2020 lundi. À bientôt !

lundi 20 janvier 2020

2019 côté émotion

C'est un fait: je n'ai pas la larme facile, mais si je prends un tel pied avec le cinéma, c'est aussi parce qu'il est capable de m'émouvoir. Régulièrement, c'est un "vieux" classique qui saura ainsi me toucher. La preuve avec mes préférences dans ce domaine singulier, apparues au sommet de la totalité de mes découvertes hors-actu de l'an passé !

1. Les chaussons rouges
(Michael Powell et Emeric Pressburger / Grande-Bretagne / 1948)
Il y a dans ce film remarquable tout ce que le cinéma classique offre de meilleur: de l'émotion, donc, une représentation des arts soignée comme (trop) rarement et une passion amoureuse à la vie, à la mort. Difficile de trouver mieux, même plus de soixante-dix ans plus tard...

2. Faust, une légende allemande
(Friedrich Wilhelm Murnau / Allemagne / 1926)
J'ai pris l'habitude de dire que le cinéma muet procure des sensations uniques, tout à fait impossibles à reproduire avec les technologies modernes. J'ai aimé l'improvisation musicale sur ce film, vu sur écran géant et évalué comme un mythe fondateur de la culture européenne !

3. Gloria
(John Cassavetes / États-Unis / 1980)
Une femme revêche, ancienne compagne d'un truand, doit contraindre sa nature pour protéger un petit garçon, traqué par la mafia. Porté par l'impeccable duo Gena Rowlands / John Adames, ce "simple" film de commande est en fait une perle. Et un beau portrait de New York ! 

4. 8 1/2
(Federico Fellini / Italie / 1963)
On dit que le réalisateur traversait une période difficile sur le plan émotionnel quand il a imaginé ce film quasi-biographique, à nul autre pareil. C'est un vrai tourbillon: il faut s'accrocher pour bien suivre. Une fois parti, le manège ne s'arrête plus. Et BO au top de Nino Rota !

5. Les contes de la lune vague après la pluie
(Kenji Mizoguchi / Japon / 1953)
Il n'existe sans doute pas beaucoup de films plus beaux que celui-là. Tout à la fois réaliste sur la situation des petites gens dans le Japon médiéval et fantastique par bien des aspects, c'est un incontournable du cinéma classique international. Le titre seul m'avait déjà ébloui...

6. Au travers des oliviers
(Abbas Kiarostami / Iran / 1994)
Un film que j'ai  pu présenter publiquement, en réponse à l'invitation d'une amie bibliothécaire. Je l'ai mieux aimé... la deuxième fois. Derrière la relation naissante de deux jeunes gens, une déclaration d'amour du réalisateur à son pays, ébranlé par un séisme. Magnifique.

7. Nuages épars
(Mikio Naruse / Japon / 1967)
A-t-on le droit de refaire sa vie après un deuil conjugal ? La question posée par le film est universelle, ce qui rend d'autant plus touchante la recherche de réponse de l'héroïne meurtrie. La photographie pastel s'avère assez trompeuse: le récit est en fait tout à fait bouleversant !

8. La momie
(Shadi Abdel Salam / Egypte / 1969)
Je me sens privilégié d'avoir eu l'opportunité de voir ce long-métrage sur grand écran. Perdu pendant de trop longues années, ce récit autour des malédictions pharaoniques revit après une restauration favorisée, entre autres, par la Fondation Scorsese. Coup de chapeau !

9. Le voleur de bicyclette
(Vittorio de Sica / Italie / 1948)
Maîtres du néoréalisme, nos voisins transalpins ont créé un courant majeur du cinéma européen d'après-guerre. Cette évidence historique se vérifie notamment dans cette merveille, d'autant plus puissante qu'elle met en scène des comédiens amateurs. Une idée de la grâce...

10. Paï, l'élue d'un peuple nouveau
(Niki Caro / Nouvelle-Zélande / 2003)
Je "termine" en beauté avec ce long-métrage venu des Antipodes. Tout à fait juste sur le plan ethnographique, il porte la culture maori en étendard et délivre, en prime, un joli message écolo-humaniste. Dans le rôle-titre, la jeune Keisha Castle-Hugues paraît très inspirée !

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Et pour finir, une petite annonce à faire...

Comme la précédente, cette chronique va rester trois jours complets à la Une de Mille et une bobines. Avant d'évoquer mes premiers films de 2020, je reviens dès jeudi midi pour dévoiler... mon best of 2019 !

vendredi 17 janvier 2020

2019 côté plaisir

La tradition des tops cinéma vous plaît ? Bonne nouvelle: en ce début d'année, je vais vous proposer non pas un, mais TROIS classements ! Aujourd'hui, je démarre avec dix films détachés de l'actu des sorties et que j'ai pris le plus de plaisir à découvrir. Le lien sur chaque titre vous donnera accès à mon avis détaillé. Sur ce, bonne lecture à vous !

1. El mercenario
(Sergio Corbucci / Italie / 1968)
J'ai fini l'année avec un western "mexicain" et je vous recommande vraiment cet autre opus, signé de l'un des trois Sergio du cinéma italien. Son absolue générosité séduirait les plus blasés ! Entre amitié ambiguë, soif de l'or et amour des femmes... un pur régal de cinéma.

2. La guerre du feu 
(Jean-Jacques Annaud / France / 1981)
On pourrait gloser à l'envi sur les petits arrangements du réalisateur avec la réalité (pré)historique. Moi, je ne vois en fait qu'une oeuvre personnelle et poétique, qui m'a de plus donné envie de me tourner vers le livre qu'elle adapte, signé J. H. Rosny Aîné. Un vrai classique !

3. La huitième femme de Barbe Bleue 
(Ernst Lubitsch / États-Unis / 1938)
La comédie romantique vintage à son plus haut niveau. J'ai vu le film deux fois, ayant eu la joie de le présenter à un public conquis et rieur dans une salle bien remplie. Double dose de sensations agréables ! Peut-être pas le meilleur de son auteur, mais un bon kif quand même.

4. Minuscule - La vallée des fourmis perdues
(Hélène Girard et Thomas Szabo / France / 2014)
Je reviens régulièrement à l'animation française (ou franco-belge) pour m'en délecter presque à chaque fois. Ce film, c'est du talent brut à tous les étages: je suis resté scotché à l'écran devant une histoire de coccinelle ! BO aux petits oignons + bzz bzz évocateurs = un régal !

5. Dark Star
(John Carpenter / États-Unis / 1974)
Vu en salle. Ces hippies envoyés dans l'espace détruire des planètes déviant de leur orbite annonçaient d'emblée un OVNI de cinéma. L'Étrangleuse, un duo harpe / guitare électrique, y a ajouté sa fougue musicale. Combinaison parfaite pour une séance 100% psychédélique !

6. Comment épouser un millionnaire
(Jean Negulesco / États-Unis / 1953)
Une sucrerie comme plus personne n'en produit aujourd'hui. Le trio féminin - Marilyn Monroe, Betty Grable et Lauren Bacall - est glamour en diable et dispose également d'un sens consommé de l'autodérision. L'ambition de ces dames ferait tiquer les féministes ? Moi, j'en rigole.

7. Gus petit oiseau, grand voyage
(Christian de Vita / France / 2015)
Animation française toujours et scénario original, s'il vous plaît ! Deux atouts majeurs  pour ce dessin animé plutôt destiné à un public d'enfants, mais que j'ai trouvé, moi aussi, très agréable à regarder. Caution scientifique: un ornithologue a été consulté pour les dessins.

8. Space jam
(Joe Pitka / États-Unis / 1996)
Des stars du basket US des années 90, Bugs Bunny et toute une bande de Toons, des extraterrestres très envahissants: la formule du succès est franchement secouée, mais le cocktail assez agréable en bouche. Évidemment, il est préférable de déjà apprécier les dessins animés...

9. Primaire
(Hélène Angel / France / 2017)
J'imagine qu'il n'est pas facile de faire un (premier) film sur l'école. Dans les pas d'une jeune instit' motivée, celui-là s'avère convaincant et touchant, sans sombrer jamais dans l'imagerie du documentaire. La confirmation aussi d'un talent brut: celui de Sara Forestier. Bravo !

10. Vol d'enfer
(George Trumbull Miller / États-Unis / 1985)
Je vais tout avouer: pour ce dixième choix, c'est mon côté midinette qui s'exprime. Le fait est que j'ai un penchant (un tantinet coupable) pour ce genre de productions costumées aux héros au grand coeur. Rosanna Arquette et Christopher Reeve, c'est quand même pas mal...

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Bonus: un petit mot de la suite du programme...

Sachez-le: je ne devrais pas publier d'autre chronique cette semaine. Après la pause week-end, je vous donne donc rendez-vous lundi midi pour une autre mini-rétro, consacrée à dix films pleins... d'émotions !

jeudi 16 janvier 2020

Chercher la femme

Cette chronique pour vous présenter rapidement le tout dernier film que j'ai vu en 2019: Les professionnels. Ne donnez pas d'importance exagérée à ce titre banal: le long-métrage vaut largement le détour. Avec (entre autres) Claudia Cardinale, Lee Marvin et Burt Lancaster parmi les têtes d'affiche, c'est, en effet, un excellent divertissement !

1917. Ancien soldat de la Révolution mexicaine, Henry "Rico" Fardan est contacté par un magnat texan du pétrole: la femme de ce dernier aurait été enlevée par un dénommé Jesus Raza, un agitateur politique patenté. Une généreuse récompense est promise à l'homme assez fou pour défier le voleur et suffisamment efficace pour ramener Madame au bercail. Fardan accepte le deal et constitue alors sa propre bande pour optimiser ses chances de réussite. Lucide, il sait pertinemment que ce genre de missions commando est toujours des plus périlleuses. Que dire ? Pour ce western, le réalisateur aura été nommé aux Oscars du scénario adapté et de la mise en scène, tandis que son collègue chargé de la direction photo était lui aussi en lice pour une statuette dorée. L'un et l'autre ont fait chou blanc, mais je crois utile d'ajouter que cela n'enlève rien à la très haute qualité de leur travail respectif. Et croyez-moi: le tout vous réservera assurément quelques surprises !

Les figures imposées, elles aussi, sont très largement respectées. Amateurs du genre, vous savourerez les courses-poursuites, les coups de feu, les nuits dans le désert et l'alliance d'hommes charismatiques pour faire triompher la justice. Cela dit sans vouloir spoiler, l'histoire proprement dite ne s'arrête pas à l'attaque d'un prétendu ennemi lointain, ni même d'ailleurs au retour d'une épouse sur le droit chemin dicté par son mari. Au contraire: Les professionnels ouvre des portes pour plusieurs développements possibles et, en ce sens, fait preuve d'une richesse narrative peu commune pour un spectacle de ce type. Au firmament, les stars de la distribution font le reste: du bonheur ! Certains critiques ont par ailleurs pu juger que, si le long-métrage s'inscrit pleinement dans son époque, c'est parce qu'il adopte un ton légèrement désabusé et pourrait être une métaphore de la politique étrangère américaine des années 60. Mon avis ? Je me suis contenté d'apprécier ce que j'ai vu au tout premier degré, mais c'est possible qu'une seconde analyse, plus poussée, me conduise à une conclusion équivalente. Mais vous êtes tout sauf obligés d'aller chercher si loin...

Les professionnels
Film américain de Richard Brooks (1966)

Quatre étoiles pour un western tardif, mais qui procure un vif plaisir quand on a, comme moi, fait du genre sa madeleine de cinéma. Franchement, tout est ici à sa juste place et le gros demi-siècle passé depuis la sortie sur les écrans passe finalement tout à fait inaperçu. Cela pourrait être sympa de voir ce film en diptyque avec un classique unanimement salué: La prisonnière du désert, de John Ford (1956) !

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Pour finir, je note qu'il y a des amateurs dans la salle...

Vincent, en particulier, cite le film plusieurs fois, mais n'a pas écrit cependant de chronique dédiée. Afin d'en lire davantage, il vous reste à départager Eeguab et Lui. À votre place, je retiendrais... les deux !

mercredi 15 janvier 2020

Un peu d’espièglerie

Les petites filles modèles lisent-elles toujours la comtesse de Ségur ? Comme surgi d'un lointain souvenir, le pseudonyme de cette femme de lettres du 19ème siècle a ressurgi dans mon actualité cinéma. Juste avant la fin de 2019, j'ai ainsi regardé l'adaptation - à la fidélité discutable, dit-on - de son célèbre roman: Les malheurs de Sophie...

Sophie Rostopchine (de son vrai nom) s'identifie-telle au personnage pour lui avoir donné un peu de son identité ? Pas sûr : elle approchait de la soixantaine quand le livre a été publié. Un âge bien plus avancé que celui de Christophe Honoré, 46 ans à peine, à la sortie du film. Ceux qui le connaissent déjà suggèrent que le réalisateur s'est offert une pause dans une filmographie plutôt destinée aux adultes. "Marier le cinéma et la littérature jeunesse était un désir ancien, a-t-il dit. J'ai écrit de nombreux romans et albums pour enfants". Le cinéaste parle d'une part moins connue de son travail, mais dit y accorder beaucoup de valeur. Sur écran, le résultat ne m'a qu'à moitié séduit...

Christophe Honoré s'est déclaré curieux de filmer ainsi une fillette pendant plusieurs semaines. Un plaisir pour lui de "pouvoir construire un modèle de récit brisé". Ignorant de la teneur du récit, j'ai plongé dans le film sans me poser de questions sur l'intérêt d'avoir lu le livre au préalable. Un constat: cette gamine frondeuse de la haute société ne m'a pas ému autant que j'aurais pu l'espérer. Ses bêtises répétées ont suscité chez moi un intérêt poli, mais pas davantage. Je dois dire toutefois que je ne m'attendais pas à ce que Les malheurs de Sophie soit si sombre: on parle quand même bientôt d'une petite orpheline ! La jeune actrice, Caroline Grant, est douée, mais le décalage ressenti entre sa réalité et celle des enfants d'aujourd'hui est trop important pour me toucher véritablement. Cela dit, il y a aussi de belles choses dans ce film d'auteur pour mômes, notamment dans l'enchaînement des séquences. Mention spéciale également pour le choix d'introduire des créatures animées - un écureuil, des hérissons... - à la place d'animaux réels. Prudence: leur sort peut heurter les âmes sensibles.

Les malheurs de Sophie
Film français de Christophe Honoré (2016)

Trois étoiles sévères, bien que je respecte le joli travail ici accompli. J'ajoute que d'autres enfants parviennent à s'illustrer dans un casting logiquement tourné vers eux, mais aussi que de très bonnes actrices assurent l'essentiel des rôles adultes: du côté obscur, Muriel Robin jubile face à Golshifteh Farahani, Anaïs Demoustier et Laëtitia Dosch. Côté marmots, je préfère Les géants ou Nobody knows, voilà tout...

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Et pour rebondir sur ma chronique...

Pascale vous expliquera (mieux que moi) qu'elle a bien aimé le film. Un bilan positif aussi du côté de "L'oeil sur l'écran". À vous de voir...

mardi 14 janvier 2020

Les soeurs réconciliées

La paix est revenue sur Arandelle. Enfin débarrassée des tourments qui l'oppressaient jadis, la reine Elsa occupe très sereinement le trône de son père défunt, en harmonie avec sa soeur Anna et leurs amis communs. Après deux courts, Disney a fini par donner une vraie suite à son récent classique hivernal. Et voici donc La reine des neiges II !

Cela peut surprendre: il n'y a pas de méchant dans ce conte de fées moderne, vaguement inspiré d'une histoire d'Andersen. Le scénario s'appuie sur l'idée qu'il est temps pour les protagonistes d'accomplir leur destin. Celui d'Elsa pourrait être de retourner dans les montagnes abandonnées à la fin du premier épisode, afin de répondre à l'appel d'une très mystérieuse voix... qu'elle semble être la seule à entendre. Anna, elle, a des préoccupations plus prosaïques et devrait se marier avec Christophe, son doux courtisan, qui tarde à faire sa demande ! Sur cette trame somme toute classique se greffe une intrigue secondaire assez convenue: l'intervention des frangines est requise pour réconcilier deux peuples et rétablir l'ordre éternel de la nature. Pas de doute: nous sommes bien chez Mickey ! Et c'est grave ? Non...

Vu en toute connaissance de cause, le film est plaisant... à condition cependant de ne pas être réfractaire aux personnages secondaires fantaisistes ou aux chansons sirupeuses. Je pense n'étonner personne si je souligne que l'animation est ici tout simplement irréprochable. L'incroyable savoir-faire du team technique se combine idéalement avec l'imagination fertile de l'équipe artistique: La reine des neiges II est, à tout le moins, un pur régal pour les yeux. Certaines images pourraient bien vous rester collées à la rétine: je repense notamment à celle d'un cheval d'eau et de glace, dont les amples mouvements s'avèrent d'une beauté tout à fait sidérante. L'argument esthétique reste insuffisant à vous motiver ? Il se peut que vous soyez sensibles aux aspects un peu plus sombres du récit. Enfants et adultes réunis devraient pouvoir profiter de cette belle histoire chacun à leur façon. Je conclus là-dessus, même si, bien sûr, tout est bien qui finit bien...

La reine des neiges II
Film américain de Chris Buck et Jennifer Lee (2019)

L'épisode 1 était déjà une réussite des deux mêmes réalisateurs. Cette continuité est probablement un atout pour le film, en cohérence avec son prédécesseur (dont j'ai peine à croire qu'il a déjà six ans). Bon... évidemment, il vaut mieux aimer les histoires de princesses ! Si c'est votre cas, Raiponce reste à mes yeux un must contemporain. Mais Blanche-Neige et Cendrillon ne méritent pas d'être négligées...

lundi 13 janvier 2020

Pirates sans sel

Le premier film date-t-il de 1904 ou bien de 1906 ? C'est en tout cas dès ses débuts que le cinéma a choisi des flibustiers pour héros. Aujourd'hui, un gros siècle plus tard, j'avoue que je n'ai pas très envie de m'étendre sur Pirates des Caraïbes 5 - La vengeance de Salazar. En soi, le film n'est pas vraiment mauvais, mais il sent le réchauffé...

Souvenir: en 2003, quand Johnny Depp accepta d'endosser le costume de Jack Sparrow pour la première fois, il avait fait souffler un vent nouveau sur le genre, en mêlant les codes du film d'aventure et ceux de la comédie bouffonne. À vrai dire, La malédiction du Black Pearl n'était pas un chef d'oeuvre, mais c'était un spectacle agréable porté par un comédien investi, à l'image d'ailleurs de ses camarades de jeu les plus notables, Keira Knightley, Orlando Bloom et Jonathan Pryce. Exception faite du grand Geoffrey Rush, la plupart ont quitté le navire ou n'ont plus qu'un rôle mineur: de quoi payer 2-3 factures, j'imagine. La relative fraîcheur des débuts a sombré corps et âme ! Dommage...

Parce que Javier Bardem joue au méchant, La vengeance de Salazar parvient à tenir le cap, mais les contours de l'expédition sont balisés. Nouveaux venus, Kaya Scodelario et Brenton Twaites ont bien du mal à faire oublier le manque d'originalité du scénario. Une ouverture trépidante et quelques effets spéciaux bien troussés donnent l'illusion un moment, après quoi les deux grosses heures du film se font sentir. Hardi, moussaillons: ça doit être ça, le calme après la tempête ! Voyons le tonneau de rhum à moitié plein: on évite le mal de mer. Cela dit, alors que la rumeur parle d'un sixième opus, je juge honnête d'indiquer que je risque de rester à quai si cela devait se confirmer...

Pirates des Caraïbes 5 - La vengeance de Salazar
Film américain de Joachim Ronning et Espen Sandberg (2019)

Bon... finalement assez longue, ma chronique devrait vous avoir fait comprendre que vous pouvez passer votre chemin sans grand regret. Vous noterez qu'après trois premiers épisodes confiés aux bons soins de Gore Verbinski, la saga a fini par atterrir entre les mains d'un duo danois. Attachés au drapeau noir ? Autant (re)voir le fameux Pirates de Polanski ou même savourer un classique tel que Capitaine Blood...

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Il est temps de conclure sur ce petit film dispensable...

Pascale, qui l'a vu, jure ses grands dieux qu'on ne l'y reprendra plus !

dimanche 12 janvier 2020

Ultimes étoiles

J'avais comme d'habitude pris soin de ne rien apprendre d'important avant de découvrir le neuvième et dernier volet de la saga Star wars. Le film était l'un de mes immanquables du début d'hiver. Il m'a plu comme les précédents. L'ascension de Skywalker clôt un chapitre majeur de l'histoire du cinéma mondial: ça vaut bien une chronique...

Que de chemin parcouru depuis 1977, année où l'ami George Lucas inventa cette galaxie lointaine, très lointaine, ainsi que les aventures spatiales de ses héros, Luke Skywalker, Leia Organa et Han Solo ! Poursuivi par le sinistre Dark Vador, âme damnée d'un empereur avare de son pouvoir suprême, le trio a su entrer dans la légende aussi vite que dans le coeur de millions d'habitués des salles obscures. Quatre décennies plus tard, ces figures tutélaires ont été le point d'ancrage d'une génération, au moment où de nouveaux protagonistes entraient en scène pour tenter de reprendre le flambeau. Les temps changent, mais pas les enjeux: hier comme aujourd'hui, c'est la lutte du bien contre le mal qui, une fois encore, est à la base du scénario. Honnêtement, cela suffit à mon bonheur: je ne rejoindrai pas le camp de ceux qui parlent de rabâchage ou, pire, de trahison. Le réalisateur aura probablement dû respecter un cahier des charges XXL: difficile en tout cas de satisfaire un nouveau public sans déplaire au premier. Et je veux dire sans chichi que J. J. Abrams s'en est plutôt bien sorti !

Ce n'était pas gagné d'avance car, comme les meilleurs spécialistes n'auront pas manqué de le souligner, il a dû faire sans Carrie Fisher. L'interprète du personnage féminin le plus emblématique de la saga est décédée avant même le premier jour du tournage ! J'ai été ému quand j'ai découvert la solution élaborée pour contourner cet écueil. D'une manière générale, poser le mot "fin" sur un récit aussi apprécié suppose de prendre des risques. Dès lors, voir ses choix artistiques faire l'unanimité après coup me semble pour ainsi dire impossible. C'est donc sans surprise que j'ai lu des avis positifs sur L'ascension de Skywalker, mais aussi quelques critiques d'une grande virulence. Désormais propriétaire de l'empire Lucas, Disney essuie des reproches cinglants, en partie justifiés, mais parfois un peu exagérés. C'est vrai qu'il vaut mieux avoir vu la série entière pour comprendre et savourer cette conclusion, mais le fait que le récit s'adresse d'abord aux fans n'a pas altéré mon plaisir. Il n'est pas exclu que Mickey en ait gardé sous la coude. Ouais... un énième volet est déjà annoncé pour 2022 ! Irai-je le voir ? Possible: il est BEAUCOUP trop tôt pour en être sûr. D'ici là, revoir les neuf existants l'un après l'autre, apparaît jouable...

Star wars épisode IX - L'ascension de Skywalker
Film américain de J. J. Abrams (2019)

Peut-être pas le meilleur épisode des neuf, mais du travail décent pour un honnête point final: mes quatre étoiles en témoigneront. Trouver et proposer un équivalent à ces aventures intergalactiques n'est en rien évident: autant reprendre le récit à son commencement et se souvenir que le premier opus (Épisode IV - Un nouvel espoir) aurait pu se suffire à lui-même. Maintenant, je vous laisse vérifier...

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Si vous voulez lire d'autres avis sur celui de 2019...
Vous verrez que celui de Pascale n'est pas des plus enthousiastes. Princécranoir, quant à lui, a choisi de se placer parmi ses défenseurs.